Réseau Philosophie-Economie – Lettre d’information n° 4 (février/mars 2014) 2/9
philosophes ou des historiens de la philosophie. Comme les recherches propres à d‟autres
spécialités de l‟économie, des travaux purs d‟HPE ne relèvent donc pas en soi de l‟interaction
philosophie-économie et n‟ont pas à être systématiquement relayés sur le réseau. D‟autant
plus que certains travaux d‟HPE revendiquent, comme dans d‟autres spécialités de
l‟économie, leur autonomie complète vis-à-vis de la philosophie1.
Tel est le sens de la réponse faite il y a quelques semaines à un de nos membres pour
lui expliquer pourquoi nous ne pouvions pas relayer l‟information sur la publication
d‟ouvrages d‟HPE dans une collection intitulé « Naissance de l‟économie politique ». Même
si, à l‟époque concernée (avant le 19ème siècle), la distinction entre économie et philosophie
était largement poreuse, il nous est difficile de considérer que les auteurs concernés puissent
relever de l‟interaction entre philosophie et économie au sens où nous l‟entendons
aujourd‟hui, avec une histoire de la philosophie désormais bien distincte de l‟histoire de la
pensée économique. L‟avantage de notre position est aussi d‟éviter la solution artificielle qui
consisterait à transformer notre réseau en « trou noir » des sciences sociales : en étendant le
champ déjà vaste de l‟interaction « philo-éco », toute réflexion de sciences sociales, au-delà
de la seule histoire des idées, aurait sa place sur notre réseau, dès lors qu‟une dimension
philosophique ou économique y affleurerait (cf. lettre d‟information n° 2 où cette dérive
potentielle était déjà repérée).
Ceux que cette réflexion très importante intéresse trouveront ci-dessous l‟argumentaire
détaillé que le secrétariat du réseau a envoyé à notre collègue. Au-delà du cas d‟espèce
considéré, cet argumentaire s‟applique en effet à bien d‟autres cas auxquels nous avons été
confrontés et nous le soumettons bien volontiers à discussion (vos commentaires à adresser à :
Extrait de notre réponse
« Si nous avons choisi de ne pas mentionner la jeune collection « Naissance de
l‟économie politique », c'est parce qu'elle nous semble relever de l‟histoire de la pensée
économique et pas de la philosophie économique. Il y a là un parti-pris (qui en tant que tel
peut, et même doit, être discuté) concernant la définition du champ de la philosophie
économique. Derrière le débat (qui a été organisé sur le site du réseau, mais n‟a pas donné lieu
à autant de réponses que nous l‟espérions) portant sur le nom à donner au champ disciplinaire
appelé selon les cas « philosophie économique », « philosophie de l'économie » ou
« épistémologie économique » se trouve évidemment la question de la définition de ce champ
de recherche. Dans notre idée, le Réseau Philosophie-Economie n'est pas un réseau
d‟historiens de la pensée et son principal objectif est de diffuser et de favoriser les interactions
entre philosophie et économie sur des problématiques contemporaines.
Disons les choses comme elles sont et sans détour : nous sommes totalement
convaincus de l‟importance de l'étude de l‟histoire de la pensée (de l‟histoire de la pensée
économique, mais bien entendu de l‟histoire de la pensée en général) pour comprendre le
monde et les problématiques contemporains. Il est bien difficile de comprendre où l‟on se
trouve (et même où l‟on va), si l'on ignore d‟où l‟on vient. Notre savoir et nos disciplines
dépendent de beaucoup trop de choix théoriques passés pour que l‟on puisse faire l‟économie
de se tourner vers le passé. Et prétendre faire de la philosophie économique sans jamais se
1. A l‟image de Joseph Schumpeter qui, dans sa célèbre et influente Histoire de l’analyse économique,
affirme : « Je considère que le voile de la philosophie peut s‟enlever également dans le cas de l‟économie »
[(1954), réédition française de 1983, p. 60]. Citation récemment reprise et commentée dans une autre perspective
par Mardellat « Qu‟est-ce que la philosophie économique ? », Cahiers d’économie politique, 2013 (65), p. 10.