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Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 9/10, novembre/décembre 2004
type de profil comportemental, le “type B”,
a été découvert chez des sujets cherchant
à agir positivement sur les événements de
vie pouvant leur arriver. Le type B, consi-
déré comme un facteur de protection par
sa capacité d’adaptation aux situations
stressantes, est caractérisé par une maîtrise
personnelle des événements stressants ;
un sens des responsabilités et un sens de
la cohérence à donner à sa vie dans ses
engagements successifs ; une souplesse
d’adaptation aux changements imprévus
avec perception de l’événement comme
une rupture inhérente à la vie plutôt que
comme une menace.
Stratégies d’intervention
cognitives et comportementales
dans le TAA
De la même manière que les troubles
anxieux (trouble panique, troubles pho-
biques, trouble obsessionnel compulsif,
anxiété généralisée, états de stress post-
traumatique) répertoriés dans le DSM-IV
(3), le TAA connaît à son tour un intérêt
croissant de la part des thérapeutes cogni-
tivo-comportementalistes.
Le modèle cognitivo-comportemental
de l’anxiété
Les thérapies comportementales et cogni-
tives (TCC) reposent essentiellement sur le
modèle du conditionnement. Globalement,
elles sont fondées sur le principe selon
lequel la réponse anxieuse a été apprise
par les patients, et qu’il est donc possible
de la désapprendre. Pour les comporte-
mentalistes, beaucoup de symptômes
présents dans les troubles psychiatriques
peuvent être causés ou maintenus par le
biais de trois grandes familles de condi-
tionnement.
Le conditionnement classique
ou pavlovien
Les états de stress post-traumatique en
sont un exemple : une patiente ayant été
agressée par un homme a une crise d’an-
goisse huit jours après, dans le métro,
déclenchée par la présence d’un homme
à côté d’elle ayant la même lotion
d’après-rasage que son agresseur.
L’intensité du choc est tellement grande
dans le stress post-traumatique que ce
type de phénomène est fréquemment
observé : tous les stimuli présents au
moment de l’agression peuvent ensuite
être associés à l’état anxieux qui était
présent au moment de l’agression. Il a,
en effet, été montré que le conditionne-
ment est dépendant de l’intensité du sti-
mulus déclencheur. Des stimuli de faible
intensité doivent être répétés pour
déclencher un phénomène de condition-
nement, alors qu’un seul stimulus de
grande intensité, comme une agression,
peut suffire. Rappelons que le retentis-
sement d’une situation stressante dépend
de la nature de l’événement, qui se dis-
tingue par son intensité, son imprévisibi-
lité, sa répétitivité ou sa chronicité.
Le conditionnement opérant
Il permet de rendre compte des conduites
d’évitement rencontrées chez les pho-
biques. L’évitement de l’objet anxiogène
permet une diminution de l’angoisse. Le
comportement de fuite se trouve ainsi
renforcé par les effets positifs qu’il
produit, la diminution de l’angoisse. Ce
comportement entraîne alors le patient
dans un cercle vicieux dont il devient
prisonnier, puisque, plus il fuit la situation
angoissante, moins il est capable de l’af-
fronter et plus son angoisse de la situation
augmente. Les phobiques deviennent ainsi
prisonniers de leurs propres conduites
(refus de sortir, auto-enfermement, etc.).
Le conditionnement social
Il repose sur le principe selon lequel il est
possible d’apprendre un comportement
sans forcément l’avoir expérimenté par
soi-même, sans en avoir testé ni les
avantages ni les inconvénients, mais par
la simple observation d’une personne
ayant ce comportement.
Les thérapies comportementales se sont
enrichies peu à peu de l’approche cogni-
tive, en ne s’intéressant plus seulement
aux comportements, mais aussi aux
“cognitions” (les contenus de pensée).
Cette approche repose sur la notion de
traitement de l’information. En effet,
lorsqu’un sujet reçoit une information, il
ne la reçoit pas de manière passive mais
il l’interprète, l’évalue, et la déforme.
Dans une situation donnée, la conduite
du sujet dépend autant de la manière
dont il interprète la situation que de la
situation elle-même. L’approche cogni-
tive est dite “socratique” car elle ne
cherche pas à convaincre le patient mais
plutôt à l’amener, par questionnement, à
découvrir par lui-même sa façon de per-
cevoir le monde et à la relativiser.
Les comportementalistes considèrent
donc que l’anxiété, en tant que réponse
de l’organisme à un agent stressant, va
agir dans trois principaux domaines :
– le domaine physiologique, par l’acti-
vation du système nerveux autonome ;
– le domaine comportemental, par l’évi-
tement, l’échappement, l’inhibition ou
l’agression ;
– le domaine cognitif, par des erreurs
d’interprétation, des distorsions, etc.
Les traitements cognitivo-comporte-
mentaux vont donc modifier ces trois axes.
Les stratégies thérapeutiques
Les principales stratégies thérapeutiques
utilisées dans le traitement du TAA sont :
la relaxation (modifications des réponses
physiologiques), les thérapies d’exposition
et l’entraînement aux compétences sociales
(modification des réponses comporte-
mentales), et les thérapies cognitives
(modification des réponses cognitives).
La relaxation
L’objectif principal de la relaxation est
de permettre à la fois une diminution
du rythme cardiaque, un ralentissement
de la fréquence respiratoire et une
baisse de la pression artérielle. Les
méthodes de relaxation sont nombreuses
Mise au point
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