Sculpture : découverte de la salle romane du

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Sculpture : découverte de la salle
romane du musée des Augustins
Les sculptures romanes conservées au musée des Augustins proviennent des trois principaux
édifices religieux romans de Toulouse :
> Le monastère Notre-Dame de la Daurade,
> La basilique Saint-Sernin,
> La cathédrale Saint-Etienne.
Le musée conserve également que quelques sculptures languedociennes.
Cloître du prieuré Notre-Dame de la Daurade
Les vestiges proviennent du monastère bénédictin, aujourd’hui totalement détruit, Notre-Dame
de la Daurade, prieuré alors sous l’obédience de l’abbaye clunisienne Saint-Pierre de Moissac.
Le musée des Augustins conserve 27 chapiteaux en calcaire, extrait des carrières de Belbèze
(Haute-Garonne), du cloître détruit. Ils se scindent en deux groupes de 8 et 19 chapiteaux, qui
correspondent à deux ateliers et campagnes de construction séparés d’une génération.
L’abondance des chapiteaux historiés (21 sur les 27 conservés) range ce cloître parmi les
monuments majeurs de l’art roman.
En ce début du XIIème siècle, c’est à Moissac seul, prototype des cloîtres historiés, que l’on
peut le comparer.
> Le 1er atelier (1100-1110)
Entre l’abbaye mère de Moissac et le prieuré Notre-Dame de la Daurade se retrouvent des
affinités stylistiques et iconographiques. On a pu attribuer huit chapiteaux historiés et les six
tailloirs qui les accompagnent à un atelier de formation moissagaise. Ce 1er atelier de la
Daurade les a sans doute exécutés peu après l’achèvement du cloître de Moissac, ce qui
permet de les dater des années 1100-1110.
L’influence de l’abbaye mère se traduit dans le style au travers de la forme générale et des
dimensions de la corbeille, des schémas de composition et des types de figures identiques.
Elle se retrouve également dans le choix des scènes représentées, largement axé sur les
thèmes caractéristiques de cette période et de la spiritualité de l’ordre de Cluny : Le roi David et
ses musiciens, Daniel dans la fosse aux lions, La Mort de saint Jean-Baptiste, La Guérison de
la fille de la Cananéenne et la Transfiguration.
© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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En revanche, le choix du thème du Jugement dernier dénote à la Daurade une totale originalité.
Il est représenté pour la première fois sur deux chapiteaux :
> Le Christ en majesté, le Triomphe de la Croix et La Résurrection des morts,
> La Séparation et La Pesée des âmes.
La figuration de ce sujet se multipliera ultérieurement sur les tympans romans puis gothiques.
Corbeille en forme de pyramide tronconique renversée.
Les figures petites et trapues sont statiques et le plus souvent frontales. Elles se dégagent du
fond nu par un fort relief. Elles sont placées sur le chapiteau en suivant les lignes
architectoniques aux angles et sont disposées symétriquement autour d’un axe central. Les
scènes sont déterminées par le compartimentage de chaque face engendrant une lecture
frontale.
Certains tailloirs sont également historiés. Ils représentent souvent des acrobates, jongleurs,
danseurs, joueurs de musique profane. L’Eglise les accusait d’attiser les vices et de corrompre
les fidèles en semant la frivolité et la débauche. Leur représentation dans les édifices sacrés
avait valeur de condamnation et de mise en garde.
Situation des chapiteaux sur le plan de la salle romane
> 1 Le roi David et ses musiciens
> 2 Corbeille : Daniel dans la fosse aux lions – Tailloir : La toilette du prince (habillement ou
armement d’un chevalier)
> 3 La Mort de saint Jean-Baptiste
> 4 Le Jugement dernier (Le Christ en majesté, Le Triomphe de la Croix, La Résurrection des
morts)
> 5 Le Jugement dernier (La Pesée et La Séparation des âmes)
> 6 Corbeille : La Transfiguration et L’Incrédulité de saint Thomas – Tailloir : Scènes de la vie
seigneuriale (la formation intellectuelle et physique, la danse et les jeux)
> 7 Corbeille : L’Entrée du Christ à Jérusalem et Le Baiser de Judas – Tailloir : La chasse au
cerf
> 8 La Guérison de la fille de la Cananéenne
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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> Le 2ème atelier (1120-1130)
Après une période d’interruption d’une dizaine d’années, un second atelier vint continuer les
travaux du cloître dans les années 1120-1130.
Le musée des Augustins conserve 19 chapiteaux :
> 12 chapiteaux historiés qui forment un cycle narratif cohérent racontant la Passion du Christ
durant les épisodes pascals, depuis la scène du lavement des pieds jusqu’à la Pentecôte (n° 1
à 12 sur le plan),
> 1 chapiteau à sujet allégorique Les quatre fleuves du Paradis (n° 13),
> 6 chapiteaux végétaux (n° 14 – 15 –16 - 17) et zoomorphes (n° 18 - 19) ornementaux.
Les chapiteaux du second atelier expérimentent de nouveaux procédés narratifs et rejettent
majoritairement la segmentation face par face : les figures courent sur le pourtour entier de la
corbeille. Elles se libèrent de la contrainte du cadre et lorsque le système des arcades et du
dais architecturé existe encore il a une fonction de transition entre la forme rectangulaire du
tailloir et la forme courbe de la corbeille, ainsi qu’une fonction décorative et symbolique.
Les figures s’affinent, les détails sont rendus avec finesse, les corps et les drapés sont traités
de façon plus réaliste. La gestuelle théâtrale des personnages rend la composition plus
dynamique.
Le fond est mis en valeur notamment par le gaufrage qui permet des effets de lumière.
Technique du gaufrage : Anonyme, L’Ascension, chapiteau de colonnes triples,
calcaire, Cloître du prieuré Notre-Dame de la Daurade, entre 1120 et 1130,.
Situation des chapiteaux sur le plan de la salle romane
> 1 Le Lavement des pieds
> 2 La Cène : l’Annonce de la trahison de Judas
> 3 Jésus au jardin des oliviers (L’Agonie, Les soldats tombant à la renverse et La fuite des
disciples)
> 4 L’Arrestation de Jésus, La Comparution devant Pilate, la Flagellation, Le Portement de
croix
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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> 5 La Descente de croix - La mise au tombeau
> 6 La Descente du Christ aux enfers (La Victoire sur Satan, La Délivrance des Justes, Les
élus en marche vers la Jérusalem Céleste)
> 7 La Résurrection - La Visite des saintes Femmes au tombeau
> 8 La Course au sépulcre de Pierre et Jean - L’Apparition à Marie-Madeleine
> 9 L’Apparition aux pélerins d’Emmaüs (La rencontre sur le chemin d’Emmaüs, Le Repas
d’Emmaüs)
> 10 L’Incrédulité de saint Thomas - La Transmission de la Loi à saint Pierre et à saint Paul
> 11 L’Ascension
> 12 La Pentecôte ou la Descente du Saint Esprit sur les apôtres.
> Le 3ème atelier : les sculptures du portail de la salle capitulaire
(1165-1175 ?)
Ces sculptures en calcaire proviennent du portail de la salle capitulaire.
L’apparence de ce portail aurait consisté en une alternance de statues-colonnes sur les
ébrasements et des bas-reliefs sur les piédroits.
Le musée des Augustins conserve :
> 6 statues-colonnes avec chapiteaux d’angle,
> 7 bas-reliefs avec chapiteaux-frises dont 1 haut-relief La Vierge à l’enfant.
Les artistes du 3ème atelier se sont montrés ouverts à l’influence des premiers portails
gothiques d’Ile-de-France tout en conservant des traits typiquement romans.
Elément novateur à Toulouse, le 3ème atelier de la Daurade a en effet utilisé la statue-colonne,
élément sculptural importé d’Ile de France. Mais les artistes méridionaux eurent beaucoup de
mal à comprendre la naissance de l’Art gothique puisque tout en introduisant cette innovation
fondamentale pour le futur, ils restèrent fidèles à un art résolument roman par l’utilisation des
bas-reliefs.
Les grands tailloirs ou chapiteaux-frises en revanche sont d’esprit authentiquement toulousain.
Ils représentent des monstres, des animaux ou des figures humaines pris dans un
foisonnement de lianes et de rinceaux que l’on a appelé le « rinceau habité ».
Anonyme, Faune et jeune femme égorgeant un monstre, Chapiteau-frise,
calcaire, Portail de la salle capitulaire du prieuré Notre-Dame de la Daurade,
Troisième atelier de la Daurade, 1165-1175 (?).
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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Le 4ème ensemble de sculptures du prieuré
Notre-Dame de la Daurade
Il comprend 16 chapiteaux en calcaire, de styles différents et de localisations inconnues à
l’intérieur du monastère de la Daurade, se situant aux alentours ou dans la 2ème moitié du
XIIème siècle.
Ils reflètent le goût pour le répertoire décoratif qui caractérisa, à partir des années 1140, la
phase de mutation de l’art roman qui devint plus « baroquisant ». Ils illustrent le raffinement, la
préciosité et la virtuosité qu’atteignirent alors les sculpteurs romans toulousains, figurant
personnages et animaux miniatures au sein d’un enchevêtrement végétal omniprésent.
Anonyme, La Chasse à l’ours, chapiteau de colonnes jumelles, calcaire,
Prieuré Notre-Dame de la Daurade, deuxième moitié du XIIe siècle.
La basilique Saint-Sernin
Les vestiges que conserve le musée des Augustins sont les témoins de deux campagnes de
construction, l’une inachevée qui eut lieu au portail de la façade occidentale de la basilique
(dont le célèbre bas-relief en marbre Le signe du Lion et le signe du Bélier - n° 19 sur le plan) et
l’autre invisible puisque le cloître fut détruit au début du XIXème siècle.
> 18 chapiteaux du cloître de la basilique Saint-Sernin sont exposés (n° 1 à 18 sur le plan),
> 12 chapiteaux datant des années 1120-1140 offrent un répertoire animalier répétitif (couples
de monstres, d’oiseaux et de lions pris dans des lianes) qui inaugure, dans l’art roman
toulousain, une nouvelle tendance dans le choix d’un registre végétal constitué de lianes dont
on peut retrouver l’origine à Compostelle.
Ce cloître contraste nettement avec l’art des cloîtres de Moissac et de la Daurade où dominent
les chapiteaux historiés et prouve, qu’à Toulouse, au même moment, coexistaient deux
conceptions opposées du décor claustral.
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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Anonyme, Oiseau dans des lianes, chapiteau de colonne simple, calcaire,
cloître de la basilique Saint-Sernin, 1120-1140.
L’ensemble canonial de Saint-Etienne
> Le cloître
Du plus grand et du plus précoce des cloîtres canoniaux roman du Midi, il ne reste aujourd’hui
que de rares mais brillants témoins et des fragments.
Il connut trois campagnes de construction qui se sont étendues sur une quarantaine d’années.
Les sculptures conservées au musée correspondaient à la dernière phase du chantier dans le
2ème quart du XIIème siècle. Comme pour la Daurade, l’influence de l’abbaye clunisienne
Saint-Pierre de Moissac, initiatrice de la réforme grégorienne dans le Sud-Ouest, semble avoir
été fondamentale dans la conception de ce cloître.
Le cloître de Saint-Etienne n’avait rien à envier à son prédécesseur : de même taille et
d’architecture analogue, il a accueilli comme lui, un magnifique programme iconographique. Cet
ensemble monumental comptait à l’origine 96 chapiteaux. Il ne reste aujourd’hui que 7
chapiteaux historiés et encore n’est-il pas certain que tous proviennent du cloître.
Trois d’entre eux sont attribués à Gilabertus et à son entourage.
Le chapiteau de colonnes jumelles La mort de saint Jean-Baptiste et celui inachevé des Vierges
sages et Vierges folles sont sans doute de la main de ce très grand artiste roman. Le 3ème
chapiteau du même thème des Vierges sages et des Vierges folles est attribué à un de ses
élèves.
Le style de Gilabertus est reconnaissable dans les figures féminines, aux cuisses fuselées, aux
visages ovales, aux yeux en amande, aux longues mains aux doigts effilés, aux drapés qui
moulent l’anatomie, et à la grâce de ses figures, de même qu’à son souci de l’ornementation et
à la finesse des détails (chevelures, barbes, orfrois).
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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Gilabertus rompt ici avec l’équilibre qu’avaient atteint les chapiteaux de la Passion du cloître de
Notre-Dame de la Daurade, en s’affranchissant totalement de la contrainte de la soumission au
cadre. Les figures tendent maintenant à l’échapper de la corbeille. La fluidité narrative est
atteinte par le dédoublement des personnages et la superposition scénique. Sur la face
principale, Salomé est répétée deux fois, quasiment superposée : elle recueille la tête de saint
Jean-Baptiste des mains du bourreau puis elle la présente à la mère Hérodiade par un effet de
rotation. Le même procédé est renouvelé à l’angle de cette face et du retour droit : le bourreau
décapite le saint puis, par rotation, offre la tête à Salomé et fait ainsi le lien entre les deux faces.
Cette liberté et l’abandon du graphisme conventionnel concourent à produire une sérénité
sonnant à la fois comme un accomplissement et comme une rupture dans la sculpture romane,
annonçant ainsi la sculpture gothique.
Anonyme, La Mort de saint Jean-Baptiste, chapiteau engagé de colonnes jumelles,
calcaire, cloître de la cathédrale Saint-Etienne (?), 1120-1140.
Situation des chapiteaux sur le plan de la salle romane
> 1 L’Histoire de Job
> 2 Le souffleur
> 3 Le Voyage et L’Adoration des mages
> 4 La Légende de Marie l’Egyptienne
> 5 Base : Combat de lions et de serpents – Corbeille : La Parabole des Vierges Sages et des
Vierges Folles – Tailloir : Une grecque
> 6 La Parabole des Vierges Sages et des Vierges Folles
> 7 La mort de saint Jean-Baptiste (La danse de Salomé, Le festin d’Hérode, La présentation
de la tête de saint Jean-Baptiste à Hérodiade et La décollation).
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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> Les bas-reliefs
Le musée conserve 8 bas-reliefs en calcaire des Petites Pyrénées (4 seuls et 4 jumelés),
représentant les 12 apôtres, ainsi que les éléments qui les accompagnent (chapiteaux, tailloirs
et bases).
La question de leur appartenance ou non au portail de la salle capitulaire a été beaucoup
discutée. On a proposé également l’hypothèse de décor intérieur de la salle capitulaire et de
décor aux piliers d’angle du cloître. Dans l’incertitude de leur destination originelle, ces
sculptures n'en demeurent pas moins des œuvres majeures d’un point de vue stylistique.
Ces 8 bas-reliefs se divisent en deux groupes correspondant à des réalisations d’artistes de
formation différente : saint André et saint Thomas, ainsi que les Apôtres indéterminés qui
suivent dans l’exposition, seraient attribués à l’un des grands artistes de l’art roman, le
sculpteur Gilabertus. Le couple saint Pierre et saint Paul serait l’œuvre d’un de ses élèves.
En revanche, en raison d’un style encore puissamment empreint de la tradition romane, les
apôtre chaussés de sandales se distinguent très nettement des premiers.
Le style de Gilabertus est reconnaissable à son goût pour le détail ornemental et précieux, au
soin apporté à la chevelure, à la barbe, et aux ornements des vêtements comme au plissé des
drapés.
L’apaisement et la sérénité des figures « gilabertiennes » contrastent avec l’exubérance
gestuelle des apôtres portant sandales aux attitudes dansantes.
Les bas-reliefs saint André et saint Thomas figurent vers 1140 parmi les premiers jalons d’une
redécouverte de la grande statuaire disparue depuis l’Antiquité et à laquelle, par la suite, l’art
gothique donnera toute son ampleur.
Attribué à Gilabertus, Saint André, Bas-relief,
calcaire, Salle capitulaire de la cathédrale Saint-Etienne (?), 1120-1140.
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Les sculptures romanes languedociennes
Le musée des Augustins conserve quelques sculptures de l’important foyer d’art roman
languedocien.
Situation des chapiteaux sur le plan de la salle romane
> 1 Un chapiteau de colonnes jumelles en marbre de Saint-Pons-de-Thomières (Hérault) : La
Crucifixion et la Vierge à l’Enfant
> 2 Un chapiteau de colonnes jumelles en calcaire du monastère Sainte-Marie-de-Lombez
(Gers) : Martyre d’un saint
> 3 4 5 Chapiteaux de colonnes jumelles en marbre de la collégiale Saint-Paul-Serge. Les
Pélerins d’Emmaüs et L’Incrédulité de saint Thomas, Les 12 apôtres, La Légende de saint
Nicolas
> 6 Un pilier monolithique rectangulaire en marbre (cloître détruit de la cathédrale Saint-Just de
Narbonne).
> 7 Un linteau en marbre de l’ancienne église de Mancioux (Haute-Garonne).
> 8 Un relief en marbre La femme au serpent ou La Luxure de l’église d’Oo (Haute-Garonne).
Anonyme, Roi, Pilier, marbre, Cloître de la cathédrale
Saint-Just de Narbonne (Aude), XIIe siècle.
Toutes images © Toulouse, musée des Augustins
Photographes : Daniel Martin ; Bernard Delorme ; STC - Mairie de Toulouse.
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© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Lucile Puccio, 2002).
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