
188 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIII - nos 6-7 - juin-juillet 2009
Douleur et maladie de Parkinson
MISE AU POINT
contrôles (11). La réponse aux traitements dopa-
minergiques est inconstante, et les antidépresseurs
tricycliques peuvent s’avérer efficaces.
L’expression clinique des douleurs est dans certains
cas déconcertante pour le praticien et peut faire
craindre une pathologie viscérale associée, se tradui-
sant par des douleurs digestives (spasmes abdo-
minaux, éructations, nausées), thoraciques (avec
sensation d’apnée), orales (douleur et brûlures des
gencives, des joues, de la langue, des dents), voire
même génitales (douleurs vaginales, sensations de
vibrations dans le petit bassin) en l’absence de patho-
logie locorégionale (12). De tels symptômes s’intè-
grent dans le cadre des fluctuations non motrices.
Ces douleurs semblent parfois en relation avec la
dysautonomie, et s’accompagnent de sudations
profuses et d’une hypotension ortho statique.
Certains patients souffrent également d’akathisie,
une impression désagréable les obligeant à bouger
et à changer de position sans cesse, les incitant à fric-
tionner et à étirer leurs membres. Ces symptômes sont
à rapprocher du syndrome des jambes sans repos, une
“impatience” des membres inférieurs qui se traduit
par des paresthésies ou des sensations de brûlures
des extrémités distales des membres inférieurs appa-
raissant au décubitus ; ils sont calmés par la marche,
mais obligent les patients à déambuler sans cesse
et sont parfois responsables d’une insomnie. Cette
symptomatologie douloureuse peut être contrôlée
par les traitements anti-parkinsoniens classiques.
Les patients se plaignent également parfois de cépha-
lées. De siège postérieur (occipito-nuqual), elles s’as-
socient à une pesanteur ou à une sensation de chape
de plomb au niveau des épaules. Présentes le matin
au réveil, elles sont habituellement dopasensibles.
Les céphalées sont également parfois iatrogènes,
induites par les agonistes dopaminergiques dérivés
de l’ergot de seigle.
Douleurs et dyskinésies
◆
Elles sont plus souvent contemporaines des mani-
festations dystoniques de début et de fin de dose,
des périodes off, le matin au réveil et au cours de
la nuit. Il s’agit le plus souvent de torsions doulou-
reuses des orteils ou du pied, parfois de la main,
plus rarement de la région cervicale et du tronc.
Ces douleurs peuvent être dans ce cas contrôlées
par l’adaptation des traitements antiparkinsoniens,
alors que les antalgiques se révèlent le plus souvent
inefficaces. Les dystonies du petit matin, particulière-
ment douloureuses, peuvent justifier la prescription
d’injections sous-cutanées d’apomorphine ou de
toxine botulinique dans l’extenseur propre du gros
orteil ou dans le muscle jambier postérieur, en cas
de pied en varus équin. Les douleurs musculaires
ou pseudo-radiculaires sont moins fréquentes au
cours des dyskinésies de milieu de dose s’exprimant
par des mouvements choréiques, sauf quand ces
dyskinésies sont intenses.
Douleurs d’origine mixte
◆
On peut rapprocher des douleurs liées aux troubles
moteurs celles qui sont influencées par une absence
de mobilité dont la cause principale est d’origine
rhumatismale (essentiellement l’arthrose). Ces
douleurs articulaires intéressent les épaules, le rachis
cervical et lombaire, les genoux. Elles justifient le
recours à un traitement symptomatique (antalgiques
et/ ou anti-inflammatoires) et à une kinésithérapie.
Des douleurs radiculaires (névralgie cervico-brachiale,
sciatalgie) ou tronculaires (exacerbation de paresthé-
sies d’une compression du nerf médian lors de phases
de tremblement important) sont possibles, justifiant
de rechercher une pathologie associée (hernie discale,
canal lombaire étroit). Elles sont volontiers décrites
au cours des périodes on avec dyskinésies impor-
tantes (radiculalgie cervicale au cours de mouve-
ments anormaux du cou, par exemple).
Des douleurs des membres inférieurs peuvent être
consécutives à des œdèmes distaux d’origine circu-
latoire ou iatrogène (agonistes dopaminergiques et
amantadine). Un cortège douloureux très variable
peut également être lié à l’existence d’un syndrome
dépressif.
Douleurs au stade tardif
À ce stade apparaissent les signes moteurs axiaux
tardifs, peu voire non dopasensibles : dysarthrie,
troubles de la déglutition, signes posturaux, insta-
bilité posturale. Les douleurs seront liées aux défor-
mations articulaires et rachidiennes.
Plus fréquentes chez la femme, elles se rencontrent
essentiellement dans les formes akinéto-hyperto-
niques. Ces déformations articulaires ne sont pas
associées à une mobilité pathologique des articu-
lations ; le plus souvent, il n’y a pas non plus d’ano-
malies radiologiques. L’intensité des douleurs est
plus faible que celle rapportée dans les pathologies
inflammatoires rhumatismales. Les déformations
les plus typiques au niveau de la main se traduisent
par une main pseudo-rhumatismale avec coup de
vent cubital, adduction du pouce et flexion des arti-
culations métacarpophalangiennes, avec extension
des interphalangiennes proximales et distales. Il y a