Le dossier de la recherche ISSN 1188-6641 Renseignements pour professionnels de la part de l’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie Les douleurs musculaires P ourquoi avons-nous parfois mal aux muscles pendant les dernières minutes d’un exercice vigoureux et parfois seulement un jour ou deux plus tard? Différents exercices causent différentes douleurs. En étudiant les articles de Priscilla M. Clarkson, docteure et experte réputée dans ce domaine, l’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie a distingué deux genres de douleurs musculaires : la douleur musculaire temporaire et la douleur musculaire à retardement. Deux genres de douleurs Au cours des dernières étapes d’un exercice vigoureux comme le ski de fond, les gens peuvent ressentir une certaine douleur, qui est probablement attribuable à l’accumulation dans les muscles de résidus métaboliques tels que l’acide lactique. La force perdue à ce moment-là revient dans les heures qui suivent. C’est ce qui s’appelle la douleur temporaire. Par opposition, la douleur à retardement est un endolorissement qui survient habituellement de 24 à 48 heures après l’exercice. Ce genre de douleur n’est pas lié à la fatigue; on la décrit plutôt comme un mal sourd, sensible au toucher et accompagné de raideur. Elle provient généralement de mouvements excentriques. Dans les mouvements excentriques, les muscles s’allongent en produisant de la force. Ils requièrent moins d’énergie, mais ils subissent de plus grandes lésions que des muscles qui se contractent de manière différente. Les chercheurs pensent que pendant les mouvements excentriques, beaucoup moins de fibres participent à la production de grandes forces, ce qui engendre une plus grande tension à un certain point et qui rend ces fibres plus vulnérables. Ceci explique pourquoi les courses en descente, qui produisent des contractions excentriques accentuées, provoquent de plus grandes douleurs que les courses en montée. Vue au microscope Que se passe-t-il pendant les 24 à 48 heures avant que la douleur n’atteigne son paroxysme? Les chercheurs poursuivent leurs travaux dans ce domaine, mais voici ce qu’ils en pensent à l’heure actuelle : • La réparation ne débute pas immédiatement après l’exercice excentrique. En réalité, la lésion progresse pendant la période qui suit l’exercice. • À la suite de l’exercice, des ions de calcium s’accumulent dans le muscle où ils désagrègent les lignes Z qui retiennent les faisceaux de fibres. Les ions s’accumulent en si grand nombre qu’ils entraînent une réduction de l’ATP (énergie cellulaire) qui provoquera en dernier lieu la décomposition, suivie de la reconstruction d’une portion des cellules musculaires. • Ce sont les terminaisons nerveuses qui, réagissant à des constituants chimiques comme la bradikinine et l’histamine, transmettent la sensation de douleur sourde et diffuse. Dans les courses en descente, les prostaglandines sont les coupables : elles sont synthétisées par les monocytes dont le nombre culmine 48 heures après l’exercice. • Le retardement de l’activation de la douleur peut être attribuable au temps que prennent les cellules pour mourir et les substances chimiques pour s’accumuler. Adaptation des muscles Grâce au conditionnement physique, les lésions diminuent. Une seule séance d’exercices peut réduire les lésions qui se produiront à la séance suivante. La kinase de créatine (KC), qui est libérée dans le sang quand un muscle est lésé, aide à détecter la lésion. Les chercheurs observent le processus suivant : • Une réduction importante de la KC dans le sérum entre une première séance d’exercices excentriques de grande force et une seconde séance effectuée une semaine plus tard. • Une réduction de l’activité de la KC et une diminution de la douleur musculaire lorsque la seconde séance d’exercices a lieu de trois à six semaines après la première séance. • À l’ajout d’une troisième séance d’exercices, aucune différence au niveau de la diffusion de KC entre la deuxième et la troisième séance, mais les sujets ont moins mal à chaque séance et recouvrent leurs forces plus rapidement après la deuxième et la troisième séance qu’après la première. • Une telle adaptation survient également lorsque la première séance comprend des exercices moins vigoureux. Et quelques adaptations se produisent même avant que le muscle ne soit complètement rétabli. Comment les muscles s’adaptent-ils? Selon Dr Clarkson, les fibres musculaires deviennent plus résistantes après la lésion initiale. Ainsi, après une deuxième séance d’exercices, la lésion est moins forte, le muscle peut se rétablir plus rapidement et la lésion n’atteint pas l’étape finale, soit la décomposition de certaines cellules suivie de la diffusion de KC. De plus, les fibres musculaires «apprennent» à se répartir un peu plus l’impact du mouvement pour éviter de graves blessures. Pour en savoir davantage... Pour obtenir un compte rendu complet des processus de lésion des muscles, veuillez consulter les articles suivants : ✂ • «Exercise-Induced Muscle Damage and Adaptation» de C. B. Ebbeling et P. M. Clarkson, dans Sports Medicine, volume 7, p. 207 à 234, 1989. Il vous suffit de prendre les mesures suivantes pour prévenir et traiter les douleurs musculaires : ■ Allez-y doucement au début. Laissez vos muscles s’adapter lentement et graduellement avant d’accroître l’intensité de votre activité. ■ Faites régulièrement de l’exercice pour conserver l’effet d’adaptation et prévenir les blessures. ■ Écoutez votre corps : les muscles endoloris ont besoin de repos pour pouvoir se rétablir. • «Muscle Function After Exercise-Induced Muscle Damage and Rapid Adaptation» de P. M. Clarkson et autres, dans Medicine and Science in Sports and Exercise, volume 24, numéro 5, p. 512 à 520, 1992. Dorlotez vos muscles Renseignements de la part de l’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie No de référence 93-12