15 Mar s 1924 L’I L L U S T R A T IO N N° 4228 — 2.47
première r ue, sont cependant extrêmement importants
et très significatifs, non point seulement pour l’Egypte,
mais plus encore peut-être pour l’Islam tout entier
— qui représente 300 millions d'individus — et par
conséquent pour le monde lui-même.
Aimés du peuple égyptien, le roi et Saad pacha
Zaghloul ont sur lui, grâce à cette affection, une action !
facile et naturellement profonde.
Or, le roi est avant tout un homme d’étude, un
souverain travailleur. Grâce à lui, de nombreuses
sociétés savantes ont pu naître, se développer et con
naître une belle prospérité dans le jeune royaume. Le
goût de l’étude se répandant dans les classes dirigeantes.
Devant le palais royal d'Abdine, au Caire : la foule venue acclamer le roi et Saad pacha Zaghloul.
c’est un grand pas de fait vers le développement de
l'école populaire, par laquelle on atteint au perfection
nement du peuple, par laquelle aussi l'on peut agir
efficacement sur lui.
Le roi Fouad le sait bien, et c'est pour cela que.
tout en subventionnant sur sa cassette privée des explo
rateurs égyptiens étudiant les déserts libyens, il crée
des bourses dans les écoles populaires. Et Saad pacha
Zaghloul, l'un des Egyptiens les plus cultivés d'aujour
d'hui, ancien élève de la célèbre université musulmane
d’El Azhar, partage entièrement les idées du sou
verain.
Or, le développement du goût de l’étude et de
l’instruction dans le peuple a un résultat normal : il
augmente le nombre des enfants et des jeunes gens
qui veulent se perfectionner et qui, pour ce faire,
s’inscrivent à El Azhar.
Là, ils fréquentent des milliers d’autres jeunes gens
musulmans, venus de toutes les parties de l’Islam, du
Maroc et de la Chine. Et, pendant dix-sept ans que
durent les études, sous la direction de maîtres et de
cheikhs égyptiens, ou de formation égyptienne, les
jeunes gens de la vallée du Nil apprennent à connaître
et à aimer leurs coreligionnaires proches ou lointains
qui étudient à côté d’eux, et réciproquement.
Une mentalité nouvelle s’élabore en cette fréquen
tation prolongée, mentalité cependant dont les. bases
profondes et solides ont bien leur origine au Caire.
Le roi Fouad et Saad pacha Zahgloul sont aimés dans
le pays. L'un comme l’autre s'intéressent tout parti
culièrement à l’enseignement du peuple aux destinées
duquel ils président.
Le roi aime à faire ses dévotions du vendredi à la
mosquée d'El Azhar, au milieu des étudiants qui,
chaque fois, l’acclament. Saad ne cache point sa prédi
lection pour l'université où il fit toutes ses études.
Or, chaque année, depuis bien longtemps, des milliers
de jeunes gens, une fois diplômés, s’en vont à travers
tout l’Islam faire rayonner l’esprit, la méthode et la
doctrine qui sont à la base de l’enseignement d’El
Azhar.
Il est facile de comprendre, des lors, pourquoi et
comment la popularité égyptienne du roi Fouad et
de son premier ministre doit dépasser de beaucoup
les limites de l’Egypte, pourquoi aussi et comment,
grâce à El Azhar, elle peut leur donner à tous deux
dans le monde musulman une place importante.
El Azhar les aime tous deux et ne demande qu’à
accepter leurs directives. -— qui tout aussitôt et auto
matiquement rayonneront du Caire sur tout l’Islam.
Ainsi, la nouvelle Egypte du roi Fouad et de Saàd
pacha Zaghloul peut, dès aujourd'hui, jouer un rôle
international de tout premier plan.
Et il. ne serait donc pas étonnant — il faut même
s’y attendre — que la question du califat ne lui pro
curât avant peu une première occasion de se manifester
de la sorte. Jean L eüne.
Ma n i f e s t a t i o n s n a t i o n a l e s a u ’ C a i r e . — Dans les rues du quartier arabe : entraînée par les cheikhs et les étudiants
reconnaissables à leur turban blanc, la foule fait une démonstration ce loyalisme en l'honneur de Saad pacha Zaghwdl. — Photographie: Frank Wade.
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