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« Mommy, mommy. » Et si la plainte lancinante et distopique de Pauline Julien prenait chair
et se réincarnait en une pauvre vieille qui, après être décédée dans l’indifférence générali-
sée, revenait à la vie pour revendiquer son droit à vivre dans le passé décomposé, et ce, en
rapant ? Dans cette pièce à mi-chemin entre le film de morts-vivants et le spectacle de rap, ce
n’est pas RUN-D.M.C. qui effectue un comeback, mais Maurice Duplessis. Olivier Choinière
et L’ACTIVITÉ posent la question : Nos Temps Nouveaux sont-ils condamnés à être un éternel
retour vers le futur ?
Bliss est la production canadienne rêvée. L’auteur est francophone, le metteur en scène est
bilingue et réunit des acteurs francophones et anglophones de Montréal comme de Toronto.
Une occasion en or qui a glissé entre les doigts de René Angélil et que nous avons saisie
sans hésiter. Voici la chance de voir Félicité (d’Olivier Choinière) dans sa version anglaise,
traduite par la dramaturge britannique Caryl Churchill sous le titre de Bliss, mise en scène
par Steven McCarthy et sa compagnie Candles are Burning. To be or not to be Céline Dion ?
Pour une première fois également cette année, nous accueillerons des compagnies étrangè-
res. Soulignons d’abord la présence du Bob Théâtre avec Nosferatu et de l’artiste Yaël
Rasooly avec Paper Cut qui viendront nous présenter du théâtre d’objets cruel et insolite,
en collaboration avec Casteliers. Vous étiez fous de L’Évangile en papier ? Restez chez vous
et regardez les DVD.
Nous aimerions lever nos verres aux Deux Mondes qui célèbrent cette année 40 ans de créa-
tion et de tournées et qui présentent Carnets de voyages et Gold Mountain. Messieurs,
chapeaux bas.
Une chose que les manifestations nous auront montrée, c’est qu’il est
possible de marcher dans une rue du centre-ville dans un autre but
que de se diriger vers un lieu de travail, un bar ou une boutique de
souliers. Soudainement, nos réflexes de consommateurs se trouvent
court-circuités. Nous cessons d’aller du point A au point B. Nous
sommes des citoyens qui habitons la ville.
Est-ce que le théâtre se vit ou se consomme ?
Nous profiterons de la venue de la compagnie française L’unijambiste et de leur hur-
lante et rockeuse interprétation de Richard III pour vous proposer une expérience.
Elle ressemblera à une sortie au théâtre. On pourra, comme à l’habitude, réserver sa
place, mais il n’y aura pas de billet à acheter, ni de prix associé à celui-ci. Il n’y aura
pas de grille tarifaire ni de prix réduits. Avant de passer les portes de la salle, vous
aurez à décider seul du montant que vous voulez donner, en réponse à l’épineuse
question : Que vaut ta présence ?
Le Québec est à l’heure des choix. Pour la direction
des Écuries, cela n’a strictement rien à voir avec le fait
de choisir son camp. Pour nous, choisir, c’est engager
sa liberté.
Cher spectateur, en terminant,
nous voulons te demander ceci :
Que fais-tu là ?
Qu’es-tu venu voir ?
Qu’est-ce que ta présence va changer ?
Sylvain Bélanger, Olivier Choinière, Marcelle Dubois,
Olivier Ducas, Francis Monty, Marilyn Perreault,
Annie Ranger, directeurs artistiques Aux Écuries.
Le Théâtre de la Pacotille viendra nous rappeler que nous sommes bel et bien au théâtre, dans Hamlet est
mort. Gravité zéro, où chacun des personnages tente de cacher la part de royaume pourri qu’il cache en
lui. Gaétan Paré met en scène ici le texte de l’Autrichien Ewald Palmetshofer, traduit par Éric Noël, qui pose
la question du mensonge et de la responsabilité à l’heure où la vieillesse tarde à mourir et la jeunesse peine à
prendre sa place.
Lorsque nous avons lu Ce samedi il pleuvait, nous avions l’impression d’être la jolie assistante du lanceur
de couteaux, qui tente de garder le sourire malgré les objets coupants dirigés contre elle (le plus souvent des
haches). Le texte d’Annick Lefebvre est sans contredit le coup-de-deux-par-quatre-sua-yeule qu’on attendait depuis
la création des Écuries, d’autant plus attendu que Marc Beaupré en fera la mise en scène. Beaupré fait en ce
moment un travail admirable avec le répertoire. On a juste trop hâte de voir ce qu’il va faire avec un auteur qui
respire encore.