La démocratie athénienne
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D’après Wilipedia etc.
La démocratie athénienne désigne le régime politique mis en place progressivement dans la cité
d'Athènes durant l'Antiquité et réputé pour être l'ancêtre des démocraties modernes. Le mot démocratie vient de
deux mots grecs : demos (le peuple) et kratos (le pouvoir).
Au VI
e
siècle av. J.-C. les cités du monde grec sont confrontées à une grave crise politique, résultant de
deux phénomènes concomitants : d'une part l'esclavage pour dettes, liant situation politique et situation
financière, touche un nombre grandissant de paysans non propriétaires terriens : l'inégalité politique et le
mécontentement sont forts dans le milieu rural ; d'autre part le développement de la monnaie et des échanges
commerciaux fait émerger une nouvelle classe sociale urbaine aisée, composée des artisans et armateurs, qui
revendique la fin du monopole des nobles sur la sphère politique. Pour répondre à cette double crise, de
nombreuses cités modifient radicalement leur organisation politique. À Athènes un ensemble de réformes
amorce un processus débouchant au V
e
siècle sur l'apparition d'un régime politique inédit : la démocratie.
La cité
Athènes fut fondée formellement vers 800 av. J.-C. par le synœcisme de plusieurs villages,
partiellement préservés par l'invasion des Doriens. Le pluriel du mot « Athènes », d'après Thucydide, est une
trace des anciens villages qui fusionnèrent pour fonder la cité.
Le site fut choisi pour la forteresse naturelle que représente l'Acropole, les habitants purent résister aux
hordes de pillards qui terrorisaient la région, augmentant avec les années sa fortification. À partir de 510 av. J.-
C., cette fonction fensive est abandonnée, le lieu étant consacré aux cultes et notamment celui d'Athéna,
déesse protectrice d'Athènes. Des remparts encerclent à partir de 478 av. J.-C. la ville et son port, le Pirée. Rares
sont les bâtiments au-delà des quinze majestueuses portes, exception faite du populaire quartier du Céramique
dont la production inonde le monde grec entier, ainsi seuls quelques gymnases et écoles de philosophie
s'excentrent pour que leurs élèves profitent de la tranquillité et soient totalement isolés pendant les deux années
de leur éphébie.
L'agora devient le centre social et politique de la cité avec l'installation des institutions démocratiques
sur cette place. En été de nombreux bats houleux ou amicaux se tiennent à l'ombre du portique Sud et de la
Stoa Poikilè, on discute et philosophe en regardant les centaines d'étals emplis de victuailles et leurs marchands
qui s'égosillent pour appâter le client. L'hiver, ce sont les nombreuses salles situées en arrière qui sont envahies.
Des joutes oratoires d'un autre genre se roulent sur la Pnyx, colline sur laquelle sont votées toutes les lois
athéniennes. La cité est donc le cœur de la démocratie.
Loin de ces ambiances festives plus ou moins décisives dans la direction de l'État, le monde rural vit
aussi. Les riches propriétaires n'ayant pas déserté la campagne pour la ville profitent, avec les régisseurs de ceux
partis, de la dolce vita faite de soleil, d'huile d'olive, et de belles esclaves pendant que se plient leurs autres
esclaves au dur labeur imposé par le climat aride de l'Attique.
Mieux lotis, les cheurs bordant le pourtour de l’Attique mangent à leur faim sans pour autant avoir
accès à l’état de grands propriétaires terriens nécessaire pour entrer dans les arcanes du pouvoir.
I. G
ENESE DE LA DEMOCRATIE
Les origines de la démocratie athénienne : la crise de la cité grecque
La mocratie trouve son origine dans la grave crise de la cité grecque et les mutations propres à Athènes.
Paupérisation rurale. Le commerce seveloppe, notamment avec l'apparition de la monnaie au VI
e
scle , en
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provenance de la Lydie de Csus, qui fut étroitement en contact avec les cis grecques avant sa défaite en -546 face
au perse Cyrus. Ce développement extraordinaire du commerce méditerranéen a deux conséquences :
D'une part les agriculteurs grecs sont peu compétitifs face à la concurrence de plus en plus vive des
terres fertiles de la Grande Grèce récemment colonisée. De plus en plus de paysans, incapables d'écouler
suffisamment leur production, sont condamnés à se vendre comme esclaves pour faire face à leurs dettes. Cette
main-d'œuvre servile est utilisée par les urbains et vient donc elle-même concurrencer les petits artisans
indépendants. Ces sujets peu fortunés, sur lesquels reposent une part croissante de l'économie, viennent grossir le
rang des chômeurs et manifestent leur mécontentement.
Révolution hoplitique : émergence d'une petite bourgeoisie
D'autre part, corrélativement à l'appauvrissement des masses paysannes, émerge une nouvelle classe de
sujets aisés, faite de commerçants et d'artisans (notamment potiers à Athènes). Ceux-ci sont dorénavant
suffisamment riches pour s’acheter des équipements d'hoplites : la guerre n’est plus l’apanage de l'aristocratie.
Le système aristocratique basé sur la propriété agraire est battu en brèche face aux revendications égalitaires de
ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de révolution hoplitique.
Instabilité politique
Au sein de chaque cité les grandes familles s'appuient sur le mécontentement populaire (tant des
paysans appauvris que des nouveaux riches urbains) pour mieux se disputer le pouvoir. Elles n'hésitent pas non
plus à faire appel à des puissances extérieures pour renverser les tyrans. Ainsi, les cités se combattent
fréquemment entre elles, ce qui nourrit souvent les révoltes, par ailleurs durement réprimées. Mais les guerres
sont aussi parfois un facteur de cohésion interne des cités.
En outre, chaque cité grecque frappe désormais sa propre monnaie, forgeant ainsi une nouvelle
composante majeure de son identité. Au V
e
siècle , les cités grecques ne frappent plus la monnaie irrégulièrement
et chacune appose un signe particulier sur la monnaie qu'elle frappe, l'épicène, qui permet de la reconnaître. Pour
la monnaie athénienne, c'est une chouette. Qu'elles retardent ou précipitent l'éclosion d'un nouveau régime, les
différentes mesures politiques (guerres, chutes de régime, répressions, levées ou baisses d'impôts, introductions
de monnaies) n'y pourront peu : la donne sociale a définitivement changé.
Partout la nouvelle configuration des rapports de forces sociales fait émerger une nouvelle donne
politique. Deux nouveaux modèles, appelés à s'opposer dans le siècle à venir, se distinguent par leur originalité :
l'oligarchie militaire spartiate et la démocratie athénienne.
Les réformes politiques
Il est important de comprendre qu'à l’opposé d'autres démocraties, comme les États-Unis ou la
République française, la démocratie athénienne ne naquit pas d’insurrections populaires mais de l'engagement de
politiciens pour assurer l'unité de la cité. Voici les quatre principales réformes que l'on distingue, ainsi que leurs
instigateurs :
Réformes de Dracon
Dracon est mandaté, en 621-620 avant J.C, pour mettre par écrit des lois ne s'appliquant qu'aux affaires
de meurtre et dont la dureté devait rester légendaire - d'où l'adjectif draconien. Mesure limitée qui, cependant,
affirme pour la première fois l'autorité de l'État au-dessus des parentés dans le domaine de la justice, instaure un
droit commun pour tous et, par même, porte atteinte à l'arbitraire des aristocrates. Six thesmothètes (gardiens
de la loi écrite) viennent alors renforcer le collège des archontes. Malgré l'amplification de la crise, le monopole
économique et politique des grandes familles athéniennes, les Eupatrides, n'est cependant en rien attaqué, les
archontes (dirigeant collégialement la cité) étant toujours tous issus de ces milieux . Deux modèles résolvant ce
problème émergèrent en Grèce au VI
e
siècle :
soit l'arbitrage d'un législateur, chargé, dans une sorte de consensus, de mettre fin à des
troubles qui risquent de dégénérer en guerre civile ;
soit la tyrannie, qui, dans l'évolution de la Grèce archaïque, apparaît bien souvent comme une
solution transitoire aux problèmes de la cité. Avec Solon, le législateur, puis avec les Pisistratides,
Athènes fera successivement l'expérience de l'une et de l'autre.
Réformes de Solon
Athènes est en pleine crise politique et sociale lorsque les adversaires se mettent d'accord pour choisir
Solon comme arbitre. Archonte de -594 à -593, législateur, auteur d’un code de lois, il aurait effacé les dettes,
interdit l’esclavage pour dettes et confirmé les lois draconiennes.
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Il a surtout effectué des réformes constitutionnelles qui lui valurent la réputation d'être la père de la
démocratie. Il existerait trois groupes socioéconomiques à Athènes alors : les aristocrates, ou Eupatrides
composés de propriétaires fonciers les plus riches, les gémoroi constitués des autres propriétaires fonciers et les
démiurges qui composaient le reste de la population vivant de leur salaire ou du commerce. Solon en tire quatre
classes censitaires basés sur la fortune. D'après le nombre de mesures de blé, de vin et d'huile que le citoyen
possède, le citoyen appartient à l'une des quatre « tribus » suivantes : les pentacosiomédimnes (qui possèdent
plus de 500 médimnes de céréales), les hippeis (plus de 300 médimnes), les zeugites (plus de 200 médimnes) et
les Thètes (moins de 200 médimnes). Les plus hautes magistratures ne seraient accessibles qu'aux plus hautes
classes, les Thètes n'auraient eu accès qu'à l'Ecclésia et aux tribunaux. L'accès aux charges passait par une
élection à l'Ecclésia toutefois. Aristote affirme qu'il aurait créé un deuxième Conseil de quatre-cent membres
raison de 100 par tribu) au fonctionnement probouleumatique mais aucune preuve de son existence n'a été
découverte à ce jour.
Ses réformes judiciaires furent les plus célèbres toutefois : il créa l'Héliée, un tribunal populaire ouvert à
tous où, chose nouvelle, chacun avait le droit d'intervenir en justice contre quiconque aurait enfreint les lois,
affirmant ainsi la responsabilité collective des citoyens.
Réformes de Clisthène
Organisation géographique de l'Attique
A travers sa forme de -508 Clisthène, eupatride membre d’une
des plus grandes familles d’Athènes, les Alcméonides, concéda au peuple
la participation non seulement aux décisions politiques mais aussi aux
fonctions politiques en échange de son soutien. Cette réforme repose sur la
organisation de l’espace civique. Les anciennes structures politiques
fones sur la richesse et les groupes familiaux furent remplacées par un
système de partition territoriale. Un citoyen athénien ne se finit
sormais plus que par son appartenance à un dème.
LAttique est divisé en trois ensembles : la ville (asty), la te
(paralie), et l’inrieur (mésogée). Dans chaque ensemble se trouvent dix
groupes de mes, nommés trittyes. La union de trois trittyes, une de
chaque ensemble, forme une tribu : il y a donc dix tribus. Ce système, sur
lequel se base la nouvelle organisation des institutions, casse la pratique du
clientélisme traditionnel. On parle d'isonomie.
Nouvelle organisation administrative et civique de l'Attique après la réforme de Clisthène
À la structure sociale et administrative hiérarchisée, :
Dème Trittye Tribu Cité,
Clisthène fait correspondre une structure hiérarchisée
du pouvoir :
Prytanes Boulè Ecclésia.
Juges Héliée Ecclésia.
La Boulè passe ainsi de 400 à 500 membres, 50 pour
chaque nouvelle tribu, et sert non plus à éclairer l'Aréopage
mais à définir l'ordre du jour de l'Ecclésia. Malgré la création
des tribunaux de l'Héliée, la mainmise sur le pouvoir judiciaire
de l'Aréopage reste prédominante.
La réforme ne retint pas le vote comme mode principal
de désignation des responsables politiques, lui préférant des
tirages au sort (pour la désignation des bouleutes et des
héliastes) et un système d'alternance régulière pour les prytanes,
ce qui fait, pour partie, de la démocratie athénienne une
stochocratie.
Réformes de Périclès
Vers le milieu du V
e
siècle av. J.-C. en 451 av. J.-C. Périclès mit en place une indemnité journalière de
présence au sein de l'Héliée et de la Boulê, ainsi qu'aux spectacles des Panathénées : c’est le misthos (« salaire »)
destiné à faire participer les citoyens les plus pauvres et les plus distants de la ville. Elle leur permettait de
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chômer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques. Le montant du misthos passa de deux à trois
oboles par jour sous Cléon, soit l'équivalent du faible salaire d'un ouvrier. Cette mesure renforça le caractère
démocratique du régime athénien.
Cependant, Périclès se distingua plus par ses actions militaires et diplomatiques ainsi que par les grands
chantiers qu'il leva que par sa rénovation des institutions politiques.
II. F
ONCTIONNEMENT DE LA DEMOCRATIE ATHENIENNE
La citoyenneté athénienne
Jusqu'en -451, pour être citoyen athénien, il faut être un homme de père athénien, et avoir suivi
l'éphébie de 18 à 20 ans, c’est-à-dire être capable de défendre la cité. L'éphébie est en effet une formation
militaire et civique qui permet à la cité d'assurer sa défense sans avoir d'armée permanente ; elle prémunit aussi
la ville des risques de tyrannie. En -451, riclès modifie la loi et accorde la citoyenneté à la seule condition
d'avoir un père citoyen et une mère fille de citoyen.
Les esclaves et les femmes considérés respectivement comme des biens et d'éternelles mineures, ainsi
que les métèques (étrangers) furent exclus de la communauté politique, comme dans la plupart des cités
grecques. Cependant, si un métèque non barbare (c’est-à-dire grec) accomplissait de hauts faits pour la cité, il
pouvait recevoir à titre exceptionnel et en remerciement de ses actions la citoyenneté athénienne, moyennant
finances. Une telle décision ne pouvait être prise qu'à la suite d'un vote de l'Ecclésia unissant 6000 citoyens.
Ces naturalisations sont donc très rares et solennelles.
La citoyenneté conférait un pouvoir politique, mais aussi une protection judiciaire (les citoyens ne
pouvant ni être torturés sans poursuite ni être condamnés à la torture) et un avantage économique : seuls les
citoyens pouvaient avoir une proprié foncière. Ce privilège s'explique par l'histoire de la démocratie
athénienne ; héritier d'un passé aristocratique, le régime considérait l'agriculture comme le seul travail digne d'un
citoyen, et valorisa la vie de rentier.
Le citoyen Athénien avait le droit de voter et d'être élu mais aussi il avait le devoir de faire la guerre,
payer les impôts, les riches devaient financer les pièces de théâtre : liturgies et les pauvres devaient être aidés
financièrement pour qu'ils puissent participer à
la vie de la cité.
Les institutions politiques
Répartition des pouvoirs politiques
dans l'Athènes démocratique au IV
e
siècle
Les institutions constitutives de la
démocratie athénienne nous sont connues
essentiellement grâce à la découverte inopinée,
à la fin du XIX
e
siècle apr. J.-C. d'une
Constitution d'Athènes attribuée à Aristote, et
à ses disciples du Lycée, et rédigée aux
environs de -330
1
. Bien que la démocratie
athénienne n'eut jamais de constitution écrite
officielle, les rôles de ses institutions n'en
demeuraient pas moins clairement connus et
distincts les uns des autres, leur évolution
faisait donc l'objet de subtiles luttes politiques.
L'Ecclésia
de citoyens qui se réunit sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois en général avec la présence de 6000
citoyens si l'on en croit Thucydide. Ces votes se font à main levée et à la majorité simple. N'importe quel citoyen
peut prendre la parole (isegoria) et proposer une motion. C’est le propre de la démocratie directe. Une fois votée,
la loi est exposée au public sur l'Agora. Selon un processus similaire, l'Ecclésia peut, pour se protéger de la
tyrannie, voter une fois par an le bannissement d'un citoyen, c'est l'ostracisme, le nom venant du morceau de
céramique (l'ostracon) sur lequel on inscrit le nom de la personne que l'on souhaite expulser. Cette réunion
annuelle s'effectue après celle pendant laquelle les magistrats bouleutes et héliastes sont tirés au sort pour des
mandats d'un an. Elle nécessite la présence de 6000 membres, c'est le fameux quorum 6000. Cette pratique
disparaîtra en -417, après avoir frappé une dizaine de grands hommes politiques athéniens.
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La Boulè
La Boulè est le nom générique de conseils dans différents régimes grecs orthographié parfois Boulê. À
Athènes, La Boulê était souvent appelée Conseil des Cinq Cents, car, à partir des réformes de Clisthène elle fut
composée de 500 membres (bouleutes) à raison de cinquante par tribu. Les bouleutes sont tirés au sort parmi des
listes dressées par chaque dème de citoyens volontaires âgés de plus de trente ans et renouvelés chaque année, un
citoyen ne pouvant être au maximum que 2 fois bouleutes. Cette assemblée siège de façon permanente. La
présidence et la coordination du travail sont assurées par les prytanes. Chaque tribu assure pendant un dixième
de l'année (35-36 jours) la prytanie, c'est-à-dire la permanence. Le principal travail de la Boulé est de recueillir
les propositions de loi présentées par les citoyens, puis de préparer les projets de loi pour pouvoir ensuite
convoquer l'Ecclésia. La Boulé siège au Bouleuterion, bâtiment contigu au Tholos sur l'agora.
Les magistrats
Ils détenaient le pouvoir exécutif, c’est-à-dire ils géraient les affaires courantes et veillaient à
l'application des lois. Parmi eux les 10 stratèges commandant l'armée et rééligibles élus, ainsi que les 9 archontes
(littéralement, les « commandeurs ») tirés au sort parmi les citoyens de l'Ecclésia, et formant l'équivalent de nos
gouvernements. Les magistrats doivent exercer leur pouvoir de manière collégiale et jamais de manière
individuelle. Les magistrats et les ambassadeurs sont contrôlés à la fin de leur mandat. C'est la reddition de
comptes. Cela permet aux Athéniens de contrôler efficacement les magistrats et d'éviter par la même occasion les
dérives tyranniques.
La dokimasia est l'examen préliminaire que subissent les futurs magistrats pour limiter les effets
malheureux du tirage au sort. Cet examen permet de vérifier que le candidat est bien citoyen, qu'il a bien l'âge
minimum requis, qu'il n'a jamais occupé le poste et qu'il en est digne. Il se déroule soit devant l'Ecclésia, soit
devant l'Héliée, soit devant les deux.
L'Aréopage
L'Aréopage est une institution politique, précédant l'avènement de la démocratie et aux origines
mythiques, qui eut pour but premier de « conserver les lois », c’est-à-dire de veiller au respect de la constitution,
et ayant à cette fin des pouvoirs judiciaires très étendus. Il est formé d'anciens archontes, c’est-à-dire d'anciens
nobles riches et puissants avant qu'ils ne fussent tirés au sort. C'est traditionnellement l'institution athénienne la
moins démocratique et la plus aristocratique. Elle tient son nom de la colline d’Arès siègent les aréopagites.
Son emplacement, hors de l’Agora qui est le cœur de la cité, a une forte symbolique : le crime n'a, littéralement,
pas le droit de cité.
Les réformes de Dracon permirent aux citoyens de former des recours auprès de l'Aréopage à l'encontre
de magistrats les ayant lésés dans l'exercice de leurs fonctions. Celles de Solon renforcèrent encore le pouvoir de
l'Aréopage, qui fît alors figure de conseil des Sages, protégeant la cité non seulement contre les menaces internes
(et prévenant ainsi - paradoxalement - les complots ourdis contre la démocratie) mais aussi les menaces externes.
À ce titre, l’Aréopage ne rendait compte de ses activités auprès d'aucune autre institution. Après les réformes de
Clisthène et les guerres médiques, le pouvoir détenu par l'Aréopage devient donc prépondérant. Éphialtès et
Thémistocle travaillèrent de concert pour réduire cette influence au profit de l'Ecclésia, de la Boulê, et des
nouveaux tribunaux de l'Héliée. Ainsi, après -462, l'Aréopage ne dispose plus de pouvoir politique mais fait
figure de vénérable institution jugeant les crimes de sang et ayant un rôle dans les affaires sacrées.
L'Héliée
Ce tribunal populaire était composé de 6000 citoyens, toujours âgé de plus de 30 ans et répartis en dix
classes de 500 citoyens (1000 restant en réserve) tirés au sort chaque année pour devenir héliastes. L'accusation
était toujours, en l'absence d'équivalent à nos « ministères publics », une initiative personnelle d'un citoyen.
Celui-ci percevant, en cas de condamnation, une partie de l'amende, pour indemnisation et récompense de ses
efforts pour la justice, certains citoyens firent de la délation leur métier, ce sont les sycophantes. Malgré des
mécanismes limitant les dérives de ce système, celui-ci contribua à diviser la cité et servit d'argument fort au
parti aristocratique contre le nouveau régime. Par un système compliqué et selon l'affaire, on désigne par tirage
au sort (sous contrôle d'un magistrat instructeur) un plus ou moins grand nombre d'héliastes pour chaque procès.
Ainsi, à titre d'exemple, pour un procès privé, 201 juges siégeaient normalement, 401 exceptionnellement. Pour
les procès publics, ils étaient 501, 1001, voire 1501 juges. La tâche de juger était d'autant plus difficile qu'il n'y
avait ni code de procédure, ni code pénal, offrant ainsi une grande liberté d'interprétation des lois (par ailleurs en
nombre réduit).
De plus les verdicts étaient sans appel et immédiatement exécutoires, on comprend dès lors l'important
rôle politique que les tribunaux de l'Héliée prirent. 200 réunions avaient lieu par an, chacune sous la présidence
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