1. SALLINGER DE
BERNARD-MARIE KOLTÈS
RÉCIT
Dans un New York fantasmagorique des années , lieu de pouvoir et de décadence, le
Rouquin vient de se suicider, laissant ses proches dans le désarroi le plus total. Fils aîné, pré-
féré et adulé par son frère et sa sœur, le Rouquin provoque avec sa mort le démembrement
de sa famille. Alors que tous interrogent sa mémoire et essaient de combler le vide par des
mots, son spectre revient les hanter.
Commence alors la déambulation de Leslie, son frère et d’Henry, son confident dans la gran-
de ville enneigée. Celle aussi d’Ana, sa fiancée, amoureuse éperdue devenue veuve beaucoup
trop jeune. Des nuits d’errance et d’aventures sordides, drôles ou émouvantes, à la
recherche des autres et de soi-même.
Tableau d’une Amérique angoissée à la veille de la guerre du Viêtnam, la pièce sonne tel un
combat où chacun s’efforce de donner un sens à la violence inéluctable.
Sallinger
raconte le
sacrifice de plusieurs générations d’hommes sur l’autel de la patrie, et le désespoir de
femmes et de mères impuissantes. Relations familiales étouffantes, errances d’une jeunesse
condamnée… Dans ces monologues nerveux et drôles, Koltès évoque les voies sans issue
d’un monde incapable de communiquer.
« Petits et grands errent.
Tous, ils pataugent tous sous un ciel bouché.
Dans les plaques de neige à demi-fondue de New York, la grande ville.
Dans le fouillis des rues sans perspective.
Dans les boîtes de nuits où toutes les filles sont belles.
Sur les splendides parquets d’appartement coincés.
Alors, bien sûr, il traîne des suicides et des folies et plus loin dans le monde les meurtres
gigantesques du Vietnam et de la Corée.
À l’écart de tous les piétinements, le Rouquin, déjà mort, sourit. »
Bruno Boëglin à propos de Sallinger