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Cour de justice
Les cours de justice sont instituées par l'ordonnance du 28 novembre 1944 (ordonnance du 28 novembre 1944
portant modification et codification des textes relatifs à la répression des faits de collaboration, parue au Journal
officiel n° 136 du 29 novembre 1944), complétée par celle du 9 janvier 1945. Au fur et à mesure de la libération
du territoire métropolitain, au chef-lieu de chaque ressort de cour d'appel, une cour de justice est créée.
Cette cour statue sur les faits révélant "l'intention de leurs auteurs de favoriser les entreprises de toute nature de
l'ennemi, et cela, nonobstant toute législation en vigueur". La peine prononcée peut aller jusqu'à l'exécution
capitale.
La période pendant laquelle s'exerce la compétence de la cour de justice est précisée le 26 octobre 1945 par une
instruction du Garde des Sceaux. La cour de justice ne peut être saisie que des faits ayant motivé l'ouverture
d'une information avant l'expiration d'un délai de 6 mois à compter de la libération totale du territoire. Un décret
du 23 août 1945 a fixé ce point de départ au 10 mai 1945. A partir du 10 novembre 1945, aucune information
nouvelle ne pourra donc être engagée, sauf dans le cas de co-auteurs ou des complices d'individus faisant l'objet
d'une information précédemment ouverte devant la cour de justice. Ce sont alors les tribunaux militaires qui
recouvrent leur compétence normale en matière de crimes et délits contre la sûreté extérieure de l'État.
Par une circulaire du 19 avril 1948, le Garde des Sceaux rappelle d'ailleurs aux parquets des cours de justice que
la purge d'un arrêt prononcé par contumace par une cour de justice contre des individus arrêtés ultérieurement au
10 novembre 1945 ne peut intervenir que devant la même cour de justice ou, au cas de rattachement, devant la
cour de justice qui a repris ses attributions.
La cour de justice dépend du ressort de la cour d'appel de Bourges. Cette cour de justice comprend trois sections
départementales dans le Cher, la Nièvre et l'Indre. Deux rapports datés de décembre 1944 nous renseignent sur la
situation de ces trois sections.
Cher
La cour de justice, section départementale du Cher, est créée le 16 octobre 1944. Elle est installée dans les
anciens locaux du tribunal et du parquet de Bourges, occupés par les Allemands jusqu'à la Libération. Au 5
décembre 1944, elle comporte un président, un commissaire du gouvernement, un juge d'instruction et son
greffier. Le service du greffe de la cour est assuré par un greffier de la cour d'appel.
La cour de justice du Cher a tenu sa première audience le 28 novembre 1944, la dernière le 8 juillet 1948.
Il est à noter que de la libération du département à l'établissement de la cour de justice, aucune cour martiale,
régulière ou non, pas plus qu'aucun tribunal militaire n'a fonctionné. Le tribunal militaire d'Orléans s'était saisi de
quelques rares affaires dont il s'est ensuite dessaisi.
Le 1
er
septembre 1945 est créée à Bourges une sous-section de la section départementale. Cette sous-section a
compétence sur le territoire des départements du Cher, de la Nièvre et de l'Indre. En effet, à cette date, les
sections départementales de la Nièvre et de l'Indre ont été supprimées.
Par la loi du 7 septembre 1948, la cour de justice du Cher est rattachée à celle du Rhône installée à Lyon.
Nièvre
La cour de justice, section départementale de la Nièvre, est créée le 8 novembre 1944. Elle est installée dans un
immeuble réquisitionné par la Préfecture, 17 rue Adam Billaud à Nevers. Au 12 décembre 1944, elle comporte
un président, un commissaire du gouvernement, un commissaire adjoint et deux juges d'instruction et leurs
greffiers. Pour assurer le fonctionnement de cette juridiction, le tribunal de Clamecy a été supprimé.
La cour de justice de la Nièvre a tenu sa première audience le 29 novembre 1944, la dernière le 30 août 1945.
Elle est rattachée à la cour de justice du Cher à dater du 1
er
septembre 1945 (arrêté du 3 août 1945, paru au
Journal officiel du 8 août).
Comme pour le Cher, de la libération du département à l'établissement de la cour de justice, aucune cour
martiale, régulière ou non, pas plus qu'aucun tribunal militaire n'a fonctionné.
Indre
L'installation de la cour de justice, section départementale de l'Indre, a lieu le 23 octobre 1944. Elle aménage au
palais de justice de Châteauroux. Au 12 décembre 1944, elle comporte un président, un commissaire du
gouvernement, un juge d'instruction, un juge d'instruction adjoint, trois greffiers, un secrétaire et trois
sténodactylos. Le tribunal de La Châtre a été supprimé pour assurer le fonctionnement de cette juridiction.
La cour de justice de l'Indre a tenu sa première audience le 18 décembre 1944, la dernière le 31 mai 1945. Elle
est ensuite rattachée à la cour de justice du Cher.