la democratie athenienne

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La démocratie athénienne
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LA DEMOCRATIE ATHENIENNE
D’après Wilipedia etc.
La démocratie athénienne désigne le régime politique mis en place progressivement dans la cité
d'Athènes durant l'Antiquité et réputé pour être l'ancêtre des démocraties modernes. Le mot démocratie vient de
deux mots grecs : demos (le peuple) et kratos (le pouvoir).
Au VIe siècle av. J.-C. les cités du monde grec sont confrontées à une grave crise politique, résultant de
deux phénomènes concomitants : d'une part l'esclavage pour dettes, liant situation politique et situation
financière, touche un nombre grandissant de paysans non propriétaires terriens : l'inégalité politique et le
mécontentement sont forts dans le milieu rural ; d'autre part le développement de la monnaie et des échanges
commerciaux fait émerger une nouvelle classe sociale urbaine aisée, composée des artisans et armateurs, qui
revendique la fin du monopole des nobles sur la sphère politique. Pour répondre à cette double crise, de
nombreuses cités modifient radicalement leur organisation politique. À Athènes un ensemble de réformes
amorce un processus débouchant au Ve siècle sur l'apparition d'un régime politique inédit : la démocratie.
La cité
Athènes fut fondée formellement vers 800 av. J.-C. par le synœcisme de plusieurs villages,
partiellement préservés par l'invasion des Doriens. Le pluriel du mot « Athènes », d'après Thucydide, est une
trace des anciens villages qui fusionnèrent pour fonder la cité.
Le site fut choisi pour la forteresse naturelle que représente l'Acropole, les habitants purent résister aux
hordes de pillards qui terrorisaient la région, augmentant avec les années sa fortification. À partir de 510 av. J.C., cette fonction défensive est abandonnée, le lieu étant consacré aux cultes et notamment celui d'Athéna,
déesse protectrice d'Athènes. Des remparts encerclent à partir de 478 av. J.-C. la ville et son port, le Pirée. Rares
sont les bâtiments au-delà des quinze majestueuses portes, exception faite du populaire quartier du Céramique
dont la production inonde le monde grec entier, ainsi seuls quelques gymnases et écoles de philosophie
s'excentrent pour que leurs élèves profitent de la tranquillité et soient totalement isolés pendant les deux années
de leur éphébie.
L'agora devient le centre social et politique de la cité avec l'installation des institutions démocratiques
sur cette place. En été de nombreux débats houleux ou amicaux se tiennent à l'ombre du portique Sud et de la
Stoa Poikilè, on discute et philosophe en regardant les centaines d'étals emplis de victuailles et leurs marchands
qui s'égosillent pour appâter le client. L'hiver, ce sont les nombreuses salles situées en arrière qui sont envahies.
Des joutes oratoires d'un autre genre se déroulent sur la Pnyx, colline sur laquelle sont votées toutes les lois
athéniennes. La cité est donc le cœur de la démocratie.
Loin de ces ambiances festives plus ou moins décisives dans la direction de l'État, le monde rural vit
aussi. Les riches propriétaires n'ayant pas déserté la campagne pour la ville profitent, avec les régisseurs de ceux
partis, de la dolce vita faite de soleil, d'huile d'olive, et de belles esclaves pendant que se plient leurs autres
esclaves au dur labeur imposé par le climat aride de l'Attique.
Mieux lotis, les pêcheurs bordant le pourtour de l’Attique mangent à leur faim sans pour autant avoir
accès à l’état de grands propriétaires terriens nécessaire pour entrer dans les arcanes du pouvoir.
I. GENESE DE LA DEMOCRATIE
Les origines de la démocratie athénienne : la crise de la cité grecque
La démocratie trouve son origine dans la grave crise de la cité grecque et les mutations propres à Athènes.
Paupérisation rurale. Le commerce se développe, notamment avec l'apparition de la monnaie au VIe siècle , en
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provenance de la Lydie de Crésus, qui fut étroitement en contact avec les cités grecques avant sa défaite en -546 face
au perse Cyrus. Ce développement extraordinaire du commerce méditerranéen a deux conséquences :
D'une part les agriculteurs grecs sont peu compétitifs face à la concurrence de plus en plus vive des
terres fertiles de la Grande Grèce récemment colonisée. De plus en plus de paysans, incapables d'écouler
suffisamment leur production, sont condamnés à se vendre comme esclaves pour faire face à leurs dettes. Cette
main-d'œuvre servile est utilisée par les urbains et vient donc elle-même concurrencer les petits artisans
indépendants. Ces sujets peu fortunés, sur lesquels reposent une part croissante de l'économie, viennent grossir le
rang des chômeurs et manifestent leur mécontentement.
Révolution hoplitique : émergence d'une petite bourgeoisie
D'autre part, corrélativement à l'appauvrissement des masses paysannes, émerge une nouvelle classe de
sujets aisés, faite de commerçants et d'artisans (notamment potiers à Athènes). Ceux-ci sont dorénavant
suffisamment riches pour s’acheter des équipements d'hoplites : la guerre n’est plus l’apanage de l'aristocratie.
Le système aristocratique basé sur la propriété agraire est battu en brèche face aux revendications égalitaires de
ces nouveaux citoyens-soldats. On parle de révolution hoplitique.
Instabilité politique
Au sein de chaque cité les grandes familles s'appuient sur le mécontentement populaire (tant des
paysans appauvris que des nouveaux riches urbains) pour mieux se disputer le pouvoir. Elles n'hésitent pas non
plus à faire appel à des puissances extérieures pour renverser les tyrans. Ainsi, les cités se combattent
fréquemment entre elles, ce qui nourrit souvent les révoltes, par ailleurs durement réprimées. Mais les guerres
sont aussi parfois un facteur de cohésion interne des cités.
En outre, chaque cité grecque frappe désormais sa propre monnaie, forgeant ainsi une nouvelle
composante majeure de son identité. Au Ve siècle , les cités grecques ne frappent plus la monnaie irrégulièrement
et chacune appose un signe particulier sur la monnaie qu'elle frappe, l'épicène, qui permet de la reconnaître. Pour
la monnaie athénienne, c'est une chouette. Qu'elles retardent ou précipitent l'éclosion d'un nouveau régime, les
différentes mesures politiques (guerres, chutes de régime, répressions, levées ou baisses d'impôts, introductions
de monnaies) n'y pourront peu : la donne sociale a définitivement changé.
Partout la nouvelle configuration des rapports de forces sociales fait émerger une nouvelle donne
politique. Deux nouveaux modèles, appelés à s'opposer dans le siècle à venir, se distinguent par leur originalité :
l'oligarchie militaire spartiate et la démocratie athénienne.
Les réformes politiques
Il est important de comprendre qu'à l’opposé d'autres démocraties, comme les États-Unis ou la
République française, la démocratie athénienne ne naquit pas d’insurrections populaires mais de l'engagement de
politiciens pour assurer l'unité de la cité. Voici les quatre principales réformes que l'on distingue, ainsi que leurs
instigateurs :
Réformes de Dracon
Dracon est mandaté, en 621-620 avant J.C, pour mettre par écrit des lois ne s'appliquant qu'aux affaires
de meurtre et dont la dureté devait rester légendaire - d'où l'adjectif draconien. Mesure limitée qui, cependant,
affirme pour la première fois l'autorité de l'État au-dessus des parentés dans le domaine de la justice, instaure un
droit commun pour tous et, par là même, porte atteinte à l'arbitraire des aristocrates. Six thesmothètes (gardiens
de la loi écrite) viennent alors renforcer le collège des archontes. Malgré l'amplification de la crise, le monopole
économique et politique des grandes familles athéniennes, les Eupatrides, n'est cependant en rien attaqué, les
archontes (dirigeant collégialement la cité) étant toujours tous issus de ces milieux . Deux modèles résolvant ce
problème émergèrent en Grèce au VIe siècle :
•
soit l'arbitrage d'un législateur, chargé, dans une sorte de consensus, de mettre fin à des
troubles qui risquent de dégénérer en guerre civile ;
•
soit la tyrannie, qui, dans l'évolution de la Grèce archaïque, apparaît bien souvent comme une
solution transitoire aux problèmes de la cité. Avec Solon, le législateur, puis avec les Pisistratides,
Athènes fera successivement l'expérience de l'une et de l'autre.
Réformes de Solon
Athènes est en pleine crise politique et sociale lorsque les adversaires se mettent d'accord pour choisir
Solon comme arbitre. Archonte de -594 à -593, législateur, auteur d’un code de lois, il aurait effacé les dettes,
interdit l’esclavage pour dettes et confirmé les lois draconiennes.
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Il a surtout effectué des réformes constitutionnelles qui lui valurent la réputation d'être la père de la
démocratie. Il existerait trois groupes socioéconomiques à Athènes alors : les aristocrates, ou Eupatrides
composés de propriétaires fonciers les plus riches, les gémoroi constitués des autres propriétaires fonciers et les
démiurges qui composaient le reste de la population vivant de leur salaire ou du commerce. Solon en tire quatre
classes censitaires basés sur la fortune. D'après le nombre de mesures de blé, de vin et d'huile que le citoyen
possède, le citoyen appartient à l'une des quatre « tribus » suivantes : les pentacosiomédimnes (qui possèdent
plus de 500 médimnes de céréales), les hippeis (plus de 300 médimnes), les zeugites (plus de 200 médimnes) et
les Thètes (moins de 200 médimnes). Les plus hautes magistratures ne seraient accessibles qu'aux plus hautes
classes, les Thètes n'auraient eu accès qu'à l'Ecclésia et aux tribunaux. L'accès aux charges passait par une
élection à l'Ecclésia toutefois. Aristote affirme qu'il aurait créé un deuxième Conseil de quatre-cent membres (à
raison de 100 par tribu) au fonctionnement probouleumatique mais aucune preuve de son existence n'a été
découverte à ce jour.
Ses réformes judiciaires furent les plus célèbres toutefois : il créa l'Héliée, un tribunal populaire ouvert à
tous où, chose nouvelle, chacun avait le droit d'intervenir en justice contre quiconque aurait enfreint les lois,
affirmant ainsi la responsabilité collective des citoyens.
Réformes de Clisthène
Organisation géographique de l'Attique
A travers sa réforme de -508 Clisthène, eupatride membre d’une
des plus grandes familles d’Athènes, les Alcméonides, concéda au peuple
la participation non seulement aux décisions politiques mais aussi aux
fonctions politiques en échange de son soutien. Cette réforme repose sur la
réorganisation de l’espace civique. Les anciennes structures politiques
fondées sur la richesse et les groupes familiaux furent remplacées par un
système de répartition territoriale. Un citoyen athénien ne se définit
désormais plus que par son appartenance à un dème.
L’Attique est divisé en trois ensembles : la ville (asty), la côte
(paralie), et l’intérieur (mésogée). Dans chaque ensemble se trouvent dix
groupes de dèmes, nommés trittyes. La réunion de trois trittyes, une de
chaque ensemble, forme une tribu : il y a donc dix tribus. Ce système, sur
lequel se base la nouvelle organisation des institutions, casse la pratique du
clientélisme traditionnel. On parle d'isonomie.
Nouvelle organisation administrative et civique de l'Attique après la réforme de Clisthène
À la structure sociale et administrative hiérarchisée, :
Dème
Trittye
Tribu
Cité,
Clisthène fait correspondre une structure hiérarchisée
du pouvoir :
Prytanes
Juges
Boulè
Héliée
Ecclésia.
Ecclésia.
La Boulè passe ainsi de 400 à 500 membres, 50 pour
chaque nouvelle tribu, et sert non plus à éclairer l'Aréopage
mais à définir l'ordre du jour de l'Ecclésia. Malgré la création
des tribunaux de l'Héliée, la mainmise sur le pouvoir judiciaire
de l'Aréopage reste prédominante.
La réforme ne retint pas le vote comme mode principal
de désignation des responsables politiques, lui préférant des
tirages au sort (pour la désignation des bouleutes et des
héliastes) et un système d'alternance régulière pour les prytanes,
ce qui fait, pour partie, de la démocratie athénienne une
stochocratie.
Réformes de Périclès
Vers le milieu du Ve siècle av. J.-C. en 451 av. J.-C. Périclès mit en place une indemnité journalière de
présence au sein de l'Héliée et de la Boulê, ainsi qu'aux spectacles des Panathénées : c’est le misthos (« salaire »)
destiné à faire participer les citoyens les plus pauvres et les plus distants de la ville. Elle leur permettait de
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chômer un jour pour assurer leurs fonctions civiques et politiques. Le montant du misthos passa de deux à trois
oboles par jour sous Cléon, soit l'équivalent du faible salaire d'un ouvrier. Cette mesure renforça le caractère
démocratique du régime athénien.
Cependant, Périclès se distingua plus par ses actions militaires et diplomatiques ainsi que par les grands
chantiers qu'il leva que par sa rénovation des institutions politiques.
II. FONCTIONNEMENT DE LA DEMOCRATIE ATHENIENNE
La citoyenneté athénienne
Jusqu'en -451, pour être citoyen athénien, il faut être un homme né de père athénien, et avoir suivi
l'éphébie de 18 à 20 ans, c’est-à-dire être capable de défendre la cité. L'éphébie est en effet une formation
militaire et civique qui permet à la cité d'assurer sa défense sans avoir d'armée permanente ; elle prémunit aussi
la ville des risques de tyrannie. En -451, Périclès modifie la loi et accorde la citoyenneté à la seule condition
d'avoir un père citoyen et une mère fille de citoyen.
Les esclaves et les femmes considérés respectivement comme des biens et d'éternelles mineures, ainsi
que les métèques (étrangers) furent exclus de la communauté politique, comme dans la plupart des cités
grecques. Cependant, si un métèque non barbare (c’est-à-dire grec) accomplissait de hauts faits pour la cité, il
pouvait recevoir à titre exceptionnel et en remerciement de ses actions la citoyenneté athénienne, moyennant
finances. Une telle décision ne pouvait être prise qu'à la suite d'un vote de l'Ecclésia réunissant 6000 citoyens.
Ces naturalisations sont donc très rares et solennelles.
La citoyenneté conférait un pouvoir politique, mais aussi une protection judiciaire (les citoyens ne
pouvant ni être torturés sans poursuite ni être condamnés à la torture) et un avantage économique : seuls les
citoyens pouvaient avoir une propriété foncière. Ce privilège s'explique par l'histoire de la démocratie
athénienne ; héritier d'un passé aristocratique, le régime considérait l'agriculture comme le seul travail digne d'un
citoyen, et valorisa la vie de rentier.
Le citoyen Athénien avait le droit de voter et d'être élu mais aussi il avait le devoir de faire la guerre,
payer les impôts, les riches devaient financer les pièces de théâtre : liturgies et les pauvres devaient être aidés
financièrement pour qu'ils puissent participer à
la vie de la cité.
Les institutions politiques
Répartition des pouvoirs politiques
dans l'Athènes démocratique au IVe siècle
Les institutions constitutives de la
démocratie athénienne nous sont connues
essentiellement grâce à la découverte inopinée,
à la fin du XIXe siècle apr. J.-C. d'une
Constitution d'Athènes attribuée à Aristote, et
à ses disciples du Lycée, et rédigée aux
environs de -3301. Bien que la démocratie
athénienne n'eut jamais de constitution écrite
officielle, les rôles de ses institutions n'en
demeuraient pas moins clairement connus et
distincts les uns des autres, leur évolution
faisait donc l'objet de subtiles luttes politiques.
L'Ecclésia
de citoyens qui se réunit sur la colline de la Pnyx. Elle vote les lois en général avec la présence de 6000
citoyens si l'on en croit Thucydide. Ces votes se font à main levée et à la majorité simple. N'importe quel citoyen
peut prendre la parole (isegoria) et proposer une motion. C’est le propre de la démocratie directe. Une fois votée,
la loi est exposée au public sur l'Agora. Selon un processus similaire, l'Ecclésia peut, pour se protéger de la
tyrannie, voter une fois par an le bannissement d'un citoyen, c'est l'ostracisme, le nom venant du morceau de
céramique (l'ostracon) sur lequel on inscrit le nom de la personne que l'on souhaite expulser. Cette réunion
annuelle s'effectue après celle pendant laquelle les magistrats bouleutes et héliastes sont tirés au sort pour des
mandats d'un an. Elle nécessite la présence de 6000 membres, c'est le fameux quorum 6000. Cette pratique
disparaîtra en -417, après avoir frappé une dizaine de grands hommes politiques athéniens.
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La Boulè
La Boulè est le nom générique de conseils dans différents régimes grecs orthographié parfois Boulê. À
Athènes, La Boulê était souvent appelée Conseil des Cinq Cents, car, à partir des réformes de Clisthène elle fut
composée de 500 membres (bouleutes) à raison de cinquante par tribu. Les bouleutes sont tirés au sort parmi des
listes dressées par chaque dème de citoyens volontaires âgés de plus de trente ans et renouvelés chaque année, un
citoyen ne pouvant être au maximum que 2 fois bouleutes. Cette assemblée siège de façon permanente. La
présidence et la coordination du travail sont assurées par les prytanes. Chaque tribu assure pendant un dixième
de l'année (35-36 jours) la prytanie, c'est-à-dire la permanence. Le principal travail de la Boulé est de recueillir
les propositions de loi présentées par les citoyens, puis de préparer les projets de loi pour pouvoir ensuite
convoquer l'Ecclésia. La Boulé siège au Bouleuterion, bâtiment contigu au Tholos sur l'agora.
Les magistrats
Ils détenaient le pouvoir exécutif, c’est-à-dire ils géraient les affaires courantes et veillaient à
l'application des lois. Parmi eux les 10 stratèges commandant l'armée et rééligibles élus, ainsi que les 9 archontes
(littéralement, les « commandeurs ») tirés au sort parmi les citoyens de l'Ecclésia, et formant l'équivalent de nos
gouvernements. Les magistrats doivent exercer leur pouvoir de manière collégiale et jamais de manière
individuelle. Les magistrats et les ambassadeurs sont contrôlés à la fin de leur mandat. C'est la reddition de
comptes. Cela permet aux Athéniens de contrôler efficacement les magistrats et d'éviter par la même occasion les
dérives tyranniques.
La dokimasia est l'examen préliminaire que subissent les futurs magistrats pour limiter les effets
malheureux du tirage au sort. Cet examen permet de vérifier que le candidat est bien citoyen, qu'il a bien l'âge
minimum requis, qu'il n'a jamais occupé le poste et qu'il en est digne. Il se déroule soit devant l'Ecclésia, soit
devant l'Héliée, soit devant les deux.
L'Aréopage
L'Aréopage est une institution politique, précédant l'avènement de la démocratie et aux origines
mythiques, qui eut pour but premier de « conserver les lois », c’est-à-dire de veiller au respect de la constitution,
et ayant à cette fin des pouvoirs judiciaires très étendus. Il est formé d'anciens archontes, c’est-à-dire d'anciens
nobles riches et puissants avant qu'ils ne fussent tirés au sort. C'est traditionnellement l'institution athénienne la
moins démocratique et la plus aristocratique. Elle tient son nom de la colline d’Arès où siègent les aréopagites.
Son emplacement, hors de l’Agora qui est le cœur de la cité, a une forte symbolique : le crime n'a, littéralement,
pas le droit de cité.
Les réformes de Dracon permirent aux citoyens de former des recours auprès de l'Aréopage à l'encontre
de magistrats les ayant lésés dans l'exercice de leurs fonctions. Celles de Solon renforcèrent encore le pouvoir de
l'Aréopage, qui fît alors figure de conseil des Sages, protégeant la cité non seulement contre les menaces internes
(et prévenant ainsi - paradoxalement - les complots ourdis contre la démocratie) mais aussi les menaces externes.
À ce titre, l’Aréopage ne rendait compte de ses activités auprès d'aucune autre institution. Après les réformes de
Clisthène et les guerres médiques, le pouvoir détenu par l'Aréopage devient donc prépondérant. Éphialtès et
Thémistocle travaillèrent de concert pour réduire cette influence au profit de l'Ecclésia, de la Boulê, et des
nouveaux tribunaux de l'Héliée. Ainsi, après -462, l'Aréopage ne dispose plus de pouvoir politique mais fait
figure de vénérable institution jugeant les crimes de sang et ayant un rôle dans les affaires sacrées.
L'Héliée
Ce tribunal populaire était composé de 6000 citoyens, toujours âgé de plus de 30 ans et répartis en dix
classes de 500 citoyens (1000 restant en réserve) tirés au sort chaque année pour devenir héliastes. L'accusation
était toujours, en l'absence d'équivalent à nos « ministères publics », une initiative personnelle d'un citoyen.
Celui-ci percevant, en cas de condamnation, une partie de l'amende, pour indemnisation et récompense de ses
efforts pour la justice, certains citoyens firent de la délation leur métier, ce sont les sycophantes. Malgré des
mécanismes limitant les dérives de ce système, celui-ci contribua à diviser la cité et servit d'argument fort au
parti aristocratique contre le nouveau régime. Par un système compliqué et selon l'affaire, on désigne par tirage
au sort (sous contrôle d'un magistrat instructeur) un plus ou moins grand nombre d'héliastes pour chaque procès.
Ainsi, à titre d'exemple, pour un procès privé, 201 juges siégeaient normalement, 401 exceptionnellement. Pour
les procès publics, ils étaient 501, 1001, voire 1501 juges. La tâche de juger était d'autant plus difficile qu'il n'y
avait ni code de procédure, ni code pénal, offrant ainsi une grande liberté d'interprétation des lois (par ailleurs en
nombre réduit).
De plus les verdicts étaient sans appel et immédiatement exécutoires, on comprend dès lors l'important
rôle politique que les tribunaux de l'Héliée prirent. 200 réunions avaient lieu par an, chacune sous la présidence
La démocratie athénienne
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d'un magistrat qui ne prenait pas part au vote. Le tribunal des Ephètes (51 membres) fut celui qui a le plus
accaparé les prérogatives de l’Aréopage, il pouvait siéger en quatre endroits différents selon les types d'affaires :
•
au Prytaneion, ils jugeaient tout ce qui a pu amener mort d'hommes (objets, animaux) ;
•
au Palladion, ils jugeaient les meurtres involontaires, les métèques et les esclaves ;
•
au Delphinion, ils jugeaient la légitime défense ;
•
à Phréattys (sur une plage), ils jugeaient les bannis qui ont connu un meurtre dans leur
exil. L'accusé est alors sur une embarcation au large.
Équilibre et compétition entre l’Ecclésia et l’Héliée
Au cours du temps les tribunaux de l’Héliée ont pris le pas sur l'Ecclésia. En effet, en -416 la procédure
de graphè para nomon (ἡ γραφή παρά νόµων) (mise en accusation d'une loi) fut introduite, pour se substituer à
la pratique de l'ostracisme utilisée pour la dernière fois l'année précédente. Elle permet à n’importe quel citoyen
de faire examiner par un tribunal de l’Héliée toute loi ayant été voté par l’Ecclésia ou en cours de proposition par
l’Ecclésia. Si la cour juge la loi ou la proposition de loi contraire aux lois générales de la cité, non seulement elle
est annulée mais son auteur et l’épistate dirigeant les débats au moment de son adoption (ou proposition) sont
passibles de lourdes sanctions, allant jusqu’à l’atimie. Si le tribunal était appelé pour juger une loi en cours de
proposition et qu’il l’a déclaré compatible avec la Constitution, cela entraînait son adoption sans réexamen par
l’Ecclésia. Le graphè para nomon offre donc plus qu’un rôle de conseil constitutionnel à l’Héliée, rôle
auparavant détenu par l’Aréopage, l’Héliée devient au fil du temps un co-législateur, partageant le pouvoir
législatif avec la Boulê et l’Ecclésia. Résultat : à partir de -355 les luttes politiques ne se tiennent plus sur la
Pnyx, mais dans les « tribunaux ».
L'empire athénien à la veille de la guerre du
Péloponnèse
Les grandes crises : guerre du Péloponnèse et coups
d'État
L'année -430 marque le début du déclin
d'Athènes, la désastreuse lutte contre Sparte conjuguée à
une épidémie de fièvre typhoïde, fatale pour Périclès en 429, conduit inexorablement la cité désormais
démoralisée à sa perte. L'occupation par les troupes
spartiates aboutit au retour de la tyrannie en -411, avec le
coup d'État des Quatre-Cents, renversée dans un premier
temps puis revenant sous une nouvelle forme en -404
avec les « Trente tyrans ». Ceux-ci suppriment l'Héliée,
restaurent les prérogatives passées de l'Aréopage, et relèguent l'Ecclésia à un simple rôle consultatif, s'assurant
eux-mêmes les rênes du pouvoir. Ce régime, profondément réactionnaire et méprisant au plus haut point la
démocratie, ne survivra pas au départ de l'occupant spartiate au début de l’an -403.
IVe siècle av. J.-C. : une cité faible et un régime mis en doute
Au IVe siècle av. J.-C., la cité, puissance déchue, est considérablement appauvrie. L'empire athénien a
disparu, la démocratie athénienne n'est plus un modèle s'exportant. Toutefois, un renouveau de l'élan
démocratique souffle sur la cité, l'extension du misthos (jusqu'alors réservé aux héliastes et bouleutes) aux
citoyens se rendant à l'Ecclésia, provoque un afflux d'urbains de tous milieux (nobles, petits et grands
commerçants, potiers, et dockers) dans l'assemblée, dont la souveraineté ne sera plus remise en cause. Ce succès
populaire de la démocratie (qui est, rappelons-le, à l'origine une invention de politiciens aristocrates pour faire
face aux revendications d'une petite bourgeoisie naissante) est critiqué. Pour Aristophane, qui critiqua
notamment le passage à trois oboles du misthos sous Cléon dans sa pièce les Guêpes, mais aussi Aristote, les
pauvres, de plus en plus impliqués dans l'exercice du pouvoir, sont plus sensibles aux arguments des
démagogues. Ainsi la foule des citoyens, sous l'influence de la vindicte populaire, prend des décisions
irréfléchies comme la condamnation à mort de l'exemplaire Socrate, le populisme est né. Il n'est donc pas
étonnant que la critique intellectuelle de la démocratie apparaisse d'abord, sous une forme particulièrement
sévère, chez le principal disciple de Socrate : Platon. Celui-ci hiérarchise dans la République les régimes
politiques en plaçant la démocratie juste devant la tyrannie et derrière l'aristocratie, la timocratie, et l'oligarchie.
Ces critiques internes, bien qu'importantes sur le plan philosophique, ne rencontrèrent qu'un faible écho
dans la population. Ce fut la conquête de la Grèce entière par Philippe II de Macédoine, avec la défaite de
Chéronée en -338, que le vigilant Démosthène ne sut empêcher et qui se traduisit par la fin de l'indépendance des
La démocratie athénienne
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cités, et donc de tous les régimes préexistants, qui porta un coup fatal à la démocratie athénienne. Ses institutions
furent abolies en -322, seul la Boulè perdura, cantonnée à un rôle de « conseil municipal ».
Voir aussi
Bibliographie
•
Moses Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, Payot, coll. « Petite bibliothèque », 2003 (ISBN
2228897515).
• M. H. Hansen, La Démocratie athénienne à l'époque de Démosthène, Les Belles Lettres, coll. « Histoire », 2003
(ISBN 2251380248).
• Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif Flammarion, coll. « Champs », Paris, 1996 (ISBN
2080813498).
• Pascal Morisod, « D'Athènes à Berne, la voix du peuple... », dans Chronozones no 10 (2004), Lausanne
(ISSN 1422-5247).
• Claude Mossé :
o Histoire d'une démocratie : Athènes. Des origines à la conquête macédonienne, Seuil, coll. « Points
Histoire », 1971 (ISBN 2020006464),
o Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, Flammarion, coll. « Champs », 2000
(ISBN 2080814389).
• S. Price et O. Murray (s. dir.), La Cité grecque d'Homère à Alexandre, La Découverte, coll. « Textes à l'appui »,
1992 (ISBN 2707121770).
• Jacqueline de Romilly
o Problèmes de la démocratie grecque, Herman, coll. « Agora », 1998 (ISBN 2705657819),
o L'Élan démocratique dans l'Athènes ancienne, De Fallois Eds, 2005 (ISBN 2877065561).
• Edmond Lévy, La Grèce au Ve siècle, de Clisthène à Socrate, Seuil, collection «Points Histoire», 1995
• (en) R. Sinclair, Democracy and Participation in Athens, Cambridge University Press, 1988 (ISBN 0521423899).
Articles connexes
• Histoire de la Grèce antique
Liens externes
• La citoyenneté à Athènes, dossier du projet Musagora de l'Educnet
• Textes sur la société athénienne à l'époque classique
• Textes sur la pensée politique grecque
• Naissance de la démocratie, Département des programmes éducatifs du Ministère hellénique de la Culture
Notes
1. ↑ Aristote, Constitution d'Athènes [détail des éditions] [lire en ligne [archive]].
La Démocratieà Athènes 1
C'est en 507 avant J.C. qu'est née la démocratie dans la cité. Les grands principes de ce régime politique
(littéralement "gouvernement par et pour le peuple") n'ont aujourd'hui pas changés.
À l'époque, environ 40.000 personnes sur les 250.000 qui peuplaient l'Attique étaient des citoyens, c'est à dire
qu'il avaient plus de 20 ans, qu'ils étaient de sexe masculin, libres (non-esclaves) et nés de parents athéniens.
Ceux-là, et ceux-là seulement, avaient le privilège de siéger à "l'Ecclésia" (l'assemblée du peuple).
Comment étaient représentés tous les citoyens ?
C'est simple : chaque village s'appellait une dème. Une de ces dèmes pouvait se trouver dans trois
parties distinctes de l'Attique (région d'Athènes) : la partie "polis" (zone urbaine), la partie "paralia" (bord de
mer), et la partie "mesogeia" ("terre du milieu", entre le bord de mer et la ville). 100 de ces dèmes étaient
regroupées en 30 trytties. On formait alors 10 tribus, composée chacune d'un peu de paralia, d'un peu de
mesogeia et d'un peu de polis...ainsi toutes les catégories de citoyens étaient représentées.
Les débats
Chaque tribu élisait 50 représentants à l'Ecclésia : ils étaient nommés pour un an. Ensuite, chaque
dixième d'année, une tribu présidait la Boulè (conseil de l'Ecclésia : cette institution décidait des lois à lui
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© F. Oger
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soumettre ; elle comptait 500 membres). Cette permanence était appellée prytanie. Puis, chaque jour, un membre
de cette tribu était tiré au sort pour présider les débats : il devenait alors épistate.
La Boulè décidait des ordres du jour, puis les lois étaient discutées et votées par l'Ecclésia (à main levée). Le tout
se déroulait à l'agora d'Athènes ou sur la Pnyx, colline de la ville. Les textes légaux étaient affichés en ville :
ainsi, tout le monde pouvait en prendre connaissance.
Liturgies et mishtoï
Il y avait bien sûr de nombreuses différences de revenus entre les citoyens, car ceux-ci pouvaient aussi
bien être médecins qu'agriculteurs. Pour éviter que les richesses ne se répercutent sur la politique (car la
corruption existait déjà à cette époque), il a été mis en place un double système :
- les liturgies : les citoyens les plus riches devaient de temps à autre donner de l'argent à la cité, dans le
but d'armer une trière, ou de participer à la (coûteuse) construction d'un temple.
- les mishtoï : il s'agissait de subventions données par la cité aux petits commercants et aux agriculteurs
lorsqu'ils se rendaient à l'Agora afin d'exercer leurs pouvoirs democratiques. Ce qu'il ne gagnaient pas
dans la journée leur était ainsi "remboursé".
On peut néanmoins remarquer que les citoyens les plus riches qui ne travaillaient pas pour gagner leur
vie avaient bien plus de temps à consacrer à la politique ; ils étaient donc plus influents et plus puissants.
La justice
Il y avait à Athènes un tribunal du peuple, appellé l'Héliée. Il était composé de 5000 membres et de
1000 suppléants. Après un jugement, le verdict final était voté anonymement, puis affiché en place publique. Les
peines étaient notamment l'exil de la cité (à vie), et la mort par empoisonnement.
Devoirs du citoyen athénien
Un citoyen devait participer à la défense de son pays (jusqu'à 60 ans) et à l'éphébie lors de sa jeunesse,
de 18 à 20 ans. Ce "service militaire" de l'époque durait deux années : la première, le jeune homme effectuait une
tournée des grands sanctuaires ; ensuite, deux instructeurs, nommés par le peuple, apprenait à l'éphèbe à se servir
de diverses armes (arc, javelot...). La seconde année, ils recevaient de la cité un bouclier rond et une lance, puis
ils s'en allaient tenir garnison dans des forts aux frontières du territoire.
Après ces deux années de service, ils devenaient des citoyens à part entière et pouvaient exercer
pleinement leurs pouvoirs à l'Agora.
La devise de la cité d'Athènes :
Isonomia : égalité devant la loi.
Isegoria : égalité de la parole.
Isokrateïa : égalité des pouvoirs.
L'ostracisme
Chaque fois par an, lors d'une scéance spéciale, les membres de l'Ecclésia pouvaient, grâce à un vote,
choisir d'exiler d'Athènes pour dix ans la personne de leur choix. Ainsi fût banni de la cité Thémistocle, le
général vainqueur à Salamine.
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