Dans les pas du Maître-serviteur
À travers la Bible
Points de repère Guide annuel 2012/2013
Formateurs / À travers la Bible
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Le récit du lavement des pieds
Jean 13
Un récit inédit
Le récit du lavement des pieds des disciples par Jésus est propre à Jean. Cet
évangile ne rapporte pas le récit de l’institution eucharistique, à la différence des
évangiles synoptiques et de la première Lettre de Paul aux Corinthiens. En
revanche, il rapporte l’épisode du lavement des pieds au cours du dernier repas. Et il
a traité d’une manière toute particulière le récit de la multiplication des pains dans le
chapitre 6, en en faisant un repas pascal (c’est la Pâque) et aux accents
eucharistiques, comme le montre le long discours du pain de vie dans le même
chapitre. Il mérite donc une attention toute particulière. C’est pourquoi la liturgie le
retient comme l’évangile du jour du jeudi saint.
Un geste d’accueil et de service
Laver les pieds de quelqu’un peut paraître étonnant pour nous aujourd’hui. Mais
lorsque Jésus fait ce geste, le geste comme tel est connu. On marchait souvent
pieds nus dans des sandales sur des chemins poussiéreux. Lorsqu’un hôte était
reçu, un esclave se précipitait pour lui laver les pieds. Ce geste était alors un signe
d’accueil et de bienvenue, de respect, de bienveillance, de bien-être et de réconfort
pour celui qui avait besoin de se nettoyer et de se rafraîchir. C’était une tâche
souvent réservée aux serviteurs les plus remarquables et de confiance.
Le geste de Jésus prend un sens inédit
Réalisons l’inouï de la scène ! Jésus quitte son vêtement, se ceint d’un linge, comme
on prend la tenue de service, se met à genoux aux pieds de ses disciples et leur lave
les pieds : Lui, le Seigneur et le Maître à genoux aux pieds de ses disciples ! Cela
renverse tout ce qu’on peut imaginer de Dieu et détruit toutes les représentations
que l’homme peut se faire de la divinité. Ce geste de dépouillement, d’humilité et de
service révèle la véritable identité du Seigneur et sa véritable intention. Il est venu
non pas pour être en surplomb et prendre de haut les hommes, mais au contraire
pour se mettre à leur service, sans conditionner ce don à l’attitude de l’homme en
retour. Il n’attend pas qu’on lui rende à l’identique : ce geste est totalement gratuit, un
don offert qui invite de la part des disciples une acceptation, un lâcher-prise. Le
geste du lavement des pieds concrétise l’offrande de lui-même aux hommes, une
offrande totale : c’est son « heure » (verset 1), qui va déclencher la glorification,
celle de lui-même et de son Père, une fois Judas sorti (verset 31).
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Les réactions révèlent plusieurs figures de disciples
Trois réactions se dessinent. Judas, qui a pourtant bénéficié lui aussi du lavement de
ses pieds par Jésus, va quitter la pièce peu après pour aller le trahir et le livrer.
Pierre, lui, apparaît entier et gauche à la fois : il veut tout, tout de suite : « pas
seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ». Cette bonne volonté un peu
trop spontanée ne va pas tarder à le confondre. Dès la fin du chapitre 13, Jésus
l’avertit : Pierre va le renier par trois fois. Parmi les autres disciples, il en est un qui
va bientôt être repéré particulièrement : le disciple bien aimé, qui n’était pas encore
apparu dans l’évangile, est signalé pour la première fois au verset 23. Il a accueilli ce
don, il s’est fait proche de Jésus, puisqu’il est qualifié par un lien d’amour avec lui, un
amour agapède type divin, sans avoir d’autre nom, d’ailleurs, que celui de « disciple
bien aimé ». Et il est tout contre sus au moment du repas. Au total, ces trois
disciples crivent comme trois attitudes possibles pour tout croyant, trois modèles :
celui qui trahit, celui qui, à vouloir trop en faire, est inconstant et va renier, ou celui
qui s’inscrit dans une relation d’agapè avec son Seigneur.
« Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » Le signe de l’amour sans
mesure
Le geste inédit du lavement des pieds cessite bien une explication pour devenir
parlant. Jésus le commente. Il s’agit d’un geste d’amour-agapè. L’ensemble du
chapitre est encadré par cette mention : dès le verset 1, « ayant aimé les siens qui
étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême », et aux versets 34 et 35,
« aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés pour que vous vous aimiez
les uns les autres ». Autrement dit, voici la clef de compréhension : l’amour d’agapè.
C’est « le commandement nouveau ». Cet extrême de l’amour, sus l’a montré
dans ce geste. Il le manifestera encore sur la croix. Il est la source de cet amour. Il
en est la mesure sans mesure, le modèle et l’exemple à suivre. L’amour mutuel
devient un projet, une mission confiée aux disciples. Ce sera même le signe de
reconnaissance des disciples pour tous les hommes : « à l’amour que vous aurez les
uns pour les autres, tous vous reconnaîtront pour mes disciples » (verset 35). Dont
acte…
Père Christophe Raimbault,
professeur à l’Institut supérieur de pastorale catéchétique (ISPC) - Paris
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