demain nous fuirons
L'Ennemi Intérieur
CREATION 2017
de Marilyn MATTEI
Mise en scène de Fabien HINTENOCH
l'illustration est de Samuel PIVO
SYNOPSIS |
Max a 16 ans. Max est parti. Sans dire ciao. Combien de temps ? On ne sait pas. Où il est ? on
ne sait pas vraiment non plus. Jusqu'au jour une vidéo est diffusée sur le Facebook du
garçon. Dans cette vidéo, on voit Max exécuter «un type en orange ». Une cellule
pyschologique s'ouvre alors au sein de l'établissement scolaire. Louise est appellée pour
prendre la parole des adolescents, notamment celle de George et Simon, et de les faire parler,
afin que rien ne pourrisse.
Les deux adolescents, amis de Max, décident de kidnapper Selma, sa petite amie. Persuadés
qu'elle est contaminée par « l'obscur » et « le sheitan », ils décident de la soigner pour ne pas
qu'elle parte à son tour « au bord du monde » et garder l'unité de leur groupe .Le tout est
mené par Eddy, la trentaine, surveillant de l'établissement scolaire, persuadé que l'action qu'il
mène est une action juste, nécessaire, au nom de son pays, de sa patrie, de sa nation.
Mais lorsque l'émotion et notamment la peur, prend le pas sur la raison, rien ne se passe
comme prévu...
LE PROJET |
« J'ai voulu écrire sur ceux qui partent.
J'ai écris sur ceux qui restent; »
| Marilyn MATTEI
Au départ, il y avait l'envie de raconter une nouvelle histoire et d'une collaboration avec
Marilyn. Puis est arrivé ce jour je devais prendre le train, ÇA a frappé, dans la capitale, à
l'endroit précis je devais me rendre. Le choc brutal. Une date définitivement gravée dans
ma mémoire. Je me rendrai compte un peu plus tard de sa portée collective. Puis viens
l'hypnotique indigestion d'informations en masse, l'insomnie, les émotions de la population à
digérer, les discours, les minutes de silence, les drapeaux noirs et ceux qui sont en bernes, les
termes d' « identité nationale », d' « état d'urgence », de « fermeture des frontières », de
« déchéance de nationalité » ... Alors, je me pose la question : de quoi parlons-nous ? Contre
qui nous battons-nous ? Car notre ennemi semble être une armée de fantômes, une ombre
impalpable et innatendue - sans visage. Nous jouons à cache-cache avec une menace invisible
et sans frontière.
Naissent ensuite CONFUSION et PEUR.
Qui est bon ? Qui est mauvais ? Où se cache le mal ? Qui est notre ennemi ?
si ce n'est en nous-mêmes...
Un texte : L'ENNEMI INTERIEUR
Le titre déjà englobe l'intime, l'organique mais il est aussi politique, et par conséquent,
emprunt de paradoxes : à l'intérieur d'un même pays ? De nous-mêmes ? D'un groupe ?
Au début de la pièce le drame a déjà eu lieu. Une vidéo.
Dans ce huis-clos à la fois mental et physique, ces cinq personnages se laissent guider
par leurs peurs respectives. Le texte expérimente avec son langage singulier et puissant
comment l'émotion intéragit avec la raison. Pour puiser la force de se sentir libre chacun
pense agir pour le bien et pourtant, pour se défendre, ils commencent à utiliser les mêmes
armes que celles avec lesquelles ils se sentent attaquées. Le rejet entraîne la fascination.
On y parle d'un « bord du monde » : est-ce qu'en voulant le fuir on pourrait bien
l'atteindre ? On se pose des questions sur l'avenir, on rêve d'un endroit tranquille loin du chao,
on ne sait pas quel monde on laisse à nos enfants et on se bat pour chercher la lumière.
On prend le faux pour le vrai . On dérape. On fait « comme si ».
On chasse l'obscur en levant nos propres bannières vers la liberté.
On se bat « et demain il fera jour »
On se bat « et maintenant ? »
Propos de l'auteur :
« Je voulais écrire sur ceux qui partent rejoindre l'Etat Islamique. Je me suis documentée, j'ai
lu et relu, j'ai regardé des vidéos, j'ai tenté de les analyser , je me suis bourrée la tête de toutes
ses images, discours; témoignages, j'ai essayé de comprendre et je ne sais pas si aujourd'hui
j'ai compris quelque chose. Je voulais écrire sur ceux qui partent et puis face à tout ces
documents je me suis demandée qu'est ce que je pouvais raconter de plus que ça, rédigés par
des socioloques, anthropologues, « repentis ». J'ai lu Martyrs de Mayenburg, et je me suis dit :
« bon, laisse tomber, il y en a un qui a était plus malin que toi.». Et puis, il y a eu le discours de
Manuel Valls, après les attentats du 13 novembre. Ce jour là, le mot guerre à été lancé. J'ai
cherché à comprendre ce que ça voulait dire « être en guerre » aujourd'hui. J'ai fantasmé sur
ce mot-là, moi qui voulait vraiment faire l'armée quand j'étais adolescente, et puis j'ai vu que
d'autres fantasmés aussi sur l'idée de ce qu'est une guerre : on le sait, le nombre de candidats
pour « s'engager » dans l'armée française a doublé, idem pour les concours de la Police
Nationale, et les affiches pulullent le long des arrêts de bus. Je me suis souvenu aussi d'un
gamin de 16 ans - rencontré lorsque je travaillai dans des centres e vacances. Le gamin en
question avait déjà un long casier judiciaire, et le gamitn disai « moi je fais le con parce que je
connais pas la guerre. Mon grand père lui l'a connu et c'est pour ça qu'il se tient droit. Moi je
ne sais pas ce que c'est faire la guerre, il en faudrait peut être une pour que j'arrête de me
battre, ou que je me batte pour quelque chose ». J'ai donc décidé de partir du mot guerre pour
écrire et de tout ce qui peut l'entourer : l'unité nationale, la patrie, la nation. Au final, je n'ai
pas écris sur ce qui partent mais sur ceux qui restent. »
Ce texte a déjà fait l'objet d'une mise au plateau par Colin Rey dans le cadre du festival EN
ACTE(S) au Lavoir Public de Lyon en Avril 2016 - donnant lieu à une première édition.
Il sera réetendu lors du Festival Jamais Lu à Théâtre Ouvert mise en lecture par Sophie
Cadieux (Décembre 2016) ainsi qu'au Festival Mange ta Grenouille à Prague, pour l'occasion
traduit en tchèque.
Actuellement édité aux édiions Tapuscrits du Théâtre Ouvert.
EXTRAITS |
*
SIMON- C'est la guerre m'dame
LOUISE - La guerre ? Contre qui ?
SIMON - A votre avis
LOUISE - Sans ennemi une guerre n'est pas une guerre
SIMON - Des ennemis on en a
LOUISE - Quand tu dis « on » tu dis « toi » « vous » ou « nous » ?
SIMON - Je dis « on » pour dire « nous » mais des possédés par la flemme uniquement préoccupés à
se mater le nombril vous êtes pour le moment. Le jour la paresse sera fatiguée de vous et vous
lâchera, le « on » parlera de la rue, de la ville, du territoire, du pays, de la nation, de « nous ». Des
ennemis c'est pas ce qui manque m'dame. L'obscur ça se camoufle. C'est en-dessous la peau dans la
tête et dans l'œil. Suffit de sortir de son aveuglement. De virer ses œillères. De savoir regarder la face
cachée du monde. Et d'arrêter de continuer sa petite route sans se retourner alors que tout se casse la
gueule derrière soi.
*
Le sac remue
SIMON - BOUGE-PAS
GEORGE - Fais pas ça
SIMON - Plus jamais ça
GEORGE - Mesure d'sécurité
SIMON - De protection
GEORGE - Tu bouges on cogne on s'défend
SIMON - T'es malade Selma
GEORGE - Plus qu'du noir en toi
SIMON - Pour pas qu'tu partes qu't'échappes qu'on fait ça
GEORGE - Pas envie d'te voir mourir Selma
SIMON - Tu pars on est coupé en deux
GEORGE - Coupé en deux plus possible d'vivre
SIMON - On reste ensemble
GEORGE - On s'accroche
SIMON - On marche ensemble
GEORGE - On s'tient la main
SIMON - Liés à jamais
GEORGE - Jusqu'à la mort
GEORGE / SIMON – J't’aime
*
EDDY-La seule chose que tu dois comprendre c'est que je réfléchis que je pense que je m'interroge et qu'il va
y avoir du changement. Voilà. Et pour réfléchir m'interroger penser je ne peux pas m'allonger à côté de toi
pour ne pas perturber la croissance du petit. Refléchir allongé c'est impossible allongé tu ne bouges pas
allongé tu es immobile l'immobilité concerne le rêve pas la réfléxion et rêver tu vois c'est pas vraiment
d'actualité. Voilà
Temps
LOUISE-Et à quoi tu réfléchis ?
EDDY-A quoi ?
LOUISE-Oui, à quoi tu réfléchis Eddy ?
EDDY-A ma place dans le monde
LOUISE-Ta place dans le monde
EDDY-Oui, Louise, je réfléchis à ma place dans le monde. C'est un crime?
LOUISE-Non
EDDY-Voilà
L'EQUIPE |
Mise en scène |
Fabien HINTENOCH obtient un Master Professionnel en dramaturgie et écritures scéniques
au sein de l’Université d’Aix-Marseille en 2013. Il a mis en scène Nous, les héros de Jean-Luc
Lagarce (2010), mouette(s) d’après Anton Tchekhov (2011) au Théâtre Antoine Vitez (Aix-en-
Pce). Il monte également HEDDA|GABLER d’après Henrik Ibsen présenté en Juin 2013 au
Théâtre de Lenche (Marseille). Il a été l’assistant à la mise en scène de Geoffrey Coppini (LAST
compagnie) dans Ravissements de Ryad Girod das le cadre des Rencontres à l'échelle #5 aux
Bancs Publics, d’Agnès Régolo pour Les oiseaux sont des cons (cie Du Jour au lendemain),
de Vincent Franchi sur Acte de Lars Norèn (Cie Souricière) mais aussi d’Anne-Claude
Goustiaux pour Cyrano une création jeune public du Badaboum Théâtre, production dans
laquelle il interprête désormais le rôle de Christian. En tant que comédien, il joue aussi au
Badaboum Théâtre dans L'Homme à l'Oreille Coupée de Jean-Claude Mourlevat. Il a
travaillé notamment auprès d'Agnès Régolo dans La Farce de Maître Pathelin, Nanouk
Broche dans Personne ne voit la vidéo de Martin Crimp mais aussi d’Yves Borrini, Danielle
Stéfan, Louis Dieuzayde... Il a collaboré auprès du Centre Chorégraphique National du Ballet
Preljocaj, de la compagnie TOC et travaille régulièrement en tant qu'intervenant artistique et
metteur en scène auprès du Badaboum. Il a d'ailleurs monté Quand j'aurai 25 ans à
l'occasion de l'anniversaire du lieu et a travaillé dans des temps d'atelier auprès de nombreux
publics. Avec demain nous fuirons, Fabien HINTENOCH a co-mis en scène Odyssée d'un
Orphelin avec Lucile Mary et joue sous le regard de celle-ci dans Petit-Bleu et Petit-Jaune
de Leo Lionni, la deuxième création Jeune Public de la compagnie - actuellement en tournée
et notamment jouée sur la Scène Nationale de la Maison des Arts de Créteil.
L'auteur - dramaturgie et assistanat |
Marilyn MATTEI est auteure et comédienne. Après avoir obtenu un Master Professionnel en
dramaturgie et écritures scéniques sous la tutelle d'Olivier Saccomano, elle entre en 2011 à
l'ENSATT de Lyon en Ecriture Dramatique. Elle écrit - entre autres - pendant ses trois années
un triptyque autour de l'adolescence: Recracher/Vomir, Les Mains Froides & Toxic and
The Avenger. Elle obtient en novembre 2013 une bourse d'encouragement du CNT pour Les
Mains Froides texte également mis en espace en février 2015 par Fdéric Fisbach avec les
comédiens de l'Ecole du Nord à Théâtre Ouvert. Elle est également lauréate du concours "La
scène aux ados" avec Recracher/Vomir texte édité aux éditions Lansman avec les sept autres
lauréats du concours. Toxic and the Avenger, qui paraît sous forme d'extraits dans la revue
"Le Bruit du monde", a été mis en scène en mars 2015 lors des cartes blanches de l'INSAS
(Institut Supérieur des Arts de Bruxelles). Elle travaille actuellement avec la compagnie Rêve
Général, dirigée par la metteure en scène Marie Normand, en tant qu'auteure sur le projet
"Les Préjugés". Elle écrira pour ce projet FAKE édité chez Lansman.
Le projet "Les Préjugés" partira en tournée l'été 2016 et pendant l'année 2017.
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