1967: Guerre des ShrJours. Les Egyptiens ont fui dans le désert
2. — La prophétie de Mahomet
11 faudra pourtant attendre quelques siècles
pour que cette opposition prenne une forme
religieuse. Dans les déserts d'Arabie, en 612, se
révèle un prophète. Muhammad (Mahomet),
comme autrefois Abraham, prêche le mono-
théisme et lutte contre les divinités qu'adorent les
habitants de La Mecque. Il se pourrait alors que
la nouvelle prophétie, monothéiste, se rapproche
du judaïsme déjà connu en Arabie, ou même du
christianisme dont Mahomet a peu entendu
parler puisque les chrétiens sont surtout, pour lui,
ces Abyssins, mercenaires pauvres et méprisés
des bas quartiers de La Mecque. Mais entre
Mahomet et les mekkois, le conflit se révèle très
vite inégal. Le nouveau Prophète doit lui aussi
s'exiler. Il se réfugie dans une oasis du nord,
Médine, avec une poignée de ses fidèles. A
Médine, étape des caravanes, vit une importante
communauté juive. Le bouillant Mahomet per-
turbe l'équilibre économique de la ville.
Après un an et demi de tensions, Mahomet et
ses cômpagnons entrent en lutte ouverte avec les
Juif
S de Médine. Le Prophète, qui s'était d'abord
tourné vers les «
gens du Livre »
pour appuyer sa
prédiction, décide l'épreuve de force. Plus ques-
tion ',pour lui d'affronter une nouvelle
hégire,
un
nouvel exil. Il se souvient alors d'Ismaël, le fils
d'Abraham, et se refère explicitement à lui. Il
retourne l'exclusion et en appelle à un Abraham
originel :
e Pourquoi chicanez-vous au sujet
d'Abraham alors que la Thora et l'Evangile n'ont
été révélés qu'après lui... Abraham n'a été ni juif
ni chrétien »
(Coran, III, 66, 68). S'affirmant seul
héritier véritable, il enracine sa prédiction dans
unecommunauté arabe et, fait important, décide
de changer la
qui bla, le
pôle de la prière. Désor-
mais, les musulmans, pour prier, se tourneront
vers La Mecque et non plus vers Jérusalem.
L'islam est devenu une religion autonome, la
religion des nomades et des Bédouins, qu'il faut
répandre par le fer et la guerre. Effrayés, les Juifs
de Médine quittent la ville, tribu après tribu. La
conquête arabo-musulmane va pouvoir commen-
cer:
La coexistence de Cordoue
Elle se répand en traits de feu, de Bagdad à
l'Espagne. En moins d'un siècle, les cavaliers aux
étendards verts submergent les rivages du sud
méditerranéen, recouvrent les populations chris-
tianisées et dominées par Byzance, islamisent les
Berbères, déferlent sur l'Espagne catholique,
montent jusqu'à Trieste, atteignent Poitiers (où
Charles Martel les arrête en 732), et viennent
battre les portes de Vienne. L'Islam triomphant
connaîtra alors une période féconde au cours de
laquelle les cultures juive etmusulmane s'enrichi-
ront mutuellement. Au ixe siècle, à Bagdad, des
penseurs juifs qui écrivent en arabe fondent une
école philosophique et scientifique. Plus tard, au
r
siècle, c'est l'Andalousie qui vivra un « âge
d'or ». En 929 se produit l'un des faits majeurs de
l'histoire médiévale • l'émir Abdel Rahman III est
proclamé calife de Cordoue. Cette coexistence
étonnante entre médecins juifs — comme Hasdaï
ben Isaac ben Shaprout —, évêques chrétiens et
califes musulmans va durer un siècle. Maïmo-
nide, le célèbre « médecin de Cordoue », philoso-
phe et théologien juif, devra pourtant quitter
Cordoue. Il se réfugie à Fès, la Palestine et Le
Caire où il devient le médecin attitré de la cour des
Fatimides. Il écrit dix-huit traités de médecine,
une immense compilation du Talmud, et le
« Guide des égarés », un essai philosophique où il
cherche à concilier la foi et la raison. Sa réputation
nous fait oublier bien d'autres grands penseurs
juifs comme ce Salomon Ibn Gabirol, qui vécut à
Saragosse vers l'an 1045 et commentera longue-
ment Aristote pour ses contemporains. Certes,
cette longue période de coexistence harmonieuse
entre juifs, chrétiens et musulmans en pays
d'Islam connaîtra quelques flambées de violence.
Elle est pourtant le symbole d'une paix relative, à
un moment où la persécution contre les juifs se
déchaîne dans l'Europe médiévale. Et l'Espagne
restera longtemps considérée comme un pays
peuplé de Juifs et de Maures.
conqui doubî.
sion
'est qu'entre-temps la
reconquista
a été
menée d'une main de fer par Isabelle la Catholi-
que et son époux Ferdinand. Les Juifs, puis les
« Maures » musulmans, sont expulsés d'Espagne.
Ils s'installent au Maghreb et à Constinople. On
trouve encore quelques vizirs ou hauts fonction-
naires juifs dans l'Egypte fatimide, un Juif portu-
gais, Joseph Nassi, « duc de Noxos et des
Cyclades », banquier à Constantinople. Mais le
temps de la tolérance s'efface. Au Proche-Orient,
juifs et musulmans vivent différemment la pé-
riode coloniale. Et les deux Guerres mondiales
consacrent la rupture entre des communautés
juives tentées par le sionisme et des musulmans
déroutés par le'dèpeçage de l'Empire ottoman.
S.
-
- Un
Etat juif en Pakstine •-
-
La suite de l'histoire est trop cOnnue et trop
complexe pour être racontée. On peut tout juste
évoquer dès images, des
temps
forts, des repères .
qui frappent dans ces années de guerres ininter-
rompues de 1947 à nos jours.
29 novembre 1947.
Sur la place Mograbi, à
Tel-Aviv, une clameur de joie retentit. Un spea-
ker lit dans un porte-voix une dépêche de Radio-
Palestine : l'ONU vient de voter, URSS et
24-30 OCTOBRE 1991/85
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