CORRIGÉ - ÉTUDE CRITIQUE D’UN DOCUMENT
SUJET Š LE RÔLE MONDIAL DES ÉTATS-UNIS ET DU BRÉSIL
Le document est un tableau statistique compilant des données de nature militaires, économiques et culturelles
relatives au rôle mondial des deux premières puissances du continent américain : les États-Unis et le Brésil. Ces
statistiques sont récentes puisqu’elles datent toutes de l’année 2016. Elles proviennent de sources institutionnelles
(Fond monétaire international, CNUCED) ou d’organismes privés (Institut de Stockholm, université de Shanghai).
Après avoir comparé le rayonnement géopolitique mondial des États-Unis et du Brésil (I), on comparera leur
puissance économique (III). Enfin, on comparera leur influence culturelle (III).
I. L’inégal rayonnement géopolitique des États-Unis et du Brésil dans le monde
Les deux premières informations contenues dans le document mesurent l’inégal rayonnement géopolitique des
deux pays. Au plan militaire, les deux puissances de frappe ne sont pas comparables : les États-Unis représentent à
eux seuls un tiers des dépenses militaires mondiales (avec 610 milliards de dollars en 2014) alors que le budget
militaire du Brésil est 20 fois moins important (32 milliards de dollars en 2014). Mais le document ne met pas en
évidence les interventions militaires récentes des deux États (Irak ou Afghanistan pour les États-Unis, Haïti dans le
cadre d’une « opération de maintien de la paix » de l’ONU pour le Brésil) ni même leur inégale capacité de
réaction planétaire : les États-Unis disposent en effet d’un vaste réseau d’alliances militaires (OTAN) et de points
d’appui sur tous les continents et tous les océans (bases et flottes), ce qui n’est pas le cas du Brésil.
Le document évoque également l’intégration de ces deux États dans des organisations régionales : 3 pour les
États-Unis contre 4 pour le Brésil. Mais ces organisations régionales ne sont pas mentionnées (ALENA pour les
États-Unis et Mercosur pour le Brésil). Enfin, à l’échelle mondiale, le document omet le poids prépondérant des
États-Unis dans les organisations internationales (FMI, Conseil de sécurité de l’ONU) et les ambitions exprimées
par le Brésil en la matière (demande de réforme de la gouvernance mondiale, ambition de devenir un des leaders
des « pays du Sud » au sein des BRICS).
II. L’inégale puissance économique des États-Unis et du Brésil dans le monde
Les informations relatives au rôle économique, financier et commercial des États-Unis et du Brésil dans le
monde sont plus nombreuses. Le PIB en 2015 et la capitalisation boursière en 2016 insistent sur l’écart entre les
deux puissances : la production de richesse états-unienne est 10 fois supérieure à celle du Brésil tandis que leur
capitalisation boursière l’est 50 fois. La puissance économique états-unienne repose sur un réseau de firmes
transnationales inégalé : en 2015, les États-Unis « possèdent » 128 des 500 premières FTN mondiales (soit plus du
quart d’entre elles, parmi lesquelles Walmart ou Exxon) contre 7 pour le Brésil. Cette situation explique le poids et
l’attractivité financiers des
É
tats-Unis : les investissements étrangers entrants aux
É
tats-Unis sont en effet 7 fois
plus importants que ceux entrants au Brésil et New York est la première place boursière mondiale.
Si le Brésil ne compte que 7 FTN majeures, leur nombre ne cesse de croître depuis l’an 2000, illustrant un
rééquilibrage économique du monde au profit des « pays émergents ». Cependant, son économie reste très
dépendante de la vente de matières premières et agricoles. Le document illustre finalement assez peu l’émergence
économique du Brésil sur la scène mondiale (7
ème
puissance économique mondiale) et oublie certaines faiblesses
économiques de ces deux pays (recul du PIB du Brésil, fort endettement des États-Unis, concurrence chinoise…)
III. L’inégale influence culturelle des États-Unis et du Brésil dans le monde
Le rôle culturel joue par les deux puissances est peu abordé par le document et se limite à la présence des
universités états-uniennes (146) et brésiliennes (6) dans le classement établi par l’université de Shanghai. Dans ce
domaine, la domination des
É
tats-Unis est écrasante, avec des universités prestigieuses comme Columbia à New
York ou Harvard à Boston, qui attirent des étudiants et des chercheurs du monde entier. Le Brésil n’est donc pas en
capacité de rivaliser avec les universités états-uniennes.
Cependant, bien d’autres aspects manquent dans le domaine culturel. Les
É
tats-Unis peuvent diffuser leur
modèle culturel – l’American way of life – grâce à la diffusion des films, des séries télévisées, de la domination
qu’ils exercent sur Internet mais aussi par la vente de biens de consommation (produits Nike ou Apple) et la
pratique de l’anglais dans le monde (qui, avec 1,5 milliards de locuteurs, est la première langue de communication
de la planète). Le Brésil dispose, quant à lui, de moins d’atouts : elle a récemment organisé la coupe du monde de
football (2014) et accueilli les Jeux Olympiques d’été à Rio de Janeiro (2016) et diffuse quelques telenovelas,
produites par le groupe médiatique Globo, dans les pays lusophones. Mais seuls 130 millions de personnes dans le
monde parlent le portugais et la CPLP est présidée par le Portugal, pas par le Brésil).
Le document montre donc que les États-Unis sont une superpuissance complète alors que le Brésil n’est encore
qu’un « pays émergent » à qui il manque encore des éléments de rayonnement. Le document peine à montrer
l’émergence récente du Brésil et apporte peu d’informations permettant de nuancer les réussites affichées.