Quand dans le cantique des Cantiques l’époux (Dieu) exalte la beauté de l’épouse, la version araméenne (le
targum), convertit cette beauté en œuvres justes et saintes qu’Israël accomplit quand il vit selon la Loi du
Seigneur (la Torah), non seulement Dieu mais aussi les nations admirent cette beauté fulgurante.
Belle est Marie
La tradition biblique et judaïque nous permet de comprendre le sens de la beauté de Marie, elle consiste en
son Fiat au moment de l’Annonciation : par son consentement libre et sage, elle permet au rayon lumineux
de la Parole divine d’envahir le plus intime de sa personne. Et c’est pour cette raison qu’elle resplendit de
beauté.
Dans les commentaires judaïques, au pied du Sinaï, la communauté d'Israël est rendue par le Seigneur toute
pure (Ct 8,5) et toute belle (Ct 4,7) et fut ainsi rendue apte à prononcer le Oui qui la rendait épouse du
Seigneur. A Nazareth, Marie est la "pleine de grâce", elle peut donner le Oui qui accomplit en plénitude les
Oui qui l'ont précédé.
Au Sinaï, Israël était "la plus belle d'entre les nations" parce qu'il accueillit avec amour les préceptes de
Dieu. A Nazareth, Marie, est la plus belle d'entre les femmes quand elle prononce le Oui qui la rend mère du
Seigneur et femme de la nouvelle Alliance.
Retenant dans son cœur toutes les paroles de son Fils dans son cœur, même si elle ne les avait pas comprises
(Lc 2, 50-51), Marie avance dans son pèlerinage de foi. Même au calvaire, elle ne cesse d’être la plus belle
entre les femmes en raison de sa foi indéfectible.
Déjà la première communauté chrétienne la saluait avec l’expression célèbre : Bienheureuse celle qui a cru
que s’accomplirait ce qui lui a été dit de la part du Seigneur (Lc 1,45). Le Fiat de l’Annonciation et ce qu
’elle suggère aux serviteurs de Cana, Faites tout ce qu’il vous dira (Jn 2,5) sont les deux pôles qui attirent
sur elle les rayons de la beauté divine.
Beau est le Christ
Le Christ est le plus beau des enfants des hommes (Ps 45,3), il est beau parce qu’il accomplit la volonté du
Père dont il reflète la beauté, il est le « beau » (kalos) pasteur dit le texte original grec (Jn 10,11.14), beau
parce qu’il donne sa vie pour ses brebis.
Belles (kala) sont ses œuvres (Jn 10,32-33) car elles manifestent l’amour du Père. Certes pour les yeux
éteints du profane, le serviteur souffrant est sans beauté ni éclat (Is 53,2.3), mais la preuve d’amour que le
Christ offre sur la croix a une telle charge de beauté qu’elle fait dire à Jésus : « Quand j’aurai été élevé de
terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32-33). Et par le repas de la parole et du pain, l’eucharistie
rayonne en nous de la beauté du Christ : « Qui regarde vers lui resplendira » (Ps 34,6).