« Le Tibet vaincra » à Anjoutey
Le spectacle mise sur l’humour, l’ironie et la symbolique des objets. Pour dénoncer l’oppression chinoise sur les
Tibétains. Photo Elodie FOURNOT
Depuis neuf ans, l'association « Passeport tibétain » défend
les droits de ce peuple opprimé par les Chinois. Avec le
clown Bobof, elle a créé un spectacle contre les JO de Pékin.
BELFORT. - Les prochains Jeux Olympiques d'été se dérouleront à Beijing (Pékin), en 2008. Une décision vécue
comme un véritable affront par les Tibétains. « D'autant que les Chinois retiennent prisonnier l'innocent Panchen-
lama, depuis douze ans. Ils l'ont arrêté alors qu'il avait à peine 6 ans ! »
Parmi les associations qui défendent les droits de ce peuple opprimé, « Passeport tibétain ». Elle a été créée en 1998,
à Belfort par Fabrice Muccini, qui a épousé la cause tibétaine en même temps que Choekyi.
« Il y a quatre ans, lors de la réunion des associations pro-tibétaines, à Prague, on nous a demandé de dénoncer les
JO de 2008. C'est ainsi qu'est née l'idée de monter un spectacle. »
Depuis, elle a fait son chemin. Et « Peu gyalo » (« Le Tibet vaincra ») sera joué pour la première fois -et unique
pour le moment- à Anjoutey, ce samedi.
C'est sur la zone artisanale de la Noye que le clown Bobof a planté son chapiteau. Et relevé le difficile défi de
Patrice.
« Je suis adhérent de l'association depuis plusieurs années. Mais je voulais rester dans ce que je sais faire : le cirque
et l'art clownesque », explique Pascal Boffy.
Pour dénoncer les exactions des Chinois, les massacres, la terreur au quotidien, Bobof a volontairement choisi
l'humour et l'originalité.
Le spectacle, qui dure une heure et quart, est axé autour du parcours d'un moine tibétain, qui a été fusillé par les
Chinois. Comme le prône la philosophie bouddhiste, il se réincarne en un autre homme. Un Tibétain devenu clown,
qui gagne sa vie en vendant du pop-corn. Et doit aller aux JO de Pékin pour arrondir ses fins de mois.
Au milieu des casques militaires chinois, des dragons, du drapeau rouge frappé de l'étoile, le destin du Tibétain va
basculer, à la faveur d'un quiproquo.
« OEuvre éphémère »
Propulsé sur le devant de la scène sportive, sans l'avoir voulu. Faisant ainsi un pied-de-nez à ses bourreaux chinois,
le Tibet n'ayant évidemment pas droit de cité aux jeux olympiques.
Un scénario idéalisé, comme dans un rêve. Mêlant l'humour, la dérision, la symbolique et la suggestion pour faire
passer le message.
Car c'est grâce à sa force intérieure -son buddha- que ce Tibétain vaincra. « Notre spectacle est d'ailleurs dédié au
Dalaï-lama et nous aimerions vraiment le jouer devant lui, lors de l'un de ses passages en Europe », confie Pascal
Boffy.
Car si le spectacle est présenté en avant-première dans le Territoire, il s'expatriera ensuite, pour plaider la cause du
Tibet hors de nos frontières, et revenir ensuite à Belfort.
« Nous sommes conscients que nous dérangeons et qu'il est mal vu de critiquer la Chine. Nous avons autofinancé le
spectacle, qui représente un budget de 8.000 € », ajoute Patrice Muccini. « Autant que le cabinet dentaire que
l'association a créé à Dhondeling, au Sud de l'Inde. »
« Mais nous avons le soutien du bureau du Tibet, l'équivalent d'une ambassade, à Paris. Son secrétaire, Wangpo
Bashi sera d'ailleurs présent samedi, pour la représentation. »
« Cette oeuvre, de toute façon, sera éphémère », rappellent les deux compères, « elle n'aura de raison d'être que
jusqu'en août 2008, date de l'ouverture des JO... »