l’éducation thérapeutique. Claude So-
kolowsky, président de l’Union des
maisons du diabète (UMD) et
de la LDF, soutient lui aussi le
programme Sophia : « La dé-
marche de la CNAMTS est
particulièrement novatrice,
note-il dans une tribune
parue dans Equilibre (re-
vue de l’AFD). Nous la
soutenons parce qu’elle
accorde enfin au patient la
place, et plus précisément
l’importance qui ne lui
était jusqu’alors pas suffi-
samment reconnue dans le
système de soins. Mais no-
tre soutien n’est ni aveugle ni
inconditionnel. Parce que cet
accompagnement, la CNAMTS
le stipule bien, ne constitue pas et
ne remplace pas l’éducation théra-
peutique. Or, l’éducation théra-
peutique a toujours été et reste
de plus en plus notre priorité. »
Sur ce thème, Gérard Raymond
déplore pour sa part « les gran-
des querelles sémantiques » :
« Le terme en lui-même n’est pas
important ; l’essentiel est le constat
que ce n’est pas la prescription mé-
dicamenteuse qui fait que le diabétique
est équilibré ou non. Au-delà de l’ordonnance, il y a tout
un environnement, une qualité de vie, qui font qu’on est
plus ou moins bien. L’éducation thérapeutique peut englo-
ber le social, l’économique, l’environnement, la prescrip-
tion... Tout cela doit faire partie de ce que nous avons ap-
pelé l’accompagnement du patient. Accompagnement dans
son quotidien, son environnement socio-économique, sa
qualité de vie, mais aussi dans son autonomie vis-à-vis de
son schéma thérapeutique, c’est l’éducation thérapeutique
proprement dite. »
Pas d’accès direct au patient
Mais la question clé, celle qui impacterait fortement l’in-
cidence des complications du diabète, n’est-elle pas l’ob-
servance des traitements, sur laquelle la CNAM ne semble
pas avoir réalisé d’études avant de lancer son programme ?
« Considérer d’abord la question de l’observance, c’est pren-
dre le problème par le petit bout de la lorgnette, estime
Gérard Raymond. L’observance doit être le résultat d’une
bonne éducation thérapeutique, elle-même réalisée dans le
cadre d’un accompagnement global du patient. » Au cœur
du dispositif engagé, le médecin traitant doit en être le coor-
dinateur. Selon Gérard Raymond, « ces expérimentations
visent autant à modifier les comportements des patients, qui
sont trop passifs, qu’à améliorer les pratiques médicales en
donnant au médecin les outils adaptés. » Le complément de
rémunération obtenu par les omnipraticiens dans le cadre
de Sophia préfigure selon lui « la rémunération forfaitaire
dans la prise en charge des ALD ». Quant aux entreprises de
santé, « elles ont un rôle à jouer, mais sans un accès direct
au patient ou une intervention limitant l’indépendance du
médecin. Elles ont un rôle de promoteur de la prévention et
de soutien à certaines actions comme la nôtre. C’est au légis-
lateur de clarifier », conclut le président de l’AFD. n
Jocelyn Morisson
33
AVRIL 2008 - PHARMACEUTIQUES
Diabète Dossier
L’ éducation au cœur de l’action
L’Association d’aide aux jeunes diabéti-
ques (AJD) n’est pas directement concer-
née par le programme Sophia, qui vise les
patients de plus de 18 ans et en particu-
lier les diabétiques de type 2. L’éducation
thérapeutique est en revanche au cœur de
son action depuis longtemps, comme l’ex-
plique son directeur général, le Dr. Michel
Cahané : « L’AJD organise depuis plus de
50 ans des séjours d’éducation médicale
dans des lieux de vacances qui permettent
à l’enfant de vivre son diabète au quotidien
et de pouvoir échanger avec des soignants
et d’autres enfants ». Le thème n’est donc
pas nouveau, mais les approches ont lar-
gement évolué depuis la fin du XXe siècle,
« où l’on privilégiait l’information médicale
et l’apprentissage de gestes techniques », et
l’approche contemporaine qui « prend en
compte les autres dimensions et en particu-
lier la dimension sociale pour que l’enfant
vive au mieux son diabète. D’où la néces-
sité d’y associer la famille », ajoute le Dr.
Cahané. Le premier lieu d’éducation thé-
rapeutique est l’hôpital, « où le diagnostic
est posé et l’on s’attache à régler les problè-
mes métaboliques, l’équilibre du diabète »,
poursuit-il, « et il faut régler en même
temps les problèmes de vie quotidienne,
la façon dont la famille va pouvoir, selon
ses habitudes, intégrer un enfant malade. »
Le second lieu où s’opère l’éducation thé-
rapeutique est la consultation, l’hôpital de
jour, ou les séjours à l’AJD. « Les enfants
peuvent couper le cordon avec la famille et
gagner en autonomie, explique Michel Ca-
hané. Ça permet aussi aux parents de rede-
venir des parents. » Au final, « l’éducation
thérapeutique repose sur le lien humain,
ajoute-t-il. C’est l’affaire des soignants, de
l’entourage du patient et de la société. »
Accompagnement
n’est pas
éducation