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L’objectif de la vaccination est de permettre à l’individu de développer une
protection active spécifique vis-à-vis d’un agent infectieux: le procédé consiste à
introduire dans l’organisme une substance immunogène dont les caractéristiques
structurales sont proches de celles de l’agent infectieux. Elle exploite la
mémoire immunitaire [1; 2].
La vaccination est l’une des grandes victoires de la médecine moderne et
constitue un outil essentiel de prévention et de lutte contre les maladies
infectieuses dans le monde [3]. C’est un moyen rentable et économique puisqu’il
coûte beaucoup moins cher que le coût de la maladie (selon l’OMS, 1 DH
investi permettra d’épargner de 500 à 6.000 DH pour toutes les vaccinations
recommandées dans les programmes de vaccination) [4].
La vaccination confère au vacciné une protection individuelle. De plus,
quand le nombre des vaccinés est important, la circulation de l’agent pathogène
dans le milieu extérieur est ralentie, et par même les chances d’être infecté
diminuent pour tous, y compris les non vaccinés. C’est ce qu’on appelle une
immunité collective, obtenue pour une proportion de vaccinés variable selon la
contagiosité de l’agent pathogène. Enfin, lorsque l’agent pathogène ne circule
plus, stoppé dans sa progression par l’absence de sujets réceptifs, on peut aboutir
à l’éradication mondiale d’une maladie. C’est ce qui s’est produit pour la variole
en 1977, et qui promet dans l’avenir d’arriver pour la poliomyélite, la rougeole,
etc [5].
Actuellement la vaccination est devenue une science à part entière débutant
par l’isolement de l’agent pathogène, sa culture, son atténuation ou son
inactivation pour fabriquer un vaccin. Les étapes suivantes comportent l’étude
de l’efficacité clinique et biologique, des effets indésirables et de l’acceptabilité
par la population cible. Les techniques de conjugaison des vaccins polyosidiques
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à des protéines ont fait progresser la vaccination précoce des nourrissons. Des
vaccins recombinants, réassortants, ou sous forme de pseudoparticules virales
ont été conçus, permettant d’étendre l’éventail des vaccins disponibles [6].
Le Maroc a réalisé des performances importantes dans le domaine de la
vaccination contre les maladies cibles qui étaient responsables autrefois d’une
mortalité et morbidité élevées chez les enfants de moins de cinq ans. Ainsi, notre
pays n’a plus enregistré de cas de poliomyélite depuis 1987 et aucun cas de
diphtérie depuis 1992.
Cependant, malgré les bénéfices sanitaires prouvés de la vaccination, la
faible utilisation des services de vaccination surtout en milieu rural, se pose
comme une véritable problématique à l’atteinte des objectifs visés.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé depuis 1978 la
mise en œuvre de programmes nationaux de vaccination (PNI). Celui du Maroc
a l’objectif d’assurer une couverture vaccinale contre les neufs maladies
infectieuses, cibles des vaccins du calendrier du Ministère de la santé :
La tuberculose, la poliomyélite, l’hépatite B, la diphtérie, le tanos, la
coqueluche, la rougeole, la rubéole et la méningite à Haemophilus Influenzae
type b. La majorité des citoyens marocains se font vacciner dans le secteur
public [4; 7; 8].
L’objectif de ce travail est de faire le point sur le programme national de
vaccination et de mesurer les résultats acquis.
Pour cela nous rappelons dans une première partie les bases
immunologiques de la vaccination, ensuite les maladies cibles, puis le protocole
de la vaccination et le rappel de l’épidémiologie et de la couverture vaccinale au
Maroc. Nous terminons avec la pharmacologie des vaccins utilisés dans le
programme national de vaccination.
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Deux cents ans après la découverte du vaccin antivariolique, la vaccination
reste un des piliers de la médecine préventive.
Dans différentes civilisations, le constat empirique de la protection conférée
à des individus par des maladies aiguës ainsi que la mithridatisation ont poussé
les hommes à vouloir imiter la nature en provoquant de façon artificielle des
formes atténuées de certaines maladies [9].
1. La variole et les premières inoculations délibérées :
Dès le V ème siècle, la variole est mentionnée dans les textes médicaux
chinois et il semble que l’inoculation était déjà pratiquée. Toutefois c’est
seulement au XI ème siècle que l’on retrouve la description précise de la pratique
de la variolisation en Chine, utilisant le pus ou les squames broyées d’un patient
qui étaient alors placés dans les narines d’un sujet sain. Une autre pratique
consistait à faire porter par un enfant sain, pendant plusieurs jours, les sous-
vêtements d’un enfant infecté.
Dès le XVI ème siècle, en Inde, la variolisation était une pratique régulière
chez les brahmanes. Il en était de même pour différents groupes ethniques de
l’Empire ottoman. Bartholin signale la variolisation en Europe occidentale dès
1673. En 1715, Lady Mary Wortley Montagu, épouse de l’ambassadeur anglais
en Turquie inocule du pus variolique desséché à son fils pour le protéger de la
maladie. En 1720, la variolisation fut introduite en Angleterre et pratiquée dans
deux milieux sociaux diamétralement opposés: les aristocrates proches d’une
avant-garde médicale et les couches défavorisées de la population, servant de
cobayes à des expériences.
Bien que la variolisation soit souvent efficace pour prévenir la variole, les
résultats étaient irréguliers et 2 à 3 % des personnes mouraient d’une variole
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