du système immunitaire, avec augmentation du nombre des globules blancs susceptibles d'être frappés par le virus VIH. Et surtout parce que les MST se traduisent par une fragilisation, une ulcération des muqueuses génitales, facilitant le passage à ce même — et décidément très opportùniste — virus. Dernier mystère : pourquoi diable les périodes de règles favorisent-elles la transmission du virus de la femme vers l'homme dans des rapports sexuels normaux ? Et peut-être aussi la transmission de ce même virus dans le sens inverse? Bon Dieu mais c'est bien sûr : il faut incriminer la présence du sang, et l'abondance des sécrétions diverses porteuses du virus. Une chose est certaine : le virus VIH passe quand même beaucoup plus volontiers de l'homme à la femme que, dans le sens inverse, de la femme à l'homme. Tout au moins au stade de la séropositivité asymptomatique (tableau no 4) : l'« efficacité » de la transmission du virus est trois à quatre fois plus fréquente dans le sens hommefemme que dans le sens femme-homme. Ensuite, lorsque le sujet infecté, et contaminant, évolue vers le sida déclaré, cette sinistre transmission semble agir avec la même efficacité dans les deux sens. Néanmoins, cette transmission du virus VIH ne se produit pas à tous les coups, loin s'en faut. Et des couples hétérosexuels peuvent fonctionner durablement sans la moindre infection du (ou de la) partenaire. C'est même le cas le plus fréquent. Cependant, les spécialistes sont formels: «Même en l'absence de tout facteur de risque identifié, la transmission hétérosexuelle se produit. » La question que tout le monde se pose — concernant la transmission sexuelle de ce fameux virus — est évidemment celle-ci : pourquoi ce VIH s'acharne-t-il de préférence sur les homosexuels ? De l'avis de tous les biologistes, aucun virus, pas même le VIH, n'est assez intelligent pour distinguer les homos des hétéros — distinction subtile dont les cerveaux humains s'avèrent fréquemment incapables. Plusieurs éléments de la réponse (mais pas tous) sont connus depuis longtemps. La multiplicité des partenaires (certains homos « tournent » au rythme hallucinant de 700 ou 800 rencontres par an) favorise à l'évidence la diffusion du virus dans ce milieu. Mais, selon un médecin spécialiste du sida, il y a une raison encore plus profonde à cette explosion du virus dans la catégorie particulière que constituent les homosexuels : ils sont de plus en plus — contrairement à ce qui était la règle dans l'homosexualité classique — à la fois actifs et passifs. Interchangeable dans les deux rôles, l'homo contemporain est, d'un certain point de vue, hermaphrodite. Il est capable à la fois de recevoir le virus et de le transmettre à autrui. Cela confère à la dissémination du VIH une extraordinaire efficacité. Evidemment, les hétéros bon teint sont incapables d'une pareille flexibilité, ce qui peut être considéré comme un rempart face à la diffusion du virus. Il n'empêche, le docteur Rosemary Ancelle le souligne : « Même en l'absence de tout facteur de risque le virus VIH se propage effectivement dans la population hétérosexuelle. Quoi qu'il arrive, nous allons devoir vivre avec lui durant de longues années. » Il n'y a guère de point de passage entre les homos et les hétéros. Mais il y en a de ' DA :IE:1.44/011S, PROTEGEZ-VOLS NFORM SIEWDSID I Ir; Nill.,q1tIli!b Ofhl114*:1;,i(1;1 ' ... en Belgique, au Luxembourg, en Espagne et en Norvège multiples entre les bisexuels et les hétéros d'une part. Entre les toxicomanes et ces mêmes hétéros d'autre part. « Le groupe des toxicomanes déteint évidemment sur la population hétérosexuelle », constate un chercheur. Le risque d'une dissémination explosive du virus dans la population générale — majoritairement hétérosexuelle — reste donc à.craindre. Tous les spécialistes le redoutent. Ils savent que le VIII n'a pas dit son dernier mot, qu'il est capable de réserver de tragiques surprises. La preuve : jusqu'ici, l'Asie pouvait s'estimer épargnée. On n'avait recensé en tout et pour tout, sur cet immense continent ultrapeuplé, que 435 cas de sida (dernier chiffre officiel, imprimé cet été). Or l'encre de ce chiffre était à peine sèche, comme on dit, que le virus se propageait à une vitesse fulgurante. Il continue : aujourd'hui, face au sida, l'Asie hélas ! comble son « retard » à folle allure. On peut de même redouter que le e sida des hétéros » ne se mette très bientôt à rattraper le « sida des homos ». Le danger est là, tout le monde le sait. Au point que les producteurs de films pornos hétéros exigent désormais de leurs acteurs, avant tout tournage un Certificat de séronégativité VIH, pour éviter les poursuites ultérieures : pas question de faire passer le sida en accident du travail ou en maladie professionnelle... Pas de doute : homos et hétéros, même combat ! Le sida est l'affaire de tous. Même si, face au VIH et indépendamment de toute préférence sexuelle, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Les spécialistes subodorent très fortement une sensibilité individuelle au virus du sida : de même que d'aucuns attrapent plus facilement la grippe que d'autres, certains sont sans doute plus vulnérables aux atteintes du VIH. Mieux : les études les plus récentes laissent entrevoir une sensibilité de nature génétique—notamment pour le déclenchement de la maladie lorsqu'on est séropositif. Face au terrible virus et à ses manifestations, certains sont mieux armés que d'autres, et l'égalité n'existe décidément nulle part. Reste que l'humanité va devoir faire face. Même si, comme le remarque un historien des sciences « jamais, dans le passé, on n'a trouvé les moyens ,de juguler une épidémie d'une quelconque maladie sexuellement transmissible ». Pas besoin d'aller chercher loin. Restons moderne : l'hépatite B, qui est sexuellement transmissible, continue de faire des ravages. Pourtant, face à elle, on possède un vaccin depuis plusieurs années déjà. C'est la preuve que le vaccin contre le sida ne nous débarrasserait pas du fléau. Mais à quelque chose malheur est bon. Les déclarations officielles des cas de sida à l'OMS constituent peut-être un excellent baromètre de la démocratie. Ainsi, l'Albanie persiste et signe avec zéro cas recensé. La Bulgarie en avoue 6, et la Roumanie va jusqu'à 10. La RDA en affichait 17 (contre 3 872 de l'autre côté du mur). C'était avant la chute du mur. FABIEN GRUHIER (1)Journée mondiale de lutte contre le sida le 1' décembre (CIVIT de la Défense), qui a été précédée par une conférence internationale du 27 au 30 novembre sur les implications du sida pour la mère et l'enfant. (2)« Radio Com » le mercredi 29 novembre à 8h 40, et « Le téléphone sonne » à 19h le jeudi 30 novembre. (3) « Génération sida » du mercredi 29 novembre. 30 NOVEMBRE-6 DECEMBRE1989//5