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génère autant de colonnes d’encre dans les journaux
et d’images à la télévision. Mais à ce moment-là, je
ne savais pas non plus qu’Israël, son peuple et son
Dieu deviendraient le centre de ma vie.
J’étais venue en Israël pour mon travail de jour-
naliste. Je remplaçais une collègue tombée malade à
quelques jours du départ. J’allais me joindre à deux
autres journalistes canadiennes : Sara, de Toronto,
et Tracy, de Vancouver. Notre mission ? Découvrir
la gastronomie israélienne –oui, ça existe ! Pas vrai-
ment mon domaine d’expertise, mais je me disais
que j’aurais sans doute l’occasion de m’échapper
pour aller airer d’autres sujets plus substantiels.
À Gaza ou en Cisjordanie, par exemple. Mais la
veille de notre départ, un extrémiste juif a abattu
29 musulmans en prière et en a blessé 125 autres
au tombeau des Patriarches, lieu de sépulture pré-
sumé de Sara, femme d’Abraham, à Machpelah,
près d’Hébron, en plein cœur des territoires pales-
tiniens. J’étais certaine que le voyage serait annulé,
mais non. Le représentant du gouvernement israé-
lien nous a dit : « Chez nous, la vie continue. » Mais
il était bouleversé. Un Juif qui se dit pieux ne tue
pas des gens en prière. Cela va à l’encontre de
toutes les croyances. Le pays était choqué jusqu’à
la moelle.
Les territoires ont été bouclés pendant toute la
durée du voyage, à cause de la violence qui a suivi
la tuerie. Les Palestiniens étaient révoltés, avec
raison. Je n’ai pas pu m’y rendre, moi qui espérais
prendre le pouls, voir de mes yeux vivre les femmes
palestiniennes, les enfants et les vieillards. J’ai
remis ça à un autre voyage. Je savais que je revien-
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