sexuels. L’encyclique Humanae Vitae, interdisant la contraception, dont l’impact a été très négatif
dans les années 68, reprend de l’importance auprès des jeunes générations. On voit ainsi
s’affronter, dans une grande incompréhension, les "conciliaires" et les autres, même si tous se
réclament du concile.
Les protestants se trouvent dans une autre situation. Les grandes formations traditionnelles,
réformés et luthériens, sont confrontées à la montée des groupes dits évangéliques, jeunes églises
plus ou moins autoproclamées, originaires d’Afrique et des USA, et reçues avec suspicion par les
autorités publiques. Autant les précédents peuvent construire, s’implanter, et avoir une visibilité
formelle, autant les évangéliques, foisonnants et volatiles, se réclamant d’une lecture quasi littérale
de la Bible, sont reçus avec la crainte de phénomènes sectaires, et se voient refuser le plus
souvent des locaux stables auxquels ils aspirent.
Tous ces nouveaux mouvements sont caractérisés par leur faible propension à l’œcuménisme ;
ainsi, un imam, à Guyancourt, ayant participé à un voyage œcuménique à New York avec des
rabbins s’est vu chasser de sa mosquée par des jeunes salafistes. Et pourtant, il n’est pas
spécialement laxiste, il prêche sur Beur TV ; Catherine Grémion l’a entendu, en réponse à une
question concernant le respect du Halal pour les jeunes enfants, dire qu’il n’y a pas d’âge pour
cela, que les petits de maternelle doivent le respecter et que les mères du quartier n’ont qu’à
s’organiser pour leur éviter les cantines.
Les Evangélistes, à la différence des autres protestants, ne reconnaissent pas le baptême et
rebaptisent systématiquement leurs convertis. Ils sont devenus majoritaires dans le protestantisme
français, et malgré leur accueil large dans la fédération protestante de France, ils ont créé leur
propre fédération.
Ces tendances ont des répercussions sur l’école dont Catherine Grémion peut parler plus que de
l’entreprise, le rapport Obin étant une très bonne analyse des problèmes suscités par la religion qui
se limitent en effet à l’islam. La contestation vécue par les professeurs porte sur de multiples
enseignements, histoire (Egypte pharaonique, shoah), littérature, sciences naturelles,
mathématiques (ne pas tracer de croix chrétienne !) les visites des établissements (pas d’églises,
même en ruine) sont fortement déconseillés aux élèves juifs.
Des professeurs interrogés récemment, à Trappes, disent que ces comportements ne touchent
qu’une petite minorité, deux ou trois élèves par classe, mais qu’au moindre incident, c’est toute la
classe qui s’enflamme.
Et les femmes dans tout cela ? A Trappes encore, on nous a dit : « Dans le temps il n’y avait pas
ces problèmes de voile, de piscine, on se faisait la bise … ». Les femmes sont maintenues dans
une situation dont elles cherchent, pour certaines, à sortir, par les moyens les plus divers, d’autres
s’y plient (voile plus ou moins intégral, mariages forcés, situation de soumission aux frères, au
mari…).
Dans le protestantisme on ne trouve pas cette distinction forte. Chez les catholiques en revanche
après les années post-conciliaires qui avaient vu des responsabilités importantes confiées aux
femmes (aumôniers, professeurs de faculté, doyens, service de l’autel), on assiste à une sorte de
repli, les aumôniers deviennent des "assistantes pastorales", les filles sont exclues de la proximité
de l’autel et chargées de distribuer des papiers à la sortie de la messe, avec un titre ronflant… ce
n‘est pas partout, mais cela va de pair avec le durcissement signalé.
4. De la croyance sans appartenance à l’appartenance sans le croire
Les clivages internes à chaque confession viennent donc doubler ceux qui les séparent entre elles.
Les jeunes sont en particulier représentatifs de cette tendance. Il semble que celle-ci soit liée à une
sorte d’inculture et à un ritualisme, qui confond observance formelle et attitudes religieuses, liées à
une transcendance. Des savants musulmans s’en plaignent et regrettent l’attachement des jeunes
à des signes extérieures, forme de la barbe, tunique, nourriture …
Catherine Grémion rapporte qu’un imam d’une grande mosquée, très instruit, entendant cette
analyse, et dont elle craignait la réaction, lui a dit : « Vous avez tout à fait raison, les jeunes de ma
mosquée me traitent de mécréant parce que je n’ai pas la barbe comme ceci, ou la tunique comme
cela. »
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