L`iode algal : atout ou inconvénient en nutrition humaine ?

BIBLIOMER
Veille bibliographique et réglementaire à l’intention des professionnels de la filière produits de la mer
Bibliomer n° : 19 – Avril 1995
Thème : 3 – Qualité Sous-thème : 3 – 2 Nutrition
Notice n° : 1995-0335
L'iode algal : atout ou inconvénient en nutrition humaine ?
Algorythme, n° 16, juillet-août 1994, 2 p.
Analyse
Exception faite des très jeunes enfants, il est admis qu'un apport alimentaire journalier inférieur à 150µg d'iode
entraîne une carence iodée. L'apport quotidien idéal pour les adultes a été estimé dans notre pays à 200µg d'iode.
Les denrées d'origine marine constituent la source alimentaire d'iode la plus intéressante. La crevette et la morue,
avec des teneurs moyennes iodées de 1,3 à 1,4 mg/kg de matière fraîche, représentent les aliments les plus
riches. Les denrées végétales ou animales d'origine terrestre présentent comparativement des taux iodés très
faibles.
Au plan mondial, la carence en iode constitue encore aujourd'hui un des plus grands problèmes nutritionnels
pour l'humanité : on estime à 1 milliard le nombre d'individus qui y sont exposés. 20% d'entre eux sont porteurs
de goitre, et une proportion moindre, moins bien définie, est atteinte de crétinisme. La population française est
considérée par ces auteurs comme subcarencée en iode.
En France, onze espèces de macroalgues et une espèce de microalgue ont fait l'objet d'un avis favorable pour une
utilisation en alimentation humaine, comme légume ou condiment. A cause de leurs teneurs exceptionnelles en
iode, deux espèces initialement proposées, les algues Laminaria digitata et Laminaria saccharina n'ont pas
bénéficié de cette habilitation.
Les teneurs naturelles en iode des algues sont généralement élevées. La consommation, en moyenne, de 1 à 1,5
grammes d'algues brunes permettrait de couvrir les besoins journaliers minimaux en iode (150 µg) d'un adulte.
Pour les algues vertes du genre Ulva ("laitue de mer") ou les algues rouges du genre Palmaria ("dulse"), ce
besoin pourrait être rempli par la consommation d'environ 2 à 3 grammes de ces algues.
L'iode contenu dans les algues est particulièrement sensible au lessivage en milieu aqueux. Par conséquent,
certaines procédures de transformation conduisent à une perte notable d'iode.
Il convient de préciser que les concentrations iodées des produits saumurés ou appertisés à base de laminaires
sont très en deçà de la teneur en iode (5000 mg/kg) préconisée par la Food and Drug Administration (FDA), aux
USA et le Conseil Supérieur d'Hygiène publique de France pour l'utilisation des algues en alimentation humaine.
Les produits déiodés à base de laminaires, dès l'instant où ils répondent aux autres critères de sécurité
alimentaire, pourraient donc ne pas être concernés par une interdiction d'utilisation en alimentation humaine. En
revanche, la consommation d'algues Laminaria digitata, pas ou peu transformées, même sous forme humide,
peut apporter plus de 1000 µg d'iode par jour. La suspension de l'autorisation de l'utilisation de cette algue parait
donc pleinement justifiée.
Il serait donc souhaitable que les textes réglementant la consommation des algues marines en France et en
Europe établissent une distinction entre les laminaires non transformées et les laminaires transformées, dont les
teneurs en iode sont considérablement diminuées.
Analyse réalisée par :
CEVA
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