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AVRIL 2008 - PHARMACEUTIQUES
tions de prise
en charge et
de remboursement
pour leurs membres,
l’assurance-maladie se contente
de « proposer » son service Sophia aux patients majeurs
en ALD. L’adhésion s’opère sur la base du volontariat, le
patient peut sortir du programme à tout moment, sans
aucune incidence sur ses conditions de remboursement. Si
l’expérimentation est un succès, permettant d’infléchir les
courbes, on imagine facilement que la prise en charge à
100 % pourrait à l’avenir être conditionnée à l’adhésion à
un tel programme. Dans la mesure où la démonstration est
apportée de son intérêt pour les patients et pour les dépen-
ses du régime général, cette évolution serait plus pragma-
tique qu’idéologique, et pourrait recueillir l’assentiment
de la majorité des assurés.
Le côté « expérimental » du dispositif serait alors le
moyen de faire évoluer les esprits vers une responsabi-
lisation croissante du patient. L’AFD le reconnaît (voir
pages suivantes), le patient diabétique est souvent passif.
Dans le cadre de Sophia, il va bénéficier d’une première
consultation avec son médecin traitant qui va permettre
un état des lieux de sa maladie et une évaluation de ses
besoins. Cette consultation sera facturée 2C (44 euros)
à l’assurance-maladie, puis le suivi annuel du patient rap-
portera 1 C (22 euros) au médecin traitant, en plus de sa
rémunération spécifique. 6 000 médecins traitants sont
concernés par la phase expérimentale. Pourquoi cette prise
en charge ne peut-elle être réalisée dans le cadre du par-
cours de soins ? C’est pourtant simple : pour que le patient
soit davantage acteur de sa maladie, donc plus autonome,
donc plus responsable, il lui faut un soutien personnalisé
qui va l’inciter, ni plus ni moins, à mettre en pratique les
recommandations de son médecin. Logique. n
Jocelyn Morisson
(1) Ariège, Gers, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Tarn,
Sarthe, Loiret, Puy de Dôme, Alpes Maritimes, Seine Saint Denis.
Dossier Diabète
Michel Combier, président de l’UNOF
« C’est un dispo-
sitif expérimen-
tal , y co m pri s
p o u r l ’ a s p e c t
ré m u n é r a t i o n
de s m éde ci n s.
Nous verrons comment les médecins vont
le recevoir. A l’heure actuelle, une partie de
cette prise en charge n’est pas effectuée et il
y a une demande des patients. La prise en
charge complémentaire sera adaptée à leurs
besoins et la première étape correspond à
l’évaluation de ces besoins. Ensuite, on en-
tre dans du « disease management », qui
va reposer sur les professionnels de santé :
médecins, infirmiers, kinés, pharmaciens,
dentistes... La prise en charge devient plus
complète et plus complexe. Sont-ils prêts à
la faire, et dans quelles conditions ? L’édu-
cation thérapeutique demande davantage
d’investissement de la part des profession-
nels libéraux ; il faut donc une rémunéra-
tion en conséquence. Nous allons voir les
progrès qui seront permis par Sophia. C’est
bien que l’assurance-maladie
prospecte dans ce sens, car
elle a tôt fait de culpa-
biliser les médecins
sur les résultats sans
se rendre compte
des réalités du ter-
rain. Or, obtenir
des résultats et une
prise de conscience
sur son état de santé
n’est pas facile. Dans
certains cas, c’est justement parce qu’on
n’a pas cette prise de conscience que l’on
est malade. Les médecins français, pour la
plupart, ne sont pas investis dans ce type de
démarche. Par exemple, l’étude ENTRED*
a montré une progression, mais nous som-
mes loin de la prise en charge idéale. A
l’heure où l’on promet de nous noter
sur Internet, la meilleure réponse
que nous puissions apporter est
la pertinence globale de la pro-
fession en termes de résultats
et de prise en charge : aller vers
le mieux, mais ça ne sera pas à
coût constant. »
(*) Échantillon National Témoin Re-
présentatif des pErsonnes Diabétiques
La prise
de conscience
n’est pas
facile
FRÉDÉRIC VAN
ROEKEGHEM,
DIRECTEUR DE
L’UNCAM, VEUT FAIRE
ÉVOLUER LE SERVICE.