LES FONDEMENTS DE LA PENSEE CHINOISE- I
LA CONTRIBUTION DE LA PREHISTOIRE
La civilisation chinoise est à nulle autre pareille. Si on dit d’elle qu’elle est l’une des plus anciennes
du monde, cela signifie qu’elle a pris racine à une époque très reculée. Mais cela signifie aussi, et
il ne faut pas l’oublier, qu’elle s’est développée de manière continue sur une durée beaucoup plus
longue que bien d’autres civilisations.
L’histoire de la Chine couvre environ cinq millénaires mais les documents archéologiques mis à
notre disposition et permettant de la reconstituer d’une manière précise, ponctuelle mais aussi
continue, datent seulement de l’orée de XXe siècle avant J-C. On peut néanmoins considérer, du
point de vue historique qu’un pont est jeté entre le IIIe millénaire avant J.-C. et le IIIe mil-
lénaire après.
Une simple comparaison avec l’histoire de l’Egypte permet de souligner l’envolée historique hors
du commun de la Chine. Alors que les premières dynasties égyptiennes remontent au IVe
millénaire avant J.-C. (-3315), elles entrent dans une période de décadence dès la fin du. IIe mil-
lénaire avant J-C. (-1085).
En 30 avant J.-C., ce pays n’a plus d’Egypte que le nom: elle est entièrement aux mains des
Romains. En 640, il est définitivement conquis par les Arabes. En créant la République Arabe Unie
(1958-61) et en se faisant le champion du nationalisme arabe, Nasser jette un voile sur son
identité culturelle.
Au-delà de la période historique connue, nous savons cependant, grâce à la découverte en 1929
dans la région de Pékin d’un « homo erectus » (ou « homme en position debout ») à qui on a donné
le nom de « Sinanthropus Pekinensis », que la Chine était habitée aux environs de 500 000
avant J.C. Même Si par la suite on a trouvé en Chine d’autres traces d’homo erectus ayant vécu il
a environ 1 700 000 ans ainsi que d’un « homo sapiens sapiens » (ou : « homme anatomiquement
moderne ») ayant vécu il y a seulement 30 000 ans environ, et même si la période néolithique est
riche de vestiges archéologiques comme des poteries ou des outils, aucun document écrit ne
permet de reconstituer l’histoire de la Chine à ces époques-là. On est encore dans le domaine
légendaire.
COMMENT CONNAIT-ON L’HISTOIRE DE LA CHINE?
Si on connaît si bien l’histoire de la Chine, c’est parce que les Chinois ont le culte du passé et que,
très tôt, ils ont commencé à noter les faits historiques.
Parmi les livres d’histoire qui sont parvenus jusqu’à nous, le premier s’appelle le « Livre des
Documents », Shujing et date des IXe~VIe avant notre ère environ. Le second, qui a donné
naissance à une tradition historique plus précise (tous les livres d’histoire ultérieurs furent
écrits selon son modèle), porte le nom de « Mémoires historiques », Shiji, et a été composé un
siècle avant J.C. par le premier grand historien connu, Sima Qian (145-87 av. J.-C.). Il y a aussi
les « Annales de bambou », Zhushu jinian, écrites au IIIe s. avant J.-C. mais retrouvées au IIIe
siècle après J-C., ainsi que le « Miroir de l’histoire », Tongjian gangmu rédigé au XIIe siècle
après J-C., pour n’en citer que quelques-uns uns.