Histoire des États germaniques :
Le Saint-Empire
Premier cours :
Les Germains. Les Carolingiens.
1 – Qui sont les Germains?
Historiquement parlant, le terme de Germanie renvoie au territoire au nord de l’Europe occupé par les
populations germaniques à l’époque romaine. Ces populations sont fort nombreuses et très diverses. Elles
sont aussi à l’origine de nombreux peuples européens modernes, dont les Allemands et les Autrichiens ne
sont que les plus importants.
Les Francs sont les plus connus et d’une certaine façon les plus importants historiquement, car ils sont à
l’origine de la France et de l’Allemagne. Ce sont eux qui constituent les premiers États germaniques
structurés, autour de la personnalité remarquable de Charles 1er le Grand, puis de ses petits fils, Charles le
Chauve, Lothaire et Louis le Germanique.
Mais en fait, presque tous les États d’Europe occidentale sont liés de ps ou de loin aux invasions
germaniques, que ce soit l’Italie, avec les Langobards (la Lombardie), l’Espagne, avec les Wisigoths
d’Alaric, le Portugal, avec les Suèves et le Royaume-Uni, avec les Angles et les Saxons. Sans oublier bien sûr
la Suisse, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, anciennes composantes, en tout ou en partie, du Saint-
Empire Romain germanique. Il faut aussi ajouter à ces États ceux des Germains du nord, qui deviendront aux
VIIIe et IXe siècles les Vikings, à l’origine de la Norvège, de la Suède et du Danemark.
De sorte que tous les États se trouvant dans la section occidentale de l’Europe sont en tout ou en partie
germains. Mais ce n’est pas tout : au fil des siècles et suivant certaines époques, les Germains se sont aussi
activés en direction de l’Europe orientale, ils se sont heurtés à l’autre grand groupe ethnolinguistique de
l’Europe, les Slaves.
Car si la Pologne et la République tchèque ne sont pas germaniques, elles ont aussi subi l’influence
culturelle, économique, politique et militaire des peuples germains, lesquels ont joué un le important dans
le développement de ces États slaves. Le fait que le roi de Bohême ait été l’un des sept grands électeurs du
Saint-Empire témoigne du degré d’intégration des pays tchèques à la sphère d’influence germanique.
Les Germains ont aussi laissé leur trace dans les Balkans (forte influence sur les Croates), en Hongrie, et
jusqu’en Russie où, à partir du XVIIIe siècle, la dynastie Romanov devient davantage allemande que russe. À
cette même époque, la Volga moyenne voit l’arrivée de colons allemands, lointain écho à la participation de
la ville de naissance de la Russie, Novgorod, au sein de la ligue hanséatique médiévale.
Ainsi, faire l’histoire des peuples germaniques, c’est en quelque sorte faire l’histoire de l’Europe entière,
et comme les Européens ont coloni l’Amérique, c’est plus largement faire l’histoire de l’Occident. Car
d’une certaine façon, tous les Occidentaux sont, au moins partiellement, des Germains!
Malgré tout, dans l’usage courant contemporain, les peuples germaniques sont beaucoup plus circonscrits
et ce terme fait référence aux populations qui ont occupé l’Europe centrale et fondé les États actuels que sont
les républiques fédérales d’Allemagne et d’Autriche.
— Ce sont donc ces deux États qui seront au centre de notre analyse, mais il faudra aussi de temps à autre en
sortir pour évoquer la destinée d’autres États, principalement la Suisse et les Pays-Bas, ayant eu longtemps
des liens étroits avec le centre politique du monde germanique, le Saint-Empire romain germanique, et dont
les populations parlent aussi en bonne partie des langues germaniques.
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2 Qu’est-ce que l’Empire?
La question est d’autant plus pertinente qu’il n’y existe pas de définition du concept d’empire qui fasse
l’unanimité. Surtout que dans le temps, l’emploi du terme a revêtu des formes très variées.
Si aujourd’hui le concept renvoi à une structure strictement politique, réunissant sous un pouvoir unique
de vastes territoires peuplés de populations diverses (en cela le concept s’oppose à celui d’État-nation de la
tradition politique occidentale moderne), il porte dans l’antiquité et au Moyen-âge occidental une
signification tout autre, autant spirituelle que temporelle.
L’utilisation du terme empire (du latin imperium) remonte à la transformation politique de l’État romain
en 31 avant notre ère (en référence au pouvoir dont disposait les consuls formant la structure de base de cet
État), mais c’est à partir de Constantin qu’il revêt une dimension proprement religieuse : le chef politique de
l’empire, l’empereur, revêtant à partir de ce moment le statut de chef religieux.
Cependant, et même s’il n’en portait pas le titre, c’est au deuxième roi d’Israël, David (Xe siècle avant
notre ère), qu’à partir de Constantin la tradition impériale s’identifie. À ce titre, l’empereur est l’unique
représentant de Dieu sur terre.
Au début du Ve siècle, l’Empire romain est divisé sur le plan administratif, tout en restant unique sur le
plan politique. Cela étant, la chute de Rome en 476 fait de Byzance la capitale de l’Empire romain, alors
qu’en cette même année, le roi Odoacre fait transférer les insignes royaux de Rome à Byzance. De sorte que
sur les parties occidentales de l’Europe, l’Empire cesse alors d’exister, occupées qu’elles sont par des États
barbares.
— Mais Rome ne se résout pas à cette perte d’influence et peu à peu, lévêque de Rome, qui ptend au le
de meneur de la chrétienté tente de se constituer en pouvoir politique autonome. Cette prétention sera établie
grâce à un célèbre texte apocryphe nommé la Donation de Constantin, par lequel l’empereur de Rome aurait
cédé au pape Sylvestre le pouvoir temporel à Rome, prétextant l’impossibilité pour le chef politique et le chef
religieux de la chrétienté d’habiter dans la même ville.
— S’appuyant sur ce texte, Pépin le Bref et le pape Étienne II concluent alors une entente en 754 par laquelle
Pépin reconnait au pape la juridiction temporelle de ce qui devient alors les États pontificaux, en échange de
son couronnement à titre de roi, afin de supplanter les Mérovingiens à la tête des États chrétiens d’Europe
occidentale. En 800, le rituel sera pété avec le fils de Pépin, Charles le Grand, cette fois avec le titre
d’Empereur, redonnant naissance à l’Empire romain (d’occident).
— Le nom de Saint-Empire romain germanique n’apparait que beaucoup plus tard (au XVe siècle), alors que
le nom de cet État restera jusqu’à ce moment celui d’Empire romain, même s’il est dirigé à partir de 800 par
un Germain, qui porte d’ailleurs le titre de Roi des Romains.
De sa naissance en 800 jusqu’à sa disparition en 1806, sous la conduite de Napoléon (qui se proclame
alors à ce moment empereur lui-même), ce que l’historiographie a nommé « Saint-Empire romain
germanique » changera constamment de forme, sans jamais cependant revêtir celle d’une structure politique
centralie semblable à ce que l’on retrouve ailleurs en Europe.
Les pouvoirs réels du chef de cet État (qui avant d’être empereur, doit être élu roi des Romains par les
grands de Germanie - suivant des règles qui seront appelés à changer souvent au fil des siècles - puis à une
certaine époque doit disposer aussi de la couronne de Bourgogne et de celle, de Fer, des Lombards), sont très
variables, mais ont rarement é comparables à ceux d’un roi d’occident, malgré la prétention de l’empereur
de se situer au-dessus des « roitelets », seul représentant de Dieu sur terre.
— Cependant, d’Otton 1er à Henri III, le pouvoir de valider et même de nommer le pape permettait justement
à l’empereur de se situer au-dessus des rois et de prétendre être le ritable chef de la chrétienté, au-delà de
tous les clivages politiques.
Seulement, au fil des siècles et des crises, le pouvoir impérial se videra peu à peu de sa substance (la
querelle des Investitures ayant joué le le de catalyseur de ce phénomène) pour ne plus être qu’un pouvoir
symbolique, qui s’efface peu à peu devant la montée des pouvoirs politiques modernes en Germanie (et sur
les autres territoires de ce qui fut l’Empire), en Prusse et en Autriche, entre autres.
Ce sont ces processus de rapide consolidation, suivi d’une lente structuration, parallèle à la montée de
pouvoirs régionaux de remplacement qui seront ici étudiés.
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3 Aux origines de la Germanie
3.1 — Les invasions barbares
L’origine des mots « Germains », « Germanie », « germanique » fait encore aujourd’hui débat chez les
spécialistes. Le mot est apparu sous sa forme latine (dans la Guerre des Gaules de Jules César) et il semble
que les Germains eux-mêmes n’aient jamais utilisé ce mot pour se décrire. Il est possible que chez César, ce
terme soit employé comme un nom commun plutôt que comme un nom propre, dans un sens proche de celui
que l’on donne aujourd’hui au mot « germain » dans l’expression « cousin germain ». En ce sens, les
Germains auraient été, dans l’esprit de César, les cousins des Gaulois.
Mais César n’était pas ethnologue : si Gaulois (donc Celtes) et Germains sont deux populations indo-
européennes, s’arrête leur proximité, car ils appartiennent à des vagues migratoires différentes, dont les
cultures se sont différenciées il y a fort longtemps.
Il est difficile de déterminer l’époque de l’arrivée des ancêtres des populations germaniques dans le nord
de l’Europe, mais comme peu de sites archéologiques subsistent en Scandinavie et que ceux-ci datent au
maximum du paléolithique supérieur, on peut croire que cette arrivée est assez récente (entre 40 000 et
10 000 ans avant notre ère), soit beaucoup plus tard que les traces de civilisation que l’on retrouve dans la
partie méridionale de l’Europe. Ce retard s’explique par l’étendue de la couverture glaciaire à ce moment.
Autour de 10 000, le climat de l’Europe s’adoucit, ce qui permet peu à peu aux populations indo-
européennes, nomades occupant les plaines de la Russie d’Europe, de remonter vers le nord et l’ouest et
d’occuper les territoires de l’actuel Danemark, du sud de la Suède, ainsi que du pourtour maritime de la
Norvège. Dès lors, ces Indo-européens se mélangent aux populations finno-ougriennes clairsemées dans la
zone pour former à terme ce que l’on nomme les proto-germains.
— Excentrés par rapport aux flux culturels qui traversent l’Europe plus au sud, les proto-germains se
développent néanmoins suivant les mêmes schémas qu’ailleurs sur le continent, avec simplement parfois un
certain retard.
Au cours de l’âge du bronze (de 1500 à 500 avant notre ère), la douceur du climat eu Europe permet aux
proto-germains de se développer et d’accroitre l’occupation de leur territoire, qui peu à peu s’étend au nord,
mais aussi au sud, alors que le nord de l’Allemagne est occupé.
Mais les choses changent autour de 500 avant notre ère, alors que selon toutes probabilis, le climat se
refroidit, obligeant les populations du nord de l’Europe à descendre vers le sud. La première division des
peuples germaniques survient à ce moment : ceux qui vont rester sur les territoires boréaux formeront à terme
les peuples scandinaves, ceux qui descendent vers le sud formeront les Germains de l’est et ceux de l’ouest,
en fonction de la direction qu’ils prennent alors. Cela étant, cette division est conventionnelle, car les
populations germaniques sont nomades et se déplacent constamment.
Au moment surviennent ces changements, le territoire contrôlé par les proto-germains est habité par
une population de 1 à 4 millions d’individus, lesquels sont organisés en tribus indépendantes, ne disposant
pas de langue commune, mais partageant sans doute des éléments linguistiques et culturels, centrés autour des
pratiques religieuses.
— C’est aussi de cette époque que datent les premiers contacts entre les peuples germaniques et les
civilisations méditerranéennes. À noter que les premiers renseignements qui nous ont été transmis par les
Grecs et les Romains concernant ces populations évoquent leur faible goût pour l’agriculture (ce qui
s’explique par les zones qu’elles habitent), préférant vivre de chasse, de cueillette et de pillage. Leur aptitude
au combat est très tôt remarquée par les empires du sud, alors que les premières confrontations militaires
surviennent vers 200 avant notre ère et que commencent les « invasions barbares ».
— Incapable de vaincre ces furieux nomades de façon définitive, Rome entreprit de les isoler, en construisant
un mur (le limes) séparant les territoires romains des zones non pacifiées du nord. Ce mur constitue par
ailleurs la limite de l’expansion romaine.
Autour de cette fortification viendront se constituer diverses confédérations tribales, se composant et se
décomposant au gdes luttes avec Rome, mais aussi avec d’autres populations nomades en provenance de
l’est. À l’époque de Marc-Aurèle (IIe siècle), il s’agira des « Hommes de la frontière », ou Marcomans qui
disparaitront pour laisser la place à « Tous les hommes », les Allamans.
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Plus à l’est, au nord-est des Balkans, se constitue alors la confédération gothique, dont l’origine est peut-
être l’île du Gotland, territoire aujourd’hui suédois. Il s’agit de la première population germanique à avoir
constitué un semblant d’État, parfois en guerre, parfois allié à la puissance romaine. Bousculés par les Huns
au IVe siècle, ils seront repoussés vers l’ouest et divisés en deux groupes, Wisigoth et Ostrogoth.
— Les premiers, après avoir saccagé Rome en 410 sous la conduite d’Alaric, poussent au-delà de la péninsule
italienne, fondant un royaume dans la région de Toulouse, d’où ils seront éventuellement expulsés par les
Francs au-delà des Pyrénées. Refoulés en Espagne, ils contrôleront une grande part de la ninsule ibérique
pendant deux siècles, jusqu’à la conquête arabe.
— Les seconds s’imposeront d’abord comme intermédiaires entre Romains et Uns puis, après l’effondrement
de l’empire d’Attila, prendront eux aussi la route de Rome, qu’ils captureront des mains d’Odoacre, un
Hérule (autre population germanique), qui s’en était emparé en 476, date marquant conventionnellement la
fin de l’Antiquité.
— Le chef ostrogoth Théodoric, après avoir conquis la péninsule italienne en 488 et fondé à Ravenne un État
sur la base d’une cohabitation entre Romains et Goths, meurt en 526, permettant à Constantinople de
reprendre lItalie au terme de la guerre gothique (536 à 562), entrainant l’anéantissement des Goths.
C’est aussi au Ve siècle que les Vandales, peuple ni plus ni moins pillard que les autres populations
germaniques, avaient passé sur le territoire italien, avant de traverser la mer méditerranée et de se faire pirates
pendant un siècle, pour finalement succomber eux aussi à la reconquête entreprise par Byzance en 534.
L’empire chrétien n’aura cependant guère le temps de jouir de la réunification italienne, car un autre
peuple particulièrement brutal, car n’ayant jamais eu de contacts avec les civilisations du sud, déferle alors au
sud des Alpes : les Langobards (ou Longues barbes) feront regretter la douceur des mœurs gothiques aux
populations locales et joueront plus tard un rôle fondamental dans le couronnement de Charlemagne.
Plus à l’Ouest, en me temps que les Suèves (qui se rendent alors dans la péninsule ibérique) et les
Vandales, les Burgondes franchissent le Rhin pour s’installer en Savoie, dans le Dauphiné, en Franche-Com
et en Bourgogne et y fonder un État peu puissant qui sera détruit par les Francs.
— Malgré sa brièveté, la dynastie burgonde laissera dans l’histoire une trace littéraire importante, constituant
le thème principal de la Chanson de Nibelungen, la plus célèbre geste allemande, composée au XIIIe siècle et
mêlant aux exploits de Gunther, Gernot et Gisleher d’autres légendes germaniques anciennes. Et elle laissera
aussi bien r son nom à la région, la Bourgogne.
3.2 — Les grands Stämme : Alamans, Bavarois, Saxons...
À côté de ces nombreuses et variées populations qui sont passées rapidement dans l’histoire (on aurait
aussi pu parler des Vénètes), ou encore qui se sont retrouvées à l’extérieur de la zone de construction des
États allemands (on pense ici aux Frisons) la tradition historiographique allemande, du moins jusqu’au XIXe
siècle, en ajoute quelques autres (entre trois et cinq, mais plus souvent quatre), dont le destin est particulier et
qui, aux dires de ces historiens, constituent le socle sur lequel se sont bâtis les États germaniques.
Mais cela fait aujourd’hui débat, car il est difficile d’affirmer avec certitude si ces Stämme constituaient
d’abord des entités ethniques ou politiques. En d’autres termes, si lon voit bien apparaître au IXe siècle ces
quatre duchés ethniques, tel qu’on les nomme dans l’historiographie, on ne peut pas dire s’il s’agit de
créations politiques ayant produit des identis ethniques, ou bien si ces structures politiques se sont
constituées pour rendre compte de singularités ethniques préalables.
— Quoi qu’il en soit, il est un fait que l’Allemagne contemporaine est diverse et, au moins partiellement, que
cette diversité se structure autour de les ographiques distincts, lesquels déterminent les caractéristiques
de ces spécificités : le nord protestant, le sud catholique, le nord commerçant, le sud agricole, etc. même s’il
s’agit ici bien sûr de critères généraux. Or, ces régionalismes recoupent au moins partiellement les territoires
des anciens duchés ethniques.
Au sud-ouest, d’abord, il y a les Allamands, absorbés éventuellement par l’expansion franque venus du
nord et dont le territoire donnera naissance à la Souabe. Les Allamands, on l’a vu, s’étaient pour leur part
installés sur ce territoire autour du IIIe siècle, ils formèrent de nombreux petits royaumes guerroyant
généralement les uns contre les autres. Terre d’origine de la dynastie des Hohenstaufen, elle a joué un rôle
politique fondamental au cours du Moyen-âge central.
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— Toujours au sud, mais plus à l’est, se trouve la Bavière. Au cours du VIe siècle, les Bavarois franchissent
le Danube depuis la Bohême et s’installent sur les contreforts nord des Alpes, se mélangeant sans doute avec
des Langobards et des Goths.
Occupant des territoires compris au sud du limes, les Bavarois eurent cependant aussi des contacts
approfondis avec les populations celtes romanisées de la zone, lesquelles se maintinrent dans les montagnes
et furent désignés par les nouveaux arrivants sous le nom de Walchen (Welche).
Ces populations germaniques, plus à l’est, se mélangeront à d’autres arrivants provenant des steppes de
Russie, les Slaves, et c’est ce lange germain, slave et celte, auquel s’ajouteront éventuellement des
éléments uns et avares, qui donnera à terme la base ethnique de la Bavière médiévale, dont le centre politique
est alors la ville de Ratisbonne sur le Danube, qui prend les allures d’une capitale, ce qui différencie
l’organisation politique de la Bavière de celle des Saxons et des Francs, dont les chefs politiques sont
nomades.
— D’ailleurs, l’agressivité de ces derniers se manifestera en Bavière dès le VIIe siècle et il faudra environ un
siècle pour que, après avoir conquis la Bourgogne puis soumis les Allamands, les Francs s’emparent
finalement de la Bavière.
À l’extrême nord du territoire de l’Allemagne, dans ce qui correspond aujourd’hui au land de la Basse-
Saxe, se constitue autour de chefs de guerre audacieux et belliqueux une autre entité ethnique fondamentale
de l’histoire allemande (et britannique), les Saxons. Comme les Allamands, au sud, les Saxons ne disposèrent
pas pendant longtemps d’État.
Autour du VIe siècle, certains Saxons entreprendront de traverser la Manche pour s’installer en Grande-
Bretagne, alors désertée par les Romains, pour en chasser les Bretons et s’y installer. Comme ils étaient
originellement installés au nord du limes, les Saxons n’eurent que peu de contacts avec la civilisation
romaine, ce qui fait en sorte que ces Saxons de Bretagne constituent la meilleure source de nos connaissances
de la culture germanique antique.
anmoins, ces Saxons insulaires se convertiront peu à peu au christianisme et leur isolement
géographique est à l’origine de la renaissance religieuse du VIIIe siècle (alors que sur le continent, la guerre
permanente a rempla la civilisation romaine), qui leur permettra de jouer un rôle fondamental dans la
christianisation de leurs frères restés sur le continent.
En effet, ces derniers, restés assez nombreux en Germanie, étaient toujours païens lorsque les Francs
commencèrent à vouloir les soumettre à leur tour. Après trois décennies d’une lutte acharnée, dans laquelle la
religion jouera un rôle certain, ils seront vaincus et intégrés à l’ensemble constitué par les Francs. Plus
farouche et plus rebelle des grands peuples germaniques, les Saxons s’intégreront cependant fort bien à
l’ensemble, tout en conservant une forte identité particulière, ce qui ne les empêchera pas au Xe siècle de
remplacer à la tête de la Germanie une dynastie franque à bout de souffle.
3.3 — Et Francs.
Car le monde germanique étatique, l’Empire germanique, c’est d’abord et avant tout les Francs. C’est au
cours du IIIe et du IVe siècle que des populations germaniques diverses se regroupent peu à peu en bandes
sous la conduite de chefs de guerres. Ces « hommes libres », ces Francs, au fur et à mesure du recul de
linfluence romaine, s’installent peu à peu dans ce qui est la Belgique orientale et l’Allemagne occidentale
contemporaines, ils se fondent avec les populations romanes clairsemées, sans s’installer dans les villes
(comme Trèves), qui restent des foyers de populations romanes.
Après avoir participé à la résistance romaine contre la vague uns (comme à la bataille des Champs
catalauniques), les Francs profitent de l’effondrement romain pour étendre leur occupation territoriale.
C’est à cette époque que l’un des chefs de la noblesse franque parvient, après s’être débarrassé des
membres de sa famille, à imposer sa domination, grâce à sa conversion au christianisme de Rome (alors que
la plupart des germains chrétiens à l’époque pratiquent l’arianisme), sur la majeure partie de la France et de
l’ouest de l’Allemagne contemporaine. Il s’agit ici bien r de Chlodweg, de Clovis, petit fils du grand chef
de guerre franc Mérové.
— Clovis soumettra les Burgondes puis les Allamands, alors que ses fils s’empareront de la majeure partie du
territoire wisigoth. Au milieu du VIe siècle, toute la Gaule, sauf la Bretagne et le pays gascon, se trouve sous
le contrôle des Francs. Sur tout ce territoire, indépendamment des aléas politiques chaotiques (entre autres à
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