A l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, nous constatons en tout lieu un regain d'intérêt pour les évènements tragiques qui ont marqué le début du XXe siècle. Aujourd'hui encore, n'est pas nécessaire de quitter nos routes pour constater les séquelles du conflit dans le paysage. Trous d'obus, tranchées et bunkers entourent encore les villages proches d'Elincourt. Dans notre commune, se trouvent encore des monuments témoins de ce que l'on appellera la Grande Guerre. Cette proximité avec les évènements nous à inciter à vous retracer tout aux longs des commémorations organisées durant le centenaire. Nous nous sommes efforcés de vous présenter le conflit dans sa globalité, mais aussi à échelle locale pour aborder une histoire bien souvent méconnue. Ainsi, l'exposition de novembre 2014 portera sur la situation d'avant guerre, ainsi que les premiers mois du conflit de l'année 2014. Les évènements suivants seront exposés année après années. Pour constituer la base de données qui a permit cette exposition, nous avons travaillé en collaboration avec l'UPJV, Université Picardie Jules Vernes et ses nombreux volumes traitant le sujet, ainsi que l'historienne et maître de Conférence Manon Pignot spécialiste de la Grande Guerre et conseillère historique pour la réalisation de la Série Apocalypse, la première Guerre mondiale présentée il y a quelques mois sur France 2. Enfin, nous avons été conseillés par de nombreux passionnés locaux, apportant de précieuses informations sur le conflit dans le secteur de Lassigny. Nous espérons que cette trace écrite vous permettra de mieux comprendre année après année le conflit. Si vous avez quelques interrogations n’hésitez pas à venir les poser à Nowicki Cyril, responsable de ce projet, qui portera sur quatre ans. Un portrait de Europe d'avant Guerre... L'Europe telle que nous la connaissons aujourd'hui n'est en rien semblable à celle du début des années 1910. Les frontières sont différentes, des États qui ne sont plus présents désormais existent, d'autres n'ont pas été fondés et de nombreux territoires sont contrôlés par de grands souverains. C'est le cas par exemple de l'Allemagne, l'Autriche ou encore la Russie. La France quant à elle, est l'une des rares républiques de l'époque, en effet, depuis 1871, le régime de notre pays est celui de la troisième République, parfois appelée « République revancharde »... La France meurtrie et revancharde de 1870. La vie publique et politique de 1914 est marquée par un sentiment national très fort. En effet, la France peine à oublier les événements de 18701871. Année qualifiée par Victor Hugo, « d'année terrible ». La Prusse a, durant cette année, écrasée l'armée française, en assiégeant entre autre, Paris et Sedan. En quelques mois, le Second Empire de Napoléon III s'effondre et ce dernier est contraint d'abdiquer après sa capture à Sedan, le 2 septembre 1871. Deux jours plus tard est fondée la Troisième République, qui très vite demande la paix. Cette paix est obtenue au prix fort. La France perd L'Alsace et la Lorraine et doit verser une somme colossale au vainqueur. La Prusse unifie ainsi de nombreux territoires et sacre dans la galerie des Glaces de Versailles, le premier empereur d'Allemagne, Guillaume Ier. La France de l'époque se sent profondément humiliée et installe très vite une politique de revanche sur l'empire allemand. Elle se compose de deux principales mesures : • L'instauration de l'école gratuite et Obligatoire, loi de Jules Ferry de 1881. • La mise en place du service militaire obligatoire, qui en 1913, sera de trois ans minimum. Pour la première fois, à Elincourt, les écoliers suivent, jusqu'à 13 ans des cours basés sur l'idée de revanche. L'on apprend des chansons critiquant l'Allemagne, l'on incite les enfants à vouloir récupérer les territoires français perdus etc... En l'espace de 10 à 15, une société fortement « antigermanique » s'impose en France et se prépare à un conflit. Cependant, certaines voix s'opposent contre ce mouvement revanchard, comme celle des classes ouvrières, le prolétariat des villes menées par Jean Jaurès, mais étant minoritaire, elle peine à se faire entendre face à un mouvement d'abord français puis Européen... La Triple Alliance et la Triple Entente, un jeu alliance mortel. Derrière ces noms se cachent le complexe mécanisme qui jettera l'Europe dans la Guerre. D'une part, assemblée dans la Triple Entente L'Angleterre, la France et la Russie ; d'autre part, dans la Triple Alliance, l'Autriche, L'Allemagne et l'Italie. Ce sont des alliances militaires qui ont un principe simple : si l'un des pays membre est attaqué, les deux autres pays membres s'engagent à déclarer la guerre à l'agresseur. Notons que l'Europe de l'époque est en partie contrôlée par une même famille qui portant ne sont pas dans les mêmes alliances. La Russie, l'Allemagne et l'Angleterre sont gouvernées par trois souverains qui s'avèrent être des cousins : • En Angleterre, le roi Georges V • En Allemagne, le Kaiser Guillaume II • En Russie, le Tsar Nicolas II Le choix d'alliance s'explique de part le fait que : • L'Angleterre est depuis longtemps en bon terme avec la France et voit son économie bouleversée par la politique d'extension territoriale de l'Allemagne voulant notamment coloniser des territoires déjà revendiqués. • L'Allemagne partage la même idéologie politique que l'Autriche installant ainsi une entraide • Pour les autres Etats membres, il s'agit d'alliance trouvant leurs fondements il y a plus longtemps et s'inscrivant donc dans une logique d'amitié et d'intérêt, principalement économique. Sarajevo, un cri dans l'histoire : l'engrenage de la guerre... L'évènement déclencheur de la Grande Guerre est un événement qui apparaît d'abord comme mineure et lointain : il s'agit de l'assassinat, à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, le 28 juin 1914, de l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche et de sa femme, qui tous les deux avaient échappés quelques heures plus tôt à un premier attentat. L'assassin, un bosniaque du nom de Prinzip, est membre - on ne le saura qu'après la guerre, d'une société secrète, la Main Noire, créature des services secrets serbes. Vienne, soutenue et encouragée par l'Allemagne, envoie à Belgrade un ultimatum sévère le 23 juillet, exigeant que ce soit l'armée autrichienne elle-même qui se charge de capturer les terroristes. Rejet serbe le 25 juillet, avec le soutien de la Russie. La Serbie et l'Autriche mobilisent. A partir de ce moment, il est très difficile de revenir en arrière de part l'existence des alliances présentées précédemment. • Le 28 juillet, l'Autriche déclare la guerre à la Serbie. • Le 30, la Russie alliée de la Serbie mobilise. • Le 31, l'Allemagne somme la Russie de cesser la mobilisation dans les 12 heures. Un autre ultimatum est adressé à la France pour qu'elle reste neutre. Refus de la Russie et de la France. Le député socialiste et pacifiste Jean Jaurès est assassiné à Paris. • Le 1er août, l'Allemagne mobilise et déclare la guerre à la Russie. La France mobilise. • Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France; la Belgique est envahie. Protestations de l'Angleterre le lendemain, qui menace d'entrer en guerre à son tour. • Le 6 août, la Serbie déclare la guerre à l'Allemagne; l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie. • Le 11 août, la France et le lendemain, l'Angleterre, déclarent la guerre à l'AutricheHongrie. (France et Angleterre, empires coloniaux, impliquant aussi leurs forces d'outremer, principalement d'Afrique, pour la France, du Canada, de l'Inde, etc. pour l'Angleterre). • Seule l'Italie se tient pour le moment à l'écart, préférant afficher sa neutralité. Mais de nouveaux pays font leur entrée dans la guerre au cours de l'année. Le 23 août 1914, le Japon déclare la guerre à l'Allemagne, afin seulement de s'emparer des îles allemandes du Pacifique (Marshall, Carolines, Mariannes) et, en Chine, de la concession allemande de Kiao-Tchéou dans le Chan-toung. Une fois son objectif rempli, Tokyo refusera d'envoyer des troupes sur le front allié (il participera cependant à la guerre maritime). Au mois de novembre, la Russie, le 2, l'Angleterre, le 5, et la France, le 11, déclarent la guerre à la Turquie, après sa signature avec l’Allemagne d’un traité d’alliance. La France en Guerre : la guerre de mouvement. « Le premier août 1914, vers cinq heures du soir, la plupart des gens furent avertis, par le son de la cloche, que la mobilisation générale était décrétée. En effet quelques instants auparavant, la gendarmerie de Blanzac était venue en apporter la nouvelle au maire. Plus tard, la nouvelle fut confirmée dans tous les villages, par le tambour, qui apposait également les affiches spéciales. La première impression fut, pour tout le monde, une profonde stupéfaction car personne ne croyait la guerre possible. Néanmoins, les jours suivants, les départs s'effectuèrent avec la plus grande régularité. Les femmes retrouvèrent leur calme et les hommes, pleins d'enthousiasme, partaient en chantant. » Des français s'en allant la fleur au fusil ? La mobilisation générale est tout d'abord annoncée par le son des tocsins dans les villages avant d'afficher les avis de mobilisation. Lues très rapidement, elles déclenche dans un premier temps la stupeur et l'étonnement car bien que la majeure part de la population soient « anti germanique » il semblait impossible que la guerre ai lieu dans les esprits. Puis, les témoignages nous indiquent que cette peur laissa vite place a enthousiasme. Qu'en est il vraiment ? Une guerre rapide, peu de pertes, une grande victoire. Voici comment est perçu en France la guerre qui s'annonce. Dans les villes, une forme d'excitation permanente se fait sentir, les bataillons défilant dans les rues avant d'embarquer dans les trains les menant vers le front. Pas de larmes ou très peu. Cette guerre était voulue par une partie de l'échiquier politique, la partie majoritaire et puisque le plus farouche opposant à cette marche vers la mort n'est plus, l'opposition ne se fait pas entendre... Néanmoins, il y a un contraste important entre les villes et les campagnes de l'époque. Dans les villes, la guerre ne pose pas de problème et paraît être nécessaire, de plus, la bonne diffusion de la presse dans les villes permit à la population de ne pas céder à la surprise. A la campagne, comme dans le secteur de Lassigny, ce conflit pose problème. Nous sommes en août 1914 et la saison des récoltes approche. La guerre enlève une grande partie de la main d'œuvre au loin, de plus, elle supprime aux paysans, toujours majoritaires au début du XXe siècle, l'aide animale puisque les bœufs et les chevaux sont réquisitionnées pour l'armée. La population des villages pensent à cela avant tout et ils sont étonnés par l'agitation qui anime les villes en partie à cause de la presse qui contrairement aux villes, ne se diffuse que difficilement dans les campagnes. La guerre de mouvement ou « à la Napoléon » Après la mobilisation française, les armées françaises se positionnent très rapidement près des frontières et comptent bien les tenir. Ils sont en place aux frontières plus vite que les Allemands qui ne sont pour le moment qu'au contact des forces Belges qui opposent une résistance héroïque retardant grandement les Allemands dans leurs plans. L’Armée française profite donc de cet avantage pour pénétrer en Allemagne, depuis la Haute Alsace et la Loraine. La bataille des frontières commence. Entre le 7 et le 14 août, deux armées françaises entre en territoire ennemi et balaye rapidement les troupes présentes qui se replient vers les armées restées à l'écart des combats. Mulhouse est libérée. La presse de l'époque jubile sur une victoire rapide, les alsaciens, en tenue traditionnelle accueillent les libérateurs. Cette stratégie correspond à des méthodes anciennes : Marcher rapidement, en bon ordre et effectuer une pression forte sur l'adversaire pour le faire plier. L'équipement du soldat français et d'ailleurs adaptée à des combats à découvert : Uniforme voyant, notamment à cause du pantalon Rouge Garance ; équipement léger, absence de casques, artillerie de campagne légère et mobile etc... A l'étranger, la situation est tout aussi rassurante pour les Français. En quelques jours, l'armée anglaise s'est déployée en France et en Belgique, Liège et Bruxelles tiennent bon, face aux offensives allemandes et une armée du Kaiser est mise en déroute par les forts Belges. Il faut dire que la Belgique est née d'un accord entre les pays européens. Elle devait servir de « Zone tampon » en cas de conflit. Un territoire de batailles empêchant, dans ce cas les assauts allemands et son roi Albert Ier montre toute sa ténacité contre l'agresseur, car il n'y a eu aucune déclaration de guerre contre la Belgique et c'est l'entrée des Allemands dans ce pays qui a convaincu l'Angleterre à lui déclarer la guerre. Sur les fronts de l'Est, l'Autriche qui pensait écraser la Serbie a subie des revers cuisants et la Russie écrase l'armée allemande et pénètre sans difficulté dans les terres allemandes. Autant dire que pour la population, la guerre ne va pas durer, car l'Allemagne, pièce majeure de la triple alliance semble acculée de toutes part. Le moral est donc excellent au sein de la population, mais aussi de l'armée. L'époque des revers Les victoires françaises sont de courte durée... En effet, la réaction allemande face à la menace française est immédiate. Vers la mi-Aout, l'armée allemande contre-attaque sur Mulhouse et la ville est reprise sans grande difficulté par les Allemands. L'armée française, désorientée vient à ce moment, de perdre de nombreux soldats et est désorientée, très vite les armées reculent. Une telle retraite s'explique par la disproportion des forces entre d'une part les Allemands et d'autre part les Franco-Britanniques : l'état-major allemand avait fait le choix de masser face à la Belgique et au Luxembourg la majorité de ses unités, à raison de 59 divisions (soit un total de 1 214 160 combattants) regroupées au sein de cinq armées (numérotées de I à V) formant l'aile droite allemande, tandis que la défense de l'Alsace-Lorraine était confiée à une aile gauche plus faible avec 16 divisions (soit 402 000 combattants) 12 regroupées dans deux armées (VI et VII). En comparaison, les Français n'avaient prévu initialement de déployer lors de leur mobilisation que les 16 divisions (soit 299 350 hommes) de la Ve armée face à la Belgique, rapidement renforcées jusqu'à compter 45 divisions (soit 943 000 hommes) 13 au moment de la bataille des Frontières, grâce à l'envoi des IIIe et IVe armées françaises ainsi que du corps expéditionnaire britannique. En Belgique, l'Allemagne, en avance industriellement déploie des pièces d'artillerie de gros calibre, des obusiers, pour écraser les forts belges et lance un assaut sur tout le front. L'armée Belge recule. Liège et Bruxelles tombent. Les armées anglaises et françaises se replient donc et tentent lorsque le terrain s'y prête, de repousser les allemands, mais ils subissent revers sur revers et au début du mois de septembre, la situation est très délicate puisque les Allemands s'enfoncent profondément dans le territoire français. Le premier septembre, les Allemands sont à 75km de Paris... Le miracle de la Marne Fin aout 1914, la panique s’empare de la ville de Paris. Les Parisiens se ruent sur les banques pour récupérer leurs épargnes, puis sur les trains quittant la capitale. Le gouvernement a quitté la ville. Le commandement de la place est confiée au général Gallieni, sous les ordres du général Joffre. Il faut tenir Paris à tout prix, comme en 1870, face à la Prusse. Au même moment, les Allemands perdent de nombreux soldats en Prusse Orientale, face aux armées russes. Ordre est alors donné de battre d’abord les armées du Tsar de Russie. Ainsi, du 26 au 30 aout, le général Hindenburg et le général Ludendorff chefs de deux armées allemandes, se lancent dans la bataille de Tannenberg. En quatre jours, les Russes perdent 200 000 soldats. C’est un désastre terrible pour tous les alliés de la Russie qui décident de cacher la nouvelle à la population. Confortés par la nouvelle de la victoire, deux millions de soldats allemands se lancent dans ce qui doit être la dernière opération de la guerre, la destruction de l’armée française. Dans un premier temps, les Français pensent que les Allemands vont attaquer Paris, mais le deux septembre 1914, des aviateurs français informent l’Etat major que les Allemands changent de direction et ne vont pas vers la capitale. L’Etat major allemand cherche à encercler l’armée française qui recule depuis près d’un mois. Mais ce plan expose l’armée du Kaiser à une attaque sur la Marne. L’opportunité est alors saisie. Toutes les forces françaises se rassemblent en bon ordre et se prépare à donner l’assaut. Les troupes du général Gallieni s’élevant à 6000 soldats, stationnés à Paris sont envoyés vers le front dans les célèbres taxis de la Marne. Un million de français et cent mille britanniques se préparent et le 6 septembre 1914, passent à l’assaut. Grace à une préparation d’artillerie extrêmement efficace, les Allemands reculent et en trois jours, sont contraints au repli. En trois jours, du 6 au 9 septembre, l’armée française perdra 200 000 hommes, dont le poète Charles Péguy les pertes allemandes sont tout aussi importantes. Pour les alliés, c’est un véritable miracle glorifié dans les journaux. Pour les soldats ayant survécu au combat, l’effort de guerre ne peut pas durer. Des pertes si grandes vont forcer les belligérants à négocier l’armistice. Pourtant, aucun des deux camps ne peuvent l’imaginer et les allemands se replient vers le Nord. Un nouveau type de Guerre : La guerre de position La fin du mythe d’une guerre rapide Depuis la mobilisation générale, français comme allemands sont persuadés que la guerre sera courte. Pourtant, les batailles terribles ne semblent pas mettre un terme au conflit. Les Russes, après la bataille de Tannenberg ont changés d’objectif. Ils sont entrés en Autriche où les victoires s’accumulent. Pendant ce temps les français tentent d’encercler les Allemands défaits depuis le 9 septembre. Mais les Allemands reculent en bon ordre et arrivent à échapper aux français. Ils forment alors une solide défense sur la totalité du front. Pour ce faire, de nombreuses armées se rassemblent pour former une véritable barrière, frontière infranchissable puis pour s’assurer de garder les conquêtes du Nord Est, ils creusent une série de trous, fossés qui deviendront très rapidement des tranchées plus sophistiquées. L’on installe alors des kilomètres de barbelés pour protéger le terrain. Du côté français, le même système est appliqué. Dans un premier temps, le nombre de décès sur la ligne de front décroit, mais en contre partie, le front se fige, les hommes ne bougent plus et n’arrivent que rarement à capturer les tranchées d’en face. Le Nord du front de l’Ouest est confié aux anglais, le secteur Picard et tout le Sud de ce dernier est confié aux français. Des milliers d’hommes de part et d’autre tiennent les nouvelles positions. Le premier novembre 1914, c’est la fin des campagnes meurtrières du début de la guerre, le front ne bouge plus et tous les secteurs sont verrouillés par les tranchées. La tranchée, lieu de misère. Si la tranchée permet de sauver des milliers d’hommes, elle cause beaucoup de tord au moral des soldats. Les conditions de vie y sont précaires et l’on y côtoie au quotidien les maladies, les rats et la boue. Il peut être très difficile d’y circuler à cause de cette dernière qui envahit très régulièrement les tranchées des deux camps, même si les tranchées allemandes mieux aménagées sont moins sujettes à la boue. Très vite, améliorer le quotidien est une priorité et l’on installe des abris, des lits sur pilotis pour se mettre à l’abri de la vermine, le ravitaillement s’organise et les hommes apprennent à vivre dans les tranchées. Des journaux de soldats apparaissent. Ils sont dans un premier temps, l’une des rares distractions, lorsque l’on ne s’affaire pas au nettoyage de l’équipement ou à l’amélioration des positions défensives. A cela s’ajoute bien sûr les combats. Il n’y a pas de grandes offensives à la fin de l’année 1914, mais les assauts locaux débutent. Ils se divisent en phase de bombardement par artillerie interposée puis une charge à la baïonnette violente se soldant généralement par un échec. Qui plus est, l’armement s’adapte à ce nouveau conflit, avec le développement généralisé des mitrailleuses qui, avec plus de 1000 coups minutes rendent barbare les sorties hors tranchées. Entre deux tranchées, se trouve le No man’s land, une zone où rien ne vit. Elle est jonchée de barbelées et très vite de cadavres, s’accumulant au fil des assaut. La situation à Lassigny et ses alentours Le secteur compiégnois s’avère être sur la ligne de front. Dès septembre 1914, lésa allemands et les Français s’installent en Picardie et vont transformer la région en un gigantesque champ de bataille jusqu’en 1918, année comptant les plus féroces combats dans notre secteur. Lassigny est le point névralgique de la défense allemande dans notre secteur. Sur l’actuel site de la tour Rolland par exemple, les Allemands avaient placé un centre d’observation de la ligne française. Ce poste était fortifié par de nombreuses lignes de barbelés et un bunker armé de mitrailleuses. L’on y trouvait aussi la première ligne de tranchée allemande. Pendant plus de trois ans, les Français vont pilonner cette position jusqu’à enfin pouvoir la reprendre. Elincourt est un lieu tout aussi disputé durant la guerre. De nombreuses tranchées encerclent le village. Quatre allemandes et sept françaises dès 1915. Sa proximité avec Ressons‐sur‐Matz, hôpital de campagne français et ses atouts naturels en fait une position militaire intéressante. C’est un lieu prisé des soldats français au repos qui viennent profiter du lavoir et des grottes avoisinantes pour s’abriter. Les chevaux de l’armée française viennent boire régulièrement au lavoir, avant de repartir eux aussi au front, situé à quatre kilomètres à peine. Ainsi, des obus tombent très régulièrement aux alentours d’Elincourt et dans le village lui‐même. Bien qu’étant à l’arrière front, la vie était suspendue et rythmée par les troupes en mouvement. Peu d’événements majeur ont frappés le village, hormis la bataille du matz de 1918. Néanmoins, le reste du secteur est souvent exposé au combat. Par exemple, la carrière de la Botte, localisée sur le plateau de la Ferme de la Carmoye, est un secteur de combat parfois intense entre français et allemands. Bilan de 1914 La première année du conflit s’achève sur une désillusion générale. La guerre sera longue et violente. Les stratégies offensives laissent place à des méthodes plus défensives, les hommes, qui se sont enterrés sont inexpugnables et il va falloir trouver de nouvelles techniques de combat. Pour la première fois, les soldats se rendent compte de la réalité de la guerre, si éloignée des idées de 1910. La fin d’année voit aussi les premières fraternisations entre camps, par exemple pour Noël. Les soldats ne comprennent pas toujours pourquoi il en est ainsi. Pourquoi les hommes les sont envoyés au massacre ? A l’arrière, l’on ne montre pas les réalités du conflit, les journaux glorifient les exploits même mineurs et effacent les revers, le courrier est contrôlé… Les privations sont de plus en plus nombreuses dans tous les camps, mais la phrase « nous saurons nous en priver » est maître. Cette furie qui a jeté l’Europe dans la guerre va progressivement la jeter dans l’enfer…