de l’accumulation du volume des lésions observées sur les
séquences pondérées T2 par l’IRM, alors qu’elle était augmen-
tée dans le groupe placebo, et une diminution de 80 % des nou-
velles lésions prenant le gadolinium furent également consta-
tées dans le groupe traité. L’effet du traitement sur la progression
du handicap mesuré à l’échelle EDSS n’était pas significative.
La deuxième étude a utilisé l’IFNβ-1a en intramusculaire (10).
Il est produit par des cellules ovariennes de mammifères et sa
séquence d’acides aminés ou la chaîne latérale carbohydratée
sont les mêmes que pour la cytokine humaine. Cette étude a
concerné 301 patients (deux poussées dans les trois ans précé-
dant l’inclusion) traités par Avonex®30 µg/semaine versus pla-
cebo. Les patients présentaient une sclérose en plaques rémit-
tente peu sévère (EDSS : 1-3,5). Si la réduction de la fréquence
des poussées était moindre (mais significative à deux ans :
18 %), la progression du handicap était retardée dans le groupe
traité par Avonex®.
La troisième étude incluant aussi des formes rémittentes
(PRISMS) a utilisé l’IFNβ-1a sous-cutané (11). Cinq cent
soixante patients (ayant présenté deux poussées dans les deux
ans ; EDDS : 0-5) recevaient soit un placebo, soit Rebif®22 µg,
soit Rebif®44 µg en trois injections par semaine durant deux
ans. Avec la forte dose, la réduction de la fréquence des pous-
sées fut de 37 % à un an, de 32 % à deux ans et, avec la dose
de 22 µg, de 33 et 29 %. Le temps pour la progression du han-
dicap a été retardé pour les deux doses comme pour l’Avonex®
(avec un effet-dose pour les patients les plus atteints). La réduc-
tion du nombre des lésions actives en IRM a été de 78 % avec
le 44 µg et de 67 % avec le 22 µg par rapport au placebo.
Dans les trois études, l’efficacité de ces interférons est indé-
niable, mais modérée. La tolérance clinique et biologique a été
bonne. On ne peut comparer les trois molécules entre elles, car
le handicap à l’inclusion et les critères d’évaluation de la pro-
gression de ce dernier, de même que les populations étudiées,
ne sont pas identiques. Des études menées sur la forme rémit-
tente de sclérose en plaques et comparant sur une durée brève
(un an), en ouvert, pour la clinique, et en aveugle, pour l’IRM,
l’efficacité de ces interférons : Avonex®et Rebif®44 µg (EVI-
DENCE) ou Betaferon®et Avonex®(INCOMIN) fourniront des
informations intéressantes, mais elles ne sont pas encore
publiées.
D’autres études ont été réalisées au décours de ces trois essais
principaux à d’autres stades de la maladie. Concernant les
formes secondairement progressives, le Betaferon®a fait l’ob-
jet d’une étude européenne contrôlée en 1998 (12) chez
718 patients. Il était prescrit à la posologie de 8 MUI sous-
cutané, versus placebo, en une injection tous les deux jours
durant trois ans. À deux ans, la probabilité de progression du
handicap mesurée à l’échelle EDSS a été globalement retardée
d’un an dans le groupe traité comparé au groupe contrôle. Une
réduction de 32 % du nombre des patients au fauteuil roulant
fut également mise en évidence. À trois ans, le pourcentage de
patients avec progression du handicap était de 40 % dans le
groupe traité et de 50 % dans le groupe placebo. Là encore, les
résultats cliniques sont confortés par l’analyse des données
IRM : volume lésionnel total T2, nombre de nouvelles lésions
actives… Ces résultats ne sont pourtant pas retrouvés dans
l’étude nord-américaine (13) utilisant le même interféron et le
même protocole. Cependant, les patients avaient un handicap
plus sévère à l’inclusion, et la forme secondairement progres-
sive évoluait depuis plus longtemps (quatre ans aux États-Unis
contre deux ans en Europe). Le taux de poussées dans les deux
ans précédant l’inclusion était inférieur (0,82 contre 1,75 dans
l’étude européenne). La comparaison des deux études amène à
penser que les formes secondairement progressives avec pous-
sées répondent mieux au Betaferon®et que le traitement est
d’autant plus efficace que la forme secondairement progressive
est récente.
Les résultats de l’étude SPECTRIMS (14) utilisant le Rebif®
22 et 44 µg dans ces mêmes formes secondairement progres-
sives ne sont pas concluants, et l’étude utilisant l’Avonex®
(IMPACT Study) ne montre pas d’effet sur la progression de
l’EDSS (uniquement sur le score composite).
L’interféron a aussi été étudié, plus récemment, dans les formes
très précoces de la maladie, notamment après un premier épi-
sode central démyélinisant. Deux études ont été réalisées :
CHAMPS et ETOMS.
L’étude CHAMPS (15) a comparé l’Avonex®30 µg (une
intramusculaire par semaine) à un placebo administré durant
trois ans à 383 patients ayant présenté un premier épisode
central démyélinisant (névrite optique, myélite…) avec une
IRM anormale (au moins deux lésions T2 de plus de trois
millimètres, dont une ovoïde et une périventriculaire), autre-
ment dit, une première manifestation évocatrice de sclérose
en plaques. Cette primo-manifestation était traitée par trois
bolus de méthylprednisolone, puis, 15 jours plus tard, l’Avo-
nex®était prescrit chez 193 patients et un placebo chez
190 patients. À 18 mois, les résultats sont déjà significatifs
en faveur de l’Avonex®,capable de réduire de 43 % le risque
d’avoir un deuxième épisode. Seulement 18 % des patients
sous placebo n’avaient pas de nouvelles lésions en IRM à
18 mois, contre 47 % dans le groupe traité, soit une réduc-
tion de 57 %.
L’étude ETOMS (16) a utilisé le Rebif®22 µg sous-cutané, une
injection par semaine versus placebo, durant deux ans chez
308 patients ayant présenté également un premier épisode cen-
tral démyélinisant traité par méthylprednisolone. Le traitement
par Rebif®versus placebo était prescrit dans les trois mois
suivant l’épisode. Là encore, l’IRM devait être fortement
suggestive de sclérose en plaques. Le risque de développer une
sclérose en plaques définie cliniquement est ici diminué de
24 % (48 % développent une sclérose en plaques dans le
groupe placebo, contre 34 % dans le groupe traité). Sur les
deux ans, 95 % des patients sous placebo ont développé des
lésions nouvelles en IRM, contre seulement 18 % dans le
groupe Rebif®.
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La Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 10 - décembre 2001
PHARMACOLOGIE