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ne sont pas coordonnées. Van Hoose (1992) a adapté ce modèle au cas d’une zone de taux de
change fixes à deux pays. L’originalité de notre approche a été d’appliquer le modèle au cas
d’une union monétaire, de lever l’hypothèse de pays identiques, et d’analyser les implications
de la mise en place d’une autorité budgétaire fédérale. Nous avons retrouvé le résultat
d’Alesina et Tabellini (1987), mais dans notre modèle, il dépend des différences de
préférences nationales (cf. première partie de ce document de synthèse). De plus, nous avons
pu montrer la difficulté de mettre en place un impôt fédéral étant donné les différences
nationales dans les niveaux désirés de dépenses publiques. Ce travail a fait l’objet d’une
publication dans la revue américaine Journal of Economics and Business (1999) [document n°
1].
Une façon de coordonner les politiques macroéconomiques est de les soumettre à des
règles. J’ai alors étudié les implications des règles de politique économique en termes
d’ajustement aux chocs. Avec Bas van Aarle et un collègue néerlandais, Harry Garretsen
(aujourd’hui professeur à l’Université de Groningen aux Pays-Bas), nous avons construit un
modèle, qui fait partie d’une littérature relativement récente : il s’agit des modèles nouveaux-
keynésiens dynamiques stochastiques (Clarida, Gali et Gertler, 1999). Ces modèles
enrichissent l’explication des mécanismes économiques, parce qu’ils prennent en
considération les choix inter-temporels des agents économiques, ils intègrent les fondements
microéconomiques des rigidités nominales, ils rendent la politique économique endogène et
ils permettent d’analyser les effets au cours du temps de différents types de chocs. Le modèle
de base est un modèle en économie fermée, qui repose sur trois équations : une nouvelle
courbe IS intertemporelle pour décrire la demande globale de biens, une nouvelle courbe de
Phillips keynésienne pour l’offre globale de biens, et une règle de Taylor (1993) pour la
politique monétaire. Dans ce modèle, les comportements d’anticipations des agents
économiques sont complètement tournés vers l’avenir. Le problème est qu’avec cette
hypothèse, le modèle ne permet pas de reproduire la persistance que l’on observe dans les
séries de PIB et d’inflation. C’est pourquoi, des modèles hybrides ont été développés (dans le
cadre d’une économie fermée) : ils combinent des comportements tournés vers l’avenir et des
comportements tournés vers le passé (Leeper et Zha, 2001 ; Leith et Malley, 2002).
La spécificité de notre approche tient à plusieurs éléments. Nous proposons un modèle
hybride en économie ouverte, dans lequel deux pays font partie d’une union monétaire, qui est
soit fermée vis-à-vis du reste du monde (version du modèle à deux pays), soit ouverte (version
à trois pays). C’est aussi un modèle où les pays ne sont pas identiques (les paramètres des
fonctions de comportement peuvent différer). Enfin, c’est un modèle dans lequel nous
introduisons les politiques budgétaires des pays, que nous spécifions sous la forme d’une
règle de conduite. En calibrant et simulant le modèle, nous avons pu étudier dans quelle
mesure la politique monétaire unique et les politiques budgétaires nationales permettent
d’amortir l’impact des chocs et déterminer comment elles réduisent ou aggravent les
divergences économiques entre pays de l’union monétaire (cf. deuxième partie). Notre modèle
à deux pays a donné lieu à deux publications : un article dans German Economic Review
(2004) et un article dans Economie et Prévision (2006) dans lequel nous insistons plus sur les
politiques budgétaires [document n° 3]. Quant à notre modèle à trois pays, il a fait l’objet
d’une publication dans la revue Applied Economics Quarterly (2004) [document n° 4].
La fonction de stabilisation de la politique budgétaire découle de mesures discrétionnaires
prises par le gouvernement ou des stabilisateurs automatiques budgétaires. En ce qui concerne
les stabilisateurs automatiques, il y a deux effets, qui sont étudiés dans la littérature (van den
Noord, 2000). Le premier effet est l’impact de la conjoncture sur le solde budgétaire des
administrations publiques. Par exemple, un choc de demande défavorable se traduit par une
baisse de la croissance du PIB, laquelle cause une baisse des recettes fiscales et une hausse