GODEFROID DE BOUILLON,
CHRONIQUES ET LÉGENDES
DU TEMPS DES DEUX PREMIÈRES CROISADES
1095 1180,
PAR
JACQUES COLLIN DE PLANCY.
VIGNETTES PAR J. COOMANS
GRAVÉES À LÉCOLE ROYALE DE BRUXELLES
Nouvelle édition
à partir de celle de 1842
Éditions Saint-Remi
– 2010 –
DU MÊME AUTEUR AUX ÉDITIONS SAINT-REMI
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LÉGENDES INFERNALES, relations et pactes
des hôtes de l'enfer avec l'espèce humaine............................. 330 p., 20 €
Comme il était difficile de classer méthodiquement ces légendes et de les lier
par des considérations qui eussent pu ennuyer le lecteur, nous nous sommes
privé de transitions, et dans les réflexions qui naissaient de ces singuliers récits,
nous avons été sobre. On verra donc quelquefois le diable impuissant et
bafoué à la suite du diable triomphant, et la légende sérieuse précéder ou suivre
la légende qui tient du conte. Car tout n'est pas vrai dans cette galerie, et
pourtant il y a bien plus de vrai que ne le croiront la plupart des lecteurs
LÉGENDES DES CROISADES ............................................... 313 p., 20 €
Le mot "légende" signifie ici, "qui doit-être lu", et non œuvre de l'imagination.
« Les croisades ont été très-diversement appréciées, dit le P. Terwecoren dans
ses Précis historiques. Il faut attribuer la cause de ces divergences d’opinions
aux changements survenus graduellement dans l’étude de l’histoire, à la
mauvaise foi des protestants et des ennemis de Rome dans les discussions
historiques, à l’empire des préjugés répandus de toutes parts contre l’action de
l’Église. » Ce bel ouvrage illustré de plusieurs gravures, nous montre la vérité
sur les Croisades.
LÉGENDES DE LA SAINTE VIERGE ................................ 328 p., 20 €
Non pas que nous prétendions soutenir comme incontestables toutes ces
narrations. Il y en a probablement quelques-unes qui ne se sont pas transmises
sans s'altérer ou s'embellir. Mais après cet avertissement, nous croyons pouvoir
en sûreté de conscience les offrir aux lecteurs que n'effarouche pas trop
l'ap¬parence du merveilleux. Sans donner à celles de ces légendes qui reposent
sur de trop frêles autorités plus de créance qu'elles n'en comportent, les cœurs
chrétiens y trouveront quelque charme et aussi quelque instruction.
Éditions Saint-Remi
BP 80 – 33410 CADILLAC
05 56 76 73 38
www.saint-remi.fr
AVANT-PROPOS
L n’y a pas longtemps encore qu’il était de mode de se
moquer des Croisades. Les raisonneurs, qui ne voyaient qu’à
leur superficie ces grands pèlerinages militaires, auraient pu les
épargner, d’abord pour la teinte noble et poétique qui les
entoure ; ils auraient pu considérer ensuite que, si les Croisades
n’avaient pas achevé ce que Charles Martel avait commencé dans
les plaines de Tours, si les étendards chrétiens n’eussent pas
inspiré quelque effroi aux bannières infidèles, les Turcs, qui ne
prirent Constantinople qu’au quinzième siècle, s’en fussent
emparés au douzième ; les Sarrasins, que deux cents ans de
combats retinrent en Asie, fussent venus alors, avec plus de
succès qu’au huitième siècle, envahir l’Europe divisée en mille
petites principautés désunies.
On pourrait parler aussi du commerce, dont la renaissance
remonte aux Croisades, des arts, qui nous revinrent de l’Orient,
des inventions que les Croisés apportèrent, de la liberté qui se
retrempa dans les camps. On ajouterait même, sans craindre de se
heurter à des contradicteurs bien solides, qu’il était beau de
rétablir la foi aux saints lieux où elle est née, qu’il était doux de
penser que Jérusalem était chrétienne, et que nous avions des
frères qui priaient pour nous sur le tombeau de Jésus-Christ ; que
nous avions des parents ou des compatriotes à Bethléem, à
Nazareth, au Thabor, au mont Sinaï, aux rives du Jourdain ; que
la terre consacrée par nos mystères révérés n’était pas souillée
tous les jours des profanations de l’Islamisme ; que le mont des
Oliviers ne donnait ses ombrages qu’à des chrétiens et que nous
pouvions, avant le jugement dernier, aller tomber devant Dieu
dans la vallée de Josaphat.
Oh ! si la Palestine fût restée soumise à la Croix, qu’elle serait
différente de ce qu’elle apparaît, triste et désolée, aux voyageurs
qui entreprennent le saint pèlerinage. La seule contrée de cette
patrie auguste de l’Homme-Dieu qui soit habitée par des enfants
I
AVANT PROPOS 4
du Christ, le Liban, offre une population forte et nombreuse ; le
reste ne présente que des ruines ou des déserts. On lit avec
douleur, dans les récents voyages, cette peinture de Césarée qui
attend des habitants dans ses murailles et qui n’a pour hôtes que
des chacals et des serpents. On voit la plaintive Jérusalem dévorée
par la peste, cette compagne persévérante des Musulmans. On
cherche l’opulente terre d’Israël ; et comme la Grèce moderne sur
laquelle le Croissant a aussi passé, on ne trouve que des souvenirs
et des regrets.
Oh ! malgré les rêveries systématiques des philosophes,
anathème aux Turcs, ces sauvages de la civilisation ! Anathème
aux Arabes, ces brigands que le progrès ne peut atteindre !
Anathème à l’Islamisme ; cette religion menteuse qui traite les
hommes avec tant de mépris et ne sait que les rendre stupides ou
féroces !
N’avez-vous pas applaudi à cette noble campagne de 1830 qui
conquit Alger et nous ramena avec éclat un chapitre des
Croisades ? Et ne gémissez-vous pas de la froideur que montrent
à ce sujet les chrétiens de l’Europe, comme s’ils oubliaient que la
foi seule civilise ?
Si les rois de l’Europe, renonçant enfin à cet appareil
menaçant qu’ils se plaisent à étaler l’un contre l’autre, voulaient
dans une pensée loyale utiliser leurs vastes armées et réjouir les
jeunes têtes chaudes qui demandent la guerre, croyez-vous que ce
ne serait pas aussi un grand et bel exploit que d’aller reprendre la
Terre-Sainte ? Toutes les fatigues immenses qui ont accablé nos
pères seraient maintenant évitées. La conquête serait facile, la
régénération aisée. Un royaume chrétien, rétabli dans les lieux où
Dieu s’est manifesté tant de fois, serait une haute allégresse pour
les cendres des Croisés, une fête pour les âmes pieuses, une
grande splendeur pour les braves, et s’il faut ajouter quelque
encouragement matériel, une vaste ressource pour le commerce.
Mais ce qui est grand ne touche, parmi les hommes du monde,
que les artistes et les poètes ; et (je ne sais s’il faut s’en féliciter ou
s’en plaindre) ce sont d’autres gens qui conduisent les choses
d’ici-bas.
I
LE SIÈGE DE ROME.
Taisez-vous sur cette victoire,
Tâchez d’en étouffer l’histoire ;
Car un jour, vous en rougirez.
P. NÉLIS
ANS les guerres obstinées que l’empereur Henri
IV fit à Grégoire VII, à ce grand pape, en qui
les Protestants mêmes, depuis les savantes
recherches de Voigt, reconnaissent aujourd’hui
le sauveur de l’Europe et de la civilisation au
onzième siècle, — on remarquait deux guerriers
du Nord, unis par l’affection, par le courage et par le mérite. Tous
deux étaient pieux, loyaux chrétiens, hommes de cœur et de
droiture. Mais, ayant prêté serment à l’empereur Henri, leur
suzerain, ils ne pouvaient se décider à croire aux forfaits sans
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