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Mise au point
Mise au point
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n°s8/9, novembre-décembre 2003
est de contracter successivement cha-
cun des groupes musculaires pendant
quelques secondes, puis de les décon-
tracter, en restant le plus attentif pos-
sible au contraste entre la tension et la
détente. L’apprentissage de la relaxation
permet de rompre le cercle vicieux qui
conduit l’anxiété à la tension mus-
culaire, qui à son tour ne fait qu’aug-
menter l’anxiété.
Benson, l’un des auteurs qui a le plus
étudié les différentes méthodes de rela-
xation, préconise un environnement
calme, à l’abri des sources de distraction,
une position confortable dans laquelle
les tensions musculaires sont réduites
autant que possible, une attitude passive,
et la focalisation de toute l’attention sur
un stimulus déterminé (son, mot ou
objet, par exemple).
L’exposition
Les stratégies d’exposition sont un peu
le noyau dur des thérapies comporte-
mentales (18). Historiquement, elles ont
été les premières à être utilisées et restent
particulièrement importantes aux yeux
des thérapeutes, car elles sont très effi-
caces pour les patients. Le principe de
base de l’exposition est très simple ; il
s’applique surtout aux troubles anxieux :
éviter ce qui fait peur accroît la peur et
l’entretient. Au contraire, la confronta-
tion à ce qui fait peur diminue la peur.
Cette confrontation s’effectue selon cer-
taines règles strictes. L’exposition doit
être progressive, prolongée et complète.
Il y a ainsi toute une graduation dans
l’autonomisation du patient. Une expo-
sition mal conduite peut en effet aggra-
ver la réponse anxieuse.
L’affirmation de soi
L’affirmation de soi ou l’entraînement
aux compétences sociales est une autre
stratégie comportementale classique
(19). Cette stratégie vise à entraîner les
patients à maîtriser les comportements
relationnels, qu’ils soient verbaux ou non,
adaptés aux interactions quotidiennes.
Le jeu de rôle comportemental est le
principal outil thérapeutique utilisé en
affirmation de soi. Une situation cible
très précise est choisie. Le patient joue
son propre rôle. Le comportement du
patient est ensuite critiqué de façon
constructive : le regard, la voix, la ferme-
té dans la décision, l’autorité, etc. La vidéo
peut parfois être utilisée. À partir des
critiques, le patient recherche ce qui pour-
rait être amélioré et le jeu reprend en
tenant compte des changements à appor-
ter pour un comportement plus efficace.
Cette technique a pour objectif d’ap-
prendre au patient un certain comporte-
ment, qu’il pourra ensuite choisir
d’utiliser quand il se trouvera confronté
au même type de situation. Cela lui
donne les moyens d’adopter des com-
portements qui soient en phase avec
ses envies ou ses pensées. En plus de
ces séances, des exercices à faire dans
la semaine sont prescrits, pour tester
l’efficacité des séances et orienter le
travail. Chez les patients présentant un
TAA, divers exemples de compétences
sociales peuvent être travaillés : expri-
mer une demande, un désaccord, faire
face à l’agressivité, à l’hostilité, etc.
Les thérapies cognitives
Dans l’approche cognitive, trois niveaux
d’intervention, identifiés par Beck
(14), sont envisagés et travaillés :
– les cognitions ou “événements
cognitifs” correspondent aux pensées
automatiques qui surviennent sponta-
nément lorsque le patient est dans une
situation anxiogène ;
– les “processus cognitifs” ou distorsions
cognitives donnent au patient une lecture
particulière, perturbée, de son environ-
nement. Parmi ces distorsions, on dis-
tingue : l’inférence arbitraire (tirer des
conclusions sans preuve), l’abstraction
sélective (ne retenir que certains élé-
ments d’un situation), le raisonnement
dichotomique (raisonner en “noir ou
blanc”) ;
– les schémas cognitifs représentent
l’ensemble des croyances profondes et
donnent la véritable vision du monde
du patient.
Selon Beck (14), le patient doit :
– prendre conscience de ses pensées
automatiques ;
– reconnaître le rapport entre ses pen-
sées, ses émotions et son comportement ;
– apprendre à questionner ses pensées
automatiques et à examiner leur validité
par des épreuves de réalité ;
– apprendre à remplacer ses pensées
automatiques par des pensées plus
rationnelles ;
– identifier et modifier ses schémas
dysfonctionnels.
Spécificités de la prise en charge
cognitivo-comportementale
Les TCC regroupent un certain nombre
de caractéristiques, à la fois méthodo-
logiques et relationnelles (20).
Les caractéristiques méthodologiques
Les TCC sont des thérapies limitées dans
le temps, d’une vingtaine de séances
pour le traitement du TAA. Ces théra-
pies se caractérisent par le fait qu’elles
sont centrées sur l’“ici” et le “mainte-
nant”. Autrement dit, elles n’utilisent pas
le travail sur le passé comme levier
thérapeutique majeur, même si elles en
tiennent compte. Elles se concentrent
beaucoup plus sur les aspects actuels des
troubles. La volonté scientifique des
TCC se traduit par un souci d’évaluer les
résultats obtenus dans le but de faire
évoluer les techniques existantes. Des
résultats non satisfaisants font ainsi peu
à peu abandonner certaines méthodes
de soin. L’évaluation systématique des
résultats permet des thérapies structurées
et codifiées. Ainsi, dès le diagnostic de
TAA posé, le thérapeute sait quelle stra-
tégie adopter et quels résultats en
attendre.
Un style relationnel particulier
Le thérapeute comportementaliste peut
être qualifié à la fois d’actif et d’inter-
actif car il participe beaucoup au dérou-
lement de la thérapie. Il est également
explicite et informatif, le début de la thé-
rapie étant consacré à délivrer au patient
des informations sur le trouble, sur les
stratégies thérapeutiques employées, etc.
La relation entre le patient et le théra-
peute s’engage sur un mode collaboratif.
Le patient, lui aussi, devra être autonome
et réaliser volontairement les tâches
assignées entre les séances.