Donald Arseneault n’a pas peur que cette augmentation nuise à la viabilité des
entreprises du Nouveau‐Brunswick. Photo Michel Gourd, L’Étoile
LE POUR ET LE CONTRE DE LA HAUSSE DU SALAIRE MINIMUM
Bien que le gouvernement la considère comme nécessaire, l’augmentation du salaire minimum annoncée
le 12 janvier est vue avec une certaine appréhension de la part du Conseil économique du Nouveau‐
Brunswick.
Michel Gourd
* Le Cabinet du premier ministre annonçait le 12 janvier qu’il y aurait une hausse du
salaire minimum en avril de 10,65 $ à 11 $ l’heure. Selon le gouvernement, cette
augmentation aurait été faite avec un objectif économique.
«Nous comprenons que lorsque vous mettez plus d’argent dans les poches des
Néo‐Brunswickois, ils achèteront et investiront davantage, ce qui aide à renforcer
l’économie», affirmait lors de l’annonce le premier ministre Brian Gallant qui
souligne que cette augmentation permet de respecter un engagement pris dans le
cadre du plan de réduction de la pauvreté du gouvernement.
Il est d’ailleurs fier que sa province soit celle au pays qui a augmenté le plus
rapidement les salaires. Cette vision est partagée par le ministre de l’Éducation
postsecondaire, de la Formation et du Travail.
«On a toujours cru dans l’augmentation du salaire minimum, c’est pour ça qu’on l’a
déjà augmenté par deux reprises dans la première moitié de notre mandat. On
s’était engagé à l’augmenter à 11 $ pour le premier avril 2017. C’est fait en
conjonction avec les augmentations qui sont faites en Nouvelle‐Écosse. On essaie
d’harmoniser un peu plus entre les provinces. C’est un engagement qu’on a fait et
qu’on a respecté», commente à ce sujet le 16 janvier, Donald Arseneault.
L e C o n s e i l é c o n o m i q u e d u Nouveau‐Brunswick ne voit pas que de bons
côtés à cette augmentation.
«Le salaire minimum est un sujet d’actualité qui ne nous laisse pas indifférents. On
est tous conscients des défis liés à la pauvreté et de la situation économique
générale de la province. Par contre, dans ce cas‐ci pour les PME, ce n’est bien souvent pas une question de vouloir, mais de pouvoir payer un salaire minimum un
peu plus élevé. C’est certainement un enjeu important pour chaque PME ﴾petites et moyennes entreprises﴿ et TPME ﴾très petites et moyennes entreprises﴿ parce
qu’il y en a beaucoup dans la province», affirme la présidente par intérim du Conseil économique du Nouveau‐Brunswick, Marie Chamberland pendant une
entrevue le 16 janvier.
Elle considère que cette annonce a quatre mois de la mise en vigueur de l’augmentation pourrait causé des problèmes a certains de ses membres d’autant plus
que c’est la troisième hausse du salaire minimum depuis décembre 2014 dans la province.
«C’est certain que nos membres ne sont pas indifférents à cette réalité, par contre ce peut être un défi d’importance de devoir gérer des annonces de hausses
salariales à quelque mois d’avis. Les plans financiers pour une entreprise sont faits pas mal plus long‐temps d’avance que juste à quelque mois. On ne gère pas un
mois à la fois et tente de faire des prévisions à plus long terme. Quand des changements comme ça arrivent et affectent des frais de fonctionnement, ça demande
sou‐vent aux entrepreneurs de se renouveler et se réinventer de façon ponctuelle. Ça amène une difficulté de plus. Ceux qui sont en mesure de faire des
augmentations salariales, bien souvent, ils prennent de l’avance et le font et c’est bien apprécié. Par contre, il y a certains secteurs d’activité ou c’est plus ou moins
facile d’arriver à concilier des augmentations de coût. Parfois, ça veut aussi dire couper dans les heures et dans les postes. C’est une réalité que personne n’aime
entendre. C’est bien dommage, mais ça arrive.»
Cette augmentation peut en effet représenter des dépenses supplémentaires de plus de 10 000 $ par année pour des entreprises d’une douzaine d’employés.
Le Conseil économique du Nouveau‐Brunswick considère donc que cette augmentation de la charge des salaires pourrait avoir une conséquence sur la santé
financière de certaines entreprises.
«Dans certains secteurs d’activité, la marge de manœuvre est très serrée. Se tourner vers les entreprises et leur mettre ce fardeau sur les épaules, c’est quand
même lourd à porter pour les PME qui tentent tant bien que mal de créer des emplois et faire avancer l’économie de la province. Oui on peut percevoir que c’est
une solution à court terme pour diminuer la pauvreté. Par contre, je crois qu’il faudrait se tourner vers d’autres solutions pour le moyen et long terme», continue
Marie Chamberland qui ne peut pas dire si cette augmentation du salaire minimum entraînera des fermetures d’entreprise ou des faillites.
«Nous, on n’a pas le nez dans les livres de nos membres entrepreneurs, mais ça ne serait pas étonnant qu’éventuellement, ça arrive. Il ne faut pas croire que la
hausse du salaire minimum va régler un problème d’envergure de société comme celui‐là. Au niveau provincial, on mise beaucoup sur la création et l’offre
d’emploi, mais dans des cas comme celui‐ci, ça peut être difficile pour les entreprises de créer des emplois quand on augmente au niveau des frais de
fonctionnement. L’augmentation du salaire minimum est un facteur qui crée aussi de l’inflation à plus long terme. Donc, c’est une roue qui tourne. Ce serait peut‐