La Niña 2011 : tellement forte que les océans ont reculé

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Le 8 novembre 2012 à 11h36
Par Delphine Bossy, Futura-Sciences
La Niña 2011 : tellement forte que les
océans ont reculé !
E
n 2011, La Niña, mode de variabilité naturel du
climat, était particulièrement intense. L’Australie, le nord de l’Amérique du Sud et le sudest de l’Asie ont subi des pluies diluviennes, largement supérieures à la moyenne. Mais durant ses
16 mois d’activité, La Niña a également fait reculer
les océans, bravant la tendance à l’augmentation
du niveau de la mer que l’on observe depuis plus
d’un siècle.
Depuis la fin du XIXe siècle, le niveau global de la
mer augmente. De nombreuses études ont mis en
évidence que depuis plus de 100 ans déjà, les océans
s’élèvent plus rapidement. L’augmentation du niveau de la mer affecte déjà les populations vivant sur
les côtes et tous les modèles de prévision climatique
prévoient, en réponse au changement climatique,
une accélération croissante de l’élévation.
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En moyenne, le niveau global de la mer s’élève de 1,7
mm/an. Mais ce chiffre rend compte de la tendance
moyenne, c’est-à-dire tous océans confondus, sur le
long terme. Ces 18 dernières années, la tendance a
en effet atteint 3 mm/an. De plus, cette augmentation
n’est pas homogène : la variabilité climatique induit
des anomalies interannuelles du niveau de la mer.
Anomalies de température, moyennées sur la dernière semaine du mois
d’août 2011, soit en pleine maturation de l’événement La Niña. Les anomalies
sont exprimées en °C, et les zones rouges désignent des anomalies positives,
c’est-à-dire des températures supérieures à la moyenne. À l’inverse, les zones
bleues indiquent des anomalies négatives, soit des températures inférieures
à la moyenne. Cette carte est centrée sur le Pacifique tropical et montre une
langue d’anomalie négative de température au large de l’Amérique du Sud
(Pérou), configuration typique de La Niña. © NOAA
La variabilité climatique naturelle
domine l’anthropique
Grâce aux données altimétriques des satellites, depuis les années 1990, il est plus facile de distinguer
la variabilité interannuelle de la variabilité globale.
En particulier, en combinant satellites et données
in situ, une équipe du Jet Propulsion Laboratory a
montré que l’événement La Niña de 2011 avait été
tellement fort que les océans ont reculé de 5 mm,
en dépit du taux annuel d’augmentation.
El Niño Southern Oscillation (Enso) est le principal
mode de variabilité climatique naturel. Il influence
la température de surface du Pacifique tropical,
l’évaporation et les précipitations à l’échelle mondiale. Un événement El Niño peut sensiblement provoquer une augmentation du niveau de la mer, à
l’inverse un événement La Niña peut l’abaisser. Du
début de l’année 2010 jusqu’à mi 2011, une intense
Niña s’est développée, provoquant une chute du
niveau de la mer durant 16 mois.
Le satellite Grace mesure le changement de la
masse de l’océan avec une précision de quelques
millimètres. Les profileurs Argo observent les changements de température dans l’océan superficiel.
Ceux-ci permettent d’estimer avec une bonne précision la fluctuation du niveau de la mer. Ces observations directes ont permis à l’équipe américaine
de quantifier le recul des océans durant cette période. Leurs résultats, publiés dans le Geophysical
research letters, suggèrent une étroite corrélation
entre la chute du niveau de la mer de 5 mm et une
augmentation du stockage terrestre de l’eau.
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/climatologie-1/d/la-nina-2011-tellement-forte-que-les-oceans-ont-recule_42469/#xtor=AL-40
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Les changements des masses d’eau sont moyennés sur la période 2010-mi2011, soit durant toute la période de l’événement La Niña. L’unité est le millimètre d’eau. Les zones bleues indiquent les zones excédentaires en eau et les
rouges, les zones déficitaires. L’Australie et le nord de l’Amérique du Sud ont
subi d’intenses précipitations. © Boening et al., Geophysical research letters
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D’après l’étude américaine, l’Australie, le nord de
l’Amérique du Sud et le sud-est de l’Asie ont été
confrontés les premiers à d’intenses précipitations :
les zones de convection se sont déplacées. Ce changement de répartition de l’eau entre l’océan et la
terre est relié à la transition entre les conditions El
Niño en 2009-2010 et la très forte Niña, initiée début
2011. La chute du niveau de la mer est associée à
l’excès de transport d’eau froide de l’océan vers les
continents.
Bien qu’il existe de nombreuses incertitudes sur les
prévisions des modèles climatiques, tous s’accordent
et montrent systématiquement une accélération de
l’augmentation du niveau de la mer pour le XXIe
siècle. Le niveau de la mer, ici exprimé en mm, est
estimé pour le XIXe siècle (en gris, estimates for the
past), mesuré pour XXe (en rouge, instrumental records) et prédit par les modèles numériques pour le
XXIe (en bleu, projection of the future). © IPCC, 2007
L’augmentation de la température de surface de
l’océan tropical augmente l’effet de La Niña sur les
anomalies de précipitations régionales, en particulier en Australie. Compte tenu de leurs implications
dans les précipitations et le niveau de la mer, les
anomalies de température et leurs interactions avec
Enso dans un modèle de réchauffement climatique
ont une importance capitale. Ainsi, comprendre les
causes de l’augmentation et distinguer les parts naturelle et anthropique du problème demeure une
question scientifique prioritaire.
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