Le doping alimentaire du psychisme
Autor(en): E.S.
Objekttyp: Article
Zeitschrift: Revue Militaire Suisse
Band (Jahr): 95 (1950)
Heft 3
Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-342471
PDF erstellt am: 26.05.2017
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LE DOPING ALIMENTAIRE DU PSYCHISME 129
Le doping alimentaire du psychisme
Les études de nutrition, jusqu'à ces dernières années,
portaient essentiellement sur les besoins alimentaires cor¬
respondant àdifférents aspects de la vie physiologique, tels
l'entretien ou la croissance.
Depuis un certain nombre d'années déjà, les «nutrition¬
nistes »américains ont entrepris de violer ce domaine, et les
psychologues modernes, étudiant l'homme total, concret, et
non plus comme abstraction, ne dédaignent pas la collabora¬
tion des biochimistes et des nutritionnistes. Avrai dire, aux
Etats-Unis, cette préoccupation dérive d'un but essentielle¬
ment pratique :si l'alimentation agit sur le psychisme, ne
pourrait-on pas modifier, améliorer, le comportement des
êtres Améliorer la «physical and mental fitness »de chacun,
semble être le slogan de cet effort américain qui vise, en fait,
àperfectionner la faculté d'adaptation des individus, àaugmen¬
ter leur rendement et àfaire grandir la puissance de travail
de tout un peuple.
Dans ce plan d'aménagement social, on aété amené à
expérimenter diverses substances alimentaires susceptibles de
«doper »l'individu comme on dope un cheval de course
en agissant sur sa conduite, soit sur l'aspect psychomoteur
de celle-ci (travail physique, manuel), soit sur son aspect
intellectuel (travail mental) ou encore sur l'émotivité du
sujet, sur les bases affectives de sa personnalité aux prises
avec le milieu social.
Parmi les substances utilisées, on en aretenu deux dont le
pouvoir de doping afait l'objet de nombreuses investigations :
la vitamine B,^ et l'acide glutamique.
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Paule Aschkenasy-Lelu aécrit un grand travail sur les
effets de ces deux substances :«Le doping alimentaire du
psychisme »dans les «Annales de la Nutrition et de l'Ali¬
mentation », vol. III, X°2, p. 109-141 (1919) dont nous relevons
l'essentiel concernant la vitamine B, (thiamine, aneurine).
Certains auteurs ont examiné si on ne retirerait pas quel¬
que effet favorable sur le développement mental de l'enrichis¬
sement en complexe Bdu régime d'enfants pauvrement nourris.
L'essai aété fait par Balken et Maurer, àChicago, sur
45 enfants très mal nourris. Les gains, pour chaque test, sont
si importants que les auteurs pensent pouvoir affirmer qu'ils
sont bien dus àl'ingestion de complexe B(vitamines B±, B2,
acide nicotinique, etc.). D'après Colley, Macy et d'autres
auteurs, on assisterait, tout au moins dans les 6premiers
mois de la vie du nourrisson, àune amélioration de développe¬
ment et du comportement sous l'action d'une ration supplé¬
mentaire en vitamines B. Chez l'adulte, les symptômes de
l'avitaminose B, sont améliorés sitôt qu'on ajoute de la thia¬
mine (Bj) au régime :les sujets ressentent une vitalité et
un esprit d'entreprise inaccoutumés. Johnson donna à 5 hom¬
mes faisant de gros travaux ct àrégime déficient en vitamine Bj
des comprimés de cette vitamine ;à5autres, dans les mêmes
conditions, des comprimés factices (placebos). On examina
les 2groupes chaque jour. Les sujets déficients en thiamine se
fatiguaient très facilement et éprouvaient des douleurs muscu¬
laires et articulaires plus aiguës et différentes de celles suivant
en général un exercice auquel on n'est pas entraîné :elles
augmentent au lieu de disparaître après quelques jours de
pratique. En outre, il yaaugmentation des symptômes de
lassitude générale, de la perte d'appétit et sensation de malaise
général. En revanche, les sujets saturés en vitamine B, ne
présentent que quelques-uns de ces symptômes et ceux-ci
sont alors légers. Il apparaît ainsi que des hommes faisant un
travail physique dur, même pendant quelques jours seulement,
ont un besoin impérieux de thiamine (aneurine, vitamine B,)
LE DOPING ALIMENTAIRE DU PSYCHISME 131
pour maintenir leur forme physique et psychique. Un autre
exemple entre plusieurs :Wardener et Lennox ont décrit
un «béribéri cérébral »dont 52 cas sont apparus dans un camp
de prisonniers de guerre japonais. Cette maladie consiste en
un syndrome de Wernicke. Un traitement précoce par des
injections de vitamine B, guérit rapidement et complètement
cet état. Ce syndrome est àune déficience aiguë en thia¬
mine.
L'action curative de la vitamine Bx dans les avitaminoses et
les hypovitaminoses Bt aconduit àse demander si les fonctions
qui, dans la carence, sont touchées, puis améliorées par l'ap¬
port de la vitamine, ne tireraient pas bénéfice, aussi chez le
sujet normalement nourri, d'un surcroît de vitamine Bt dans
la ration.
Au début de la dernière guerre, c'est évidemment une
intention toute pratique qui aamené àexpérimenter sur
l'homme le rôle éventuel du complexe Bsur le bien-être physi¬
que et psychique. Si l'ingestion d'un surplus de thiamine
augmente la vigueur physique et la résistance psychique du
sujet normal, on possède un moyen d'augmenter le rende¬
ment des travailleurs manuels industriels et de «doper »les
soldats en campagne. Il yeut des résultats favorables et dé¬
favorables :
Résultat favorable :Les expériences de Harrell ont
été poursuivies par Borsook sur des ouvriers d'une usine
d'aviation, les uns nourris normalement, les autres recevant des
suppléments assez considérables en diverses vitamines, dont
la Bv Après six mois de traitement, des différences apparurent :
le rendement du travail est meilleur, les absences sont moins
fréquentes dans le groupe saturé. On remarque une diminution
de la fatigue, un meilleur esprit àl'atelier, qui porte àcroire
àun effet psychique du supplément en vitamines.
Résultat défavorable :Essai sur 44 paires de jumeaux
identiques, uni-vitellins. Les uns reçoivent des comprimés de
vitamine Bl5 les autres seulement des comprimés factices. Au
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bout de 9mois, l'expérience ayant continué sur 25 paires de
jumeaux, on procède aux examens :aucun gain ayant une
signification statistique n'est enregistré pour aucun test. Les
auteurs concluent qu'au point de vue psychologique, il n'y a
aucun bénéfice àtirer d'un large supplément en thiamine à
un régime normal.
Les recherches de Keys sont entreprises dans un but
pratique :celui de la préparation àl'effort de guerre, aussi bien
sur le plan militaire que sur le plan industriel ;la «physical
and mental fitness »est-elle réellement améliorée par une
surcharge du régime en vitamines Keys et Henschel
(1942) recherchent tout d'abord s'il yaintérêt àenrichir en
vitamines le régime de l'armée. Sur 26 soldats recevant le
régime standard militaire, ils étudient les réponses physiolo¬
giques et biochimiques àun exercice donné. Ils complètent
pendant 4à6semaines le régime par 1,7 mg. de chlorure de
thiamine, 2,4 mg. de riboflavine (vitamine B2, 70 mg. d'acide
ascorbique (vitamine C), substances contenues dans des com¬
primés ;puis, pendant l'autre partie de l'expérience, ils don¬
nent des comprimés factices. Ici, ni l'efficience musculaire ni
l'endurance ni la résistance àla fatigue ou sa réparation ne
sont favorablement influencées par une surcharge en ces
vitamines. Il n'y adonc aucun intérêt àenrichir en vitamines
les rations de l'armée.
Pourquoi ya-t-il des cas favorables et des cas défavorables
Le malentendu vient de ce que les régimes utilisés ne sont
jamais comparables entre eux, pour leur teneur en Bx, par
exemple. Chaque auteur apprécie aussi différemment la sur¬
charge de son régime en complexe Bou ne tient non plus pas
assez compte des pertes en vitamine B, qui peuvent survenir
pendant la cuisson des aliments. D'après Keys, les essais de
surcharge d'un régime normal ont presque toujours été faits
avec un régime carence et c'est ce qui expliquerait les con¬
clusions optimistes qu'on en atirées àtort. Mais cet auteur
dit :«Le complexe Bou la vitamine Bl ont un effet curatif sur
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