deux livres de sonates pour violon et basse continue dont le premier date de
1720. À leurs côtés se tiennent Joseph Mar chand, Jacques-Christophe
Huguenet, François Duval. Chez tous ces musiciens l’influence italienne se
réduit à peu de chose. Elle sera un peu plus marquée chez Jean-Baptiste Anet
(1676-1755) qu’on surnomma “le Premier Violon de son époque”. Encore cette
influence ne se fait-elle sentir que dans la technique, notamment au niveau du
chromatisme, car la mélodie reste essentiellement française, presque populaire,
proche de celle des Hotteterre et des Chédeville. Anet fit l’ouverture du Concert
Spirituel, en 1725. Il s’y produisit plus d’une fois, soit seul, soit en duo avec
Mondonville. L’un et l’autre trouvèrent un concurrent en la personne de Jean-
Pierre Guignon (1702-1774) dont les qualités d’équilibre de la musique seront
comparées, plus tard, à celles de Jean-Marie Leclair.
Vers 1730, l’école française de violon explose littéralement. Jean-Baptiste
Senallié, Jean-Baptiste Quentin, Michel Gabriel Besson, François Rebel (fils de
Jean-Ferry) inondent les concerts parisiens. À cette époque, même si les œuvres
nous offrent des structures diverses et variées, la sonate tend à fixer à quatre le
nombre de ses mouvements : 1. mouvement lent ; 2. mouvement modéré de
type allemande ; 3. mouvement lent expressif de type aria ou sarabande ; 4. mou-
vement vif de type gigue ou presto. D’autre part l’écriture en trio pour deux vio-
lons et basse paraît un critère de réussite en matière de musique de chambre.
Enfin, certains compositeurs donnent parfois à leur ouvrage une dimension sym-
phonique. Dans ce domaine, J.-F. Rebel fait encore figure de novateur en créant
notamment Les Caractères de la danse en 1715.
Jacques Aubert (1689-1753) travaillera plus particulièrement dans le sens
orchestral. Il publie son premier livre de concertos en 1735, ce qui le place au
rang d’introducteur du concerto de violon en France. À l’imitation des Italiens,
ses ouvrages comportent trois mouvements et leur instrumentation délaisse
l’alto, si bien qu’elle se réfère à la sacro-sainte écriture en trio, caractéristique de
cette époque. Si, par leur plan externe et leur technique, ses concertos se rap-
prochent des pages de Vivaldi, il explique lui-même qu’ils n’en présentent pas
la difficulté et que, surtout, ils respectent le goût français.
Un an plus tard (1736), Jean-Marie Leclair (1697-1764) fait connaître les siens.
Une seconde publication de Con certos “a tre violini, alto e basso per organo e vio-
loncello” vient s’ajouter, en 1744, aux quatre livres de sonates pour violon seul et
basse continue, aux deux recueils de Sonates à deux violons sans basse ainsi qu’à
plusieurs sonates en trio. À travers une exploitation des différentes combinaisons
instrumentales de son temps alliée à une technique hardie, il donne un nouvel
élan au violon français et le porte à un niveau de qualité et d’invention compa-
rable à celui d’Italie. Il ne restera plus à Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville
E. LEMAÎTRE : LA MUSIQUE INSTRUMENTALE AU XVIIIeSIÈCLE 351