.1. Jeudi 6 octobre 2011 : « Au commencement était la Parole… » : Jésus le
Christ… Qui est-il ? D’où vient-il ?
- Textes : Jean 1 & 2.
1. Jean 1, 1-14 : « Le Prologue ».
- Introduction : Quelques remarques à propos de la Théologie
johannique.
Tout d’abord, on peut dire, pour résumer, que l’ensemble de la Théologie johannique est
avant tout une « Haute Christologie » centrée sur la révélation que le « Révélateur »,
l’Envoyé du Père, fait lui-même de sa propre personne avec l’utilisation du « Je Suis » /
Ego eimi, qui est le Nom même de Dieu tel quil a é révélé à Moïse au « buisson
ardent ». En présentant Jésus comme le « Logos » / le Verbe, l’auteur de lEvangile de
Jean affirme que le Logos, la Parole, le Verbe est une Personne. D’ailleurs il ne dit pas
« le Logos de Dieu », mais seulement et de façon absolue « le Logos ». Ainsi, lorsque
Jean identifie pleinement Jésus au « Logos », il ne nous propose pas une définition de
l’action du Verbe divin dans la personne de Jésus de Nazareth, il considère littéralement
que l’affirmation « Jésus est le Logos » définit la personne même de Jésus. Tous les
autres titres christologiques (Fils unique de Dieu, le seul engendré de Jean 1, 18, l’Agneau
de Dieu, Messie, Fils de l’homme, ...) ne servent chez Jean qu’à commenter celui-là.
- Rapport entre le Logos johannique et « la Parole créatrice » de Genèse
1.
Nous venons de voir l’importance du Logos dans la Théologie johannique. Ce titre
christologique qui fait la particularité de lEvangile selon Jean est bien sûr tiré directement
de l’Ancien Testament, des récits du Commencement, de Genèse 1. Dieu a créé l’Univers
par sa « Parole ». Sa Parole crée, organise le Chaos, mais se donne aussi comme Code
de Loi pour organiser le « vivre ensemble » avec le Décalogue d’Exode 20, ces « Dix
Paroles » données à Moïse sur le Sinaï. Ainsi, l’auteur du quatrième Evangile, s le
premier verset, nous renvoie à la toute première phrase de la Bible, « Au commencement,
Dieu créa les cieux et la terre » (Genèse 1, 1) : « Au commencement était la Parole, et la
Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1, 1). Cela signifie que le Logos
johannique identifie pleinement la Parole de Dieu qui a créé et organisé l’Univers. Mais à
la différence des récits de l’Ancien Testament, le Logos chez Jean n’est pas une
expression de l’action de Dieu dans la Création, un agir fruit d’une parole… mais, nous
l’avons vu plus haut, la Personne même de Jésus le Christ.
La Parole ainsi considérée n’est donc pas réduite à ce que Dieu exprime,
mais identifie pleinement la personne du Médiateur de la Création, présent dès le
commencement auprès de Dieu. En nous disant que cette Parole qui était auprès de Dieu
était Dieu, Jean ne fonde pas un système théologique construit autour d’une double
divinité (di-théisme), comme certains ont pu le croire, mais affirme que le Logos n’a pas
été créé et que comme Dieu il préexistait avant le Commencement. Pour le chrétien cela
revient à affirmer que c’est vraiment Dieu que l’on rencontre dans son vélateur, Jésus-
Christ, comme le rappelle ce passage de Jean 14, 6-7 : « Je Suis le Chemin, la Vérité, et
la Vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi
mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Que veut nous faire comprendre Jean en désignant Jésus par le « concept » de Logos ?
Tout d’abord, disons clairement que le sens de ces propos ne consiste pas en quelques
idées philosophiques sur « l’essence » de Dieu (une théologie), du monde (une
cosmologie) et de l’homme (une anthropologie). Pour l’auteur du quatrième Evangile, la
doctrine du Salut (la sotériologie) ne contient pas une cosmologie et une anthropologie
matérielles. Le Sens ici n’est autre que Jésus lui-même, « La Parole qui a été faite chair »
(Jean 1, 14), Une Parole fondée exclusivement sur sa Présence et qui ne peut être
enseignée ou apprise comme matière à connaissance, comme c’était le cas dans les
milieux philosophiques et gnostiques utilisant le concept de Logos (ici identifié à une
Sagesse à acquérir pour s’émanciper du monde de la matière). Dans la Tradition
johannique, c’est uniquement en recevant la Personne même du Verbe Créateur, qu’on a
le salut.
Notons aussi que, contrairement au Logos chez Philon d’Alexandrie ou dans la Gnose,
chez Jean le Verbe n’est ni une « créature » (Philon) ni un degré de « l’émanation divine »
dans le monde (Gnose), le Logos, comme l’indiquent les versets 3-5 du prologue, est à
l’origine même de la création du monde. Il est Dieu dans la mesure ou Dieu s’est fait
connaître au monde à travers Lui. Contrairement à ce que certains ont pu dire, il n’y a ici ni
di-théisme, ni une métaphysique abstraite ou compliquée. Ce que Jean déclare à propos
du Logos qui était près de Dieu, tout en étant Dieu, n’est pas de l’ordre d’une
Connaissance, c’est même tout le contraire d’une Gnose : c’est une Confession de Foi,
l’interprétation d’un Evénement central pour le chrétien, l’irruption dans le monde de la
Parole à travers la personne de Jésus le Christ, le Fils unique de Dieu, le seul engendré
(Jean 1, 14). Nous confessons ainsi que l’on ne peut rien dire de Dieu ou sur Dieu (=
établir une Théologie), en dehors de sa Parole, une Parole qui s’incarne dans le monde
car elle est depuis l’Origine pour le monde. C’est le Père, le Créateur lui-même, que l’on
contemple dans le Fils (cf. Jean 14, 6-7). Ainsi, la Théologie de Jean n’aboutit pas à une
doctrine sur Dieu, mais nous confronte à Dieu en personne, un Dieu incarné, venu à la
rencontre des hommes.
On trouve aussi les prémices de cette « Haute Christologie » (= Christ préexistant et pas
seulement Messie envoyé par Dieu) chez Paul (cf. Colossiens 1, 12-23), et dans ce texte
plus ancien que l’Evangile de Jean : l’Epître auxbreux. -
2. Jean 1, 15-28 : « Le Témoignage de Jean-Baptiste ».
Ce passage nous rapporte comment Jean le Baptiste a rendu son témoignage sur Jésus,
mais se limite au premier volet de son message, à savoir la façon dont Jean-Baptiste
conçoit sa mission prophétique. Après cela, l'Evangile de Jean proposera à ses lecteurs le
deuxième volet de ce témoignage, dans lequel Jean Baptiste parlera spécifiquement de
Jésus, qu'il définira alors comme « l'Agneau de Dieu », le « pré-existant », « celui sur qui
l'Esprit repose », et qui est « l'Elu de Dieu » (Jean 1, 29-34). Ici, nous voyons Jean-
Baptiste répondre successivement à deux questions qui lui sont explicitement posées sur
sa mission. Ce qui lui permet, d'abord, de déclarer qu'il n'est pas le « Messie », et que son
rôle ne correspond nullement à celui de figures que « la Tradition » attendait dans
la perspective de la fin des temps ou de la venue du Messie : sa présence ne réalise pas
le retour d'Elie, retour annoncé par le prophète Malachie (cf. Malachie, 3, 23-24) ; et n'a,
d'autre part, rien à voir avec l'apparition du « prophète comme Moïse » que Dieu devait
envoyer, selon le texte du Deutéronome 18, 15-18. En revanche, Jean-Baptiste s'identifie
à la voix qui crie dans le désert, renvoyant à la mission du 2ème prophète Esaïe, voix qui
clame qu'il faut aplanir les chemins du Seigneur. Comme c'était le cas de ce prophète
Esaïe, son rôle est donc de préparer un « avenir » que Dieu va réaliser, et d'en favoriser la
mise en oeuvre, en invitant ses auditeurs à s'y préparer dans leur propre existence.
En réponse, ensuite, à une 2ème question, lui demandant pourquoi il pratique un rite de
baptême sur les gens qui s'approchent de lui, Jean-Baptiste précise, toujours dans la
même logique de pensée, que son baptême dans les eaux du Jourdain n'est qu'une
démarche préalable de purification, un préliminaire à la rencontre de quelqu'un d'autre qui
va venir, quelqu'un qu'il ne nomme pas encore, mais dont il clare qu'il est infiniment
supérieur à lui, dans la mesure lui-même n'est pas digne d'en être l'esclave, quelqu'un
qui est déjà là, au milieu du peuple, sans pour autant s'être manifesté publiquement. Nous
le constatons : Jean le Baptiste est uniquement et totalement tourné vers un « Autre »,
Jésus le Christ, dont l'Evangile de Jean, comme tous les Evangiles, nous détaille
l'unique Bonne Nouvelle du salut de Dieu qu'il nous apporte. Dans l'interrogatoire qu'il
subit de la part des envoyés des chefs du peuple, Jean-Baptiste est questionné sur son
identification éventuelle à trois figures populaires liées à la fin des temps dans la Tradition
Juive : celle d'un « Messie » royal, fils de David, celle d'un « Nouveau Moïse », celle d'un
prophète, percutant dans sa parole et capable de miracles prodigieux, comme l'avait été le
prophète Elie, prophète non-écrivain, dont le ministère nous est raconté dans les deux
Livres des Rois. A noter que, d'une part, ces trois figures passaient également pour autant
d'aspects de la figure plus ou moins unique du Messie attendu, et que, d'autre part, Jésus
lui-même n'a jamais revendiqué explicitement ce titre de Messie, même s'il a accepté,
semble-t-il, mais avec beaucoup de réserves, qu'on le désigne ainsi. Il faut se rappeler
aussi que le prophète Elie, perçu en vision par Elisée, son disciple et successeur, comme
enlevé au ciel sur un char de feu (cf. 2 Rois 2, 11), était, en conséquence, considéré par la
tradition comme étant toujours vivant, et attendu comme devant revenir avant le Jour du
Seigneur (cf. Malachie, 3, 23-24). Comme Jean-Baptiste portait, un vêtement comparable
à celui d'Elie, on comprend qu’on lui ait été demans'il était Elie, ce à quoi il a pondu
négativement. Mais si Jean-Baptiste refuse tout aussi nettement d'être identifié au
« prophète comme Moïse » annoncé dans le Deutéronome, il apparaît que, selon Jean,
les foules aient, à l'occasion, identifié Jésus lui-même à ce prophète (cf. Jean 6, 14 ; 7, 40
et 52).
Le point commun entre Moïse, Elie, et Jean-Baptiste, est d’abord que tous les trois ont fait
l'expérience d'un parcours dans le désert. Quant au rôle de la « voix qui crie dans le
désert », comme l'avait fait le 2ème prophète Esaïe (même si son texte situe le sert
comme le lieu, non de la voix, mais de l'endroit où il faut aplanir une route pour le
Seigneur), rôle que s'attribue ici Jean-Baptiste, il s'agit bien, dans l'un et l'autre cas, d'une
mission de préparation. Chez Esaïe, (Es 40, 3), cette mission était de réaliser une route
dépourvue d'obstacles pour le retour des exilés de Babylone à Jérusalem. En s'exprimant
ainsi à son tour, Jean-Baptiste annonce qu'il prépare la venue de Dieu, ou de quelqu'un de
très associé à sa grandeur, au milieu de son peuple, ce qui indique un événement d'une
extrême importance, et pour lequel le peuple doit se préparer au mieux. Ce rôle précis de
Jean-Baptiste est présenté, de façon unanime, par les quatre Evangiles, mais, l'Evangile
de Jean, est le seul à nous apprendre que Jean le Baptiste se soit défini ainsi
personnellement, de façon directe, et en réponse à une question concernant son identité.
Dans ce contexte, la 2ème question, posée à Jean-Baptiste par des pharisiens qui faisaient
partie de la délégation de prêtres et de lévites envoyée par les autorités Juives, paraît
tout-à-fait logique. Pourquoi donc baptise-t-il, si son rôle n'est que d'être une voix qui crie
un message de conversion dans le désert ? Jean-Baptiste répond qu'il ne baptise que
dans l'eau et avec de l'eau, alors qu'il précisera, plus loin au verset 33 de ce même
chapitre, que Jésus baptisera dans l'Esprit Saint. Cette distinction claire et très affirmée
entre ces deux baptêmes est également commune aux quatre Evangiles, et se retrouve
dans le Livre des Actes (cf. Actes 19, 1-6), alors que chez les prophètes de l'Ancien
Testament, l'association de l'eau et de l'Esprit Saint était constante. De même, l'insistance
sur la grande supériorité de sus sur Jean-Baptiste est partagée par tous les Evangiles.
Mais l'Evangile de Jean est cependant le seul à nous fournir des précisions géographiques
sur l'endroit Jean baptisait (voir également Jean, 3, 23 et 10, 40). Certains y voient des
signes que la tradition rapportée sur Jean-Baptiste dans l'Evangile de Jean aurait été
indépendante de celle utilisée par les trois autres Evangiles Synoptiques.
3. Jean 1, 29-44 : « Le Baptême de Jésus ».
les trois Evangiles de Marc, Matthieu et Luc nous décrivent le baptême de Jésus et
la descente de l'Esprit sur lui, alors qu'il s'entend proclamer « Fils » par le Père (cf. Marc,
1, 11 ; Luc, 3, 22 ; Matthieu, 3, 17), nous entendons ici dans cet Evangile de Jean un
double témoignage donné par Jean-Baptiste devant Israël :
Jésus est « l'Agneau de Dieu », qui vient derrière Jean-Baptiste alors qu'il était avant lui ;
Jésus est « le Fils de Dieu », parce que Jean-Baptiste a vu descendre l'Esprit de Dieu sur
Jésus, selon ce que Dieu lui-même lui avait indiqué par avance, et que, de ce fait, Jésus
est bien celui qui baptise dans l'Esprit Saint.
Le contraste est déjà fortement manifesté ici entre le baptême de Jean, baptême d'eau
pour que Jésus puisse être révélé par Jean à Israël, et le baptême dans l'Esprit Saint, que
seul peut donner Jésus.
Jésus est proclamé par Jean « l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». On a
remarqué que l'Evangile de Jean ne fait pas de la rémission des péchés le premier objectif
de la mort de Jésus sur la croix. Cependant, l'image desus comme « Agneau de Dieu »
représente une association de deux images : celle du « Serviteur souffrant » du 2ème
Esaïe (cf. Esaïe 52, 13 - 53, 12), conduit comme un agneau à l'abattoir (Es 53, 7), et
porteur de nos péchés (Es 53, 4) ;
celle de la mort de Jésus comme immolation du véritable agneau pascal, achevant en sa
personne la Pâque Juive célébrée par Israël, en mémorial de la sortie d'Egypte (Jean, 19,
31-36 et 1 Corinthiens 5, 7). En effet, dans l'Evangile de Jean, si Jésus meurt le même
jour que dans les autres Evangiles, c'est-à-dire le Vendredi, il meurt avant, et non pas
après, la célébration de la Pâque Juive, et, précisément, à l'heure l'on commence
l'immolation, dans le Temple de rusalem, des agneaux qui vont servir justement à la
célébration de la Pâque, qui, pour Jean, a lieu un jour plus tard que dans les trois autres
Evangiles.
C'est bien Jean-Baptiste qui est ici moin de la descente de l'Esprit sur Jésus, selon une
tradition différente de celle des trois autres Evangiles, dans lesquels c'est sus qui, dans
une vision, découvre que l'Esprit descend sur lui. D'autre part, l'Esprit nous est dit
« demeurer » sur Jésus. Le verbe « demeurer » est un terme très souvent employé dans
l'Evangile de Jean, signifiant la relation spécifique et permanente du Père et du Fils, ainsi
que la relation permanente entre le Fils et les croyants, d'autre part. Ici l'Esprit
« demeure » sur Jésus, Jésus que la suite de l'Evangile va nous montrer comme
dispensateur de l'Esprit (cf. Jean 3, 5 et 34 ; 7, 38-39 ; 20, 22). Au verset 34, une variante
dans les manuscrits propose « l'Elu de Dieu » au lieu et place de « Fils de Dieu ».
Cependant, la plupart des exégètes lisent ici « Fils de Dieu », selon une plus grande
conformité avec la tradition « Johannique », dans laquelle furent composés cet Evangile et
les Lettres de Jean. Nous avons ici le début de tout un ensemble de « titres » concernant
Jésus, qui est proclamé dans le Prologue comme étant : « Lumière », « Verbe de Dieu fait
chair », « Fils qui est dans le sein du Père ». Ici, Jésus nous est désigné par Jean-
Baptiste comme « l'Agneau de Dieu », « Celui qui baptise dans l'Esprit Saint », « le Fils de
Dieu ». A mesure que les premiers disciples, ceux de Jean-Baptiste, vont découvrir
Jésus, la série de titres va continuer : « Rabbi », « Messie », « Celui de qui il est écrit dans
la Loi et les Prophètes » (c'est-à-dire pratiquement dans quasi toute la Bible), « Fils de
Dieu », « roi d'Israël », avant que Jésus parle finalement de lui-même comme étant le
« Fils de l'homme », en Jean 1, 51.
4. Jean 2, 1-11 : « Les noces de Cana ».
Au niveau littéral, si on lit attentivement le récit des noces de Cana, plusieurs détails sont
frappants, et d’abord cette histoire de vin qui manque. Pour un premier signe de Jésus,
n’attendrait-on pas plutôt quelque chose de vital : le pain, l’eau, la santé, la vie ? Le
manque de vin ne menace aucunement la survie des convives, ni même leur soif possible,
puisqu’il y a de l’eau. En revanche il menace peut-être leur joie, si l’on se souvient bien
que le vin réjouit le cœur de l’homme.
Il ne menace pas la vie, mais il menace la fête. Il menace l« euphorie » permise, voire
offerte, et même prescrite aux convives d’une noce villageoise. Et donc il menace la
réputation d’un hôte qui n’a pas su prévoir avec suffisamment de générosité la quantité de
vin nécessaire. Et quand on sait l’importance que revêt l’hospitalité en Orient, la cause est
grave. On comprend alors que la mère de Jésus, attentive et compatissante, puisse s’en
émouvoir. Il y a nécessité que quelque chose se passe, suggère-t-elle à Jésus. Rien qu’au
niveau littéral, on voit donc que la nécessité ne relève pas du seul besoin physique et
matériel, mais également de l’ordre social et culturel, voire religieux. A Cana, pour que
la noce soit vraiment une noce, il faut du vin. Mais ce récit, qui est devenu d'une
importance capitale dans le dialogue œcuménique à cause de la place de Marie, entend
essentiellement nous rappeler quel fut, d'après Jean, le premier des sept signes accomplis
durant son ministère par Jésus, et que l'évangéliste a voulu nous rapporter (v. 11). On
s'approche ici de la fête de la Pâque. Il est certain que Jésus a alors décidé de faire « un
signe », même s'il sait que les gens vont souvent s'arrêter au signe, sans voir ce qu'il
désigne (2, 23-25) ; un grand signe qui indiquera partiellement le mystère de sa personne
et de son ministère. Ce qu'il fera quand même, après Cana, en nettoyant le Temple de
tous ses trafics, comme pour la Pâque on nettoyait toutes les maisons (2, 13ss), puis en
annonçant qu'il est le vrai Temple qui sera édifié par sa Résurrection (2, 19ss). En
attendant de « manifester » celui qu'il est, il se rend très amicalement à une noce, car il ne
boude pas la vie humaine ni les joies simples que Dieu accorde aux humains. Et, est-ce
la soif inextinguible des invités ou la pingrerie du maître de maison, toujours est-il que le
vin manque ! La mère de Jésus, qui n'est pas sans savoir ce qui a été dit de son fils,
pense à lui pour pallier ce manque ridicule (pour celui qui reçoit les invités). Inutile de
préciser que Jésus n'avait vraiment pas prévu que son premier signe devrait être de...
changer de l'eau en vin. Il avait certainement pensé à un signe plus frappant, et plus
explicite sur sa mission. C'est pourquoi il rabroue vraiment sa mère quand elle lui
demande ce signe dérisoire (il était facile d'envoyer les disciples qui sont : v. 2, chez le
premier épicier du coin) ; la phrase « Qu'y a-t-il de toi à moi ? » = « Qu'est-ce que nous en
avons à faire ? » ou « Que veux-tu que cela me fasse ? »… Mais comme sa mère repart
persuadée que son fils fera quand même quelque chose, car il se préoccupe des
moindres de leurs besoins, Jésus alors s'interroge et comprend qu'il doit accomplir ce petit
signe dérisoire. Jésus y montre surtout qu'il sait écouter. Jésus a donc accepté de se
laisser enseigner par des femmes ; ce n'est pas le moindre miracle de ces textes. Bien
entendu, les traits symboliques de ce passage : tout d’abord, « la noce », qui se réfère à
l’Alliance de Dieu avec son peuple ; puis la supériorité de la seconde Alliance (le vin du
miracle) sur la premre (v. 10) ; les six jarres d'eau rituelle (6 chiffre du non-
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