une simple prise de sang pour dépister le cancer du poumon

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UNE SIMPLE PRISE DE SANG POUR DÉPISTER LE CANCER DU POUMON ?
Depuis plusieurs années, des cellules tumorales peuvent être détectées dans le sang circulant
de malades atteints de cancer localisé ou métastatique et de nombreux travaux se sont
appuyés sur cette recherche afin de mieux appréhender le pronostic et d’apporter des
améliorations thérapeutiques. Cependant, des données expérimentales obtenues chez l’animal
ont montré que l’apparition de ces cellules tumorales circulantes (CTC) était un événement très
précoce dans la cancérogenèse. D’où l’idée de se servir de ces CTC non pas comme facteur
pronostique mais comme des sentinelles susceptibles d’alerter sur le développement d’un
cancer.
Cette possibilité de repérage très précoce serait particulièrement bienvenue dans le cancer
bronchique (non à petites cellules ou CBNPC) qui est très rapidement invasif. L’équipe du Pr
Paul Hofman à Nice a ainsi conduit une étude pilote chez des patients qui avaient initialement
été inclus dans le groupe témoin d’un essai plus important dont l’objectif était d’évaluer la
fréquence de CTC chez des malades ayant un cancer bronchique et sur le point d’être opérés.
De sujets contrôles, ils sont donc devenus les patients et les témoins d’une seconde analyse.
Parmi les 245 sujets inclus, 168 (68,6 %) avaient une bronchopneumopathie obstructive
(BPCO), pathologie qui en elle-même est un facteur de risque de CBNPC indépendamment du
tabagisme ; 77 n’avaient pas de BPCO parmi lesquels 42 étaient fumeurs et 35 non fumeurs.
La présence de CTC a été recherchée par la technique ISET (Isolation by Size of Epithelial
Tumor cells
) sur des critères
cytomorphologiques complétés par l’étude de l’expression de différents marqueurs. Les patients
ayant une BPCO ont parallèlement eu un scanner thoracique à faible dose tous les ans.
Des CTC ont été détectées chez 5 des 168 malades atteints de BPCO, de 1 à 4 ans avant
que le scanner ait dépisté une tumeur bronchique, ce qui a abouti à une résection
chirurgicale à un stade précoce, la taille moyenne du nodule étant alors de 1,7 cm, sans
envahissement ganglionnaire ni métastases à distance. Seize mois après l’intervention,
aucune récurrence n’a été constatée ni réapparition de CTC.
Chez 3 autres patients atteints de BPCO, des cellules ont également été détectées par ISET
mais d’aspect cytomorphologique bénin : aucun n’a développé de nodule pulmonaire, ce qui a
aussi été le cas des 160 autres patients sans cellules circulantes. Chez les 77 sujets sans
BPCO (fumeurs ou non fumeurs), il n’y avait pas non plus de CTC et le scanner effectué 5 ans
après l’inclusion était normal.
Cette première étude, mettant en évidence que les cellules tumorales peuvent commencer à
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migrer des années avant le diagnostic de cancer, montre donc que la combinaison de la
recherche de CTC et de données d’imagerie serait capable d’améliorer considérablement les
possibilités de dépistage et de traitement précoce du cancer bronchique chez des patients à
risque, comme c’est le cas des malades atteints de BPCO. Des études de plus grande ampleur
sont bien sûr nécessaires pour conforter et affiner ces résultats, mais une grande étape vient
assurément d’être franchie.
Références
Ilie M et coll : « Sentinel » Circulating Tumor Cells allow Early Diagnosis of Lung Cancer in
Patients with Chronic Obstructive Pulmonary disease. PLoS One, 2014; 9:e111597. doi:
10.1371/journal.pone.0111597. eCollection 2014.
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