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Mise au point
Mise au point
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n°s8/9, novembre-décembre 2003
Le stress
Le concept de stress est difficile à appré-
hender. On l’utilise à la fois pour dési-
gner des menaces ou des défis, mais
aussi pour décrire nos réactions physio-
logiques, comportementales et émotion-
nelles consécutives à ces dernières. On
parle plus volontiers de “facteurs de stress”
comme le stress de la vie quotidienne
(conflits, deuil, séparation, etc.), et de
“réaction de stress” comme la colère,
la dépression, etc. Le stress est finale-
ment le produit de ces deux facteurs.
C’est Hans Selye (4) qui le premier étu-
dia de façon approfondie le phénomène
de stress. En cherchant à découvrir une
nouvelle hormone sexuelle, Selye
injecta à des rats un extrait d’hormone
ovarienne. Il détecta trois effets : un élar-
gissement du cortex surrénalien, une
diminution du thymus et des ulcères
perforés. Pensant être sur la trace d’une
nouvelle hormone, Selye injecta d’autres
extraits corporels aux rats. Quel déses-
poir en observant exactement les
mêmes symptômes ! En soumettant des
animaux à d’autres facteurs de stress
(chocs électriques, lésions chirurgi-
cales, etc.), il constata qu’il s’agissait en
fait d’une réponse adaptative du corps au
stress, commune à tous les individus.
Selye qualifia la réponse de l’orga-
nisme aux agressions auxquelles il est
soumis sous le terme de “syndrome
général d’adaptation” (SGA). Le SGA
se divise en trois phases :
une phase d’alarme ou d’alerte au
cours de laquelle l’organisme mobilise
ses ressources pour faire face à un envi-
ronnement nouveau et source d’agres-
sions. Cette phase est caractérisée par
une libération de catécholamines et de
glucocorticoïdes, et par une baisse
momentanée de la résistance de l’orga-
nisme. Durant cette phase, le rythme car-
diaque augmente et le sang est détour-
né vers les muscles squelettiques ;
– une deuxième phase de résistance au
cours de laquelle les défenses de l’orga-
nisme sont augmentées vis-à-vis de
l’agent agresseur en cause, mais dimi-
nuées vis-à-vis d’autres agressions. Cette
phase repose essentiellement sur l’ac-
tivation de l’axe corticotrope. L’action
des glucocorticoïdes permet d’augmen-
ter le métabolisme de base de l’orga-
nisme, c’est-à-dire de faire fonction-
ner l’ensemble de notre corps avec une
dépense énergétique accrue. Tempéra-
ture, pression sanguine et rythme res-
piratoire demeurent élevés. Si le stress
persiste, l’organisme s’habitue et réagit
de moins en moins ;
– enfin, une troisième phase d’épuise-
ment qui correspond à la défaillance
des capacités d’adaptation et qui traduit
l’épuisement des surrénales en gluco-
corticoïdes. Cette dernière phase signe
l’échec de l’organisme à s’adapter aux
différents stimuli auxquels il est sou-
mis. Elle peut conduire à de nom-
breuses variétés de maladies, voire
entraîner le décès.
Souvent discuté, très peu contesté, le
principe fondamental du SGA a large-
ment contribué à l’intérêt porté par les
psychologues aux facteurs psychiques
liés au stress. Ces facteurs ont un rôle très
important car ils sont impliqués aussi
bien dans les causes et les mécanismes
de déclenchement que dans les consé-
quences du stress. Le stress s’exprime
par toute une variété de symptômes
e trouble de l’adaptation, sous
ce libellé, est une catégorie dia-
gnostique apparue récemment
dans les classifications internationales,
DSM III (1) et CIM 10 (2). Dans le
DSM IV (3), il est l’un des rares
troubles auxquels on reconnaît une
composante pathogénique, à savoir
un trouble directement consécutif à
un ou plusieurs stresseurs repérables
et clairement définis.
Parmi les sous-types répertoriés dans
le DSM IV (3), le trouble de l’adaptation
avec anxiété (TAA), autrefois appelé
“anxiété réactionnelle”, présente une
prévalence élevée si l’on en croit les
différentes sources épidémiologiques.
Pourtant, cette pathologie, comparée
aux autres troubles (troubles anxieux,
de l’humeur, etc.), semble moins inté-
resser les cliniciens et les chercheurs si
l’on se réfère au nombre de publica-
tions qui lui sont consacrées.
Le concept “d’événement de vie” désor-
ganisant, venant rompre l’équilibre
psychologique, est au cœur du TAA.
Mais c’est davantage la réaction du
sujet, les stratégies adaptatives qu’il
va mettre en place pour retrouver un
état antérieur à l’impact du ou des
stresseurs qui vont entraîner la surve-
nue ou non du TAA.
Des techniques psychothérapiques
existent et ont montré, par des
méthodes scientifiques, leur efficacité.
Dans cet article, nous développerons
l’étroite interaction qui existe entre le
concept de stress, les stratégies d’ajus-
tement (coping) et le TAA. La dernière
partie sera consacrée aux méthodes
comportementales et cognitives mises
en œuvre pour le traitement de ce
trouble.
L
Le trouble de l’adaptation avec
anxiété
S. Roy*, S. Renou**
* Psychologue-psychothérapeute,
centre médico-psychologique
Montaigne, Garches.
** Psychologue-psychothérapeute,
hôpital Robert-Debré,
service de psychopathologie de l’enfant
et de l’adolescent, Paris.
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Mise au point
Mise au point
psychologiques comme l’anxiété, la tris-
tesse, l’irritabilité, l’humeur dépressive,
l’inquiétude, etc. ; et la liste est encore
longue.
Si le mot “stress” est couramment
employé de façon négative, il est pour-
tant nécessaire d’éprouver un mini-
mum cet état, ce qui nous permet de
rester vigilant et de nous adapter aux fac-
teurs environnementaux. Ce n’est pas
le stress qui est néfaste à notre santé
physique et psychologique mais son
trop plein.
Le concept d’adaptation
Comme nous avons pu le voir dans le
paragraphe précédent, la notion de stress
est étroitement liée à celle d’adaptation.
D’un point de vue biologique, l’adap-
tation est l’ensemble des ajustements
réalisés par un organisme pour survivre
et perpétuer son espèce dans un envi-
ronnement écophysique donné. S’ins-
pirant de cette définition, les psycho-
logues définissent l’adaptation comme
un ensemble de modifications des
conduites qui visent à assurer l’équilibre
des relations entre l’organisme et ses
milieux de vie et, en même temps, des
mécanismes et processus qui sous-
tendent ce phénomène. Ces processus
d’adaptation sont mis en œuvre chaque
fois qu’une situation comporte un ou
plusieurs éléments nouveaux, inconnus
ou simplement non familiers. Pour faire
face à ces éléments, l’individu fait inter-
venir entre lui et l’événement perçu un
certain nombre de stratégies d’ajuste-
ment ou de coping (de l’anglais to cope
with, “faire face à”). Ces stratégies
permettant le contrôle psychologique
et physiologique face à l’action,
conduisant à la fois à la réduction du
degré de stress et à la maîtrise des
représentations psycho-affectives liées
à l’impact de l’événement. Le modèle
proposé par Lazarus et Folkman (5)
distingue deux grandes catégories de
stratégies (tableau I) :
– la première correspond à la résolu-
tion de problèmes par un ensemble de
plans d’action dirigés vers une modifi-
cation, un évitement ou une minimali-
sation de l’impact du stresseur ; les acti-
vités cognitives permettent de penser que
le stresseur peut être contrôlé ;
– la deuxième catégorie correspond à la
capacité qu’a un individu d’éliminer les
émotions négatives engendrées par le
stresseur, en utilisant des mécanismes de
défense comme le déni, la répression, ou
l’inhibition des émotions, par exemple.
Des travaux en psychologie (6) ont permis
de mettre en évidence, parmi ces straté-
gies d’ajustement, plusieurs attitudes
et réponses développées par le sujet en
fonction du type d’attribution causale
qui est fait de l’événement rencontré.
Par définition, nous expliquons géné-
ralement le comportement d’autrui en
l’attribuant à des dispositions soit
internes soit externes. Face à un stresseur,
un individu adoptera soit un contrôle
externe sur l’événement par des atti-
tudes actives de maîtrise de la réalité, de
recherche de soutien social, soit un con-
trôle interne marqué par la maîtrise des
émotions et des pensées. L’absence de
contrôle se caractérise par l’évitement, la
fuite et la passivité. L’impact du stress
peut s’expliquer en partie par le fait que
certains individus auront plutôt ten-
dance à s’attribuer la responsabilité de ce
qui leur arrive, considérant l’événement
comme définitif et s’étendant à tous les
domaines de la vie du sujet.
Le TAA
Lorsque l’individu, épuisé, surmené,
n’est plus susceptible de s’adapter, le
stress peut alors se traduire par une
incapacité à réagir, aboutissant le plus
souvent à des complications d’ordre psy-
chiatrique. Le TAA en est un exemple.
Critère diagnostique du trouble de
l’adaptation
Les critères diagnostiques du trouble
de l’adaptation retenus par la classifi-
cation américaine des troubles men-
taux (DSM IV) (3) sont décrits dans le
tableau II.
L’irruption d’un stresseur dans la vie du
sujet dépend, outre de la capacité du sujet
à y faire face, de la nature de l’événe-
ment, c’est-à-dire de son intensité, de son
imprévisibilité et de sa répétitivité
(employé de banque victime de plusieurs
hold-up) ou chronicité (harcèlement
moral sur le lieu de travail). L’échelle
de sévérité des facteurs psychosociaux
Réaction
au problème aux émotions
Comportementale Cognitive Comportementale Cognitive
Essai de contrôle Redéfinition de la situation Recherche de soutien social Expression des émotions
Résolution du problème Restructuration Recherche d’informations
Recherche du problème Réinterprétation positive
Affrontement du problème
Évitement Idéalisation de la réalité Déplacement Inhibition des émotions
Fuite Distanciation Distraction Répression
Réaction passive Auto-blâme Évitement de l’information Refus
Tableau I. Réponses psychologiques au stress (d’après [5]).
227
Mise au point
Mise au point
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n°s8/9, novembre-décembre 2003
de stress de l’axe IV du DSM IV (3)
permet d’évaluer l’intensité de la réac-
tion au stress et de prendre en compte
tous les facteurs favorisant ou aggra-
vant le trouble (tableau III).
Épidémiologie du TAA
Bien que considéré comme une entité
diagnostique marginale en raison de son
manque de pertinence clinique suffi-
sante pour être intégré dans les grandes
études épidémiologiques menées dans
le monde, le trouble de l’adaptation pré-
sente une prévalence en consultation
psychiatrique variant de 5 à 20 % selon
les études.
Une étude récente menée par Hergueta
et al. (7) montre une prévalence du TAA
chez les consultants en médecine géné-
rale de 1 % et de 4,5 % chez ceux ayant
une plainte d’ordre psychologique. Dans
66,7 % des cas, les patients présentant
un TAA étaient des femmes. Ces chiffres
sont retrouvés dans des études anté-
rieures (8). Dans leurs études, Samuelian
et al. (9) retrouvent un nombre impor-
tant d’associations comorbides au TAA,
principalement des troubles de la per-
sonnalité (évitante, dépendante, anti-
sociale, passive-agressive, etc.) et des
troubles addictifs. Selon Kenesi et al.
(10), parmi les événements de vie stres-
sants survenus dans les trois mois pré-
cédant l’apparition du trouble, 68 % des
patients ont eu à faire face à un conflit
conjugal, particulièrement chez les
femmes, ou à des difficultés profes-
sionnelles chez les hommes. Enfin, ces
mêmes auteurs montrent que 72 % des
patients présentant un TAA n’ont pas
d’antécédent psychiatrique, mais plu-
tôt des antécédents familiaux sévères :
de troubles dépressifs ou anxieux
(20 % chez le père et 30 % chez la mère) ;
d’alcoolisme (16 % chez le père et
5 % chez la mère) ;
de troubles du comportement ou de
l’adaptation (17 % chez le père et
10 % chez la mère).
Les différentes études mettent en
avant une fréquence d’apparition non
négligeable du TAA chez les consul-
tants, d’où la nécessité d’un diagnostic
précoce dans une perspective de prise
en charge médicamenteuse et psycho-
thérapique.
Les facteurs de risque
Le modèle biopsychosocial de la psy-
chiatrie moderne a bien montré que nous
n’étions pas tous égaux devant le stress,
ni devant la capacité à le gérer (11).
Les individus présentent une plus ou
moins grande vulnérabilité face aux
agents source de stress. Friedman et
Rosenman (12) ont notablement contri-
bué à l’étude du stress et du rôle joué par
la personnalité dans son apparition. Ces
auteurs ont décrit un mode de compor-
tement pouvant être considéré comme
responsable d’une hyper-réactivité au
stress : la personnalité de “type A”. Les
comportements de type A se caractérisent
par la célérité dans l’action, se traduisant
par l’impatience ; l’investissement pro-
fessionnel marqué, associé à une image
de bon travailleur, perfectionniste et
consciencieux ; la compétitivité et la
combativité. Les individus de type A sont
davantage sujets aux crises cardiaques
parce qu’ils fument plus, dorment moins
et consomment davantage de boissons
à base de caféine. D’autre part, ils pré-
sentent un tempérament favorisant
l’apparition de maladies cardiaques,
leurs sécrétions hormonales, leur rythme
cardiaque et leur pression artérielle
s’élevant significativement plus que la
moyenne lors de défis à relever ou en
situation de perte de contrôle. Un autre
type de comportement, pouvant lui
aussi constituer un facteur de risque et
de vulnérabilité dans l’apparition d’un
trouble de l’adaptation, a été décrit. Il
s’agit du comportement de “type C”. Ces
sujets sont plutôt soumis, évitent les
conflits, acceptent les contraintes du
temps, inhibent leurs émotions, etc.
Enfin, un dernier type de profil compor-
temental, le “type B” a été découvert
chez des sujets cherchant à agir positi-
vement sur les événements de vie pou-
vant leur arriver. Le type B, considéré
comme un facteur de protection par sa
capacité d’adaptation aux situations
stressantes, est caractérisé par une maî-
trise personnelle des événements stres-
sants, un sens des responsabilités et un
sens de la cohérence à donner à sa vie
dans ses engagements successifs, une
souplesse d’adaptation aux changements
imprévus avec perception de l’événe-
ment comme une rupture inhérente à la
vie plutôt que comme une menace.
1. Le développement de symptômes dans les registres émotionnels et comporte-
mentaux, en réaction à un ou plusieurs facteurs de stress identifiables, au cours
des trois mois suivant la survenue de ceux-ci.
2. Ces symptômes ou comportements sont cliniquement significatifs et se tradui-
sent par l’une des deux manifestations suivantes :
- une souffrance marquée, plus importante qu’il n’était attendu en réaction à ce
facteur de stress ;
- une altération significative du fonctionnement social ou professionnel (scolaire).
3. La perturbation liée au stress ne répond pas aux critères d’un autre trouble spé-
cifique, ni à l’exacerbation d’un trouble préexistant.
4. Les symptômes ne sont pas l’expression d’un deuil.
5. Une fois que le facteur de stress (et ses conséquences) a disparu, les symp-
tômes ne persistent pas au-delà de 6 mois.
Le trouble est dit “aigu” si la perturbation persiste moins de 6 mois et “chro-
nique” si la perturbation persiste 6 mois ou plus.
Le trouble de l’adaptation peut être caractérisé par des symptômes prédominants
tels que l’humeur dépressive, l’anxiété, voire les deux, et/ou la perturbation des
conduites.
Tableau II. Critères diagnostiques du trouble de l’adaptation selon le DSM IV (3).
228
Mise au point
Mise au point
Stratégies d’intervention
cognitives et comportemen-
tales dans le TAA
Comme cela a pu être le cas pour
d’autres troubles (trouble panique, pho-
bies, trouble d’anxiété généralisée, etc.),
le TAA fait à son tour l’objet depuis
quelques années d’un intérêt croissant
de la part des thérapeutes cognitivo-
comportementalistes.
Le modèle cognitivo-comportemental
de l’anxiété
Les thérapies comportementales et co-
gnitives (TCC) reposent essentiellement
sur le modèle du conditionnement (13,
14). Globalement, elles sont fondées sur
le principe selon lequel la réponse
anxieuse a été apprise par les patients, et
sur le postulat qu’il est possible de la
désapprendre. Les comportementalistes
considèrent que beaucoup de symptômes
présents dans les troubles psychia-
triques peuvent être causés ou main-
tenus par le biais du conditionnement.
Les comportementalistes (15) font valoir
donc que l’anxiété, en tant que réponse
de l’organisme à un agent stressant,
agit dans trois principaux domaines :
– le domaine physiologique, par l’acti-
vation ou l’inhibition du système ner-
veux autonome ;
le domaine comportemental, par
l’évitement, l’échappement, l’inhibi-
tion ou l’agression ;
le domaine cognitif, par des erreurs
d’interprétations, des distorsions, etc.
Les traitements cognitivo-comportemen-
taux agissent donc sur ces trois axes.
Les stratégies thérapeutiques
Les principales stratégies thérapeutiques
utilisées dans le traitement du TAA
sont : la relaxation (modifications des
réponses physiologiques), les thérapies
d’exposition et l’entraînement aux com-
pétences sociales (modification des
réponses comportementales) et les thé-
rapies cognitives (modifications des
réponses cognitives).
La relaxation
L’objectif principal de la relaxation est
de permettre à la fois une diminution du
rythme cardiaque, un ralentissement de
la fréquence respiratoire et une diminu-
tion de la pression artérielle. Les mé-
thodes de relaxation sont nombreuses
dans le traitement du TAA. Nous n’en
retiendrons que deux types :
le “training autogène” de Schultz (16)
est une méthode d’auto-induction hyp-
notique fondée sur l’évocation mentale
de sensations de lourdeur et de chaleur.
Les exercices se pratiquent en position
assise ou couchée. Les patients présen-
tant un TAA se limitent au cycle infé-
rieur où ils font successivement l’expé-
rience de la sensation de pesanteur
(“mon bras est lourd”), de chaleur (“mon
bras est chaud”), de contrôle du cœur et
respiratoire, de régulation de la région
abdominale et de fraîcheur du front ;
la relaxation progressive de Jacob-
son (17) repose sur la détente graduelle
des groupes musculaires. Elle peut se
pratiquer assise ou couchée. L’objectif
Code Terme Exemple chez l’adulte Exemple chez l’enfant ou l’adolescent
1 Aucun Absence de facteur de stress apparent Absence de facteur de stress apparent
2 Minime Délit mineur, petit emprunt à la banque Vacances en famille
3 Léger Dispute avec un voisin, Changement de professeur à l’école,
changement d’horaire de travail rentrée des classes
4 Moyen Nouvelle carrière, décès d’un ami proche Disputes répétées avec les parents,
grossesse changement d’école,
maladie d’un parent proche,
naissance d’un frère ou d’une sœur
5 Sévère Maladie grave du sujet ou d’un parent, Mort d’un camarade, divorce des parents
perte d’argent importante, séparation conjugale, arrestation, hospitalisation,
naissance d’un enfant discipline parentale sévère en permanence
6 Extrême Mort d’un parent proche, divorce Mort d’un parent, d’un frère ou d’une sœur,
traumatismes sexuels ou physiques répétés
7 Catastrophique Expérience de camp de concentration, Multiples morts dans la famille
catastrophe naturelle dévastatrice
8 Non spécifique Absence d’information Absence d’information
ou information inutilisable ou information inutilisable
Tableau III. Facteurs psychosociaux de stress d’après l’échelle de sévérité de l’axe IV du DSM IV (3).
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Mise au point
Mise au point
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n°s8/9, novembre-décembre 2003
est de contracter successivement cha-
cun des groupes musculaires pendant
quelques secondes, puis de les décon-
tracter, en restant le plus attentif pos-
sible au contraste entre la tension et la
détente. L’apprentissage de la relaxation
permet de rompre le cercle vicieux qui
conduit l’anxiété à la tension mus-
culaire, qui à son tour ne fait qu’aug-
menter l’anxiété.
Benson, l’un des auteurs qui a le plus
étudié les différentes méthodes de rela-
xation, préconise un environnement
calme, à l’abri des sources de distraction,
une position confortable dans laquelle
les tensions musculaires sont réduites
autant que possible, une attitude passive,
et la focalisation de toute l’attention sur
un stimulus déterminé (son, mot ou
objet, par exemple).
L’exposition
Les stratégies d’exposition sont un peu
le noyau dur des thérapies comporte-
mentales (18). Historiquement, elles ont
été les premières à être utilisées et restent
particulièrement importantes aux yeux
des thérapeutes, car elles sont très effi-
caces pour les patients. Le principe de
base de l’exposition est très simple ; il
s’applique surtout aux troubles anxieux :
éviter ce qui fait peur accroît la peur et
l’entretient. Au contraire, la confronta-
tion à ce qui fait peur diminue la peur.
Cette confrontation s’effectue selon cer-
taines règles strictes. L’exposition doit
être progressive, prolongée et complète.
Il y a ainsi toute une graduation dans
l’autonomisation du patient. Une expo-
sition mal conduite peut en effet aggra-
ver la réponse anxieuse.
L’affirmation de soi
L’affirmation de soi ou l’entraînement
aux compétences sociales est une autre
stratégie comportementale classique
(19). Cette stratégie vise à entraîner les
patients à maîtriser les comportements
relationnels, qu’ils soient verbaux ou non,
adaptés aux interactions quotidiennes.
Le jeu de rôle comportemental est le
principal outil thérapeutique utilisé en
affirmation de soi. Une situation cible
très précise est choisie. Le patient joue
son propre rôle. Le comportement du
patient est ensuite critiqué de façon
constructive : le regard, la voix, la ferme-
té dans la décision, l’autorité, etc. La vidéo
peut parfois être utilisée. À partir des
critiques, le patient recherche ce qui pour-
rait être amélioré et le jeu reprend en
tenant compte des changements à appor-
ter pour un comportement plus efficace.
Cette technique a pour objectif d’ap-
prendre au patient un certain comporte-
ment, qu’il pourra ensuite choisir
d’utiliser quand il se trouvera confronté
au même type de situation. Cela lui
donne les moyens d’adopter des com-
portements qui soient en phase avec
ses envies ou ses pensées. En plus de
ces séances, des exercices à faire dans
la semaine sont prescrits, pour tester
l’efficacité des séances et orienter le
travail. Chez les patients présentant un
TAA, divers exemples de compétences
sociales peuvent être travaillés : expri-
mer une demande, un désaccord, faire
face à l’agressivité, à l’hostilité, etc.
Les thérapies cognitives
Dans l’approche cognitive, trois niveaux
d’intervention, identifiés par Beck
(14), sont envisagés et travaillés :
les cognitions ou “événements
cognitifs” correspondent aux pensées
automatiques qui surviennent sponta-
nément lorsque le patient est dans une
situation anxiogène ;
– les “processus cognitifs” ou distorsions
cognitives donnent au patient une lecture
particulière, perturbée, de son environ-
nement. Parmi ces distorsions, on dis-
tingue : l’inférence arbitraire (tirer des
conclusions sans preuve), l’abstraction
sélective (ne retenir que certains élé-
ments d’un situation), le raisonnement
dichotomique (raisonner en “noir ou
blanc”) ;
les schémas cognitifs représentent
l’ensemble des croyances profondes et
donnent la véritable vision du monde
du patient.
Selon Beck (14), le patient doit :
prendre conscience de ses pensées
automatiques ;
reconnaître le rapport entre ses pen-
sées, ses émotions et son comportement ;
apprendre à questionner ses pensées
automatiques et à examiner leur validité
par des épreuves de réalité ;
apprendre à remplacer ses pensées
automatiques par des pensées plus
rationnelles ;
identifier et modifier ses schémas
dysfonctionnels.
Spécificités de la prise en charge
cognitivo-comportementale
Les TCC regroupent un certain nombre
de caractéristiques, à la fois méthodo-
logiques et relationnelles (20).
Les caractéristiques méthodologiques
Les TCC sont des thérapies limitées dans
le temps, d’une vingtaine de séances
pour le traitement du TAA. Ces théra-
pies se caractérisent par le fait qu’elles
sont centrées sur l’“ici” et le “mainte-
nant”. Autrement dit, elles n’utilisent pas
le travail sur le passé comme levier
thérapeutique majeur, même si elles en
tiennent compte. Elles se concentrent
beaucoup plus sur les aspects actuels des
troubles. La volonté scientifique des
TCC se traduit par un souci d’évaluer les
résultats obtenus dans le but de faire
évoluer les techniques existantes. Des
résultats non satisfaisants font ainsi peu
à peu abandonner certaines méthodes
de soin. L’évaluation systématique des
résultats permet des thérapies structurées
et codifiées. Ainsi, dès le diagnostic de
TAA posé, le thérapeute sait quelle stra-
tégie adopter et quels résultats en
attendre.
Un style relationnel particulier
Le thérapeute comportementaliste peut
être qualifié à la fois d’actif et d’inter-
actif car il participe beaucoup au dérou-
lement de la thérapie. Il est également
explicite et informatif, le début de la thé-
rapie étant consacré à délivrer au patient
des informations sur le trouble, sur les
stratégies thérapeutiques employées, etc.
La relation entre le patient et le théra-
peute s’engage sur un mode collaboratif.
Le patient, lui aussi, devra être autonome
et réaliser volontairement les tâches
assignées entre les séances.
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