Note d’intention de mise en scène
La force de l’écriture de Lars Noren dans ce texte ancré dans le réel
presque documentaire est de ne jamais me faire oublier que je
travaille un objet théâtral.
Je vais fondre
sur ses vautours
qui ont détruit ma vie
et en griffer
autant que je peux …
Vaincre notre sidération par une parole réparatrice, vectrice de paix.
La première fois que j’ai assisté à une représentation de la pièce de Lars
Noren, j’ai eu envie de me lever de hurler et de répondre à ce jeune. Son
discours suscitait en moi des sentiments violents et contradictoires : mépris
et compassion, haine et tendresse, révolte et sidération.
J’ai souvent fait travailler ce texte à des jeunes : toujours un merveilleux
choc pour eux et un malaise pour moi, recevant les digressions de ce
discours insupportable sans pouvoir agir.
Dans Le 20 Novembre, Lars Norèn expose l'expression brute d'un
jeune lycéen submergé par un sentiment d'humiliation. En faisant part de
son mal-être au public, il accuse à tour de rôle la société de
consommation, le système scolaire et les médias d'être ses bourreaux.
Sans aucun risque de dialectique, ici, pas de réponse possible.
Je mets en scène ce texte en refusant l’état de choc sur le spectateur. Il
ne me semble plus d’actualité. Aujourd’hui nous devons analyser tenter de
comprendre cette violence pour entrer en réparation comme on peut.
Dans ma mise en scène, nous observons ce jeune dans son milieu
naturel, sa chambre, son enfermement ; Assistons ensemble à son
processus de radicalisation tentant de déceler le mécanisme qui se met en
marche. J’entends donner à voir comment se tricotent la haine, le racisme,
la xénophobie quotidienne chez un jeune homme qui aurait pu en être
préservé.
Variation d’adresse directe et indirecte au public :
Même si l’auteur nous le fait croire, ce jeune ne s’adresse pas à nous, son
adresse arrive après sa mort il n’est pas dans le même temps que nous,
nul ne peut lui répondre, c’est une prise d’otage provoquant la sidération
du spectateur. Pourtant son discours ambigu contradictoire, violent à de
quoi nous porter à réfléchir. La violence de l'adolescent est sans limite.