INTRODUCTION Situé en Afrique orientale sur une superficie de

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INTRODUCTION
Situé en Afrique orientale sur une superficie de 2505800 km², le Soudan est bordé au
nord par l’Egypte, à l’est par l’Erythrée et l’Ethiopie, au sud par le Kenya, l’Ouganda et la
République Démocratique du Congo et à l’ouest par la République Centrafricaine, le Tchad et
la Libye. Il est traversé du nord au sud par le Nilet s’ouvre sur la mer rouge ce pays tire son
nom de l’expression arabe « Biladal-sudan », utilisé pour désigner le pays des noirs.
Cependant, si sa partie septentrionale appartient par la langue et la religion, au monde
arabo-musulman, sa partie méridionale, animiste et chrétienne est ancrée dans le domaine
sub-saharien. Ce clivage géographique associé à une politique s’exerçant au détriment des
populations du sud a largement contribué au déclenchement de la guerre civile qui a déchiré le
Soudan de 1955 à 2005.
Quelles sont les causes et les manifestations du conflit nord-sud soudan, quelles en ont
les conséquences et les résolutions de cette crise ?
Notre travail sera organisé autour de trois (3) points. D’abord nous présenterons les
causes, du conflit nord-sud Soudan. Ensuite nous montrerons les manifestations et enfin les
conséquences et la résolution de cette guerre.
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I.
LES CAUSES DU CONFLIT NORD-SUD SOUDAN
Le conflit entre le nord et le sud du Soudan se présente comme la plus grande crise
qu’a connue l’Afrique indépendante. Les causes de ce conflit sont d’ordre exogène et
endogène.
1.Les causes exogènes
1.1.L’action des pays frontaliers

L’Egypte
Depuis l’indépendance, l’Egypte du fait de son passé commun avec le Soudan et le
rapport de colon à colonisé qu’ils ont entretenus des décennies, a toujours porté sur le Soudan
un regard emprunt d’une sollicitude intéressée.
Le Soudan a une importance stratégique pour l’Egypte et la question de l’eau tout
particulièrement est un enjeu de sécurité nationale, le seul pour lequel elle pourrait même
déclarer la guerre. Cette question des eaux du Nil, ayant fait l’objet de plusieurs accords entre
l’Egypte et le Soudan, notamment en 1929 et 1959, fait également craindre par par-dessus
tout une sécession du sud soudan aux Autorités Egyptiennes. Ils ont alors apporter leur
soutien au pouvoir de Khartoum dans son combat contre les mouvements sécessionnistes du
Sud. Pour l’Egypte, le Soudan est avant tout un pays arabe et la perspective de cette sécession
est source de perturbation. C’est évidemment dans cet ordre d’idée que s’inscrivent les
différentes tentatives de l’Egypte de contrecarrer les initiatives de paix régionales notamment
celles engagées dans les années 1990 par l’IntergovernmentAuthority on Development
(IGAD) entre le Nord et le Sud, et le processus conduit par le Qatar en ce qui concerne le
Darfour.
 La Libye
La Libye, depuis plus de 40ans, a joué un rôle le plus ambigüe vis-à-vis du Soudan
alternant velléités médiatrices et intentions belliqueuses. Le Soudan et la Libye ont entretenu
des relations qui sans cesse oscillent du meilleur au pire, les dirigeants de l’un ou de l’autre
manifestent une certaine tendance à soutenir les opposants de son voisin immédiat, alternant
rupture des relations diplomatiques, voire menaces d’agression armée. Le baromètre des
relations soudano-libyenne fluctue au gré de l’intensité des relations de l’Egypte avec
Khartoum et des tentatives déstabilisatrices réciproques.
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Dans les années 1980, Tripoli apporte son soutien aux rebelles sudistes de SPLM /
SPLA contre le pouvoir du Général Mohamed Nimeyré qui s’était rapproché de l’Egypte à
travers les accords de Campo David 1978. Aussi, le conflit a vu la main occulte du pouvoir de
Tripoli car il convoitait la région du Darfour dans laquelle les gouverneurs traitaient
directement avec Tripoli sans toutefois se référer au pouvoir de Khartoum. Ainsi, les armes
libyennes avaient noyé la province et étaient distribuées aux nomades déjà à la solde de la
Libye.
 Le Tchad
Depuis les années 1980, une tension permanente est ouverte ou lente avec le régime de
N’Djamena et celui de Khartoum. Le Tchad peut être considéré comme ‘‘frère ennemi
préféré’’ du Soudan : le fait que certaines des tribus tchadiennes et soudaniennes, les
Zaghawa, vivent de part et d’autre de la frontière séparant les deux pays, donne effet parfois à
cette relation et à ses épisodes de rivalité l’allure d’une querelle de famille à grande échelle.
Cette intention du pouvoir de N’Djamena et de déstabilisation le Soudan entamée depuis les
années 1990, à une période où, déjà, pointe l’implication, des forces armées tchadiennes et
des de milices Zaghawa et arabes soutenues par le pouvoir d’Idris Deby contre l’ethnie Four.
 L’Ethiopie
Ce pays a été pour le Soudan un tumultueux voisin. L’Ethiopie s’est de tout temps
intéressé à son grand voisin et à même soutenu la rébellion du sud-soudan qui, depuis
longtemps avait ses quartiers à Addis-Abeba. C’est en cela que la première négociation
fructueuse, entre Khartoum et les mouvements sudistes accordant une certaine autonomie au
sud est signée en 1972 à Addis-Abeba sous l’égide de Hailé Sélassié.
Le soutien quelques années plus tard, précisément dans les années 1980 à la rébellion
sudiste du SPLA eu pour effet d’accroître la tension frontalière entre les deux voisins.
 L’Ouganda
La relation entre l’Ouganda et le Soudan est en effet un jeu trouble de soutien
réciproque aux rebellions que chaque capitale affronte. Le régime du président Museveni a
ainsi été un indéfectible soutien au mouvement rebelle sudiste du SPLA. Notons qu’avant
même, Museveni, le pouvoir de Idi Amin Dada était aussi un sympathisant et un soutien à la
rébellion sudiste. De son côté, Khartoum appuyait l’ « armée de résistance du seigneur »
LRA en lutte ouverte contre Kampala.
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On note que depuis les indépendances respectives des pays limitrophes du Soudan, cette
région est le théâtre de conflits armés, d’interactions des uns et des autres sur fond de rivalités
ethniques et tribales, religieuses ou culturelles, d’intérêts économiques et de sécurité
nationale.
Aussi, les intérêts des grandes puissances viennent compliquer la donne dans la région
et particulièrement au Soudan.
1.2.Le jeu des grandes puissances
Indépendamment du rôle historique joué par la Grande Bretagne au Soudan, le conflit
Nord-Sud Soudan a vu l’implication de la Chine, des USA de l’Israël et de la France.
 La Chine
La Chine, auquel se joignent désormais la Malaisie et l’Inde, a porté un intérêt croissant
au Soudan, essentiellement motivée par les ressources pétrolières du sous-sol soudanais. Elle
dispose à bon compte des exportations pétrolières soudanaises qui lui permettent de combler
une part croissante de ses besoins énergétiques. Accessoirement, la Chine trouve au Soudan
un débouché supplémentaire pour ses exportations en matériels militaires dont ce pays est un
consommateur friand compte tenu de sa situation intérieure. Les chinois vont alors armer
l’armée gouvernementale et mouvements rebelles du sud e même du Darfour.
 Les Etats Unis d’Amérique
Dans les années 1970, la diplomatie Américaine vis-à-vis de Khartoum évoluait au gré
des gouvernements en place. Le basculement du général Mohamed Nimeyri dans le camp
occidental a ravivé les liens entre les deux capitales, et Khartoum fut le premier pays
subsaharien à bénéficier de l’aide au développement Américaine.
En revanche, dans les années 1990, le présumé soutien du pouvoir Omar El Béchir aux
ennemies de l’Amérique et au terrorisme international islamiste, a contribué au
refroidissement des relations entre Washington et Khartoum. Il s’agit dès lors pour les USA
d’œuvrer à la déstabilisation et à l’affaiblissement du pouvoir d’Omar El Béchir en soutenant
les rebelles sudistes par le biais de ses alliés de la Corne, notamment l’Ethiopie.
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 L’Israël
Notons que Tel Aviv suit avec une particulière attention la situation au Soudan. Le fait
que Khartoum ait été considéré comme une base importante du terrorisme islamiste ne
pouvait évidemment laisser Israël indiffèrent, et en cela position américaine et israélienne se
rejoignent. Ainsi, les forces centrifuges à l’œuvre au Soudan avaient toutes les raisons de
retenir l’attention de l’Etat Hébreu. La rébellion du Sud bénéficia, soit via l’Ethiopie avec
laquelle, il entretien de très bonnes relations. Israël a pu, en soutenant le sud, contribuer
comme d’autres pays à affaiblir le gouvernement Central de Khartoum, condition sinéquanun
de sa sécurité.
 La France
Dans les années 1990, la France apparait comme la seule puissance entretenant les
relations chaleureuses avec le pouvoir de Khartoum. Cette collaboration franco-soudanaise se
traduit en premier lieu par la remise aux autorités françaises le 14 août 1994, par les services
secrets soudanais, du terroriste vénézuélien Ilitch Ramirez refugié à Khartoum depuis 1991.
En second lieu, en Septembre 2001, on note la levée des sanctions internationales
contre le Soudan par la France. Elle fera l’objet de vives critiques par la presse française qui
présente la France comme l’un des soutiens internationaux les plus actifs du Soudan et qu’elle
lui apporte une aide aux multiples facettes.
Le soutien français au pouvoir de Khartoum avait des objectifs économiques et
politiques.
Au niveau économique, on note la vente d’Airbus et des partenariats dans le domaine
pétrolier et minier et la construction des infrastructures.
Concernant les objectifs politiques, la France a joué un rôle diplomatique au niveau
régional. Elle a réussi à calmer le jeu de stabilisateur du Soudan sur le Tchad et la République
Centrafricaine.
Aussi, le soutien français s’est-il traduit par la renégociation de la dette soudanaise visà-vis du FMI et une aide militaire au pouvoir de Khartoum dans son conflit avec le sud en leur
octroyant un droit de passage en territoire Zaïrois ou en Centrafrique afin que les troupes du
nord puissent prendre à revers sudistes du SPLA. Ainsi, le journal français Libération, dans sa
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parution du lundi 5 Septembre 1994, note que dans sa relation avec le Soudan, Paris a très
privilégié Khartoum sur Juba.
En résumé, on note que la longue crise qu’a connue le Soudan est due en partie à
l’action des puissances étrangères qui sur fond d’intérêts économiques ou pour des questions
de sécurité vont prendre position.
Qu’en est-il des causes endogènes du conflit Nord-Sud Soudan.
2-Les causes endogènes
2.1.La question de la régionalisation
Historiquement la régionalisation est sans doute le premier élément de
crispation autour duquel le conflit du Soudan s’est articulé de manière
récurrente. Elle constitue l’une des difficultés de la construction de l’Etat
Soudanais au sortis de la colonisation. Le nord soudan était plus developpé
que le sud et la population nordiste occupait les plus grandes responsabilités
dans l’administration Soudanaise.
Historiquement, la régionalisation est sans doute le premier élément de crispation
autour duquel le conflit du Sud Soudan s’est articulé de manière récurrente. Elle constitue
l’une des difficultés de la construction de l’Etat soudanais au sortir de la colonisation, voire
même avant, dans le jeu des forces politiques. Au-delà de son caractère central, récurrent mais
jamais définitivement tranché, dans le débat institutionnel, le va-et-vient perpétuel entre
décisions décentralisatrices de Khartoum et phases de reprise en mains brutale et de
recentralisation, entre fédéralisme et unitarisme, n’a en effet jamais cessé de jeter le trouble et
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de priver le Sud d’une véritable possibilité d’administration autonome, au mépris des accords
négociés. En d’autres termes, la relation entre le Nord et le Sud a été marquée, sur cette
question politico-administrative, par une autre constante : celle du non- respect de ses
différents engagements par Khartoum, dont les conflits armés ont directement découlés.
Si les premiers troubles armés datant d’avant l’indépendance suffisent à montrer
l’enracinement du problème entre le Nord et le Sud, c’est entre 1954 et 1956, en effet, qu’est
entreprise la politique de « soudanisation » de l’administration, en d’autres termes, la
substitution de fonctionnaires nationaux aux administrateurs britanniques qui commencent
déjà à quitter peu à peu le pays. Le souhait sudiste d’envisager la mise sur pied d’un système
fédéral qui tienne compte de l’hétérogénéité des différentes régions suscite une première
réaction violente de la part de Khartoum qui menace tout sudiste qui osera attenter à l’unité
nationale. Cette véritable déclaration de guerre a été immédiatement confirmée dans les faits
puisque la soudanisation de l’administration publique s’est résumée à une arabisation
caricaturale, seuls 6 postes administratifs, au demeurant subalternes, étant réservés à des Noirs
du Sud.
En réaction, la région bascula dans une agitation sociale aisément compréhensible
ainsi que dans des troubles raciaux visant les civils arabes, qui ne tardèrent pas à être
violemment réprimés par les forces nordistes. L’indépendance n’était pas encore proclamée
que, pour apaiser la tension, une première promesse était faite aux sudistes de prendre en
compte leur revendication d’un statut fédéral dans la future constitution. Mais, moins d’un an
plus tard, à la fin de 1956, une commission, composée à 95 % d’élus nordistes, déclarait
finalement que le fédéralisme était irréalisable au Soudan.
En résumé, la thématique de la régionalisation, de l’autonomie du Sud dans un cadre
institutionnel accordé, n’a cessé d’être l’objet d’un mouvement de balancier : promesses non
tenues ; autisme du Nord, sourd aux revendications sudistes ; exigences maintenues des
sudistes échaudés, aux revendications logiquement croissantes ; répression et violences
armées auront été au final les seules voies réelles du « dialogue » tout au long de ces années
entre les deux Soudan.
2.2.Le facteur religieux et culturel
La prétention de faire du Soudan une république islamiste, dans laquelle l’islam serait
la religion d’Etat, qui inspirerait l’ensemble de la législation nationale et régulerait la vie de
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toute la société, à quelque religion qu’appartiennent ses habitants, est une constante
idéologique des partis islamistes du Nord, traditionnels comme radicaux, avant
l’indépendance. Prétention dont ils ne se sont à aucun moment départis.
Les différentes tendances de l’islamisme soudanais se sont en effet toujours rejointes
ici pour défendre la même ambition et tenter de la mettre en pratique. En cela, les Frères
musulmans ou leurs successeurs du Front national islamique, pour avoir été les plus
extrémistes dans leur action, n’en ont pas moins été sur une ligne commune avec les autres
tendances, telle celle de Sadeq al-Mahdi, dont on a vu le rôle et la communauté de pensée
avec le mouvement de Hassan al-Turabi lorsqu’il était Premier ministre à la fin des années
1960. Plus récemment, et pour la période contemporaine, c’est précisément pour éviter la
remise en cause de la sharia que, comme on l’a vu, par coup d’Etat interposé du général AlBachir, les radicaux du FNI ont, de fait, pris le pouvoir en juin 1989. En d’autres termes,
après avoir imposée la sharia, le régime du général Nimeyri en 1983, il leur était inconcevable
de revenir sur cette décision. Dans la mesure où d’autres partis islamistes, plus ouverts à la
négociation dans le cadre de la conférence constitutionnelle prévue pour se tenir en septembre
1989, acceptaient la question religieuse comme thème de discussion, ils se devaient de
prendre les devants. Le moment était venu, pour le FNI et ses supporters dans
l’armée, d’empêcher la renaissance d’un Etat bâti sur le modèle occidental, fut-ce au prix d’un
prolongement de la guerre civile.
De fait, la question religieuse et de l’identité culturelle est à ce point cruciale qu’elle
se conjugue avec celle de la régionalisation pour venir rythmer les phases de guerre et de
négociation entre Khartoum et les mouvements rebelles sudistes en majorité chrétiens et
animistes. Pour les sudistes, la sécularisation de l’Etat et de la société est la seule manière de
voir reconnue et garantie leur spécificité dans un pays majoritairement musulman. En d’autres
termes,à la dimension strictement religieuse s’ajoute celle de la négation de l’identité
culturelle des population du sud.
Ainsi, l’instauration du code pénal islamique (Sharia) et autres textes de même
inspiration met à nouveau le feu aux poudres à partir de 1983 et la situation s’empire à partir
de 1989 avec la prise de pouvoir du FNI de OUMAR EL BECHIR.
2.3. La question des ressources
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La discorde entre le Nord et le Sud, tire également ses origines dans les ressources
naturelles telles que : l’eau,et des ressources pétrolières.
La question de l’eau, est cruciale dans la région, non seulement dans la relation entre
le Nord et le Sud, mais aussi pour ses riverains. En effet, le taux d’évaporation des eaux dans
cette région des plus chaudes est considérablement aggravé par la lenteur du cours du Nil,
tortueux dans la zone marécageuse du Sudd, au Sud Soudan, de sorte que, au total, la perte
annuelle est estimée à quelque 2 milliards de m3, sur un débit moyen de l’ordre de 80
milliards de m3. Consécutivement, avant même qu’il s’agisse de satisfaire les besoins en
irrigation induits par le modèle d’agriculture mécanisée développé au Nord, le déficit en eau
du Nord Soudan, aride, est tel qu’un canal qui drainerait plus rapidement les eaux du Nil
blanc avait été envisagé par les Britanniques dès la fin du XIXe siècle. Le percement du «
canal de Jonglei », d’une longueur prévue de 360 Km, entre Bor et Malakal, dans l’Etat de
Jonglei, fut finalement entamé en 1978. Les travaux ont été interrompus en 1984 et jamais
repris, suite aux bombardements dont l’ouvrage fut la cible. Près de 270 Km avaient déjà été
creusés en captant les eaux du Sud et en les dirigeant vers le Nord, ce canal contribuerait à
augmenter les capacités de l’agriculture extensive du Nord au détriment de celle du Sud, sans
que celui-ci en tire un quelconque bénéfice en échange ; des incidences écologiques ainsi que
sur les populations étaient notamment vivement redoutées ; des rumeurs d’installation de 2
millions d’Egyptiens en lieu et place des populations locales déplacées ajoutèrent un temps à
la confusion. En cela seul, il ajoutait au ressentiment sudiste envers Khartoum, d’autant que,
en asséchant les marais, son percement permettait incidemment d’ouvrir une nouvelle voie de
pénétration pour les forces armées soudanaises contre la guérilla. La signature, à la même
époque, de la Charte d’intégration entre le Soudan et l’Egypte, qui attendait impatiemment ce
canal pour voir améliorée l’irrigation de ses propres terres, ne pouvait évidemment contribuer
à apaiser l’inquiétude des sudistes sur ce qui se jouait chez eux et contre eux.
Les hydrocarbures que recèle le sol soudanais n’en sont pas moins aujourd’hui la plus
importante des ressources disputées, eu égard aux enjeux qu’ils représentent. Lorsque les
premiers gisements sont découverts, le Soudan se trouve dans une situation économique et
financière particulièrement difficile, compte tenu, notamment, de l’importance de ses
dépenses militaires et du coût de la guerre civile.
Accablé par une dette de quelque 9 milliards de US$, par un déficit commercial
annuel de plus de 500 millions, la perspective de tirer de nouveaux revenus de l’exploitation
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pétrolière apparaît comme une opportunité inespérée, d’autant que, les soutiens internationaux
se sont alors pour le moins raréfiés. C’est la raison pour laquelle, dès le début, le
gouvernement ne perdra pas de temps et s’engagea dans une coopération avec les principales
compagnies multinationales du secteur : canadiennes, malaisiennes, chinoises et françaises,
peu après que l’américaine Chevron eut découvert le premier gisement.
Le fait que les dépenses militaires de Khartoum aient accru à une proportion, à
mesure qu’augmentaient ses exportations de brut, et ce, dès les premières années
d’exploitation et au cours des années 1990, suffit à montrer l’extrême intérêt du
gouvernement central pour les ressources extraites des champs situés au Sud en vue d’un
accaparement de ces dernières à son seul profit, sans jamais considérer le développement
socioéconomique qui pourrait en résulter, tant au Sud qu’au Nord. L’histoire de l’exploration
pétrolière au Soudan semble sur ce point suffisamment éclairant. Si les premières découvertes
de gisement de pétrole au Soudan datent de 1978, période décidément charnière dans la
relation entre le Nord et le Sud, l’exploration avait en revanche débutée bien plus tôt : les
premières recherches avaient en effet été concédées à l’italienne Agip dès 1959 ; Chevron
était déjà sur place dans les années 1960 et ses premières découvertes prometteuses, de gaz,
au Nord-Est du pays, tout d’abord, datent de 1974.
La découverte des gisements de pétrole dans le sud (Bentiu) amène le général Nimeyri
à proposer un projet de nouvelle division administrative du pays en rattachant la zone
pétrolifère de Bentiu au pouvoir central. Aussi, la décision d’installer la première raffinerie au
nord et non au sud, celle de tracer un oléoduc jusqu’à un terminal pétrolier à Port Soudan, ont
conforté les sudistes dans l’idée que leur région serait exclue des retombées espérées de
l’exploitation pétrolière. Dès lors, les germes de la reprise des combats étaient semés. En
janvier 1983, la répression militaire de la dissidence de la garnison de Bor, qui refusait d’être
déplacée au nord fut l’étincelle qui embrasa le Soudan.
A l’analyse, on constate qu’une seule et même logique, encore et toujours à l’œuvre,
dans cette conjonction implacable de multiples éléments concordants, institutionnels, culturels
religieux et économiques. Quels que soient les voies et moyens utilisés, on y trouve sans fin
l’obsession primordiale du Nord qui est d’affaiblir politiquement le Sud pour contrôler ses
ressources naturelles qui deviennent de plus en plus vitales pour le "développement" du Nord
et la survie du régime.
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II- LE DEROUBLEMENT DU CONFLIT NORD-SUD
La plus longue crise de l’histoire de l’Afrique indépendante qui dura de 1955 à 2005
s’est déroulée en deux principales phases notamment la première guerre du soudan (19551972) et la seconde guerre du Soudan (1983-2005).
1- Le premier conflit soudanais : 18 août 1955 – 27 mars 1972
La première crise du Soudan connu sous le nom de la rébellion d’Anyanya I, d’après
le nom des rebelles, s’est déroulée du 18 août 1955 au 27mars 1972 entre le nord et le sud.
En janvier 1954, avec la « soudanisation » du pays suite aux élections législatives de
1953, se crée un contexte favorable à un affrontement civil entre les populations du nord
musulmanes, et celles du sud chrétiennes et animistes. Celui-ci éclate dès août 1955.
En effet les rebelles du sud, la SudanDefence Force, débutent une mutinerie à Torit,
Juba, Yei et Maridi qui sera immédiatement réprimée par l’armée coloniale britannique. Mal
équipés et mal organisés, les insurgés représentent une faible menace pour le pouvoir colonial
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et le nouveau gouvernement soudanais. Toutefois, les rebelles se regroupent au sein
d’Anyanya, vaste mouvements séparatiste de guérilla. L’insurrection reprend à nouveau et
s’étend progressivement dans le Nil supérieur et au Bahr El-Ghazal.
Le gouvernement soudanais, relativement instable n’est pas dans la capacité de mettre
un terme à la rébellion. Cette crise fut émaillée d’une alternance d’épisode de discussions
avortées et de phases de répression militaire, comme en 1965 et 1967 qui abouti à la mise en
place d’un gouvernement provisoire pluriethnique au sud.La véritable négociation va débuter
en 1969 lorsque le général Nimeyri arrive au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat au Nord et
nomme un sudiste Joseph Garang comme ministre des affaires étrangères. Cette négociation
abouti en février 1972 à la signature de l’accord d’Addis-Abeba qui prévoyait l’autonomie du
sud et mit fin à la première guerre du Soudan le 27 mars 1972.
2.La deuxième guerre du Soudan : 16 mai 1983 – 03 janvier 2005
Le second conflit du Soudan s’est déroulé du 16 mai 1983 au 03 janvier 2005. En
1983, la stabilité du Soudan est menacée lorsque le gouvernement du général Gaafar
Mohamed Nimeyri impose la sharia et projette divisé le sud Soudan en province
administrative avec incorporation de la zone pétrolifère de Bentiu à la zone gouvernementale.
Cette décision accentua les divergences entre la rébellion sudiste,l’Armée Populaire de
Libération du Soudan (APLS) et le gouvernement central.
Le 06 avril 1985, le président Nimeyri est renversé par le général Siwar Al Dahab qui
instaure un régime démocratique, et en novembre 1988, débutent des négociations de paix qui
échouent.
Le 30 juin 1989, Omar El Béchir arrive au pouvoir par un coup d’Etat, supprime
toutes les libertés et continue la guerre au sud.En 1991, un génocide est perpétré dans les
monts Nouba par l’armée de Khartoum.
Cette crise fut aussi émaillée de pourparlers de paix. Ainsi, en 1993 des négociations
de paix s’ouvrent à Abuja et en 1994 à l’initiative de l’Erythrée, l’Egypte, le Kenya et de
l’Ouganda réunis au sein de l’Intergouvernemental Authority for Devolpment (IGAD), des
pourparlers de paix s’ouvrent entre Khartoum et le Mouvement de Libération du Peuple du
Soudan (MPLS) qui échouent.
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En 1997, l’opposition ouvre un nouveau front vers l’est du pays, puis s’ensuit en 1998
le massacre dans le Bahar El Gazal au sud, où en pleine famine le gouvernement interdit toute
aide humanitaire. A partir de1999, le pouvoir de Khartoum lance ses bombardiers, ses
hélicoptères et ses milices, contre les populations des zones pétrolifères du sud. Des villages
sont brulés, les villageois sont massacrés, les femmes violées, les populations en fuite sont
poursuivies par des hélicoptères. Il s’agit d’un nettoyage ethnique de grande ampleur jusqu’au
cessez le feu de janvier 2002 sous l’égide des USA et aussi du Royaume Uni.
Ainsi, le 20 juillet 2002, est signé le protocole de Machakos (Kenya) qui établit le
droit à l’autodétermination par le referendum du peuple du sud Soudan à l’issue d’une période
de transition de six (6) ans. Le 03 septembre 2002, Al Béchir suspend lespourparlers, car les
rebelles de l’APLS ont pris la ville de Torit au sud en représailles à la prise de Gogual par
l’armée soudanaise. Le 17 octobre 2002, après la prise de Torit, Khartoum et l’APLS signent
un accord de cessez le feu.
En résumé, notons que durant un demi-siècle, le plus vaste territoire de l’Afrique a
souffert de la plus longue crise de son histoire. Laquelle crise sur fond ethnique, économique
et religieux eut des répercussions sur le Soudan dans son ensemble.
III. LES CONSEQUENCES ET LA RESOLUTION DE LA CRISE NORD-SUD
SOUDAN
1. Les conséquences de la crise
Au niveau politique, le conflit entre le nord et le sud du Soudan a entrainé la scission
du pays. Le 09 janvier 2011, l’indépendance du sud Soudan est proclamée. Aussi faut-il noter
l’isolement du pouvoir de Khartoum sur la scène international du fait de son supposé soutien
au terrorisme international.
En outre ce conflit a favorisé la fragilisation du Soudan avec l’émergence de plusieurs
autres conflits notamment la crise du Darfour (2003).
Enfin, le conflit nord-sud Soudan a mis à mal la souveraineté territoriale du pays avec
un gouvernement qui a du mal à sécuriser ses frontières.
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Au plan social, cette guerre civile a impacté négativement sur la population soudanaise
et modifié les bases sociales de cette société. Les pertes en vies humaines s’élèvent à plus de
trois (3) millions de morts. Elle a déplacé plus de quatre millions de personnes (populations
du sud) dont certaines se sont réfugiées en Ethiopie, Ouganda et au Kenya. Les réfugiés,
environ 500000, parviennent parfois jusqu’en Europe. Le conflit a entrainé la famine dans le
pays et particulièrement au sud où en plus du manque de nourriture, les populations n’ont pas
accès à l’éducation, aux services de soins de base et à l’emploi.
Au niveau économique, le conflit nord-sud Soudanais a entrainé l’ébranlement des
bases économiques du pays et avec la destruction des infrastructures, notamment le
bombardement du Canal de Jonglei en 1984, par les rebelles et des installations pétrolières.
Aussi, a-t-elle favorisé la paupérisation de la population qui pour la plupart n’avait plus accès
aux terres. L’isolement international du Soudan à partir de 1990, a par conséquent entrainé la
cessation de l’aide émanant des institutions financières (FMI et Banque mondiale) et des
partenaires économiques du pays.
En résumé, la crise soudanaise, à l’image de toutes les crises a détruit les bases du
développent du pays.
Quelles ont été les résolutions de ce conflit ?
2. Les résolutions du conflit soudanais
La fin de la guerre civile nord-sud est considérée comme une affaire de diplomaties
bilatérales. Il y a d’une part, l’action de la diplomatie africaine et celle de la communauté
internationale d’autre part.
La diplomatie africaine est entrée en action à partir de 1990 avec le Nigéria qui entra
pour la première fois sur la scène des médiations internationales en réunissant les parties en
conflit sur un accord de partage du pouvoir. En janvier 1992, au terme du premier round des
négociations tenues à Abuja, le nord et le sud s’accordèrent simplement sur le fait qu’un
règlement militaire du conflit était voué à l’échec.
En 1993, une seconde cession de négociation se tientà Abuja sans plus de succès
concrets.
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En 1994, à l’initiative de l’Erythrée de l’Ethiopie, du Kenya et de l’Ouganda regroupés
au sein de l’IntergovernmentAuthority for Development (IGAD), les négociations de
paixreprenent entre Khartoum et la rébellion. Sa déclaration de principes se resume en sept (7)
points et envisagèrent un Soudan démocratique et séculaire et le partage des ressources.
Le 20 juillet 2002, on note la signature du protocole de Machakos (Kenya) qui établit
le droit à l’autodétermination par referendum du peuple du sud à l’issue d’une période de
transition de six (6) ans e demi et la liberté de culte dans tout le Soudan.
En septembre 2003, les pourparlers de paix ont désormais lieu à Naivasha (Kenya) et
un accord est signé sur la sécurité pendant la période de transition.
Le 31 décembre 2004, la signature àNaivasha de deux (2) protocoles sur un cessez le
feu permanent entre le gouvernement et le mouvement rebelle (MPLS) et la présence de
douze mille casques bleus au sud.
L’action de la communauté internationale dansla résolution de la crise soudanaise a
débutée avec lesEtats Unis qui le 06septelmbre 2001 nommèrent John DanForth avec pour
mission d’étudier dans quelles mesures les belligérants étaient près à s’engager dans de
véritable négociation de paix. Laquelle étude s’avéra concluante.
Ainsi, le 19 janvier 2002, un accord de cessez le feu est signé dans les monts Nouba
entre le nord et le sud. La même année l’appui des USA, du Royaume Uni, de la Norvège et
de l’Italie réclament les pourparlers de paix entamés entre l’Armée de Libération du Peuple
Soudanais (ALPS) et le gouvernement.
Le 10 octobre 2003, le conseil de sécurité assure les parties qu’il est disposé à aider les
belligérants à appliquer l’accord global.
Le 28 mai 2004, établissement de la force AMIS de l’union africaine avec pour
mission l’observation du cessez le feu.
Les actions de la diplomatie africaine et de celles de la communauté internationale ont
abouti à la signature d’un accord global de paix, le 03 janvier 2005mettant ainsi fin à un demisiècle de crise armée entre le pouvoir central de Khartoum et les rebelles du sud.
17
18
CONCLUSION
En définitive, il ressort de notre analyse que les facteurs exogènes et endogènes sont à
l’origine du conflit armé qui a apposé de 1955 à 2005 le nord et sud Soudan. Cette crise s’est
déroulée en deux (2) étapes notamment la première guerre civile (1955-1972) et le second
conflit (1983-2005), et elle eut des conséquences politiques, économiques et sociales sur
l’ensemble du pays.
Avec l’action de la diplomatie africaine et celle de la communauté internationale, cette
longue guerre prit fin le 09 janvier 2005 avec la signature de l’accord global de paix entre les
belligérants.
Cependant la longue crise du Soudan a consacré la scission du pays en deux avec
l’indépendance du Sud-Soudan. Une indépendance chèrement acquise, mais aujourd’hui mise
en mal par le déclenchement de la guerre du Sud-Soudan.
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BIBLIOGRAPHIE
KOUASSI Yao, Les guerres civiles en Afrique 1955-2002, Abidjan, Université de
Cocody, UFR, Sciences de l’homme et de la société, thèse d’Etat, 2010, 3 Tomes 1649 P.
Wikipaedia.org, consulté le 10-06-2015 à 10h
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ANNEXES
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE…………………………………………………………………………………2
INTRODUCTION……………………………………………………………………………3
I.
LES CAUSES DU CONFLIT NORD-SUD SOUDAN……………………………4
1. Les causes exogènes……………………………………………………………4
1.3. L’action des pays frontaliers………………………………………….……4
1.2. Le jeu des grandes puissances……………………………………………..5
2. Les causes endogènes…………………………………………………….…7
2.1. La question de la régionalisation…………………………………………….7
2.2. Le facteur religieux et culturel…………………………………………….8
2.3. La question des ressources…………………………………………………9
II.
LE DEROUBLEMENT DU CONFLIT NORD-SUD……………………………13
1. Le premier conflit soudanais : 18 août 1955 – 27 mars 1972…………......13
2. La deuxième guerre du Soudan : 16 mai 1983 – 03 janvier 2005………13
III.
LES CONSEQUENCES ET LA RESOLUTION DE LA CRISE NORD-SUD
SOUDAN…………………………………………………………………………15
1. Les conséquences de la crise……………………………………………...15
2. Les résolutions du conflit soudanais………………………………..…….16
CONCLUSION………………………………………………………………………………18
22
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