LE PROJET ARTISTIQUE
L’année 1815 marque historiquement la bascule dans un autre temps, le XIXème siècle. 1815,
c’est la chute de Napoléon et, en France, le retour à la monarchie avec Louis XVIII et Charles X.
Les frères et sœurs de Napoléon ont perdu les royaumes que Bonaparte leur avait donnés. ,
Louis-Napoléon, notamment, jusqu'alors roi de Hollande, laisse son empreinte avec l'introduction
du code Napoléon toujours utilisé actuellement. Après avoir été pendant plus de 200 ans la
première République européenne, la Hollande - craignant une révolution à la française - couronne
son premier Roi, Guillaume 1
er
La France, quant à elle, se relève rapidement de la défaite de Waterloo et conserve tout au long du
XIXème son rayonnement culturel dans toute l’Europe.
Mais quels opéras joue-t-on en France en 1815 ? D’une part, c’est l’opéra-comique français où
« le bourgeois aime rire de lui-même ». D’autre part, on donne des opéras étrangers, mais
impérativement traduits en langue française. On se plait même à en faire des pastiches. Die
Zauberflöte, par exemple, n’avait pas pour titre La Flûte Enchantée, mais les Mystères d’Isis. Ce pastiche
était composé seulement pour moitié de la musique originale de Mozart.
Castil Blaz était l’un des spécialistes des arrangements de Mozart, tout comme de Rossini dont il
était très proche. Il se donnait pour mission de rendre leurs opéras accessibles à un large public
français. Son adaptation de Don Giovanni, à laquelle il donne le titre de Don Juan ou Le Festin de
Pierre fut jouée maintes fois, en province. Mais le rayonnement culturel de la France était tel que
son adaptation eut la préférence dans les maisons d’opéra des capitales européennes, tel le
Théâtre Royal de La Haye.
La production des Opéras d’été 2014
La Servante Maîtresse ... met le feu aux poudres
survolait la période pré-révolutionnaire 1700-1760. Les Opéras d'été 2015 mettront à
l'honneur la période suivante 1760-1815.
Peu à peu, la musique n’est plus réservée aux monarques. De nouvelles formes musicales naissent
pour divertir la bourgeoisie en pleine ascension sociale. Ce parcours historique et musical dans
une époque s'articule autour d'une œuvre forte : Don Juan servira de pivot au spectacle. Afin de
faire revivre l’opéra en 1815, nous choisirons en complément deux fragments d'opéras-comiques
également au goût du jour cette année-là : Le Seigneur du Village de Boieldieu (compositeur
napoléonien) et Le Tyran Corrigé de Méhul (compositeur de la révolution).
Les Opéras d'été prennent très à cœur leur mission de diffusion de l'art lyrique auprès de tous les
publics. Nous ne prétendons aucunement proposer les chefs d'œuvres du répertoire en version
intégrale, comme le font parfaitement les maisons d'opéras. En revanche, en resserrant ces
œuvres dans un format plus court – 2h environ - , nous les rendons accessibles à un public pour
qui 3 à 4 heures d’opéra sont trop longues, tout en leur faisant partager l'essentiel du sel de la
partition. Les mélomanes avertis ne sont pas en reste car l'exigence artistique de la compagnie
Baroqu’Opéra est totale et les coupes se font essentiellement dans les récitatifs transformés pour
plus de fluidité en dialogue en français. C’est là même une forme d’authenticité puisque les
récitatifs ont pour fonction la compréhension directe de l’action par le spectateur.