LES DIFFICULTES DE PRISE EN CHARGE DE LA DYSPHONIE SPASMODIQUE PH. FONTAINE*, C.VIAL** , F.GUILLON***, AL.MATHIEU*** *ORL Phoniatre **Neurologue ***Orthophonistes Service ENMG et Pathologies NeuroMusculaires UF Toxine Botulinique Hôpital Neurologique LYON LA DYSPHONIE SPASMODIQUE (DS) • TROUBLE RARE DE LA FONCTION VOCALE ACTIVITE MOTRICE EXCESSIVE induite par la phonation • ORIGINE – PSYCHOLOGIQUE (Traube - 1871)« Bégaiement des cordes vocales » (James - 1879) – NEUROLOGIQUE : DYSTONIE = DYSFONCTIONNEMENT NGC (Meige - 1929) « Trouble convulsif de la parole » • FACTEURS FAVORISANTS – GENETIQUE : 12,1% (Blitzer - 1998) – IATROGENIQUE : Neuroleptiques, L Dopa – PSYCHOLOGIQUE : 50% (KLAP - 2000) Epidémiologie • DYSTONIES = 27/100000 --> 24000 cas en France • DYSTONIES FOCALES (90%) – Blepharospasme, Torticolis spasmodique, Crampe écrivain,… – Syndrome de Meige • Dysphonie spasmodique – 9% DYSTONIES --> 2160 cas en France • 2 Types de Dystonies – PRIMAIRES /IDIOPATHIQUE (82,5%) – SECONDAIRES (17,5%) = Maladie Wilson, Chorée de Huntington, Trauma, Tumeur, AVC, iatrogéniques (Parkinson) Tableau clinique • FEMME 40 - 50 ans • DEBUT PROGRESSIF +++ / BRUTAL (trauma physique ou psychique) • ISOLEE OU ASSOCIEE (SD MEIGE) • FACTEURS MODIFICATEURS – Aggravation: fatigue , énervement, lecture, stress – Amélioration: rire , chant, « fil de la conversation » • RETENTISSEMENT PSYCHO-SOCIAL Les différentes formes de DS • DS EN ADDUCTION (80%): Breaking voice = – voix étranglée, forcée, ponctuée d’arrêts vocaux avec spasmes respiratoires – Comportement de type « effort vocal » • DS EN ABDUCTION (17%): Whispering voice = – voix chuchotée, murmurée, faible avec aphonie • SD DE GERHARDT(1%):Adductor breathing dysphonia • Dyspnée - tableau paralysie des dilatateurs • DS TREMBLANTE • ≠ tremblement de la voix ( personne agée, émotionnel) Le diagnostic est parfois difficile ! Autres dysphonies • DYSPHONIE PSYCHOGENE • DYSPHONIE HYPERTONIQUE • PARALYSIE RECURRENTIELLE Autre dystonie • CRAMPE DE L’ORATEUR (Moller -2005) Grimace periorale et distorsion sonore de la parole Crampe de l’orateur Diagnostic par « l’oreille et la vue » DIMINUTION DU TEMPS MAXIMUM DE PHONATION IRREGULARITES HARMONIQUES A L’EXAMEN ENDOSCOPIQUE • DS EN ADD – Mobilité saccadée CV en phonation - « danse des aryténoides » – contraction de la margelle laryngée – pas de trouble de la mobilité au repos • DS EN ABD – Fuite glottique ++ - glotte ovalaire • TREMBLEMENTS – Clonies des aryténoides au repos et en phonation CONFIRMATION PAR L’EMG DU LARYNX • SUJET NORMAL – REPOS : Activité nulle – PHONATION : Activité EMG riche et stop à arrêt de la phonation • DYSPHONIE SPASMODIQUE – REPOS : • Bouffées ou longues séquences rythmiques • Hyperactivité continue • DYSPHONIE SPASMODIQUE – PHONATION • Tremblements + bouffées / • hyperactivité début et fin de phonation • TREMBLEMENTS Quels traitements ? • MEDICAUX = Souvent inefficaces – Anticholinergiques - effets secondaires +++ – BZD - si myoclonies / effet psychotrope • REEDUCATION ORTHOPHONIQUE – Insuffisante seule – Relaxation ++ / Bio feed back / Sophrologie – Eviter le forçage vocal +++ • CHIRURGICAUX – Section N.Récurrent (Dido) – Stéréotaxie laryngée (Frèche) – Diminution tension CV (Tucker) La TOXINE BOTULINIQUE (TB) une thérapeutique nouvelle? • • • • • 1822: botulisme - Justinus KERNER 1897: toxine botulique - Pierre-Marie Von ERMENGEM 1949: description des blocs de la JNM 1973-1981: utilisation thérapeutique TB - Alan SCOTT 1986-1987: essais contrôlés ( TS et dystonies ) 19892000: TB approuvée par la FDA pour strabisme, BSP, HFS puis TS • 1993-2000: AMM (troubles oculomoteurs, BSP, HFS, TS puis spasticité et hypersudation) Mécanisme d ’action moléculaire de la TB Neurotoxine puissante ++ Trois étapes • Fixation rapide et irréversible à un récepteur présynaptique • Internalisation: pénétration dans la terminaison nerveuse • Action avec blocage de la libération d ’ACh Effets post-synaptiques des toxines botuliques Fibre terminale du motoneurone Gel de la libération d' Acetyl-Choline « sprouting » distal n-ACh récepteurs Désensibilisation, éparpillement, internalisation, destruction "run-down" des récepteurs nicotiniques et dégénérescence de l'appareil sous-neural Fibre musculaire striée Guiheneuc Jonction neuro - musculaire Fibre terminale d’un motoneurone zone active dense zone vésicules d’ Acétyl-Choline Canaux Ca++ ACh estérase n-ACh récepteurs Fibre musculaire striée Guiheneuc - La réinnervation peut être indéfinie - C ’est toujours la même JNM qui est paralysée et remise en jeu TB: avantages et inconvénients • • • • Efficacité Doses adaptées Effet prolongé Pas de CNS définitives • Tolérance • Induction de rémission? • Répétition des injections • CNS immédiates • CNS tardives? • TT symptomatique • Effet incomplet Les TB en clinique • Type A Botox : 1989, fabriqué aux USA par ALLERGAN Dysport : 1991, fabriqué en Angleterre et distribué par IPSEN-BEAUFOUR Vistabel ; 2003 ALLERGAN • Type B Myobloc aux USA ( 2000) ou NeuroBloc en Europe par Elan Corporation Ireland – unité BOTOX (flacon 50u ) – unité DYSPORT (flacon 500u) – unité NEUROBLOC (flacons 5 et 10.000u) • Rapport de dose? • Diffusion, Durée d ’action, Immunisation, Effets végétatifs Chaque toxine a son dosage et ses activités propres et les unités utilisées ne sont pas interchangeables • - Dystonies - Dystonies cervicales - Blépharospasme, Syndrome de Meige - Crampe des écrivains, Dystonies oromandibulaires - Dysphonies spasmodiques Spasme hémifacial Tremblements - • • • Tics, bruxisme, bégaiement Spasticité - Pied spastique de l’enfant - Spasticité du MS adulte Troubles végétatifs - • Parkinsonien, Essentiel Tête, main, voile, voix Hyperhydrose focale, Sd de Frey Hypersalivation Douleurs: Céphalées de tension, Migraines, Lombalgies, Tennis elbow, Douleurs post opératoires, Fibromyalgies, SD myofaciaux Autres utilisations… • Esthétiques • Urologiques - Dys-synergies sphinctériennes - Hyperactivité vésicale • Gastrointestinales - Achalasie - spasme du sphincter oesophagien - Fissures anales - Anismus, spasticité anale • Ophtalmologiques - Strabisme - Nystagmus - Orbitopathies endocriniennes - Ptôsis thérapeutique protecteur Toxine botulinique et dysphonie spasmodique • TECHNIQUE – Ambulatoire – Contrôle EMG (Marion et Brin - 92) – Aiguille monopolaire Teflon – 20U DYSPORT(200U/ml) - 5U BOTOX(50U/ml) / CV – DS EN ADD • Inj 2 M.Thyroaryténoïdiens / unilat (si mal tolérée) – DS EN ABD • Inj 1 Cricoarythénoïdien post. TB et DS RESULTATS – Délai action = 8 - 15j – Durée action = 4 - 6 mois – Effets secondaires • Aphonie = quelques jours à 2 -3 semaines • Troubles de déglutition (liquides ++) = quelques jours à 2-3 sem – Autoévaluation patient ++ EFFICACITE – SUR DS : 75% de résultats satisfaisants (Blitzer et Brin, 91 - Brin et al , 92- Adams et al, 93) – SUR TREMBLEMENTS : 50 - 65% bénéfices (Hertegard, 00) – Etude confirmative en double aveugle (Ludlow- 1988) – Consensus 1990 du National Institute of Health ETUDE CLINIQUE LYON • • • • • • • 8 ans (1999 à 2007) 41 CAS 28 FEMMES 13 HOMMES DELAI DG = 5,8 ans DS ABD 1 cas DS ADD 40 cas – ISOLEE – ASSOC 31 cas 10 cas – PARKINSON 1 cas 58 ans (31 à 75) 49 ans (23 à 72) (3 mois à 12 ans) TREMBT VOIX SD MEIGE 3 cas 7 cas RESULTATS • SATISFAISANT: 53% (22 patients) – 6 non réinjectés – 12 en cours de réinjection – 4 réinjectés ailleurs • ECHECS: 46% (19 patients) – 12 cas échec primaire – 7 cas échec secondaire • M = 4 injections /patient (1 à 20) • Délai inter-injection: 6,8 mois 12 10 8 6 4 2 0 G +/- +/0 ETUDE PARTIELLE (1999-2001) • 65 INJECTIONS – 12 BOTOX (8,75 U / patient) – 53 DYSPORT (30 U / patient) • EFFETS II /inj – APHONIE: 28 fois (43% des injections ) • Durée (2 sem) – TR DEGLUT: 22 fois (34% des injections ) • Durée (2,8 sem) – STRIDOR : 1 cas – Pas de nécessité d’hospitalisation ETUDE PROSPECTIVE (mémoire orthophonie 2004) • 9 patients comparés à des sujets témoins • Analyse vocale par logiciel Speech viewer III • Résultats après injection Temps maxi de phonation Pourcentage sons voisés - amélioration du timbre Modulation vocale et voix projetée • Variabilités intra et interindividuelles Le rôle de l’orthophoniste À partir de questionnaires / mémoire ortho • ACCOMPAGNEMENT – Information sur pathologie – Soutien relationnel • SUIVI EVOLUTION VOCALE – Analyse subjective et objective • REEDUCATION – respiration, détente, posture, exercices vocaux • GUIDANCE – lors trouble de déglutition CONCLUSION • IMPORTANCE DE L’INTERROGATOIRE ++ – écoute de la voix et appréciation des plaintes • CAUSES ECHECS – – – – PB TECHNIQUE - entraînement ERREUR DIAGNOSTIQUE ECHAPPEMENT CAS SEVERES EFFETS SECONDAIRES • INTERET EMG – Repérage et évaluation diagnostique (cas atypiques) TOXINE EST UN TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE EFFICACE EN ASSOCIATION AVEC LA REEDUCATION ORTHOPHONIQUE