1 – Pour goûter le Psaume
Ce psaume est l'un des plus beaux et des plus passionnés des chants des
Montées ou cantiques des Degrés
. Il s'agit d’une célébration vivante et intense
à Jérusalem, la ville sainte vers laquelle les pèlerins montent. Le psalmiste
entraine le lecteur à vivre le pèlerinage effectué par tout Juif et par le Christ lui-
même qui montera à Jérusalem chaque année de sa vie jusqu’à l’ultime montée
vers sa passion. Le psaume se développe en trois parties :
Versets 1 et 2 : l’expérience du pèlerinage à Jérusalem.
Quel pèlerin arrivant à Jérusalem n’a pas ressenti avec intensité la joie et
l’émerveillement de voir surgir ses remparts magnifiques du haut du Mont des
Oliviers ! A l'ouverture du psaume se fondent ensemble deux moments vécus
par le pèlerin : celui du jour où il accueillit l'invitation à « aller à la maison du
Seigneur » (v. 1) et celui de l'arrivée joyeuse aux « portes » de Jérusalem (v. 2).
A présent, les pieds foulent enfin cette terre sainte et aimée. C'est à ce moment
précis que les lèvres s'ouvrent en un chant de louange en l'honneur de Sion,
considérée dans sa plus profonde signification spirituelle.
Versets 3 à 5 : le portrait idéal de la ville sainte.
Jérusalem occupe une place de choix : plus qu’une capitale, elle est la « ville où
tout ensemble ne fait qu'un » (v. 3). Symbole de sécurité et de stabilité,
Jérusalem est le cœur de l'unité des douze tribus d'Israël, qui convergent vers
elle pour « rendre grâce au nom du Seigneur » (v. 4), dans le lieu que la « loi
d'Israël » (Dt 12, 13-14; 16, 16) a établi comme l'unique sanctuaire légitime et
parfait. A Jérusalem, il y a une autre réalité importante, elle aussi signe de la
présence de Dieu en Israël : il s’agit du « siège de la maison de David », c'est-à-
dire que la dynastie de David gouverne. Ce « siège de la maison de David » est
appelé « siège du droit » car le roi était également le juge suprême. Ainsi
Jérusalem, capitale politique, était également le siège judiciaire le plus élevé, où
se résolvaient en dernière instance les controverses. Voilà pourquoi, en sortant
de Sion, les pèlerins juifs retournaient dans leurs villages en étant plus justes et
pacifiés. Le psaume a ainsi tracé un portrait idéal de la ville sainte dans sa
fonction religieuse et sociale, montrant que le judaïsme n'est ni abstrait, ni
intimiste, mais qu'il est ferment de justice et de solidarité. A la communion avec
Dieu suit nécessairement celle des frères entre eux.
Cf. « Pour goûter le psaume » sur la fiche du psaume 129
Versets 6 à 9 : la ville de la paix.
L'invocation finale est entièrement rythmée par la parole hébraïque
shalôm, « paix » (v 6, 7, 8), traditionnellement considérée à la base du nom
même de la ville sainte Jerushalajim, traduite par « ville de la paix ». Shalôm fait
allusion à la paix messianique, qui rassemble en elle joie, prospérité, bien et
abondance. Dans l'adieu final que le pèlerin adresse au Temple, le « bien »
s'ajoute même à la paix (v. 9). C'est un souhait de bénédiction sur les fidèles, sur
sa réalité physique de murs et de palais dans lesquels frémit la vie d'un peuple.
De cette façon Jérusalem deviendra un foyer d'harmonie et de paix.
2 – Pour aller plus loin
La Paix
Dans le sens du mot grec eirènè, la paix est la bonne entente entre les
individus. Mais la notion biblique de paix recouvre un champ beaucoup plus
vaste. Le mot hébreu shalôm désigne le fait d’être intact et complet. On utilisera
ce terme pour décrire l'état d'une maison dont la construction est achevée. Par
extension, shalôm désigne le bien-être de l'existence quotidienne, l'harmonie de
l'homme avec la nature, avec lui-même, avec Dieu. Concrètement, elle est
bénédiction, repos, gloire, richesse, salut, vie. La paix est liée au bonheur, à la
santé, à la sécurité. Ainsi la question familière : ʺ Comment allez-vous ? ʺ se dit
en hébreu : ʺ Êtes-vous en paix ? ʺ La paix est le fruit et le signe de la justice qui
assure à chacun le respect de sa dignité.
D'abord conçue comme un bonheur terrestre, la paix apparaît petit à
petit comme un bien spirituel accordé par Dieu, un don divin obtenu par la
prière confiante et par une activité de justice car, selon le dessein de Dieu,
l’homme coopère à l’établissement de la paix sur terre.
La venue de Jésus inaugure le temps de la paix et de la réconciliation
entre les hommes et dans leur relation avec Dieu. Pardonner aux pécheurs et
guérir des malades pour leur apporter le bien-être de l'âme et du corps sont les
signes que Dieu est réellement à l'œuvre dans la vie du monde. En annonçant la
Bonne Nouvelle de Jésus, les Apôtres vont étendre cette paix de Dieu à toutes
les nations.
Saint Paul, fort de son expérience d'évangélisation des païens,
développe l'idée que le Christ est notre paix, en réconciliant dans une même foi
les Juifs et les païens. Rassemblés dans l'unique Corps du Christ, tous peuvent
vivre en harmonie, car la paix du Christ règne dans leur cœur grâce au lien de
l'Esprit. Cette paix est une anticipation de la vie éternelle qui est essentiellement
l'unité et la communion des croyants en Dieu.
Vocabulaire de théologie biblique, p. 880