D. Joseph-François, architecte [mandataire] + C. Leblanc, paysagiste & A.Vénacque, architecte
DIAGNOSTIC - PHASE I-II - COMPRÉHENSION DU PAYSAGE D’INSCRIPTION DU VILLAGE
PARC NATUREL RÉGIONAL OISE-PAYS DE FRANCE
ÉTUDE URBAINE DE COYE-LA-FORÊT - PHASE I-II - MAI 2007
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I- STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL : LE CHÂTEAU
Le deuxième tracé significatif à occuper
et ordonner le territoire de la commune est
celui généré par le château de Coye. Le plan de
l’Intendance de 1779, le cadastre napoléonien
de 1810 et quelques copies de plans anciens
donnent une idée assez précise de la composition
spatiale et de l’inscription dans le territoire de
ce château.
Il est probable que quelques autres dessins,
plans et illustrations puissent se trouver aux
archives du château de Chantilly et aux Archives
Nationales. Mais les indications que nous
pouvons lire sur les documents dont nous avons
eu connaissance, aux archives départementales
et à la mairie de Coye, nous semblent
suffisamment explicites pour ne pas poursuivre
d’autres recherches, domaine d’études qui fera
peut être le bonheur d’un futur historien.
En plan, le château de Coye se présentait
géométriquement sous la forme d’un double
carré : à l’est le logis seigneurial dont la façade
s’ouvrait entre deux pavillons face à une allée
pavée dénommée chaussée de Coye, à l’ouest
les communs du château entourant une basse-
cour carrée. Ces bâtiments étaient entourés
par l’eau des douves qui se prolongeait à l’est
par l’Étang Blanc et l’Étang du Chardonneret,
vivier du château, et à l’ouest par un abreuvoir.
Au sud, après avoir enjambé un petit pont
sur la Thève canalisée, se trouvait le jardin
d’agrément, sur une parcelle close de murs à
peine plus vaste que le terre-plein du château,
où l’on cultivait «les espaliers où grimpaient les
roses, ses armes parlantes».
Mais c’est surtout à l’aide du tracé d’allées
régulièrement plantées d’arbres d’alignement
que le seigneur de Coye va renforcer et imposer
sa présence sur le territoire du village.
La chaussée de Coye (aujourd’hui chemin
des Peupliers) était une voie pavée, mais non
plantée, qui traversait le lit naturel des crues
de la Thève. Elle s’en allait au droit de l’axe du
château pour enjamber le ru Saint Martin puis
rallier la route du Connétable depuis le carrefour
du Clos de la Barre, après avoir gravit le coteau.
La route du Connétable menait en droite ligne
à travers la forêt de Chantilly au Château
des Princes de Condé. Perpendiculairement
à cette noble voie établie entre châteaux fut
ordonné, vers l’ouest, le chemin des Vaches
longeant le cours de la Thève et planté d’arbres
d’alignement. Vers l’est, pour s’accommoder de
la présence des étangs, fut réalisé un dessin en
forme de trident qui se perpétue aujourd’hui
dans le tracé de la rue du Clos des Vignes et
celui de la rue des Joncs, autrefois branche sud
de ce trident. Le projet territorial du seigneur
de Coye apparaît extrêmement lisible ; il s’agit
de maîtriser les extensions du village et de les
inclure dans un projet paysager d’embellissement
par des allées cavalières bordées de plantations
régulièrement espacées, manière de contrôler
l’espace rural très prisé par la noblesse au
temps de Louis XIV. Le château, ses étangs et
ses extensions arborées se retrouvent ainsi dans
une position charnière entre le paysage de la
forêt et la vallée de la Thève. Le village, quant
à lui, est relégué sur ses arrières et cantonné
par les tracés d’embellissement du seigneur du
fief.
La clairière de Coye à Chantilly, aujourd’hui allée des Peupliers
La chaussée de Coye à Chantilly, aujourd’hui chemin des Peupliers, vers le château
Le château de Coye aujourd’hui Le château de Coye en 1779 : une occupation et un
contrôle du territoire