La Lettre du Rhumatologue - n° 283 - juin 2002
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La recherche de ces gènes est actuellement dirigée dans
deux directions. Soit la caractérisation de nouveaux gènes
de susceptibilité est menée au sein de régions candidates
connues, en particulier la région HLA, ou supposées. Soit
elle est effectuée à l’échelle du génome entier.
Le bras court du chromosome 6 (6p) portant la région HLA
constitue toujours une zone d’intérêt, dans la mesure où la
densité des gènes est très importante. Il existe en effet
224 gènes, dont 128 sont fonctionnels et environ 40 % ont
une fonction dans la réponse immunitaire. Les études de
familles de PR et de DID comportant des germains (frères
ou sœurs) atteints montrent l’implication potentielle
d’autres gènes de la région HLA que ceux classiquement
définis. Citons les gènes HLA-DM dans la PR, les gènes
TNFαdans la PR et le DID, les gènes TNF, TAP, LMP et
MICA dans la SA. Il faut cependant considérer avec beau-
coup de précaution le rôle propre de chacun de ces gènes,
étant donné la forte densité de gènes en déséquilibre de liai-
son dans cette région chromosomique. Pour contourner cet
obstacle, une méthode consiste à utiliser comme popula-
tion témoin des non-malades porteurs des mêmes allèles
HLA à risque que les malades, conduisant ainsi à neutrali-
ser l’effet connu de ces allèles. Cette approche peut s’ap-
pliquer aussi bien aux études de familles qu’aux études cas-
témoins. Ainsi, une étude multicentrique internationale a
été entreprise dans le cadre du composant HLA-maladies
du 13eWorkshop HLA. Cinq maladies connues pour leur
forte association avec la région HLA ont été sélectionnées.
Il s’agit de la PR, du DID, de la narcolepsie, de la maladie
cœliaque et de la SA. Dans une première étape, une dizaine
de marqueurs génétiques polymorphes (microsatellites),
s’étendant sur toute la région HLA, est analysée sur un très
grand nombre d’échantillons prélevés sur des familles com-
portant un enfant atteint et un parent sain homozygote pour
l’allèle ou les allèles à risque, et des couples malades-
témoins totalement appariés pour HLA. Dans un deuxième
temps, les zones d’intérêt de la région HLA seront “dissé-
quées” à l’aide de nombreux autres marqueurs génétiques
(microsatellites et/ou SNP [single nucleotide polymor-
phisms,cf. infra]) très proches les uns des autres. Des études
préliminaires, utilisant cette approche, montrent pour le
DID qu’il existe deux gènes supplémentaires de suscepti-
bilité : le premier dans la sous-région HLA de classe I (à
proximité de HLA-F), le deuxième dans la sous-région
HLA de classe III (près du gène TNFα).
Jusqu’à ces dernières années, la stratégie de clonage des
gènes de susceptibilité des maladies complexes consistait
à rechercher une liaison génétique entre des marqueurs
génétiques répartis sur tout le génome et des paires de ger-
mains atteints. Grâce à ces études familiales, des gènes d’in-
térêt ont ainsi été localisés dans la PR (chromosome 3), la
SA (chromosomes 2, 10, 16) et le DID (gènes d’intérêt loca-
lisés sur une dizaine de chromosomes). Cependant, cette
approche méthodologique ne peut être efficace que si l’al-
lèle variant contribue de façon significative à la prédispo-
sition génétique, ce qui est rare pour les maladies com-
plexes. À l’inverse, les études d’association (cas-témoins)
sont plus puissantes pour détecter des variants alléliques de
susceptibilité. Actuellement, les études d’association sont
possibles sur une large échelle grâce à l’utilisation des SNP,
qui représentent des marqueurs de choix pour la cartogra-
phie des gènes des maladies complexes. Les SNP (pro-
noncer “snips”) sont des marqueurs génétiques stables
extrêmement abondants dans le génome (présents toutes les
100 à 300 paires de bases) et qui rendent compte d’environ
90 % de la variation de séquences chez l’homme. Le typage
de ces marqueurs est relativement aisé, et surtout suscep-
tible d’être automatisé en utilisant des biopuces.
Avec l’achèvement du programme de séquençage du
génome humain fin 2003, nous aurons à disposition le cata-
logue de tous les gènes humains. Le consortium mis en
place pour répertorier l’ensemble des SNP fournira une
liste des variants alléliques de ces gènes. Enfin, des pro-
grès technologiques permettront de caractériser ces variants
chez des milliers de malades afin de définir des profils
génétiques de susceptibilité. Ainsi, l’ensemble de la com-
posante génétique sera connu pour chaque maladie com-
plexe, en sachant que deux questions resteront alors en sus-
pens : déterminer les mécanismes d’interaction entre les
facteurs génétiques et environnementaux, d’une part ; éta-
blir la chaîne des processus pathologiques aboutissant à la
maladie, d’autre part. "
ÉDITORIAL
Deux directions de recherche Fin 2003 : un catalogue
de tous les gènes humains
Deux questions en suspens