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24 heUres dans La vie d’Une femme aU foyer…
7 h 30 : début du marathon. Réveiller les enfants : « Debout, habille-toi, bois ton lait, tu vas être
en retard, vite, attache-toi les cheveux, lave-toi les dents, ton cartable, mets des chaussures ».
8 h 30 : atelier libre. Rangement, marché, lessive et couture pour les plus téméraires. Coup de
fil à la belle-mère. Recommandé à La Poste ; garder son calme dans la queue.
11 h 30 : le retour. Ils dévorent, retournent leur chambre, écoutent de la musique et s’appro-
prient l’ordinateur.
13 h 30 : le temps des souffrances volontaires. 50 minutes de jogging, visite à une tante dé-
pressive et étude du prochain régime macrobiotique.
16 h 30 : les affaires reprennent. Refus du subjonctif, la guerre de Cent Ans, piscine dans la
salle de bain, bataille de coquillettes et moustaches en chocolat.
20 h 30 : hurlements, menaces et sanctions : plus de télévision, plus de console de jeux, plus de rien.
20 h 45 : mon père, ce héros. La clé dans la serrure… 10 secondes pour passer du stade de
mère hystérique à celui d’épouse dévouée.
21 h : Wonder woman. Dévoiler ses talents (culinaires), faire preuve d’une capacité d’écoute
digne de Ménie Grégoire et sourire.
23 h : se dire que l’on a de la chance. Beaucoup de chance d’avoir de si jolies têtes blondes,
brunes ou rousses qui nous remplissent d’amour et de joie. C’était comment la vie avant ?
ariane Biet
3 enfants. Déléguée de parents d’élèves à la maternelle de l’école Chomel.
A travaillé 14 ans comme commerciale dans la finance.
Actuellement en recherche d’emploi…
voUs avez dit femme ?
Parler de la femme quand on est femme, certes, mais aussi célibataire et, comme on dit dans
notre jargon ecclésial, « consacrée » relève de l’impossible !
Femmes, nous le sommes et voulons être reconnues comme telles, mais notre place dans la
société n’est pas toujours perçue.
Difficile de trouver la place et le rôle de la femme dans l’Église : qu’on se souvienne de la peine
qu’a eue Vatican II à nous classer – nous ne sommes pas des clercs, ni des femmes mariées
ou célibataires ayant une vie comme Madame « tout-le-monde », ni celles au foyer ou actives,
même si nous travaillons, et parfois beaucoup !
Alors que sommes-nous donc pour parler, nous aussi, des femmes ? Dans le jargon de l’Église,
nous sommes des « consacrées ». Mais consacrées à quoi ? À Dieu, d’abord, et comme l’écrit
Georgette Blaquière, « nous avons à faire mémoire des merveilles de Dieu sur son peuple,
à affirmer tranquillement mais fermement que nous, femmes, existons pour Dieu, qu’il nous
a choisies pour vivre de sa vie ». C’est un don mais à faire fructifier. Toutes nos énergies af-
fectives, intellectuelles, physiques sont mobilisées au service de Dieu, à la Mission qui est la
nôtre ! : enseigner, soigner mais surtout donner aux autres une parcelle de ce don de Dieu, reçu
gratuitement et que nous avons à transmettre gratuitement. Un geste, un regard, une parole
suffisent parfois et surtout la disponibilité à tout et à tous pour pouvoir entamer le dialogue.
Certaines regrettent de ne pas pouvoir être prêtres notamment pour donner le sacrement
du pardon. Notre rôle n’est pas le même que celui du prêtre car être femme, c’est d’abord
accueillir et transmettre…
Alors pour accueillir le don de Dieu, il nous faut des zones de retrait, de silence, peut-être se
couper avec sa famille et surtout, le plus dur, savoir s’arrêter pour retrouver Dieu seul, un vrai
luxe dans notre société stressée, où le rendement est roi.
Finalement, nous sommes bien des femmes dans la société (et non hors du monde, comme
on l’entend encore trop souvent !) mais pas pour le « faire » ni le « paraître ». Tout simplement,
pour être : être devant Dieu, être devant les autres…
Sœur Colette Moron
Sœur dominicaine,
Licence lettres classiques - Maîtrise de patrologie, doctorat Paris IV en histoire médiévale
et diplôme des Hautes Études en histoire médiévale.
Responsable de la bibliothèque de sciences religieuses,
Maison Saint-Dominique, 71 rue de Grenelle, Paris 7e
(ouverte à tous, les lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 15h à 18h ;
Tél. : 01 42 22 44 11/ 06 75 98 92 58 – agmd.bibliotheque@gmail.com ).
femmes,
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reconnUes comme
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Ariane Biet
Soeur Colette Moron
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803-2009 • 7 à vous - n°24
à l’honneur
Un savoir-faire très féminin
Quand on pense au fromage, on imagine le fermier, aux soins des animaux, à la traite, à la vente…
Et on oublie souvent la femme qui se cache derrière tous les moments essentiels de la vie
d’un fromage. Voici par mon simple témoignage, la juste place redonnée aux femmes dans
ce métier souvent un peu misogyne !
C’est à Pontlevoy que sont fabriqués le Selles-sur-Cher et le Sainte-Maure de Touraine :
la mise du caillé en moule, le retournement, le salage et la mise sur claies sont effectués par
Martine Moreau et son équipe de quatre femmes. Lorsque vous dégustez un vacherin Mont-
d’Or, le fromage est cerclé d’une écorce d’épicéa puis placé délicatement dans une boîte en
bois… Ce geste précis est toujours effectué par des femmes.
Le banon de Provence est un petit chèvre « emmailloté » de feuilles de châtaignier puis
« ficelé » d’un brin de raphia… Seules les femmes font ce travail. Le camembert de Normandie
doit être moulé par cinq passages de louches régulières et successives, dans un atelier chaud
et saturé d’humidité pour garantir la qualité du caillé… À chaque visite que j’ai pu faire je
n’ai toujours vu que des femmes…
Alors, la prochaine fois que vous croiserez un fromage, regardez-le autrement ; une femme
a été, à coup sûr, juste là pour lui donner sa forme belle et élégante !
Marie QuatrehoMMe
Maître fromager - élue Meilleur Ouvrier de France 2000,
Fromagerie Crèmerie Quatrehomme, 62 rue de Sèvres, Paris 7e.
La rencontre
Qui peut soupçonner qu’au 28 de cette rue, une femme âgée, seule, attend, maigre, sale,
usée, malade, couchée toute la journée dans un lit médicalisé – une épave – qui ne parle
pas – mais vous insulte chaque fois que vous entrez chez elle.
Ses murs noircis par tant de cigarettes grillées sont chargés d’une histoire difficile, sans
solution. À son chevet, une bouteille de vin, tant d’alcool absorbé pour noyer ses épreuves.
Être patiente, jour après jour, y retourner, apaiser, écouter, encaisser, respecter, excuser,
avoir confiance. Patience oui.
Car trois mois après l’avoir prise en charge, ce jour paisible est arrivé où nos regards se
sont croisés, accordés, attardés – un flash – la rencontre, la vraie a eu lieu.
Vous me confiez des bribes de vie, la vie que vous voulez bien me présenter – vos silences
sont si forts – vous vous êtes remise à lire, vous souriez, me remerciez. Toute rabougrie
que vous êtes, je vous trouve belle, Mme T. Ce sont ces rencontres, souvent féminines,
parce que nous parlons la même langue, qui donnent cet immense intérêt à mon métier.
Souvent je pense à vous, Mme T, qui n’êtes plus là.
Merci à vous.
Chantal
Infirmière dans le 7e arrondissement, à l’association Aide médicale
et sociale à domicile (AMSD) ; mariée, 3 enfants.
ce sont
ces rencontres,
soUvent féminines,
parce qUe noUs
parLons La même
LangUe, qUi donnent
cet immense intérêt
à mon métier.
Marie Quatrehomme Chantal
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Tribune libre
donnée à quatre
femmes du 7e…
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