L`unité de Jésus-Christ et la diversité des religions

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À DÉTACHER ET INSÉRER DANS VOTRE DOSSIER SUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX
MISE À JOUR DU DOSSIER SUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX
FICHE DE LECTURE
L’unité de Jésus-Christ et
la diversité des religions
E
n octobre 2000, les délégués de 124 nations
se sont réunis à Rome pour participer au
Congrès missionnaire mondial. Le 17 octobre,
Mgr Walter Kasper, secrétaire du Conseil
pontifical pour la promotion de l’Unité des
chrétiens (actuellement cardinal et président
de ce Dicastère) a prononcé une conférence
sur « L’universalité du Christ et le dialogue
interreligieux ». Nous publions ici ses propos
sur l’unité et l’unicité de Jésus-Christ dans
la diversité des religions.
RÉSUMÉ
L
es interprétations exclusives de l’ancien axiome
« Hors de l’Église, point de salut » ont été remplacées en
théologie catholique par une théorie inclusive et ouverte
au dialogue avec les diverses religions du monde.
Selon la théorie dominante aujourd’hui, le salut auquel
les non chrétiens ont part, s’ils suivent leur conscience,
est un salut en Jésus-Christ. Certains théologiens
demandent si cette nouvelle approche inclusive prend
en compte le droit à la diversité des autres religions.
Cette question est au cœur du débat sur l’unité et
l’unicité de Jésus-Christ dans la diversité des religions.
On peut trouver les éléments nécessaires pour
y répondre en réfléchissant sur la foi trinitaire
et christologique. (L’essentiel du texte proposé ici est
la réflexion, très serrée, du cardinal Kasper sur cette foi
et ses implications pour le dialogue interreligieux.)
PERSPECTIVES
C
e texte aide à mieux comprendre le véritable enjeu
du débat qu’a déclenché la Déclaration Dominus Iesus
(voir « Mise à jour » de QA n° 17, janvier-février 2001)
sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et
de l’Église. Le cardinal Kasper a parlé de nouveau de
Dominus Iesus en mai 2001 (voir encadré p. 28).
Texte original anglais dans Origins du 2 novembre 2000.
Traduction du P. Daniel Oliver, a.a., pour la DC. Pour le texte
intégral, voir DC 2001, n° 2246, p. 367-372.
(…) Par ces prises de position [voir encadré
p. 26], le Concile et l’enseignement postconciliaire ont jeté les bases du dialogue et de
la collaboration avec les fidèles des autres religions. Ils ont lancé en propre et entériné ce
dialogue. Les Papes Paul VI et Jean-Paul II ont
concrétisé cette intention et poursuivi expressément depuis lors le dialogue interreligieux. Depuis l’époque de la réforme de la
Curie par Paul VI, ce dialogue a son propre dicastère au sein de la Curie romaine, le Conseil
pour le Dialogue interreligieux.
Par ses déclarations, le Concile rejetait l’ancienne théorie exclusive et la pratique selon
lesquelles, du fait que Jésus-Christ est le seul
et unique Médiateur du salut, il n’est pas de salut hors de la foi en Christ, « hors de l’Église » :
Extra ecclesiam nulla salus, selon le fameux
axiome que l’évêque Cyprien de Carthage
(mort en 258) formulait, comme on le sait, lors
d’une querelle interne à l’Église; c’est à un disciple d’Augustin, Fulgence de Ruspe (mort en
532), que cet axiome a dû de devenir un article
fondamental de la tradition de l’Église, notamment au IVe Concile du Latran (Denz-Schon.
802). Il est souvent compris comme signifiant
que tous ceux qui ne connaissent pas ni ne reconnaissent la foi chrétienne sont damnés à jamais. Idée devenue aujourd’hui à peu près incompréhensible à la plupart des gens. Il semble
impossible de l’accorder avec la justice et la miséricorde de Dieu, avec son désir du salut de
tous, et même avec la solidarité humaine.
Déjà avant le Concile, cette théologie exclusive était remplacée par une théorie inclusive, et plus que jamais depuis le Concile, en
théologie catholique – avec des modifications
de détail. Elle cherche à expliquer, sur la base
de l’enseignement de l’Écriture et des Pères
de l’Église, qu’en Jésus-Christ le salut est
Septembre-Octobre 2001 • 25
À DÉTACHER ET INSÉRER DANS VOTRE DOSSIER SUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX
venu à tous les peuples d’une manière universelle qui inclut tout ce qui est bon et vrai dans
les autres religions. Ce qui veut dire que le salut auquel les non chrétiens ont part, s’ils vivent selon leur conscience, n’est pas quelque
autre type de salut hors et sans Jésus-Christ,
mais plutôt un salut dans et par Jésus-Christ.
Cette vue a fini par devenir plus ou moins
opinio communis en théologie catholique.
L’unité dans la diversité :
l’approche christologique
et trinitaire
(•) Tertullien
(160-222),
apologiste,
auteur de
Contre les
nations (177),
Apologétique
(197), Sur
la mise des
femmes, etc.
Les toutes dernières théories demandent,
bien sûr, si cette approche inclusive va assez
loin. Fait-elle droit à la diversité des autres religions ? Ne domine-t-elle pas plutôt les autres
religions ? N’en fait-elle pas – conformément à
l’idée que l’Église a d’elle-même – des religions chrétiennes anonymes ? Cette approche
n’est-elle pas aussi un impérialisme déguisé ?
L’ÉGLISE S’EXPRIME SUR LE DIALOGUE
Dans sa conférence, Mgr Kasper parle des « prises
de position » du Concile et de l’enseignement postconciliaire qui « ont jeté les bases du dialogue et de
la collaboration avec les fidèles des autres religions ».
Il cite surtout les positions affirmées dans la
Déclaration Nostra aetate, le Décret Ad gentes
(sur l’activité missionnaire de l’Église), les Constitutions
Lumen gentium et Gaudium et spes, la Déclaration
Dignitatis humanae (sur la liberté religieuse) et
l’Encyclique Redemptoris missio du Pape Jean-Paul II.
Voici les positions les plus importantes :
– L’Église ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans
les diverses religions ; elle considère ces religions avec
un respect sincère (cf. NA, 2) ;
– Il existe dans les diverses traditions religieuses des
« semences du Verbe » (cf. AG, 11) ;
– Dieu, qui est le salut de tous les êtres humains,
montre la voie du salut à ceux qui, sans faute de leur
part, ne connaissent pas Jésus-Christ mais, mus
par la grâce, essaient dans leurs actions de faire la
volonté de Dieu comme ils la connaissent par la voix
de leur conscience (cf. LG, 16 ; GS, 22) ;
– Toute personne a le droit non seulement d’adhérer
intérieurement à sa religion mais aussi de la professer
publiquement (cf. DH) ;
– La présence et l’activité de l’Esprit concernent non
seulement les individus qui appartiennent aux diverses
religions, mais ces religions elles-mêmes (cf. RM, 28).
26 • Questions actuelles (n° 21)
Pour répondre à ces questions, il nous faut
prendre plus directement à partir de la foi trinitaire et christologique le débat sur l’unité et
l’unicité de Jésus-Christ dans la diversité des
religions. Ce qui nous conduira à une analyse
kénotique du problème « unité et diversité ».
Commençons par montrer ce que signifie la
reconnaissance de l’unité et de l’unicité de
Dieu. Cette foi unit le judaïsme, le christianisme et l’islam, et elle distingue ces trois religions monothéistes de toutes les autres religions. On sait que, du point de vue chrétien,
le fait a une signification spécifique.
Pour le sentiment chrétien, la confession de
foi au Dieu seul et unique ne doit pas être
prise en un sens simplement quantitatif : on
ne veut pas dire par là seulement qu’il n’y a
« qu’un » Dieu, plutôt que deux ou trois.
D’après la Bible, il n’y a pas là tellement une
expression quantitative mais avant tout une
affirmation qualitative, existentielle. Il faut
voir la croyance au Dieu seul et unique en lien
avec l’exigence d’une décision radicale d’appartenir à Dieu du même mouvement, de tout
son cœur, son âme et son esprit (Mc 12, 30 et
parallèles). Une personne ne peut servir deux
maîtres (Mt 6, 24). Dieu est tel qu’il nous monopolise complètement, dans tous les aspects
de notre être, et il nous comble totalement.
La tradition théologique s’est attachée à
cette pensée et en a poussé le développement
spéculatif. Elle a démontré que, par sa nature
même, Dieu est une réalité qui embrasse et
surpasse tout. Conformément à sa nature Dieu
ne peut donc être qu’un. Quiconque professe
plus d’un Dieu n’a pas compris ce que le mot
Dieu dit et signifie réellement. Tertullien (•),
l’historien de l’Église, disait : « Si Dieu n’est
pas un, il n’existe pas ».
Reconnaître le Dieu unique comporte la
croyance que ce Dieu unique est tout et qu’il
est le Dieu englobant tout, le Dieu de tous les
êtres humains. Face au polythéisme qui fait
de la pluralité des réalités, des peuples et des
cultures un absolu, la croyance dans le Dieu
unique s’affirme comme la contradiction la
plus radicale possible à la fragmentation de la
réalité et comme l’affirmation la plus claire
possible de l’unité du monde et de la race humaine. Cette croyance dans le Dieu unique
dit que tous les hommes et les femmes sont
frères et sœurs car ils appartiennent à une
(VOIR QUESTIONS ACTUELLES N° 9, SEPTEMBRE-OCTOBRE 1999)
seule et même famille, dont le chef est le
Père du ciel. Ainsi la confession universelle
du Dieu unique affirme en même temps la valeur irrévocable et inaliénable de l’individu.
La raison la plus profonde du fait que la profession de foi au Dieu unique n’exclut pas la diversité mais plutôt l’inclut jusqu’à un certain
point, réside dans la confession de foi trinitaire
d’un Dieu unique en trois personnes. C’est l’interprétation de la formule biblique « Dieu est
amour » (1 Jn 4, 8, 16). Elle signifie que le Dieu
seul et unique n’est pas un Dieu solitaire mais
de toute éternité un amour qui se donne, amour
dans lequel le Père communique avec le Fils, et
le Père et le Fils avec le Saint-Esprit. Chacune
des trois personnes est pleinement Dieu, totalement éternelle, et chacune donne aux autres
de pouvoir se communiquer elles-mêmes et se
renoncer elles-mêmes. C’est de cette manière
kénotique que Dieu est unité et diversité.
Puisque de toute éternité Dieu est l’amour
qui se donne et s’actualise entre le Père, le Fils
et le Saint-Esprit, il peut se communiquer luimême totalement en Jésus-Christ sans diminuer ou perdre quoi que ce soit de lui-même
dans le processus. La divinité de Jésus-Christ
se manifeste dans le fait qu’il se renonce luimême (Ph 2, 6). La toute-puissance de l’amour
n’a pas à s’imposer, mais il a le pouvoir de donner de lui-même et de se donner lui-même, et
c’est précisément dans ce don de soi qu’il est
lui-même. Un tel renoncement n’est vrai et authentique que si la divinité du Logos éternel
n’absorbe pas son humanité mais l’accepte dans
sa particularité et la laisse être elle-même.
Ainsi, selon la foi de l’Église, en Jésus-Christ la
divinité et l’humanité sont distinctes et indivises (Denz.-Schon. 302). Jésus-Christ est
unité dans la diversité et diversité dans l’unité.
Un élément de la compréhension des Pères
de l’Église, qui a trouvé expression dans la
tradition ancienne de l’Église, est qu’en
Jésus-Christ le Dieu seul et unique s’est communiqué lui-même une fois historiquement,
mais complètement, définitivement et sans
réserve. En lui réside la plénitude de la divinité (Col 1, 19 ; 2, 9). Ainsi dans la venue de
Jésus-Christ dans l’histoire, la plénitude des
temps est arrivée (Mc 1, 15 ; Ga 4, 4). Cette
venue historique de la plénitude des temps
est l’accomplissement du mystère éternel de
Dieu (Rm 16, 25 ; Ep 1, 9 ; Col 1, 26).
➨➨➨
La conclusion ne peut qu’être
que si Dieu s’est communiqué luimême dans la personne concrète
et l’histoire de Jésus-Christ, complètement, définitivement et sans
réserve, alors Jésus-Christ est le id
quo maius cogitari nequit, – « on ne
peut rien penser de plus grand »
(Anselme de Canterbury) (•); il est
alors aussi le id quo Deus maius
operari nequit – « Dieu ne peut rien faire de
plus grand que lui ». Ainsi, à cause de la nature
même de l’événement du Christ il ne peut y
avoir d’autre religion ou culture qui surpasse
ou ajoute à l’économie du salut en Christ. Tout
ce qui, dans les autres religions, comporte du
vrai et du bon participe de ce qui est apparu en
plénitude en Jésus-Christ.
Aucune personne, donc, aucun dogme de
l’Église ne peut épuiser complètement ce
mystère. D’après le Nouveau Testament,
l’Esprit de Dieu nous a été promis afin de nous
conduire toujours à nouveau et toujours plus
profondément dans ce mystère (Jn 16, 13). La
rencontre avec d’autres religions peut être
une manière de nous ouvrir plus profondément à un aspect donné de l’unique mystère
du Christ. Pour nous, donc, le dialogue interreligieux n’est pas à sens unique, c’est une
vraie rencontre qui peut être un enrichissement pour nous chrétiens. Dans ce dialogue
nous ne sommes pas seulement les donnants,
nous sommes aussi ceux qui apprennent et
reçoivent parce que ce dialogue nous permet
de saisir toute la plénitude du mystère qui
nous a été donné en Jésus-Christ, dans sa longueur et sa largeur, sa hauteur et sa profondeur (cf. Ep 3, 18).
Ainsi les perspectives trinitaire et christologique nous procurent-elles une compréhension de l’unité et de l’unicité, une compréhension qui n’est pas totalitaire ; elle fait au
contraire place à l’autre et elle le libère. Elle
est vraiment de l’essence de l’amour authentique qui unit au niveau le plus profond et ne
fait pas perdre à l’autre sa propre identité,
mais le conduit à sa propre plénitude.
Ces considérations spéculatives deviennent
immédiatement concrètes et pratiques si nous
regardons la vie de Jésus-Christ. Il est,
comme le montrent les Évangiles, l’homme
pour les autres ; lui, le Seigneur, n’est pas
Septembre-Octobre 2001 • 27
(•) Saint
Anselme (10331109),
archevêque et
Docteur de
l’Église, a
débuté sa vie
religieuse dans
le monastère
du Bec
(aujourd’hui Bec
Hellouin) dont
il devint abbé
en 1078.
Il fut nommé
archevêque de
Cantorbéry en
1093.
Anselme a laissé
plusieurs traités
théologiques et
philosophiques,
des Méditations
et des Lettres.
L’importance
de sa
contribution au
développement
des études
théologiques se
reflète dans le
titre qu’on lui
accorde :
« Père de la
Scolastique ».
À DÉTACHER ET INSÉRER DANS VOTRE DOSSIER SUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX
(•) Heinrich
Schlier (19001978), pasteur
et théologien
évangélique
allemand
converti au
catholicisme,
a été un des
fondateurs de
la collection
Quaestiones
disputatae
(Herder).
venu pour dominer les autres mais
pour servir et offrir sa propre vie
« pour la multitude » (Mc 10, 45 et
parallèles). Lui qui s’est renoncé
lui-même jusqu’à en mourir est
exalté et fait Seigneur de l’Univers
(Ph 2, 6-11). Ainsi, par JésusChrist, s’investir totalement dans
le service et le don de soi devient
un nouvel impératif universel.
Comprise de cette manière, la prétention
relative à l’unité et à l’unicité de l’économie
chrétienne du salut n’est pas une thèse impérialiste qui domine ou opprime les autres religions. Et combien moins impliquerait-elle et
favoriserait-elle une conception et une pratique impérialistes de la mission ! Elle n’a rien
à voir avec un ordre mondial quoique, tout au
long de l’histoire, elle ait souvent prêté aux
incompréhensions et aux abus.
Si la thèse de l’unité et de l’unicité de l’économie chrétienne du salut dans sa portée universelle est comprise de cette manière, elle ne
LA VÉRITABLE INTENTION DE DOMINUS IESUS
Lors d’une conférence récente (mai 2001) donnée
à New York au Comité international de Liaison
entre catholiques et juifs, le cardinal Kasper a
précisé l’intention de la Déclaration Dominus Iesus :
La Déclaration [Dominus Iesus] traite principalement
du dialogue interreligieux. Mais elle n’entre pas
elle-même en dialogue avec les hindous, ni avec
les musulmans, ni avec les juifs. Elle s’en prend
à certaines théories relativistes et quelque peu
syncrétistes qui ont cours chez des théologiens
chrétiens. Ces théories, répandues tant en Inde
que dans ce qu’on appelle le monde occidental
postmoderne, préconisent une vision pluraliste de la
religion et classent les religions juive et chrétienne dans
la catégorie des « religions du monde ». La Déclaration
s’en prend aux théories qui nient l’identité spécifique
des religions juive et chrétienne, sans tenir compte
de la distinction entre la foi en tant que réponse
à la Révélation de Dieu, et la croyance en tant que
recherche humaine de Dieu et sagesse religieuse
humaine. C’est ainsi que la Déclaration défend
également le caractère spécifique de Révélation [qui
est celui] de la Bible hébraïque – que nous, chrétiens,
appelons l’Ancien Testament –, à l’encontre de théories
qui prétendent, par exemple, que les livres saints de
l’hindouisme sont l’Ancien Testament des hindous.
Le texte intégral de ce texte sera publié prochainement par la DC.
28 • Questions actuelles
fait qu’affirmer et défendre par sa prétention
universelle et globale le droit inaliénable de
chaque et de toute liberté. C’est précisément
son caractère catégorique (pour parler comme
H. Schlier) (•), parce qu’il exclut toute forme
de syncrétisme et de relativisme, qui fonde ses
relations avec les autres religions, relations qui
ne sont pas seulement de tolérance et de respect mais aussi de dialogue et de service, loin
de toutes les étroitesses du fondamentalisme.
Cette relation dialogique et diaconale a trois
aspects : le christianisme affirme, respecte et
défend tout ce qui dans les autres religions est
vrai, bon, noble et saint (cf. Ph 4, 8) (via positiva seu affirmativa), il critique prophétiquement tout contenu qui nuit à l’honneur de
Dieu et à la dignité humaine, lorsque le divin
et l’humain sont tellement mêlés que ni Dieu
ni la personne humaine ne sont respectés dans
leur pleine dignité (via negativa seu critica et
prophetica), enfin il veut inviter les autres religions à la foi en Jésus-Christ et à atteindre, par
la participation à sa plénitude, leur propre plénitude et accomplissement (via eminentiae).
Le décret missionnaire du Concile Vatican II
met les trois ensemble en disant que tout ce
qui est bon et vrai dans les religions de l’humanité trouve sa mesure en Jésus-Christ et
doit être mesuré critiquement par rapport à
lui, purifié par lui et amené à l’accomplissement (Ad gentes, 9).
Tout a été créé selon Jésus-Christ (Col 1, 16;
cf. 1 Co 8, 6) et tout sera rassemblé en lui
(Ep 1, 10). Ce « toutes choses » va bien au delà
du domaine religieux; il touche toute réalité et
met tout sous l’unique mesure, Jésus-Christ, et
son renoncement total au service de « la multitude ». Comprise de cette manière, la foi
chrétienne, précisément dans sa prétention à
l’universalité, à laquelle tant de gens font objection, est un appel et une base pour le respect
et la tolérance mutuels, pour le partage
et la communication, pour l’échange et les
échanges, pour la compréhension, la réconciliation et la paix. Elle montre la voie vers celui
qui est « le point focal de tous les désirs de
l’histoire et de la civilisation, le centre de l’humanité, la joie de tous les cœurs et l’accomplissement de toutes les aspirations » (Gaudium et
spes, 45) et qui est « notre paix » (Ep 2, 14). La
mission est au service de cette paix – paix avec
Dieu et paix parmi les nations.
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