Concours d’entrée en 4
ème
année IEPG – 22 mai 2008 – Dissertation – page 1/15
C
ONCOURS D
ENTREE EN
4EME
ANNEE
22
MAI
2008
Dissertation à partir d’un dossier documentaire
3 heures – Coefficient 1
Sujet :
En vous aidant des documents joints et de vos propres connaissances, vous exposerez les
arguments pouvant justifier la position que, selon vous, le gouvernement français devrait adopter
à l’égard d’un éventuel boycott des Jeux Olympiques de Pékin.
Documents :
- n°1 Reporters Sans Frontières, Six mois avant les Jeux olympiques, la répression
continue
- n°2 Cyriel Martin et Manuel Silveira da Cunha, Boycott des JO de Pékin : les pour et les
contre
- n°3 Le Monde.fr, Nouvelles manifestations en Chine contre la France.
- n°4 Alain Gresh, Tibet – Palestine
- n°5 Heike Schmidt, Chine / UE. La délicate mission des émissaires européens en Chine
- n°6 Benjamin Neumann, L'impossible boycott des produits chinois
- n°7 Pascal Boniface, Le sport, c’est la guerre. Géopolitique des jeux olympiques.
- n°8 Martine Bulard, Chine–Tibet, des identités communes
- n°9 Jean-Louis Legalery, Brève histoire du boycott
Concours d’entrée en 4
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année IEPG – 22 mai 2008 – Dissertation – page 2/15
Dossier documentaire
Document n°1
Reporters Sans Frontières, Six mois avant les Jeux olympiques, la répression continue
Le 13 juillet 2001, le Comité olympique international (CIO) attribuait l’organisation des Jeux olympiques
d’été de 2008 à Pékin. Parallèlement, la police chinoise intensifiait la répression contre les éléments
subversifs de la société, notamment les internautes et les journalistes. Six ans plus tard, rien n’a changé. Et
malgré cette absence de progrès significatifs en matière de liberté d’expression et de droits de l’homme en
Chine, les membres du CIO restent sourds aux appels répétés des organisations internationales qui dénoncent
l’ampleur de la répression.
Reporters sans frontières s’est prononcée, dès le début, contre l’attribution des JO à Pékin. Six mois avant la
cérémonie d’ouverture, l’organisation rappelle que les médias et Internet sont toujours vus par le
gouvernement chinois comme l’un des secteurs stratégiques à ne pas abandonner aux "forces hostiles"
dénoncées par le président Hu Jintao. Le Département de la publicité, celui de la sécurité publique et la
cyberpolice, bastions des conservateurs, sont chargés de faire scrupuleusement appliquer la censure.
Une trentaine de journalistes et une cinquantaine d’internautes sont actuellement emprisonnés en Chine.
Certains depuis les années 1980. Le gouvernement bloque des milliers de sites Internet d’informations. Les
programmes en chinois, tibétain et ouïghour d’une dizaine de radios internationales sont brouillés. Après les
sites Internet et les forums de discussion, les autorités se concentrent désormais sur les blogs et les sites
permettant l’échange de vidéos. Les outils de blogs du pays incluent tous des filtres qui bloquent les mots
clefs jugés "subversifs" par les censeurs. La loi sanctionne lourdement la "divulgation de secrets d’Etat", la
"subversion" et la "diffamation", autant d’accusations régulièrement utilisées pour faire taire les voix les plus
critiques. Bien que les mesures encadrant le travail des journalistes étrangers aient été assouplies, il est
toujours impossible pour les médias internationaux d’employer des journalistes chinois, ou de se déplacer
librement au Tibet et au Xinjiang.
Des promesses jamais tenues
Pour obtenir l’organisation des JO, les autorités chinoises ont promis au CIO et à la communauté
internationale des améliorations concrètes dans le domaine des droits de l’homme. Mais une fois la victoire
acquise, le ton a changé. Le vice-Premier ministre de l’époque Li Lanqing a, par exemple, affirmé, quatre
jours après le vote du CIO, en 2001, que la "victoire olympique de la Chine" devait inciter le pays à préserver
sa "vie saine" en luttant notamment contre le mouvement spirituel Falungong qui a "attisé l’insécurité". Au
moins cent adeptes du Falungong sont morts en détention depuis l’interdiction du mouvement et plusieurs
milliers d’autres sont emprisonnés.
Un peu plus tard, c’était au tour de Hu Jintao, le vice-président chinois de l’époque et actuel président,
d’affirmer qu’après le "triomphe" de Pékin, il était "primordial de lutter sans équivoque contre les activités
séparatistes orchestrées par le dalaï-lama et les forces antichinoises dans le monde". Dans l’ouest du pays, où
vit une forte minorité musulmane, les autorités de la province du Xinjiang ont exécuté des Ouighours accusés
de "séparatisme".
Enfin, la police et la justice ont reçu l’ordre de poursuivre la campagne "Frapper fort" contre la délinquance.
Plusieurs milliers de Chinois sont exécutés, chaque année, d’une balle dans la nuque ou d’une injection
létale, en public, parfois dans des stades.
Le CIO ne peut plus rester muet
Les gouvernements des Etats démocratiques qui espèrent encore que "les JO permettront d’améliorer la
situation des droits de l’homme en Chine" se trompent. Le "dialogue constructif" prôné par certains ne mène
à rien.
Au cours de ces sept dernières années, la répression envers les journalistes et les cyberdissidents n’a pas
diminué. Et tout laisse penser que cela va continuer. Le CIO a investi le régime chinois d’une tâche qu’il va
exécuter avec zèle : "organiser des JO sécurisés". Pour Pékin, cela signifie davantage d’arrestations de
dissidents, plus de censure et aucun mouvement de contestation sociale.
Il n’est pas question de gâcher la fête, ni de prendre en otages les JO. C’est la Chine, au contraire, qui a pris
en otages les Jeux et l’esprit olympique, avec la complicité du CIO. Le mouvement sportif mondial doit
maintenant donner de la voix pour que les Chinois néficient enfin des libertés qu’ils réclament depuis des
années. La Charte olympique stipule que le sport doit être mis "au service du développement harmonieux de
l’homme, en vue d’encourager l’établissement d’une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité
humaine". Les athlètes et les amateurs de sport ont le droit et le devoir de défendre cette Charte. Le CIO doit
faire preuve de courage et tout faire pour que les valeurs de l’olympisme ne soient pas allègrement bafouées
par les organisateurs chinois.
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Le CIO est aujourd’hui le mieux placé pour exiger du gouvernement chinois des gages de bonne volonté.
L’instance olympique doit exiger de Pékin que la situation des droits de l’homme s’améliore de manière
notable avant la cérémonie d’ouverture du 8 août 2008.
Et le CIO ne doit pas céder devant les intérêts économiques de tous ceux qui considèrent que la Chine est un
marché essentiel et que rien ne doit empêcher d’y faire des affaires.
Pas de Jeux olympiques sans démocratie !
Reporters sans frontières demande aux Comités nationaux olympiques, au CIO, aux athlètes, à tous les
amoureux du sport et aux défenseurs des droits de l’homme d’exprimer publiquement leur inquiétude face
aux innombrables violations de toutes les libertés fondamentales en Chine populaire.
Après la désignation de Pékin en 2001, Harry Wu, dissident chinois qui a passé dix-neuf ans dans les prisons
de son pays, a déclaré qu’il regrettait profondément que la Chine n’ait "pas l’honneur et la récompense
d’accueillir les Jeux olympiques en pays démocratique".
"Politiquement, une grave erreur ; humainement, une bassesse ; juridiquement, un crime." Le cri
d’indignation lancé par le dissident russe Vladimir Boukovski contre la tenue des JO à Moscou en 1980,
reste d’actualité en 2008.
Source : http://www.rsf.org/rubrique.php3?id_rubrique=171
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Document n°2
Boycott des JO de Pékin : les pour et les contre, Par Cyriel Martin et Manuel Silveira da Cunha
Pour le boycott :
Les politiques internationaux
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk et le président tchèque Vaclav Klaus sont les premiers dirigeants
à avoir officiellement annoncé leur intention de boycotter la cérémonie (Tusk) ou l'ensemble des Jeux
(Klaus). Le vice-Premier ministre et ministre des Finances belge, Didier Reynders, n'a pas franchi le pas,
mais n'a "pas exclu le pire" si la situation continuait de se dégrader au Tibet. Enfin, le président du Parlement
européen, l'Allemand Hans Gert Pöttering, a estimé "justifié" de prendre des "mesures de boycottage".
Ma Yong-Jeou, candidat du parti d'opposition Kuomintang et favori à l'élection présidentielle à Taïwan,
"n'écarte pas la possibilité de ne pas envoyer d'athlètes aux JO" si "la situation se dégrade". Le candidat a
appelé à faire pression sur la Chine pour que s'ouvrent des discussions avec le dalaï-lama.
Les politiques français : Yade, Royal, Lang...
Rama Yade, la secrétaire d'État chargée des Droits de l'homme, a réaffirmé dans une interview accordée au
Figaro que si la situation devait empirer au Tibet, elle se verrait mal assister "sans réagir" à l'inauguration
des JO de Pékin.
Ségolène Royal s'est prononcée en faveur d'une "menace de boycott" des JO, "pour que la Chine cesse
immédiatement la répression". Sur la même ligne, Jack Lang, ancien ministre socialiste de la Culture et de
l'Éducation. Comme lui, François Hollande, le premier secrétaire du PS, a indiqué qu'il fallait "évoquer
l'hypothèse" d'un boycott de la France aux JO, ajoutant qu'il fallait "utiliser toutes les armes et toutes les
pressions internationales".
Corinne Lepage, présidente du mouvement écologiste Cap 21 et membre fondateur du MoDem, s'est
déclarée favorable à un "boycott politique" de la cérémonie d'ouverture des JO et a réclamé que des
d'enquêtes indépendantes fassent la lumière sur les événements en cours au Tibet.
ONG : Reporters sans frontières et Human Rights Watch
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a demandé aux chefs d'État de boycotter l'ouverture des JO
pour protester "contre la répression au Tibet et les violations des droits de l'homme en Chine". Une position
également adoptée par l'organisation américaine Human Rights Watch, qui a appelé les dirigeants de la
planète à réfléchir "à deux fois" avant d'aller à Pékin pour les JO, écartant toutefois tout boycott sportif de
l'événement.
Les personnalités : BHL, Spielberg, Gere...
Le philosophe français Bernard-Henri Lévy, les acteurs américains Mia Farrow, Richard Gere ainsi le
réalisateur Steven Spielberg, qui devait participer à la mise en scène de la cérémonie d'ouverture, ont appelé
à boycotter les JO.
Contre le boycott :
Contre toute attente, l'ONG Amnesty International est "contre tous les boycottages, y compris celui des
cérémonies d'ouverture par les politiques", a déclaré mardi la coordinatrice pour la Chine au sein d'Amnesty
France, Claude Scolan. "Amnesty réclame aussi une enquête de l'Onu sur ce qui se passe au Tibet", a-t-elle
ajouté.
Les politiques français : Kouchner, Buffet, Badinter...
Si le président français Nicolas Sarkozy a déclaré que "toutes les options rest[-ai]ent ouvertes" , Bernard
Kouchner a précisé que la France ne soutenait pas l'idée du boycott de la cérémonie d'ouverture. Une idée
que le chef de la Diplomatie française juge malgré tout appréciable, car "moins négative qu'un boycott
général des Jeux", auquel la France est opposée. La ministre de la Culture, Christine Albanel, s'est déclarée
opposée à un éventuel boycottage des Jeux olympiques de Pékin préférant "mettre la Chine face à ses
responsabilités".
Le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé , a déclaré pour sa part qu'il n'était "pas
favorable à ce que l'on s'engage dans une logique de boycott des Jeux olympiques". "Je suis extrêmement
choqué par les images que nous avons vues et ce qui s'est passé au Tibet. Mais, personnellement, et je prends
mes responsabilités en le disant, je ne suis pas favorable à ce que l'on s'engage dans une logique de boycott
des Jeux olympiques", a-t-il dit dans les couloirs du Palais Bourbon.
François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, a indiqué de son côté que
"si le boycott des JO n'est pas une solution envisagée", il souhaite néanmoins "que les autorités européennes
fassent preuve d'autorité et obtiennent de la Chine des garanties fermes sur la fin des exactions et le respect
des droits des Tibétains". Le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale,
Axel Poniatowski (UMP), a souhaité que Paris "limite au strict minimum" sa présence à la cérémonie
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d'ouverture et a demandé "l'ouverture d'une enquête internationale sur les récents événements au Tibet". Le
député a insisté sur le fait que "les athlètes français doivent participer aux épreuves sportives".
L'ancien garde des Sceaux Robert Badinter (PS) a jugé ''irréaliste'' d'envisager de boycotter les JO, mais a
proposé que les athlètes arborent, durant la manifestation, des badges en faveur du peuple tibétain. Tout en
appelant la Chine à modifier son positionnement sur les "libertés et les droits humains", Marie-George
Buffet, secrétaire nationale du PCF et ancienne ministre des Sports, a insisté sur le fait qu'il ne fallait "pas
utiliser les JO qui sont une grande rencontre sportive universelle".
Les personnalités du monde sportif
Jacques Rogge, président du CIO, a déclaré ne pas redouter de boycott des JO, précisant qu'il présidait une
"association sportive et non politique". Ulrike Nasse-Meyfarth, double championne olympique allemande de
saut en hauteur (1972 et 1984), a peur de retrouver la situation du boycott olympique de 1980. "Car à
l'époque, on a vu déjà que cela ne servait à rien. Le sport devrait se tenir éloigné de la politique."
La triathlète suisse Magali Di Marco-Messmer, médaillée de bronze à Sydney, a fait remarquer : "Si Roger
Federer boycotte, cela aura peut-être un impact. Mais si je le fais moi, cela passera inaperçu."
L'Allemande Imke Duplitzer, vice-championne olympique en 2004 en épée par équipes, indique qu'il est
difficile pour les athlètes de boycotter cette manifestation : "On ne peut qu'y aller et serrer les poings, car
celui qui boycotte aura travaillé pendant quatre ans pour rien", tout en regrettant la décision du CIO d'avoir
confié l'organisation des Jeux à la Chine.
Les pays : les États-Unis, l'Australie, le Japon...
Le président américain George W. Bush a affirmé qu'il se rendrait à Pékin pour assister à des épreuves, et a
promis d'évoquer à cette occasion la question des droits de l'homme.
Tout en se refusant à appeler au boycott, le Japon a demandé à la Chine de faire preuve de transparence dans
sa gestion de la crise. L'Australie juge pour sa part que le boycott d'un tel événement ne porterait préjudice
qu'aux athlètes, tout en promettant que ces derniers seraient "libres d'exprimer leur point de vue". Le Canada
soutient pour sa part que "le fait d'utiliser les athlètes comme des pions est totalement déplacé. Les boycotts
précédents l'ont démontré".
La présidence slovène de l'Union européenne a averti que le boycott des JO serait "très dommageable au
sport". Quant au Comité olympique espagnol, il soutient que "grâce aux Jeux, le thème des droits de l'homme
en Chine va connaître une avancée gigantesque".
Source : Le Point.fr, vendredi 2 mai 2008
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