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J-P., Pourtois et al., Connaissances et pratiques en éducation familiale et parentale,
Enfances, Familles, Générations, no 1, 2004, p. 22-35 - www.efg.inrs.ca
and also in order to more adequately assist educators, whether they be parents,
grandparents, future parents, teachers or social workers, in their educational mission.
This is where CERIS’ commitment lies, both in the field of research and in that of action.
The projects it has carried out so far take into account three interacting dimensions: the
way individuals develop will depend on their environment, on the events that affect them
and on their sensitivity both to their environment and to such events.
Introduction
Depuis 1969, le Centre de Recherche et d’Innovation en Sociopédagogie familiale et
scolaire (CERIS) de l’Université de Mons-Hainaut, en Belgique, mène des recherches et
des recherches-actions en éducation familiale et parentale. Dès le début, il est
interpellé par le désarroi de nombreux parents devant les situations éducatives de plus
en plus difficiles qu’ils ont à assumer dans ce monde en changement rapide. Pour les
enfants et les adolescents, aussi, ces mutations sociétales sont sources de
bouleversements profonds. Pourtant, certaines familles s’en sortent bien. D’autres, au
contraire, sont touchées de plein fouet. La recherche des facteurs de risque et de
protection apparaissait importante à mener, certes pour mieux expliquer et
comprendre les trajectoires scolaires et sociales, mais aussi pour accompagner plus
adéquatement les éducateurs, qu’ils soient parents, grands-parents, futurs parents,
enseignants ou intervenants sociaux, dans leur tâche éducative.
La démarche du CERIS repose sur un postulat fondamental dont on perçoit peut-être
seulement aujourd’hui la pertinence : la famille représente le lieu privilégié où
organiser la lutte contre le fatalisme de la destinée humaine, pour que l’ensemble de la
collectivité atteigne le mieux-vivre auquel toute personne est en droit d’aspirer. Pour
mener cette lutte, il importe avant tout d’en connaître les jeux et les enjeux. C’est ce à
quoi le CERIS s’est engagé en se situant à la fois dans la recherche et dans l’action. Les
travaux qu’il a menés tiennent compte de trois dimensions en interaction : le devenir
d’un individu se construit sur la base de son environnement, des événements qui
l’atteignent et de sa sensibilité à son environnement et aux événements.
L’environnement est constitué du contexte socio-économique et culturel de la famille,
de la configuration structurelle de celle-ci, du réseau social qu’elle établit, des
interactions intra-familiales, de la maturité psycho-affective des parents, etc. Les
événements, quant à eux, renvoient à tout ce qui se produit au sein de la famille et qui
touche ses membres. Citons, à titre d’exemples, les facteurs de stress, les événements
de vie (décès, séparation, rencontres, etc.), les éventuels traumatismes, accidents, etc.
Mais les événements relèvent aussi et surtout du quotidien à travers le style éducatif
parental (sous-tendu par les théories implicites du développement et de l’éducation de
l’enfant), les valeurs et les mythes familiaux, les rituels, le langage, etc. La sensibilité du
sujet, enfin, va conditionner sa plus ou moins grande vulnérabilité. Il est clair que celle-
ci va être liée à l’environnement (par exemple, la pauvreté et l’isolement social) et aux
événements (par exemple, les conduites éducatives), mais va aussi être inhérente au
sujet lui-même (par exemple, ses prédispositions génétiques, ses ressources de
personnalité, ses capacités cognitives, etc.).
Il est à souligner que ce n’est pas l’environnement ou l’événement objectif qui est
important, mais la façon dont ceux-ci sont perçus. À cet endroit, toute la sensibilité de
la personne va jouer. On peut mieux comprendre alors ce qui conduit le sujet vers la
vulnérabilité ou vers la résilience.