LES TRAVAUX SOUTERRAINS restent quelque chose
de particulier, même lorsqu’il s’agit des installations provisoires.
Les 178 galeries transversales du tunnel de base du Saint-Go-
thard, qui relient les tubes est et ouest tous les 330 mètres, re-
vêtent dans ce contexte une fonction importante.
Après la mise en service du tunnel, ils serviront d’espaces de
sauvetage en cas d’incident. Mais leur fonction en tant que site
abritant les installations de la technique ferroviaire et l’infrastruc-
ture provisoire est plus importante encore. De chaque côté, les
galeries transversales sont séparées des deux tubes du tunnel
par une porte, et elles ont été équipées par ABAG d’un système
de faux-plancher. Pendant la construction, des mises à terre sont
installées dans les galeries transversales, et des distributions se-
condaires y sont montées et raccordées. C’est ici aussi que les
armoires électriques et les transformateurs seront acheminés et
connectés, et que se trouvent les installations qui assurent une
alimentation électrique sans interruption pour les équipements
de communication temporaires. Car même pendant les travaux
de construction, une panne de courant serait fatale: en plus d’oc-
casionner un retard, elle pourrait mettre en danger les personnes
à l’intérieur du tunnel. La sécurité des travailleurs figure en tête
des priorités des entrepreneurs. Raison pour laquelle des géné-
rateurs de courant de secours ont été installés au portail nord
comme au portail sud, ainsi qu’au niveau des galeries d’accès à
Amsteg et à Faido.
Toutes ces installations servent à l’alimentation en énergie de
l’infrastructure provisoire, et une fois les travaux terminés, elles
cèderont la place aux installations électrotechniques définitives.
L’éclairage est l’installation à laquelle on procède en premier.
C’est un système complet: des lampes provisoires sont montées
et raccordées tous les 20 m, sur toute la longueur du tunnel,
dans les deux tubes. Cet éclairage crée la première condition
nécessaire pour qu’il soit possible de travailler dans le tunnel. A
l’intérieur du tunnel, qui peut s’enfoncer par endroits jusqu’à
2000 m sous terre, il fait nuit, mais aussi très chaud – jusqu’à
40 ºC. L’humidité de l’air peut atteindre 90% et l’atmosphère est
chargée de poussière. Des conditions de travail dangereuses,
qui affectent le système cardiovasculaire, et qui représentent un
obstacle à l’avancée des travaux. Pour y parer, on installe une
aération et un système de refroidissement provisoires pour la
durée des travaux. D’immenses ventilateurs assurent une circu-
lation d’air permanente. Des conduites de refroidissement par-
courent les deux tubes sur la longueur du tunnel, soit sur 57 km.
L’infrastructure temporaire ne sert pas seulement à créer des
conditions de travail plus agréables pour les ouvriers, mais aus-
si à mettre en place un réseau électrique qui permette d’utiliser
les machines. Ce réseau doit être adapté aux travaux prévus et
à l’utilisation ciblée des engins des différents corps de métier.
Les transformateurs permettent par exemple de transformer la
tension de 15 kV ou de 16kV pour l’abaisser à 230 ou 400 V, afin
de pouvoir utiliser des foreuses.
INFRASTRUCTURE PROVISOIRE:
SANS ÉLECTRICITÉ, PAS DE CHANTIER
L’électricité ne vient pas toute seule à la prise électrique, surtout pas dans un tunnel.
Pour que le courant puisse circuler, il faut des générateurs, des transformateurs, des câbles
épais, des onduleurs et des armoires de commande. Mais surtout, il faut des professionnels
expérimentés, qui maîtrisent la planification et soient des virtuoses de l’exécution.
LE TRAVAIL SOUTERRAIN EXIGE DES CONNAISSANCES SPÉCIALISÉES,
MAIS AUSSI D’ÊTRE PRÊT À SUPPORTER DES CONDITIONS CLIMATIQUES RUDES
Les hommes en charge de l’infrastructure provisoire posent, entre autres, des câbles pour
l’aération, le refroidissement et l’éclairage. Ils installent aussi de gigantesques ventilateurs.
Grâce à eux, ceux qui leur succèdent rencontrent des conditions de travail plus agréables.
LES INSTALLATIONS ÉLECTROTECHNIQUES POUR LES ÉQUIPEMENTS
PROVISOIRES OCCASIONNENT DES TRAVAUX COMPLEXES
Les installateurs d’ABAG sont aussi des experts lorsqu’il s’agit d’acheminer
les installations électrotechniques dans les galeries transversales, et de brancher
les armoires de commande et les distributeurs provisoires dans le tunnel.
SANS COUSSINS D’AIR, PAS D’ARMOIRES DANS
LA GALERIE TRANSVERSALE
Quelques centimètres manquent en haut, à droite et à
gauche. Les armoires sont acheminées sur coussins d’air
dans les galeries transversales, millimètre par millimètre.
Devant le portail
nord, le premier
distributeur
secondaire doté
de prises est
déjà acheminé.
En matière d’infrastructure provisoire dans les tunnels, le chef
de l’infrastructure provisoire à ABAG AG, Ewald Krieg, a fait ses
armes dans le tunnel de base du Lötschberg. Il sort d’une phase
de planification complexe, assortie de délais serrés. Le nombre
d’armoires de commande et de distributions secondaires dépend
par exemple des directives des entrepreneurs. Ewald Krieg a en-
tamé ses préparatifs au printemps 2009. Un an plus tard, l’équipe
de l’infrastructure démarrait déjà les premiers travaux d’instal-
lation au sud du tunnel de base.
La planification et la réalisation nécessitent aussi de respecter
une série de règlements. La SUVA prescrit par exemple la va-
leur de lux. Et ce n’est pas tout. Les êtres humains ne sont pas
seuls à affronter le climat rude. Le matériel est lui aussi exposé
à de nombreuses contraintes, et doit résister à la corrosion, à la
poussière et à d’importantes variations de températures. Idem
pour le matériel des installations d’infrastructure provisoire, qui
peuvent rester en service jusqu’à six ans dans le tunnel.