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La Niña 2011 : tellement forte que les
océans ont reculé !
E
n 2011, La Niña, mode de variabilité naturel du
climat, était particulièrement intense. L’Aus-
tralie, le nord de l’Amérique du Sud et le sud-
est de l’Asie ont subi des pluies diluviennes, large-
ment supérieures à la moyenne. Mais durant ses
16 mois d’activité, La Niña a également fait reculer
les océans, bravant la tendance à l’augmentation
du niveau de la mer que l’on observe depuis plus
d’un siècle.
Depuis la n du XIXe siècle, le niveau global de la
mer augmente. De nombreuses études ont mis en
évidence que depuis plus de 100 ans déjà, les océans
s’élèvent plus rapidement. L’augmentation du ni-
veau de la mer affecte déjà les populations vivant sur
les côtes et tous les modèles de prévision climatique
prévoient, en réponse au changement climatique,
une accélération croissante de l’élévation.
En moyenne, le niveau global de la mer s’élève de 1,7
mm/an. Mais ce chiffre rend compte de la tendance
moyenne, c’est-à-dire tous océans confondus, sur le
long terme. Ces 18 dernières années, la tendance a
en effet atteint 3 mm/an. De plus, cette augmentation
n’est pas homogène : la variabilité climatique induit
des anomalies interannuelles du niveau de la mer.
Anomalies de température, moyennées sur la dernière semaine du mois
d’août 2011, soit en pleine maturation de l’événement La Niña. Les anomalies
sont exprimées en °C, et les zones rouges désignent des anomalies positives,
c’est-à-dire des températures supérieures à la moyenne. À l’inverse, les zones
bleues indiquent des anomalies négatives, soit des températures inférieures
à la moyenne. Cette carte est centrée sur le Pacique tropical et montre une
langue d’anomalie négative de température au large de l’Amérique du Sud
(Pérou), conguration typique de La Niña. © NOAA
La variabilité climatique naturelle
domine l’anthropique
Grâce aux données altimétriques des satellites, de-
puis les années 1990, il est plus facile de distinguer
la variabilité interannuelle de la variabilité globale.
En particulier, en combinant satellites et données
in situ, une équipe du Jet Propulsion Laboratory a
montré que l’événement La Niña de 2011 avait été
tellement fort que les océans ont reculé de 5 mm,
en dépit du taux annuel d’augmentation.
El Niño Southern Oscillation (Enso) est le principal
mode de variabilité climatique naturel. Il inuence
la température de surface du Pacique tropical,
l’évaporation et les précipitations à l’échelle mon-
diale. Un événement El Niño peut sensiblement pro-
voquer une augmentation du niveau de la mer, à
l’inverse un événement La Niña peut l’abaisser. Du
début de l’année 2010 jusqu’à mi 2011, une intense
Niña s’est développée, provoquant une chute du
niveau de la mer durant 16 mois.
Le satellite Grace mesure le changement de la
masse de l’océan avec une précision de quelques
millimètres. Les proleurs Argo observent les chan-
gements de température dans l’océan superciel.
Ceux-ci permettent d’estimer avec une bonne pré-
cision la uctuation du niveau de la mer. Ces obser-
vations directes ont permis à l’équipe américaine
de quantier le recul des océans durant cette pé-
riode. Leurs résultats, publiés dans le Geophysical
research letters, suggèrent une étroite corrélation
entre la chute du niveau de la mer de 5 mm et une
augmentation du stockage terrestre de l’eau.
Le 8 novembre 2012 à 11h36
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/climatologie-1/d/la-nina-2011-tellement-forte-que-les-oceans-ont-recule_42469/#xtor=AL-40
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Par Delphine Bossy, Futura-Sciences