
La Lettre du Cardiologue • n° 470-471 - décembre 2013-janvier 2014 | 29
Points forts
»Les contrôles et les conditions de mise sur le marché sont identiques pour tous les médicaments, quels
qu’ils soient.
»La substitution est la règle générale, sauf opposition manuscrite du prescripteur.
Mots-clés
Dialogue
médecin-pharmacien
Éducation
thérapeutique
du patient
Malgré cela, pourquoi certaines
substitutions se révèlent-elles
délicates ?
La substitution “réussie” dépend d’un trio d’ac-
teurs : le patient, le médecin et le pharmacien.
Leurs observations contribuent à faire émerger des
contextes de substitution délicate.
D’abord à cause de la pathologie traitée : dans le
cas de l’épilepsie, le dépassement d’un certain seuil
d’excitation neuronale est synonyme d’un déséqui-
libre, potentiellement générateur d’une crise convul-
sive, avec des conséquences non négligeables sur le
plan médical.
C’est aussi le cas en présence d’antithyroïdiens de
synthèse, qui sont des médicaments à marge théra-
peutique étroite, avec un équilibre thyroïdien du
patient qui est, quant à lui, individuel et sensible à
de très faibles variations de doses.
Ensuite, en raison de contextes spécifiques :
➤
chez les enfants, la substitution peut être un
frein en cas de modification du goût et de la forme
pharmaceutique ;
➤
chez la personne âgée, il faut faire attention à
la confusion et à la prise simultanée du princeps
et du générique, quand elle a les 2 boîtes dans la
pharmacie familiale ;
➤
dans le cas des médicaments anti-rejets d’organes,
le dispositif de substitution est absolument exclu.
En dehors de ces cas, le passage aux génériques
ou encore l’appel à leur utilisation dès le début du
traitement ne posent pas de problème.
Le médicament générique est un médicament
avec une AMM.
L’Académie de pharmacie a fait le point sur les effets
indésirables des médicaments génériques. Elle remarque
que “les effets indésirables sont dans la majorité des cas
identiques à ceux du produit princeps. Ils sont dans ce
cas attribuables comme pour le princeps à la molécule
concernée...” Les différences d’incidence constatées
sans que le profil qualitatif de tolérance soit différen-
ciable entre princeps et médicament générique sont
explicables par des phénomènes de type effet “nocebo”
portant sur des signes fonctionnels souvent bénins,
liés à l’inquiétude du patient face à un changement.
L’effet “nocebo” peut donc concerner tous les
médicaments. De même que la substitution, quel
qu’en soit le sens, peut en elle-même augmenter
le risque d’erreur de prise et un risque iatrogène
potentiel.
Position du pharmacien
La prescription est, comme le diagnostic, une des
prérogatives du médecin. La dispensation est celle
du pharmacien. Et en tant que pharmacien, notre
engagement auprès de nos prescripteurs est d’être
la dernière étape de sécurisation, avant la prise du
médicament, pour la bonne observance thérapeu-
tique.
La conception d’une spécialité générique n’est pas
chose aisée. Certes, le générique est une “copie”
de médicament, mais entre le moment du choix de
la molécule princeps à développer et la commer-
cialisation du générique proprement dit, il peut se
passer 6 à 8 ans.
Toutes les contraintes et formalités qui s’ajoutent
aux nombreuses études de stabilité, de pharmaco-
toxicologie ou de bioéquivalence garantissent la
qualité du médicament générique, sans empêcher
la critique.
Le patient ne dispose pas toujours de toutes les clés
pour bien comprendre le médicament et son univers,
ce qui explique l’émergence de freins face au médi-
cament générique. La raison principale réside dans le
fait que le prix des médicaments génériques est mal
compris et que, pour bon nombre de patients, ce qui
est moins “cher” est supposé être “moins bien”. Il
revient donc au pharmacien d’instaurer la confiance
en expliquant que le prix est inférieur parce qu’il
ne prend pas en compte les coûts de recherche et
d’études cliniques. Ce sont autant d’économies réali-
sées par l’Assurance maladie pour prendre en charge
de nouveaux médicaments issus de la recherche et
améliorer la prise en charge de certaines maladies.
La pharmacie est un lieu de réponse accessible et un
espace de dialogue, avec un objectif commun pour
tous (pharmacien, médecin, patient) : la bonne
observance des traitements.
Le rôle du pharmacien est de bien écouter le
patient afin d’établir une relation de confiance et
de ne jamais renoncer au dialogue, même face à un