Avant propos
Je suis italien du nord de l’Italie, la région de Berlusconi et de la Ligue du Nord
de Bossi, qu’on appelle « La Padania », la plaine du Pô, d’où est originaire
aussi Dario Fo.
Ma langue maternelle est l’un de ces multiples dialectes qui résonnent encore
aujourd’hui dans ces contrées.
L’italien je l’ai appris à l’école, comme un immigré qui se trouve dans une terre,
qui est la sienne. Ruzzante a écrit ses textes dans un dialecte « pavano », de
Padoue, enrichi de termes provenant d’autres dialectes de la « Padanie ».
L’étude de cet auteur a été fondamentale pour Dario Fo.
C’est dans un mélange de dialectes du nord de l’Italie que Fo a écrit ses textes
les plus importants. J’ai mis en scène plusieurs de ses pièces : « Johan Padan à la
découvertes des Amériques », « Mystère Bouffe », « La Lune et L’Ampoule »,
« Fabulage Obscène ». Passer par Ruzzante était donc un chemin obligé.
Un retour aux sources, un voyage dans les douces sonorités de mon enfance,
dans les images, les formes et les couleurs des peintres italiens de la Renaissance
qu’on ne trouve pas dans les musées mais qu’on déniche dans des lieux plus
éloignés : des vieilles villes, des campagnes ou dans les coins les plus secrets
des villages. Luciano Travaglino
Propos
Ruzzante porte sur la scène le quotidien, la joie et le désespoir des gens simples,
l’hypocrisie et l’arrogance des puissants, les injustices… tout en faisant rire. En
ce temps-là, le rire ne plaisait pas aux puissants, maintenant ils en détiennent le
monopole exclusif, (voir les blagues « tragiques » de Berlusconi, Bossi et
compagnie).
Dans Ruzzante il y a la vitalité, la force, l’invention dans le rapport humain, la
lutte contre les éléments, le contact animal avec la terre pour la vie et la survie.
Ses textes sont d’une actualité désarmante, cinq siècles se sont écoulés et
aujourd’hui, dans nos cités, on retrouve des situations semblables.
Faire revivre ses personnages, à travers le miroir grossissant du théâtre, c’est
ouvrir les esprits sur un monde lointain et archaïque qui ressemble étrangement
au notre.